vendredi 20 novembre 2015

Escobarines: BTS (5)

– Le dossier Vourain, Gaëtane… Ah, ils sont pas simples cee gens-là… Vous essayez de nous débrouiller tout ça ?
– Oui, Monsieur…
Bénédicte le regarde s’éloigner… Se penche vers moi…
– Heureusement que j’avais oublié mon portable hier soir… Jamais j’aurais su sinon… Jamais je me serais doutée…

Il est au téléphone… Il est furieux…
– Vous m’emmerdez !
Il raccroche… Vient droit sur moi…
– Laissez tomber ! Quand on a affaire à des cons… Tenez, occupez-vous de ça plutôt…

Midi… Bénédicte enfile son manteau…
– On déjeune ensemble ?
– Je sais pas… Je…
– Mais si, allez ! Viens ! Je t’invite…

Un petit restaurant dans un dédale de rues derrière…
– Elles le connaissent pas celui-là les collègues… On sera tranquilles pour parler… Non, parce que si je m’étais attendue à ça hier soir ! Jamais je serais allée m’imaginer que c’était lui… En douce que t’aurais pu me le dire quand même… Tu me connais : c’est pas moi qui aurais raconté quoi que ce soit à qui que ce soit… Sauf Martial… Mais Martial, c’est autre chose… C’est mon mari… Qui, soit dit en passant, n’a pas cessé de me harceler de questions toute la soirée… Il était vraiment si rouge que ça ton derrière ? Et pourquoi il te la donnait la fessée ? Et ça t’arrivait souvent ? Qu’est-ce que tu voulais que je lui réponde ? À part que pour l’avoir rouge, ça, oui, tu l’avais rouge… Et, pour qu’il me laisse dormir, j’ai dû lui promettre que je te ferais raconter… Tout… Bien en détail… Mais j’ai une bien meilleure idée finalement… Parce que c’est quand qu’il va t’en redonner une ?
– Ça, j’en sais rien du tout…
– Je verrai bien n’importe comment… S’il te fait rester le soir, c’est que tu vas y attraper… Forcément… Et je trouverai un prétexte… Je reviendrai… Et je rentrerai… Au bon moment… Il sera content Martial… Et puis, j’avoue, je suis curieuse de voir ça… Oh, mais t’inquiète pas, hein ! Je dirai rien… Elles sauront pas les autres… Motus et bouche cousue…

Il est préoccupé… Ailleurs… Il va… Il vient… Il sort… Il rentre… Il passe un temps fou dans le couloir… Il y hurle au téléphone…
Bénédicte me jette des regards apitoyés…
– Ma pauvre ! Si tu y attrapes ce soir, tu vas morfler quelque chose de rare…

Il ne veut pas… Il n’y pense pas… La salle se vide… Je reste la dernière… Il ne me voit pas… Il m’ignore…

Devant la glace de ma chambre je relève ma robe… Elles sont toujours là les marques… Le rouge a viré… Plus sombre… Plus profond… S’y sont surajoutés des violets… Des jaunes… Des noirs… C’est sensible… Douloureux par endroits…

Je ferme les yeux… Je le fais venir… Il arpente toujours le bureau comme un furieux… Jette des dossiers contre les murs… En précipite des piles entières par terre…

Et puis il m’aperçoit…
– Qu’est-ce tu fous encore là, toi ?
– Rien… Rien… Je…
– Tu m’espionnes, c’est ça ? Tu vas me le payer, ma petite ! Je peux te dire que tu vas me le payer…
S’il veut… Comme il veut… Si ça peut le soulager… L’apaiser…
Il m’empoigne… M’entraîne… Me fait pencher à l’équerre sur son bureau… Et il cingle… Je cingle… Les lanières du martinet s’abattent… Sans relâche… Ça brûle… Ça mord… Ça déchire… Il ne s’interrompt pas… Je ne m’interromps pas… Au contraire… Plus vite… Plus fort…

Je reprends mon souffle… Et mes esprits… Il me sourit…
– Merci, Gaëtane…
– Ça vous a fait du bien ? Ça va mieux ?
Il acquiesce… Sourit encore…
– Va vite au coin maintenant… Là… Et relève ta robe…
J’obéis… Je sais que je vais y passer la nuit…

Un rire soudain… Celui de Bénédicte…
– Eh, ben dis donc, quand je vais lui raconter ça à Martial…

Ma main hésite… Descend… Se reprend… S’immobilise… Repart à l’aventure… Je vais leur offrir mon plaisir…

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