jeudi 5 octobre 2017

Mémoires d'une fesseuse (5)

Les jours passaient, les semaines passaient et cette Vanessa ne se manifestait toujours pas.
– Va falloir que je me substitue à elle, si ça continue.
Elle ne répondait pas. Elle ne répondait jamais. Elle s’enfuyait.
Je saisissais la moindre occasion d’en rajouter une couche.
– Non, mais t’as vu dans quel état t’as mis l’appart ? Ah, c’est pas avec Vanessa que tu te serais permis une chose pareille.
Et, le soir, quand je rentrais, elle avait tout remis en ordre.
Il lui arrivait aussi de se relever, la nuit, pour manger.
– C’est pas ce que tu fais de mieux, mais c’est toi que ça regarde. Par contre, que tu vides quasiment le frigo, tu crois vraiment que Vanessa aurait accepté ça ?
Et elle refaisait le plein dans la journée.

Elle se couchait de plus en plus tard. Parfois jusqu’à des quatre ou cinq heures du matin.
– Pour faire quoi, si c’est pas indiscret ?
– Mais rien en plus ! C’est ça, le pire. Je tourne. Je vire. Un petit tour sur Facebook. Un autre sur les sites de jeux. Un autre au hasard. De ci, de là. J’arrive pas à me mettre au lit.
Et, évidemment, le lendemain matin, quand il s’agissait de se lever, c’était la croix et la bannière. Mission quasi impossible. Tant et si bien qu’elle séchait de plus en plus souvent les cours. Et de plus en plus de cours.
– Tu déconnes, là. Tu déconnes vraiment.
Elle haussait les épaules.
– Je me rattraperai.
Mais, en novembre, elle a pris peur.
– J’ai eu mes résultats de partiels. C’est un de ces désastres.
– Tu l’as bien un peu cherché aussi, non ?
– Ils vont pas apprécier mes parents, là-haut. Déjà que je redouble. Qu’est-ce que je vais pas entendre !
– Et puis même ! Sans parler de ça. Si c’est pour que tu te retrouves sans rien à la sortie ! Pas le moindre diplôme. À part le bac, mais le bac…
Elle a pris tout un tas de bonnes résolutions. Qu’elle a tenues. Huit jours. Et tout a recommencé comme avant. Exactement comme avant.
– J’y arriverai jamais.
– Mais si !
– Faut que tu me réveilles le matin. Que tu me secoues.
– C’est déjà ce que je fais.
– Oui, mais insiste ! Insiste ! Tant que je suis pas levée, que j’ai pas déboulé dans la salle de bains, tu me lâches pas. Tu me promets, hein !
Ce n’était pas une mince affaire.
– Bon, allez, Marie-Clémence, debout.
– Juste deux minutes.
Qui en devenaient cinq, puis dix. Parfois vingt. Ou davantage encore.
– Tu te lèves, Marie-Clémence ? J’y vais, moi ! Je vais être en retard sinon…
Elle s’y résolvait enfin. Avec force soupirs à fendre l’âme.

Et puis il y a eu ce matin-là. Quatre fois déjà, j’étais venue la secouer. À la cinquième…
– Marie-Clémence !
– Tu me fais chier, pauvre conne ! Laisse-moi dormir.
Furieuse, j’ai rabattu draps et couvertures jusqu’au pied du lit. Elle dormait à poil. Sur le ventre. Ça tombait on ne peut mieux.
– Tu vas voir ce qu’elle va te faire, la pauvre conne !
J’ai calé mon genou au creux de ses reins. Et j’ai tapé. À pleines fesses. À plein régime.
– Ah, tu le prends comme ça ! Ah, tu le prends comme ça !
Mes doigts rebondissaient sur ses fesses, y laissaient leur empreinte, en incrustations rosées qui s’ancraient en profondeur, qui se faisaient peu à peu vermeil rutilant.
Elle, la tête enfouie dans l’oreiller, elle mélopait interminablement, en sourdine.
– Houououououououou…
– Là ! C’est tout pour aujourd’hui ! Et maintenant tu te lèves et tu vas te préparer.
Ce qu’elle a fait aussitôt sans demander son reste.


4 commentaires:

  1. Voilà, je me doutais que la cruche n'allait pas tarder á resentir sur sea fesses les effets de sa nonchalance xD
    Félicitations por la série.

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  2. C'était inéluctable. Il y aura encore bien des rebondissements. Et pas seulement sur les fesses. ;)

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  3. Bah voilà ! On y est ! je n'ai plus qu'une vingtaine d'épisodes à lire pour rattraper le retard... Chouette en fait !

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  4. Il y en a 31 en tout. Et après, il y a une suite dont j'ai déjà écrit 17 épisodes. (il y en aura aussi une trentaine) Et après… on verra, mais j'ai déjà ma petite idée.

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