jeudi 23 novembre 2017

Mémoires d'une fesseuse (12)

Chaque fois que j’avais besoin de faire le point, d’y voir clair, c’était toujours, systématiquement, à Philibert que j’avais recours.
– Je suis un peu perdue, là.
– Parce que ?
– Parce qu’elle a raison, Hélène. J’y prends vraiment du plaisir à tout ça. Et de plus en plus.
– Oui. Et alors ? Il est où le problème ?
– Il est que ça me perturbe complètement. Je me voyais pas comme ça.
– Tu fais connaissance avec toi-même. C’est jamais simple. Pour personne.
– Et puis, en même temps, je le soupçonnais que c’était là, tout au fond de moi. Mais je voulais pas le voir. Si j’avais accepté d’être un tant soit peu lucide…
– Tu as fini par l’être. La preuve…
– Ça me fait peur. Parce que où ça va m’emmener tout ça ? Maintenant que j’ai ouvert la boîte de Pandore…
– Tu fais de mal à personne. Au contraire. Si j’ai bien compris, elles sont très demandeuses. Et elles y trouvent leur compte. Aussi bien l’une que l’autre.
– De manière différente, mais oui… Oui.
– Eh bien, alors !
– Avec Hélène, au moins, je sais où je vais. C’est clair. C’est limpide. Faut que je la dérouille. Ça lui fait prendre son pied. Et comme c’est loin de me déplaire, t’as pas besoin de t’en faire que je vais m’en donner à cœur-joie.
– Peut-être que ça va beaucoup plus loin que ça…
– Oh, ça, c’est sûr. Elle crève d’envie de m’appartenir, Hélène. Corps et âme. De s’engluer à moi. Et je peux te dire que, si je mets le paquet, elle est pas près de pouvoir se désenlacer.
– Je le crois aussi.
– Avec Marie-Clémence, par contre, je vais sans doute tâtonner un moment dans le brouillard.
– Parce qu’elle sait pas vraiment ce qu’elle veut ?
– Oh, si ! Si ! Son truc à elle, c’est la honte. Et je peux lui faire honte tant et plus, c’est pas le problème. Surtout que pour moi ça a aussi son charme. Sauf que ça a ses limites. On peut pas tourner indéfiniment en rond à deux. À un moment ou un autre, faut bien changer de registre. Passer la vitesse supérieure. Ce qui implique de faire intervenir d’autres personnes. Seulement, qui ? J’ai bien prospecté, sur des sites spécialisés, mais sans résultats vraiment probants. À part avoir fait la connaissance d’Hélène…
– Ce qu’est déjà pas si mal.
– Oui, bien sûr ! Mais question recrutement, c’est vraiment pas ça qu’est ça. Les mecs, j’évite. Parce que je suis pas née de la dernière pluie. Je sais bien qu’il y a toutes les chances qu’ils aient des tas d’idées derrière la tête. Et que ça risque d’être des embrouilles à n’en plus finir. Quant aux nanas, elles se bousculent pas au portillon. Si elles sont là, c’est, le plus souvent, dans l’intention plus ou moins avouée de se faire tanner le cul par un type avec qui il finira par se passer autre chose. Alors regarder une fille tambouriner le derrière d’une autre, ça les branche pas vraiment.
– Tu veux que je t’en trouve, moi ?
– Tu pourrais ? Ce serait super sympa.
– Mais des mecs alors… J’ai que ça sous la main.
– Des homos, comme toi ? Je suis partante. Avec eux au moins, je suis tranquille qu’il y aura pas de lézard.
– Il t’en faudrait combien ?
– Quatre ou cinq. Mais alors qui sachent bien lui faire honte. Avec des réflexions. Des moqueries, tout ça.
– Oui, j’ai compris. Dans quelle tranche d’âge tu les voudrais ?
– Plutôt jeunes. Ce sera beaucoup plus efficace.
– Je m’en occupe. Je m’en occupe et je te tiens au courant.
– Merci. T’es un amour. Ah, si je t’avais pas !

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