lundi 24 février 2020

Les fessées d'Aurélie (3)



Source de l’illustration : Jerzy Gorecki sur Pixabay

Je me suis mordu les lèvres. Ça y était. C’était dit.
J’ai passé la soirée à me le reprocher. Et une partie de la nuit. C’était pure folie. Non, mais qu’est-ce qui m’était passé par la tête ? C’était pure folie, oui, mais, en même temps, et c’est là-dessus que je m’efforçais de faire porter obstinément l’accent, en même temps j’allais être délivrée de tout ça. Définitivement. Une fois, une seule fois. Et la vie allait enfin pouvoir reprendre son cours d’avant.

Il était comme d’habitude. Exactement comme les autres matins. Peut-être même un peu plus lointain, un peu plus distant. Quant à moi, je m’appliquais à m’absenter de moi-même, à faire totalement abstraction de ce qui allait se passer, à concentrer toute mon attention, avec plus ou moins de succès, sur les mails auxquels il me fallait répondre.

À midi, on ne s’était pas encore adressé une seule fois la parole.
Les collègues se sont levés. Ont enfilé leurs manteaux. Il est passé derrière moi.
‒ Je t’attends en bas.
Discrètement.
Mon cœur s’est emballé. Il était encore temps. De refuser. De renoncer. D’échapper.
Je suis descendue.
‒ Tu me suis ?
À bonne distance. Qu’ils n’aillent pas s’imaginer, les autres, s’ils nous apercevaient, qu’il y avait entre nous ce qu’il n’y avait pas.
Une petite rue à droite. Une autre. Encore une autre. Devant la porte de l’hôtel, j’ai marqué un long temps d’arrêt. Et je me suis bravement lancée.

L’escalier, je l’ai monté à ses côtés.
En tenant à préciser.
‒ Une seule fois, Ugo, hein !
‒ Mais oui !
J’ai insisté.
‒ Sûr ?
‒ Mais oui !

Dans la chambre, il m’a doucement, mais fermement, prise par le bras. Fait agenouiller sur le seul fauteuil de la chambre, face à un grand miroir.
‒ Que tu puisses contempler, tout du long, ton petit minois.
Et il a parlé. De derrière moi. Longtemps. D’une voix douce, suave, la main tranquillement posée au creux de mes reins, à la lisière de ma jupe.
Ce qu’il disait ? Je n’en savais rien. Je n’écoutais pas. Je n’entendais pas. C’était un flot ininterrompu de mots au velouté desquels je m’abandonnais sans la moindre résistance. Sans chercher à en pénétrer le sens. Ils me couraient le long de l’échine en ondes incessantes, s’y déployaient, m’escaladaient la nuque, redescendaient, se ramifiaient, me pétrissaient d’un étrange bien-être.
Le silence, d’un coup.
‒ Non ?
Il attendait une réponse. Que j’ai donnée à tout hasard.
‒ Si !
‒ Alors
Et ma jupe m’est tombée aux genoux.
Et sa main s’est posée sur mes fesses. Se les est longuement appropriées.

(à suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire