lundi 6 novembre 2017

Au plaisir des dames (1)

Henri Herbert La Tangue. In the Orchard, 1893

– Et c’est souvent qu’ils se baladent à poil comme ça, tes voisins ?
– À longueur de journée. S’il fait beau, évidemment. Soi-disant qu’ils sont naturistes. Oh, mais ils sont très corrects, hein ! Ils sont d’abord venus me demander si ça me dérangeait pas. Comme je leur ai dit… « Mes pauvres enfants ! Vous faites bien ce que vous voulez. De toute façon, j’y vois plus grand-chose, moi, maintenant, vous savez ! »
– Tu parles ! À d’autres ! T’y vois comme à vingt ans.
– Oui, mais, comme ça, ils se sentent plus libres.
– Et toi, tu peux te rincer l’œil tout ton saoul.
– Si, à mon âge, on peut même plus s’offrir le plaisir de reluquer des beaux mecs, alors qu’est-ce qu'il reste comme satisfaction dans la vie ? Il y a plus qu’à crever.
– Faut reconnaître qu’ils sont sacrément bien foutus. Moi, si j’avais des voisins comme ça…
– Tu passerais ta vie au jardin. C’est bien ce que je fais.
– Non, mais regarde-moi ces petites fesses ! Elles sont pas à croquer ?
– Tu prêches une convaincue.
– Si je devais choisir…
– Tu pourrais pas. Moi non plus. J’aurais à peine opté pour l’un que je regretterais de ne pas avoir choisi l’autre.
– De toute façon, la question se pose pas. Qu’est-ce qu’ils peuvent bien avoir à fiche de nous, tu parles ! D’autant qu’ils doivent avoir toutes les filles qu’ils veulent à leurs pieds.
– Peut-être.
– Non ? T’as l’air dubitative. Remarque, deux types qui vivent comme ça sous le même toit, il y a quand même pas mal de chances pour qu’ils soient homos.
– Je sais pas. D’un côté, il y a des trucs qui me donneraient à penser que oui.
– Quels trucs ?
– Ben, par exemple, c’est souvent que Gilles, il fait la sieste dehors…
– Lequel c’est, Gilles ?
– Le plus petit. Le brun. Et que Nicolas le regarde dormir. Et qu’il bande en le regardant. Il arrête pas de bander.
– Oui, oh, ben alors !
– Mais, d’un autre côté, souvent il y a des filles qui passent. Qui restent tout le week-end. Et, quand elles repartent, ils ont le derrière tout rouge.
– Comment ça ?
– Ben, ils se sont pris une fessée. Faut quand même pas que je te fasse un dessin ?
– C’est pas vrai ! Et ils sortent dans le jardin comme ça ?
– Ils sont persuadés que j’y vois quasiment rien, je te rappelle…
– C’est qui, ces filles ?
– Je n’en ai pas la moindre idée.
– Peut-être qu’elles savent des trucs sur eux. Et qu’elles les font chanter. Ou la fessée ou on vous dénonce.
– J’y ai pensé aussi.
– Ou bien alors ils adorent qu’on leur tanne le cul. Que des femmes leur tannent le cul.
– Je croirais plutôt ça.
– Et toi, pendant ce temps-là, tu restes tranquillement assise là, à regarder tout ça de loin ! Si c’est ça, mais faut y aller. Faut foncer.
– Je sais pas, je…
– Mais bien sûr que si ! Parce qu’ils attendent qu’une chose, si ça tombe. C’est que tu leur en colles une. Tu penses bien que c’est pas un hasard s’ils viennent te balancer comme ça leurs petits derrières tout rouges sous le nez.
– Tu crois ?
– C’est pas que je crois, c’est que je suis sûre. Bon, mais allez ! On lance l’opération « voisins ». Et je te parie qu’avant trois jours ils viennent nous offrir leurs fesses, docilement allongés en travers de nos genoux…

(à suivre)

2 commentaires:

  1. Voilà une série qui promets. Le rôle des deux mecs semble bien défini, il reste esquisser un peu plus celui des deux femmes.

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  2. Et il y aura peut-être quelques surprises, qui sait? Excellente journée à vous.

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