lundi 25 avril 2016

La clef USB (6)

Il m’a appelée le lendemain…
– Je suis crevé… Littéralement crevé… Par ta faute… Non, parce que j’avais beau me répéter, sur tous les tons, que ce n’était pas raisonnable, que je devrais aller dormir, que j’allais être, au boulot, dans un état pitoyable, c’était plus fort que moi : fallait que je te regarde encore et encore t’empaler sur cette queue inconnue qui te faisait à l’évidence tant de bien. Je ne pouvais pas détacher mes yeux de tes adorables petites fesses qui s’entrouvraient et se refermaient en cadence. Et tu sais ce que je n’arrête pas de me dire ? C’est qu’avec un peu de chance, sur les neuf vidéos qu’il nous reste encore à visionner ensemble, il y en aura bien une où on le verra, ce monsieur, aller rendre une visite de courtoisie à ton petit trou de derrière. Non, non ! Chut ! Ne vends pas la mèche ! Je ne veux pas savoir. Pas encore ! Que j’aie la surprise… Dis-moi plutôt : vous continuez à en faire des vidéos tous les deux ? Oui, hein, sûrement…
– Alors ça, il y a pas de risque !
– Toute seule non plus ?
– Non plus, non…
– Ben, pourquoi ? Tu devrais, tu sais ! Vous devriez… Vous êtes extrêmement talentueux… Aussi bien l’un que l’autre…
– Il n’en est pas question…
– Ah, ben si, si ! Ça se renouvelle un stock. Au fur et à mesure… Ça finit par s’épuiser sinon… Tu devrais savoir ça… Alors dorénavant pour chaque vidéo que nous aurons vue tu me donneras une vidéo tout fraîchement tournée… Que je nous mettrai soigneusement de côté… Pour plus tard… Qu’on ait de la réserve… Tu peux quand même pas me refuser ça !
Je ne pouvais pas, non ! Il le savait et je le savais. Et on savait tous les deux pourquoi. J’étais désormais enfermée dans une nasse à laquelle, toute seule, je ne parviendrais jamais à échapper. Il fallait que quelqu’un vienne à mon secours et m’aide à m’en sortir. Oui, mais qui ? Damien ! Bien sûr Damien ! Quelle drôle d’idée j’avais eue de vouloir le tenir en-dehors de tout ça. Le véritable responsable de la situation, c’était lui. Aucun doute là-dessus : s’il n’avait pas fait des pieds et des mains pour que j’apporte cette fichue clef à chacun de nos rendez-vous, rien ne serait arrivé. Alors à lui de la trouver la solution après tout… C’était la moindre des choses…

Il s’est précipité à ma rencontre, radieux.
– Toi, Christina, toi ! J’y croyais plus… J’espérais plus…
Il m’a serrée contre lui. A cherché mes lèvres.
– Attends, Damien ! Attends ! D’abord il faut qu’on parle…
– Après… Après…
– Non… Maintenant… Tout de suite… C’est important… Très…
Il m’a écoutée sans m’interrompre. Jusqu’au bout.
– C’est tout ? Je m’attendais à pire…
– À pire ?
– Oui… Que tu me dises que c’était fini nous deux… Que tu voulais plus qu’on se voie… Du moment que c’est pas le cas, le reste…
– Mais est-ce que tu te rends compte enfin, Damien ? Il a nos vidéos… Il peut en faire ce qu’il veut… Les montrer à Laurent…
– Ce n’est apparemment pas son intention…
– C’est pas une raison enfin ! Ce sont NOS vidéos. Il a pas à les avoir… À m’obliger à les regarder avec lui…
– Le moyen de l’en empêcher ?
– Il doit bien y en avoir un… Il doit bien y avoir une solution…
– Peut-être… Mais dans l’immédiat je vois pas laquelle…
– Cherche ! Tu vas chercher… Promets-moi que tu vas chercher !
– Mais oui !
– Et tu vas trouver… Hein, que tu vas trouver ?
Il n’a pas répondu. Il m’a attirée contre lui. Et je me suis abandonnée… Et j’ai hurlé mon plaisir, agrippée à lui… Il est resté en moi, m’a souri…
– L’esssentiel, c’est nous ! Ce qu’on vit nous… Que rien ne nous sépare jamais… Non, tu crois pas ?
– Si, Damien, si !
Et je me suis sentie seule. Épouvantablement seule…

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