lundi 21 novembre 2011

Souvenirs d'avant ( 21 )

21-

Une auberge. J’y suis aux fourneaux. Et Guillemette en salle.
- Mais pas touche ! Personne.
Et elle remet vertement en place les audacieux dont les mains tendent à s’égarer.

Il n’y a qu’à Thibaut qu’elle laisse faire tout ce que bon lui semble, l’après-midi, quand l’aubergiste fait sa sieste. Ils disparaissent tous les deux derrière la haie au fond du potager.
Elle n’en revient que longtemps après toute décoiffée, les joues fiévreuses, les yeux brillants...

- Elle est où Guillemette ?
Il s’est levé beaucoup plus tôt que d’habitude. Il fronce le sourcil.
- Partie chercher de l’eau au puits. Elle ne va pas tarder.
- Vaudrait mieux. Parce qu’il y a de l’ouvrage…

Elle le chevauche avec ardeur. Ses fesses s’ouvrent et se ferment. Ses seins se balancent en cadence. Une douce mélopée s’échappe de ses lèvres entrouvertes.
- Guillemette !
Elle se retourne, me lance un regard d’abord stupéfait, puis furieux.
- Le maître, Guillemette ! Il te cherche…
- Le…
Elle se relève d’un bond, brusquement dégrisée.
Tandis qu’elle se rajuste, à la hâte, je puise de l’eau, lui tend le seau.
- Allez, vite ! Va vite !

- Je t’ai tirée, reconnais-le, d’un fort mauvais pas.
Elle le reconnaît. Du bout des lèvres.
- Il t’aurait fouettée et il aurait fait étriller ton galant.

Lequel ne vient plus…
- Il a peur, hein ?!
- Mais non, mais…

Il revient. Un peu. Rarement. De plus en plus souvent. Presque tous les jours. Tous les jours.
- Mais tu guettes, hein ?! Et tu préviens…

Je guette. Je m’acquitte scrupuleusement de la mission qu’elle m’a confiée. Je guette. Non pas l’aubergiste qui dort là-haut des après-midis entières. Non. C’est eux que je surveille : du fenil, en face, on a une vue imprenable sur tout ce qui se passe en contrebas de la haie. Je les regarde se mettre en train. S’embraser. Je l’écoute psalmodier son plaisir, transfigurée.

Je ne m’en lasse pas. Elle, si. Ou lui. Ou les deux. Ils se font moins ardents. Restent parfois – de plus en plus souvent – longuement étendus, côte à côte, sans que leurs corps se joignent.
Il vient moins à nouveau. De moins en moins. Plus du tout…

Et puis il y en a un autre. Un autre qu’elle serre contre elle avec passion. Auquel elle s’abandonne en grandes vagues moutonnées. Un autre qui la fait hurler de bonheur.

Ils se sont endormis, épuisés, l’un contre l’autre. Lui sur le dos. Elle sur le ventre, ouverte.
Toute luisante de plaisir.
Je la regarde. Longtemps.

- Guillemette !
Elle se serre plus fort contre lui.
- Guillemette !
Elle sursaute. Se redresse.
- Le maître ! Il descend. Et s’il ne te trouve pas à l’ouvrage…

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