jeudi 21 avril 2016

Escobarines: Le retour du voisin (4)

– Non, laisse-moi, Baptiste, s’il te plaît !
– Mais qu’est-ce t’as ?
– Rien ! J’ai rien. Seulement je voulais pas que tu viennes aujourd’hui. Je te l’avais dit…
– J’avais trop envie…
– Oui, ben ça tombe mal. Faut que je parte…
– Tu vas où ?
– À côté. Chez le voisin. Il m’attend.
– Il t’attend ? Comment ça il t’attend ? Pourquoi ?
– Comme si tu le savais pas !
– À cause d’avant-hier ? Il était là ? Il nous a entendus ? C’est ça ?
– T’es très perspicace quand tu veux…
– Il va pas encore te… ?
– Me flanquer une fessée ? Ben, si ! Si ! Justement… Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
– Mais rien. J’ai rien dit…
– Tu veux que je fasse quoi ? Que je l’envoie sur les roses ? Il est complètement tordu ce mec. Dans le quart d’heure qui suit il aura appelé Martial. Il lui aura tout déballé. C’est ça que tu veux ? D’autant que Martial n’aura rien de plus pressé que de mettre Lydie au courant. Ah, on sera dans de beaux draps tous les deux. Toi comme moi. Alors il y a pas trente-six solutions. Faut que j’en passe par ce qu’il a décidé… Et c’est vraiment pas de gaieté de cœur, je t’assure !

– Alors ?
– Il est là, à côté…
– Il a réagi comment ?
– Comme prévu. Il a pas vraiment protesté. Même pas pour la forme. Trop content de pouvoir en profiter, tu parles ! Mais ça, j’en étais sûre…
– Bon, ben il y a plus qu’à alors !
– Il y a plus qu’à… Oui. Comme tu dis…
– Allez, mets-nous ce petit derrière à l’air…

– Ouche ! T’as pas fait semblant, dis donc !
– Me dis pas que ça t’a pas plu…
– Si ! Oh, si !
– Ah, pour piailler, t’as piaillé. Il en a eu pour son argent ton Baptiste à côté, ça, on peut pas dire…
– Il doit être dans un état !
– Et comme c’est aussi manifestement ton cas… Un vrai feu d’artifice, ça va être tous les deux…
– Je sais pas…
– Mais si, tu sais ! Allez, file, il t’attend…

– T’as eu mal ?
– Ah, ben ça !
– Fais voir !
– Non. Laisse-moi, Baptiste ! Laisse-moi, j’te dis !
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Non, mais attends ! Je viens de m’en prendre une, il y a pas cinq minutes, parce qu’on a baisé et toi, tu veux qu’on recommence aussi sec derrière. T’es inconscient ou quoi ? C’est pour le coup qu’il va pas me louper…
– Je veux juste regarder…
– Ben, voyons ! Non. Je te connais. Je sais comment ça va forcément finir. Et, à l’arrivée, qui c’est qui va encore trinquer, ben, c’est moi…
– Oui, alors, si je comprends bien, c’est fini nous deux, quoi !
– Tout de suite les grands mots… Mais non, c’est pas fini, non ! Bien sûr que non ! Seulement faut qu’on envisage d’autres solutions… J’ai pas envie de me faire tanner le derrière chaque fois qu’on va tirer un coup ensemble…
– D’autres solutions ?
– Se voir ailleurs… Par exemple… Bon, mais on en reparlera… Je t’appelle ce soir sans faute… Va vite en attendant… Qu’on soit pas tentés…

– C’est moi !
– Je vois ça, oui !
– Je l’ai expédié Baptiste…
– Le pauvre !
– Ah, ben non, attends, normal que ce soit toi qu’en profites. T’as fait tout le boulot…
– Même que je peaufinerais bien encore un peu avant…
– Oh, ça, tant que tu veux ! Avec plaisir…

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