jeudi 30 novembre 2017

Mémoires d'une fesseuse (13)

– Tu peux pas t’asseoir, Marie-Clémence ? Tu me donnes le tournis.
Ça faisait un quart d’heure qu’elle arpentait de long en large la cuisine.
– Si ! Oui. Mais je voulais te demander… Les photos…
Elle s’est agenouillée sur la chaise.
– Quelles photos ?
– Ben… De l’autre soir…
– De ton derrière tout rouge ? Quand t’étais au coin ?
– Voilà, oui.
– Tu les veux, c’est ça ? Je t’en ferai une copie, c’est pas un problème.
– Non, mais surtout… Ce que j’aimerais savoir… Tu… Tu les as montrées ?
– Évidemment ! Quel intérêt sinon… T’as de ces questions !
– À qui ?
– Tes copains à la fac…
Elle a pris un air horrifié.
– T’as pas fait ça !
– Ben si, pourquoi ? Fallait pas ? Ils étaient enchantés. Ils te découvraient sous un jour complètement différent.
– Oui, oh, ben alors là, je remets pas les pieds là-bas, moi ! C’est hors de question.
– Mais non, idiote, je les ai pas montrées. Mais je le ferai. Pas à eux. À d’autres. Tu perds rien pour attendre.
– À qui ?
– Tu connais pas. Pas encore. Mais ça ne saurait tarder. Tu les as encore les marques ?
– Un peu.
– Fais voir !
Elle s’est exécutée, robe relevée sur les hanches, culotte baissée à mi-cuisses.
– T’appelles ça un peu, toi !
Elles étaient magnifiques. Patinées à souhait. Bien ancrées en profondeur. Avec des coloris subtils et généreux. Une petite merveille. Un vrai délice.
J’en ai voluptueusement redessiné les contours, du bout du doigt. Longtemps.
Et je me suis brusquement ressaisie.
– Va vite enfiler un string.
– Un string ?
– Oui. Qu’on aille faire un peu de shopping.
Quelque chose de radieux et de terrifié tout à la fois est venu, très vite, habiter son regard.

On a virevolté un long moment entre les portants.
– Bon, alors tu te décides ? On va pas passer l’après-midi là !
Deux femmes d’une quarantaine d’années, qui flânaient à proximité, ont levé sur nous un regard amusé.
Après avoir longtemps tergiversé, elle a arrêté son choix sur un pantalon moulant en cachemire blanc.
– Ça devrait m’aller, ça…
– Le meilleur moyen de le savoir, c’est encore d’aller l’enfiler, non, tu crois pas ?
Elle s’est engouffrée dans une cabine, s’y est enfermée. Assises juste en face, en compagnie d’un homme plus âgé, deux jeunes femmes attendaient qu’une troisième ait terminé ses essayages. J’ai laissé passer quelques instants et puis j’ai résolument écarté le rideau.
– Bon, alors ça y est ? T’en es où ?
Ça y était pas, non. Elle avait le pantalon sur les chevilles. Et elle nous tournait le dos.
L’une des femmes s’est esclaffée.
– Oh, la tannée qu’elle s’est prise, la fille !
L’autre a fait chorus.
– Putain, oui ! Elle a dû le sentir passer !
J’ai laissé retomber le rideau.


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