jeudi 2 avril 2009

La classe des filles ( 22ème jour )

Ils étaient encore couchés…

- Salut !

- Tiens, une revenante !…

- Je m’arrête pas… Je passe juste, en vitesse, pour vous faire une commission de la part de Noémie… Elle m’a demandé de vous dire qu’elle pourra plus venir ici la nuit…

- Ca fait rien… C’est pas grave… Du moment qu’on t’a, toi, à la place, on perdra pas au change…

- Oui, non, mais moi… Non… Bon… Faut que j’y aille… De toute façon faut que j’y aille là…

- On est dimanche… T’as bien le temps de boire un café avec nous quand même !…

- Vous vous faites du café ?!

- Ben oui, tu vois, on s’organise à la longue…

- Et elle dit rien l’infirmière ?…

- Oh, l’infirmière !… On en fait ce qu’on veut de l’infirmière… Sinon il y a belle lurette qu’on serait plus ici… Vingt fois elle a voulu nous chasser et vingt fois on est restés… Elle en a pris son parti… Tu veux combien de sucres ?

- Pas de sucre, non, merci…

- Bon, ben assieds-toi !… Reste pas plantée là… Assieds-toi et raconte-nous… Pourquoi t’es venue ?…

- Hein ?… Mais je vous ai dit… C’est Noémie qui m’a demandé de…

- Non… La vraie raison…

- Mais c’est ça… Il y en a pas d’autre…

- Tu sais quoi ?… Eh bien on parlait justement de toi hier soir tous les trois avant de s’endormir… Et on se disait que le meilleur souvenir qu’on allait garder d’ici c’est la nuit qu’on a passée ensemble tous les quatre l’autre fois…

- Et même que parmi tous les souvenirs qu’on peut avoir celui-là va forcément occuper une place toute particulière… A part de tout… Toujours…

- Vous êtes gentils…

- Et que si tu voulais…

Je me suis levée. J’ai posé un doigt sur mes lèvres…

- Chut…

Je me suis enfuie…




En bas Noémie m’a hélée, rattrapée…

- Ben alors… T’étais passée où ?… Ca fait une heure que je te cherche…

- Fallait que je passe à l’infirmerie…

- Ah oui… Ils doivent se demander ce que je suis devenue ceux-là là-haut… Il faudrait que je… Oh, et puis je m’en fous… Je leur dois rien… Ils pensent bien ce qu’ils veulent… En tout cas bravo, hein, pour Eric !… Je sais pas comment tu t’es débrouillée, mais il a tout gobé… Non… Parce que ça m’aurait vraiment fait chier que tout tombe à l’eau à cause de ces trois idiots là-haut… Juste au moment où ça prenait tournure en plus… Où le poisson était ferré et où il y avait plus qu’à le ramener sur la berge…

- Qu’est-ce tu vas faire maintenant par rapport à eux ?…

- Eux ?!… Mais rien… Absolument rien… Je vais laisser tomber… C’est pourtant pas l’envie qui m’en manque… Surtout qu’ils savent y faire… Et qu’un plan avec trois mecs tu prends vraiment ton pied… Mais bon faut savoir ce qu’on veut aussi dans la vie… J’ai joué avec le feu… C’est passé une fois… Ca passerait sûrement pas deux… Surtout maintenant qu’Eric a la puce à l’oreille… Mais c’est pas grave… Je me rattraperai après quand je l’aurai complètement dans la poche… Non… Ce qui me préoccupe surtout, là, maintenant, c’est Eric… Et de savoir si j’ai intérêt à frapper un grand coup ou si, au contraire, je dois plutôt continuer à resserrer patiemment les mailles du filet… Parce qu’il y a des moments où je me dis que c’est vraiment mûr, que j’ai plus qu’à le cueillir et d’autres où j’ai peur de tout gâcher en voulant trop précipiter… J’ai deux solutions en fait… Tu m’écoutes ?

- Mais oui, je t’écoute, oui… Je fais que ça…

- J’ai deux solutions… Ou bien je lui sors la grande scène du trois dans le registre « J’ai plus de boulot… Bientôt plus d’appart… Qu’est-ce que je vais devenir ? » en espérant qu’il va tilter et me proposer de venir m’installer chez lui… Ou bien je la lui joue lointaine et indifférente – celle qu’en a strictement rien à foutre – et je le laisse venir… Dans les deux cas de toute façon il y a des risques… Va bien falloir que je prenne une décision pourtant… Et rapidement…




- Ca devient une tradition notre banc du dimanche après-midi…

- On est comme les petits vieux… On a nos habitudes…

Eric et Noémie ont disparu à l’angle de l’allée centrale…

- Et pourtant j’aurais plutôt intérêt à prendre la fuite dès que je t’aperçois… Chaque fois je veux te rendre service et chaque fois ça me retombe sur le coin de la figure…

- Oui… Tu t’en es pris une sévère hier soir il paraît…

- C’est le moins qu’on puisse dire…

- Désolé…

- Pas tant que moi…

- On est là pour ça, non ?

- Dans certaines limites quand même… Je ramasse quasiment tous les jours, moi, en ce moment… J’ai le cul dans un état !

- Ca te déplaît tant que ça ?

- Je ne répondrai qu’en présence de mon avocat…

- Si ça peut te consoler moi aussi j’en ai pris une bonne cette nuit…

- Ah oui ?… De qui ?

- Et elle demande de qui…

- Adeline ?

- Evidemment Adeline… Et je peux te dire qu’elle a pas fait semblant… Jamais on m’en avait flanqué une comme ça… Jamais… Personne… Et puis elle, elle y a vraiment pris du plaisir… Sans aucun doute possible… Et alors ça pour moi…

- Vous allez vous revoir ?

- Je sais pas… Je lui ai demandé… Elle a répondu qu’elle avait pas encore décidé… Que je verrais bien… Et que de toute façon j’avais pas à lui poser de questions…

- Ouais… Ouais… Alors tu attends quoi de moi au juste ?… Que j’essaie de percer ses intentions à jour ou que je m’efforce de la convaincre de te revoir ?

- Ni l’un ni l’autre… J’ai déjà suffisamment abusé de ta gentillesse comme ça… Non… J’ai son adresse… Je sais où elle va travailler la semaine prochaine quand tout sera fini ici… Ce serait bien le diable que je n’arrive pas à obtenir qu’elle m’en colle d’autres… Surtout en faisant tout pour ça… Et je sais me montrer patient quand il le faut…

- Tu vas rester un peu dans le coin du coup alors ?

- Et peut-être définitivement si mes projets aboutissent…

- Quels projets ?

- Ah ça, j’en parle pas… Tant que ça n’aura pas vraiment abouti j’en parle pas…

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