lundi 30 octobre 2017

Un couple parfait

Felix-Armand Heullant, In Gedanken, 1905

– Vous ne lisez plus, ma mie ?
– Si, si ! Je lis…
Elle tourne précipitamment une page.
– Non, vous ne lisez plus. Plus vraiment. Depuis un bon moment déjà. Quelque chose vous préoccupe donc ?
– Non. Rien. Je vous assure…
Une autre.
– Ne serait-ce point la pensée de ce jeune homme qui vous a si aimablement invitée à danser, au bal, l’autre soir ?
– Lui ? Non point.
– Un autre alors ?
Elle repousse son livre.
– C’est-à-dire que…
– Vous songez à sortir. Vous y prenez décidément goût.
– Y verriez-vous quelque inconvénient ?
– Vous savez bien que non. Absolument aucun. Vous êtes jeune. Je ne le suis plus. Alors allez ! Allez retrouver qui vous voudrez. Je n’y mets qu’une seule condition, et vous la connaissez, c’est qu’en contrepartie, au retour, vous m'offriez vos fesses à claquer.
– M’y suis-je jamais refusée ?
– Jamais, en effet.
Elle reprend son livre, soupire, le repose. Le reprend encore.
– Cette contrepartie…
– Eh bien ?
– Ne serait-il pas possible que…
– Que ?
Elle hésite. Elle bredouille.
– Que ce soit dès maintenant. À présent.
– À présent ? Mais…
Elle se lève.
– Ne me posez pas de questions, je vous en conjure. Ne me demandez rien.
– Il n’est pas besoin de questions. Il se trouve très vraisemblablement que la dernière fois que vous vous êtes rencontrés, vous et lui, quelques vestiges du traitement que vous aviez précédemment subi subsistaient encore, qu’il les a aperçus, que cela l’a ravi et mis, à votre égard, dans de bien meilleures dispositions encore qu’à l’ordinaire.
– Taisez-vous ! Je vous en supplie, taisez-vous !
– Dispositions dont vous avez su tirer le meilleur parti. Tant et si bien que vous vous êtes juré – à moins que vous ne le lui ayez juré à lui – de lui offrir dorénavant la vision d’un derrière beaucoup plus coloré. Festonné de fessées toutes neuves. Est-ce bien cela ?
Elle ne répond pas. Elle baisse la tête.
– Est-ce bien cela ?
Elle croise brièvement son regard.
– Oui.
– Eh bien, Madame, dès lors ne tergiversons pas. Troussez-vous !
Elle se retourne. Elle s’agenouille. Elle se penche. Elle met son fessier à nu.
Un fessier qu’il flatte longuement de la main.
– De quels jolis dégradés de rouges et de grenats nous l’allons décorer. Ce sera un tableau absolument charmant.
Un fessier dont il prend résolument possession.
– Vous êtes prête ?
Elle fait signe que oui. Oui.
– Ce sera beaucoup plus long que d’habitude. Et beaucoup plus cuisant. Nous allons faire du très bel ouvrage aujourd’hui. Il ne sera pas déçu. Et, par conséquent, vous ne le serez pas non plus. Quant à moi…
Il lance une première claque. Vigoureuse. À pleines fesses.
– Je vais me régaler.

2 commentaires:

  1. très beau texte.
    Quand libertinage et fessée se rencontre.
    Merci

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  2. Merci, mi-ange. J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce texte. Comme je prends beaucoup de plaisir à lire les vôtres "là-bas" Excellente journée.

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