Le bonheur d’être en avance. De l’attendre. De l’imaginer qui surgit au détour de l’allée, qui lève la tête vers la fenêtre, sourit, esquisse un petit geste de la main, accélère l’allure. Son pas dans l’escalier. La porte. Elle se jette dans mes bras. On se couvre de baisers. On roule sur le lit. Mélissa…
Elle va arriver. Question de secondes. De minutes tout au plus. Douce Mélissa. Ardente Mélissa… Mélissa-bonheur…
Mais qu’est-ce qu’elle fait ?… Elle devrait être là maintenant. Depuis un bon moment. Pourvu qu’il lui soit rien arrivé… Que… Mais non !… Non !… Pas se mettre des idées comme ça en tête. Non. Elle a été retardée. Indépendant de sa volonté. Elle va être là. D’un moment à l’autre. Tout va s’expliquer. On va en rire ensemble tout à l’heure. De bon cœur. Et nos étreintes n’en seront que plus passionnées…
Toujours pas. Toujours personne. Toujours rien. Et toujours l’insupportable et cynique messagerie… « S’il te plaît, Melissa, fais-moi un signe… N’importe lequel… N’importe quoi… Je suis mort d’inquiétude, moi !… Il ne t’est rien arrivé au moins ?… S’il te plaît, réponds-moi !… Réponds, Mélissa, je t’en supplie !… »…
- Hou là !… Vous en faites une tête !… Qu’est-ce qui se passe ?… Vous venez d’enterrer toute votre famille ?…
- T’as pas des nouvelles de Mélissa ?
- Mélissa ?!… Ben si !… Si !… Elle était en cours tout à l’heure… Pourquoi ?…
- En cours ?!…
- En cours, oui… Qu’est-ce que ça a de si… Ah, je vois !… Je vois… Vous en avez pas marre tous les deux de faire vos petits coups en douce ?… Qu’est-ce que vous manigancez derrière mon dos, hein ?… C’est quoi le plan ?… De me virer d’ici pour qu’elle s’installe à ma place ?… Ah, ben bravo !… Bravo !… C’est sympa… Alors moi je lui arrange le coup parce qu’elle crève d’envie de baiser avec vous et en remerciement on me tient complètement à l’écart de tout et on magouille pour me foutre dehors…
- Il a jamais été question de ça…
- Tu parles !… C’est cousu de fil blanc votre truc…
- Je peux t’assurer qu’à aucun moment…
- Vous peut-être !… Mais elle !… Pas besoin de vous en faire que depuis le début elle a que ça en tête… Je parie que c’est elle qu’a pas voulu que vous me le disiez que c’était fait entre vous… Non ?… Vous voyez… Vous répondez pas… C’est que c’est vrai… Non, mais qu’est-ce que j’ai pu être conne !… Ca m’apprendra à vouloir rendre service aux copines… On n’est pas près de m’y reprendre… Mais en attendant si elle s’imagine que je vais lui abandonner le terrain comme ça elle se fourre le doigt dans l’œil… Et jusqu’au coude…
- C’est moi, oui !… Ecoutez, il faut plus qu’on se voit…
- Hein ?… Mais pourquoi ça ?… C’est à cause de Mélianne ?… Si c’est à cause de Mélianne…
- Non… Non… Mélianne on vient de s’expliquer toutes les deux… Non, c’est pas Mélianne… C’est moi… Parce que je suis en train de beaucoup trop m’attacher… Je croyais pas au début… Mais je suis en train de tomber amoureuse folle de vous… Comme j’ai jamais connu… Comme je croyais pas que c’était possible… Ca va me mener à quoi ?… Vous ne m’aimez pas, vous… Vous ne m’aimerez jamais… Alors j’aime mieux qu’on arrête là, tout de suite, maintenant, avant qu’il soit trop tard… Avant que je souffre trop… Je ne suis pas venue ce matin… Je ne viendrai plus… S’il vous plaît, n’essayez pas… De me revoir… De m’appeler… De rien… Il faut que vous m’oubliiez… Moi, je vais essayer…
Et elle a raccroché…
- Décidément c’est le jour !… Tout le monde se fiche de moi derrière mon dos… Parce que vous savez pas ce qu’elle m’a fait l’Alexandra ?… Eh ben elle se tape Baptiste depuis une semaine sans que je sois au courant de rien…
- Je croyais qu’ils l’avaient fait devant toi l’autre jour…
- J’étais là… C’est pas pareil…
- Et qu’il avait pas d’importance pour toi Baptiste…
- C’est pas une raison !… Elle en sait rien du tout ce qu’il est pour moi Baptiste… Elle aurait pu au moins m’en parler… Mais non !… Faut qu’ils aillent se planquer dans un hôtel, à l’autre bout de la ville, comme des voleurs…
- C’est peut-être à cause de son mari…
- De Peter ?… Tu parles !… Qu’est-ce qu’il en a à foutre Peter qu’elle s’envoie en l’air à droite et à gauche… Il est habitué depuis le temps… C’est sûrement pas ça qui va le tracasser… Non, mais s’ils veulent vivre leur petite histoire en dehors de moi, qu’ils se gênent surtout pas !… J’ai pas besoin d’eux pour mener mon affaire de mon côté avec Peter… Je les ai pas attendus pour ça… D’autant qu’avec Peter maintenant depuis que je le ficelle…
- Non, mais aidez-moi !… Au moins un peu !… Vous êtes une vraie chiffe molle… Vos poignets !… Mettez-les contre vos chevilles… Gauche contre gauche… Et droite contre droite… Là… Ca serre pas trop ?… Comment c’est trop marrant en tout cas !… On peut vous faire basculer comme on veut… Allez, hop !… Sur le dos, les jambes en l’air… Avec le kiki qu’essaie de faire son intéressant entre elles… Ou dans l’autre sens, assis, tout étiré vers l’avant… Dans les deux cas… Il va aimer Peter… Je suis sûre qu’il va aimer… Surtout les yeux bandés comme ça… A se demander ce qui se passe autour… A jamais vraiment savoir ce que je peux être en train d’inventer… N’empêche que c’est quand même nettement mieux sur le dos…
Elle m’y a remis, du bout du pied…
- Oui, il y a pas photo…
Un long coup de sonnette…
- Qu’est-ce que c’est que ça ?… Ah oui, ça doit être les filles… Sûrement… Bougez pas !… Je reviens…
Il y a eu de grands éclats de rire. La voix de Mélianne qui a longtemps raconté quelque chose. D’autres rires. Celle d’Emilie, moqueuse. Celle de Cynthia, posée. A nouveau celle d’Emilie, insistante, presque implorante. Et puis le silence…
Une présence…
- C’est toi, Mélianne ?
- Ben oui, c’est moi !… Qui voulez-vous que ce soit ?…
- Elles sont parties ?…
Un rire étouffé. Des chuchotements…
- Mais oui, elles sont parties…
On s’est approché. On m’a frôlé la hanche. Un gloussement étranglé. On m’a effleuré le bout du sein…
- Pas cap !…
En chuchotis…
- Qu’est-ce tu paries ?
Une main s’est posée sur moi en bas, s’y est installée, a esquissé quelques va-et-vient, s’est retirée…
Des pas feutrés. Le silence. Et puis, à côté, encore de grands éclats de rire…
Elle va arriver. Question de secondes. De minutes tout au plus. Douce Mélissa. Ardente Mélissa… Mélissa-bonheur…
Mais qu’est-ce qu’elle fait ?… Elle devrait être là maintenant. Depuis un bon moment. Pourvu qu’il lui soit rien arrivé… Que… Mais non !… Non !… Pas se mettre des idées comme ça en tête. Non. Elle a été retardée. Indépendant de sa volonté. Elle va être là. D’un moment à l’autre. Tout va s’expliquer. On va en rire ensemble tout à l’heure. De bon cœur. Et nos étreintes n’en seront que plus passionnées…
Toujours pas. Toujours personne. Toujours rien. Et toujours l’insupportable et cynique messagerie… « S’il te plaît, Melissa, fais-moi un signe… N’importe lequel… N’importe quoi… Je suis mort d’inquiétude, moi !… Il ne t’est rien arrivé au moins ?… S’il te plaît, réponds-moi !… Réponds, Mélissa, je t’en supplie !… »…
- Hou là !… Vous en faites une tête !… Qu’est-ce qui se passe ?… Vous venez d’enterrer toute votre famille ?…
- T’as pas des nouvelles de Mélissa ?
- Mélissa ?!… Ben si !… Si !… Elle était en cours tout à l’heure… Pourquoi ?…
- En cours ?!…
- En cours, oui… Qu’est-ce que ça a de si… Ah, je vois !… Je vois… Vous en avez pas marre tous les deux de faire vos petits coups en douce ?… Qu’est-ce que vous manigancez derrière mon dos, hein ?… C’est quoi le plan ?… De me virer d’ici pour qu’elle s’installe à ma place ?… Ah, ben bravo !… Bravo !… C’est sympa… Alors moi je lui arrange le coup parce qu’elle crève d’envie de baiser avec vous et en remerciement on me tient complètement à l’écart de tout et on magouille pour me foutre dehors…
- Il a jamais été question de ça…
- Tu parles !… C’est cousu de fil blanc votre truc…
- Je peux t’assurer qu’à aucun moment…
- Vous peut-être !… Mais elle !… Pas besoin de vous en faire que depuis le début elle a que ça en tête… Je parie que c’est elle qu’a pas voulu que vous me le disiez que c’était fait entre vous… Non ?… Vous voyez… Vous répondez pas… C’est que c’est vrai… Non, mais qu’est-ce que j’ai pu être conne !… Ca m’apprendra à vouloir rendre service aux copines… On n’est pas près de m’y reprendre… Mais en attendant si elle s’imagine que je vais lui abandonner le terrain comme ça elle se fourre le doigt dans l’œil… Et jusqu’au coude…
- C’est moi, oui !… Ecoutez, il faut plus qu’on se voit…
- Hein ?… Mais pourquoi ça ?… C’est à cause de Mélianne ?… Si c’est à cause de Mélianne…
- Non… Non… Mélianne on vient de s’expliquer toutes les deux… Non, c’est pas Mélianne… C’est moi… Parce que je suis en train de beaucoup trop m’attacher… Je croyais pas au début… Mais je suis en train de tomber amoureuse folle de vous… Comme j’ai jamais connu… Comme je croyais pas que c’était possible… Ca va me mener à quoi ?… Vous ne m’aimez pas, vous… Vous ne m’aimerez jamais… Alors j’aime mieux qu’on arrête là, tout de suite, maintenant, avant qu’il soit trop tard… Avant que je souffre trop… Je ne suis pas venue ce matin… Je ne viendrai plus… S’il vous plaît, n’essayez pas… De me revoir… De m’appeler… De rien… Il faut que vous m’oubliiez… Moi, je vais essayer…
Et elle a raccroché…
- Décidément c’est le jour !… Tout le monde se fiche de moi derrière mon dos… Parce que vous savez pas ce qu’elle m’a fait l’Alexandra ?… Eh ben elle se tape Baptiste depuis une semaine sans que je sois au courant de rien…
- Je croyais qu’ils l’avaient fait devant toi l’autre jour…
- J’étais là… C’est pas pareil…
- Et qu’il avait pas d’importance pour toi Baptiste…
- C’est pas une raison !… Elle en sait rien du tout ce qu’il est pour moi Baptiste… Elle aurait pu au moins m’en parler… Mais non !… Faut qu’ils aillent se planquer dans un hôtel, à l’autre bout de la ville, comme des voleurs…
- C’est peut-être à cause de son mari…
- De Peter ?… Tu parles !… Qu’est-ce qu’il en a à foutre Peter qu’elle s’envoie en l’air à droite et à gauche… Il est habitué depuis le temps… C’est sûrement pas ça qui va le tracasser… Non, mais s’ils veulent vivre leur petite histoire en dehors de moi, qu’ils se gênent surtout pas !… J’ai pas besoin d’eux pour mener mon affaire de mon côté avec Peter… Je les ai pas attendus pour ça… D’autant qu’avec Peter maintenant depuis que je le ficelle…
- Non, mais aidez-moi !… Au moins un peu !… Vous êtes une vraie chiffe molle… Vos poignets !… Mettez-les contre vos chevilles… Gauche contre gauche… Et droite contre droite… Là… Ca serre pas trop ?… Comment c’est trop marrant en tout cas !… On peut vous faire basculer comme on veut… Allez, hop !… Sur le dos, les jambes en l’air… Avec le kiki qu’essaie de faire son intéressant entre elles… Ou dans l’autre sens, assis, tout étiré vers l’avant… Dans les deux cas… Il va aimer Peter… Je suis sûre qu’il va aimer… Surtout les yeux bandés comme ça… A se demander ce qui se passe autour… A jamais vraiment savoir ce que je peux être en train d’inventer… N’empêche que c’est quand même nettement mieux sur le dos…
Elle m’y a remis, du bout du pied…
- Oui, il y a pas photo…
Un long coup de sonnette…
- Qu’est-ce que c’est que ça ?… Ah oui, ça doit être les filles… Sûrement… Bougez pas !… Je reviens…
Il y a eu de grands éclats de rire. La voix de Mélianne qui a longtemps raconté quelque chose. D’autres rires. Celle d’Emilie, moqueuse. Celle de Cynthia, posée. A nouveau celle d’Emilie, insistante, presque implorante. Et puis le silence…
Une présence…
- C’est toi, Mélianne ?
- Ben oui, c’est moi !… Qui voulez-vous que ce soit ?…
- Elles sont parties ?…
Un rire étouffé. Des chuchotements…
- Mais oui, elles sont parties…
On s’est approché. On m’a frôlé la hanche. Un gloussement étranglé. On m’a effleuré le bout du sein…
- Pas cap !…
En chuchotis…
- Qu’est-ce tu paries ?
Une main s’est posée sur moi en bas, s’y est installée, a esquissé quelques va-et-vient, s’est retirée…
Des pas feutrés. Le silence. Et puis, à côté, encore de grands éclats de rire…
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