mardi 25 août 2015

Fessées croisées2 (2)

17 heures


Il est resté en moi… M’a caressé les sourcils… Les paupières… Les lèvres… Du bout du pouce…
– Il y avait longtemps… Il y avait longtemps qu’elle avait pas eu un plaisir aussi tonitruant la petite madame…
– C’est qu’il y a longtemps que la petite Madame s’était pas sentie aussi proche du monsieur… Aussi bien comprise…
– Tu me diras, hein ? Tu me promets ?
– Tout… Je te dirai tout… Même s’il y a rien… Si c’est juste dans ma tête qu’il se passe des trucs avec un type… Et puis toi, alors, tu me puniras pour ça… Tu me donneras la fessée… Une bonne…Une sévère…
– Qui te remettra en paix avec toi-même…
– Voilà, oui… Tu comprends tout… Mais pourquoi tu m’en donnais plus ces derniers temps ? T’avais plus envie ?
– C’est pas que j’avais plus envie, c’est qu’elles sonnaient faux… Que tu ne les investissais plus vraiment… T’étais ailleurs… Avec elles… L’essentiel, c’était vous trois…
– Oui, oh, alors là… Si tu savais…
– Si je savais quoi ? Que tout a commencé parce que Jaufret a flanqué une fessée à Christine et que Charles s’en est rendu compte ? Que, pour faire passer la pilule, vous avez inventé une histoire à dormir debout et que vous avez fini par vous prendre à votre propre jeu ? Et pas qu’un peu…
– Ah, ben d’accord ! En somme, si je comprends bien, c’est depuis le début qu’on avait des détectives au cul…
– Il n’y a jamais eu de détectives… Alexandre a inventé ça de toutes pièces… Pour vous donner le change… Au cas où vous finiriez par avoir des soupçons…
– Pas de détectives ? Alexandre… Des soupçons ? Des soupçons de quoi ? J’y comprends plus rien…
– Le frère aîné d’Alexandre est un ami d’enfance de Charles… Son meilleur ami… Et Alexandre est une vraie fouine… Qui a assisté à pas mal de choses… Qui connaît Ludo… Qui connaît Enzo… Qui connaît Jaufret… Et qui n’a pas son pareil pour tirer les vers du nez à son interlocuteur… Mélanie, entre autres, en a souvent fait les frais… Toi aussi, d’ailleurs, quelquefois…
– C’est par lui que t’as su alors pour Enzo ?
– Évidemment que c’est par lui… Par le truchement de son frère en fait… Mais ça revient au même…
– Quel petit salopard ! Non, mais quel petit salopard !
– À un rapport quotidien on avait droit… Et je peux te dire qu’il fourmillait de détails… On n’ignorait rien de vos parties de jambes en l’air aux unes et aux autres… On a toujours su où vous étiez… Ce que vous faisiez… Avec qui… Quels étaient vos projets… Vos plans d’action…Comment vous envisagiez de nous rouler dans la farine… Comment vous croyiez y être parvenues… Comment vous vous en réjouissiez…
– Tel est pris qui croyait prendre, quoi ! Vous nous avez bien eues… Mais ce type, là… Le frère d’Alexandre…
– Cyrille…
– C’était quand qu’il venait vous raconter tout ça ? Parce qu’on l’a jamais vu, nous… Même pas croisé comme ça, par hasard…
– Il venait pas… On allait chez lui… Le matin, pendant que vous faisiez vos ablutions… Et on y retournait l’après-midi…
– Eh ben dis donc !
– Cyrille était intarissable… Il en avait jamais fini avec vous… Vous le fasciniez à un point… Toi surtout…
– Moi ? Pourquoi moi ?
– Parce que tu leur distribuais généreusement des fessées aux deux autres, mais que toi, tu n’en recevais jamais… Il rêvait du jour où son frère lui apprendrait que… enfin… enfin… vous aviez interverti les rôles…
– Oui… Ben raté…
– Il a eu mieux… Beaucoup mieux…
– Comment ça ?
– Tu as la mémoire courte…
– Ah, oui… C’est vrai… J’y pensais plus… Il y a eu le club…
– Et Nathalie… La copine d’Enzo… Qui ne t’a pas ménagée…
– Il y était Alexandre ?
– Ils y étaient tous les deux…
– Et toi aussi… Forcément…
– Non… La faute à Charles… Persuadé qu’on avait largement le temps de faire l’aller et retour à Nice avant… Résultat des courses : quand on est arrivés tout était terminé… Et pourtant ça valait son pesant d’or à ce qu’il paraît… Mais tu me raconteras… Et puis qui sait ? Tu recroiseras peut-être la route d’Enzo… Et celle de Nathalie dans la foulée…

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