lundi 22 novembre 2010

Colocataires3 ( 22 )

- Ils te plaisaient pas ?…
- Si !… Oh, si !… Pourquoi ?…
- Je sais pas… Une impression… T’étais moins là on aurait dit… Presque comme si tu t’ennuyais par moments…
- Tu te l’es imaginé…
- Je crois pas, non… C’était parce que tu les connaissais pas d’avant ?… C’est ça ?…Tu te sentais pas à l’aise ?…
- Oh, non… Non…
- Bon, mais on va pas épiloguer là-dessus… C’est déjà pas mal que tu sois venu… J’y croyais pas, tu sais… Avec les deux autres dindes…
- En tout cas, toi…
- Ah, ça, c’est sûr… Ils m’ont épuisée… Vous m’avez épuisée…
- Mais personne t’a touchée !…
- Si, moi !… C’en est même douloureux tellement je me le suis sollicité… Bon, mais allez !… Faut que je dorme… C’est une nécessité absolue… Et viens pas m’attendre à midi, hein !… J’y serai pas…

- Qui c’est qui m’a piqué toutes mes culottes ?… C’est vous ?…
- C’est moi, oui… Et pas que les culottes… Les strings aussi… Et les soutien-gorge… Mais, comme tu l’auras constaté, j’ai tout remplacé…
- Oui, oh, tu parles !… Vous croyez vraiment que je vais porter ces machins-là ?…
- Bien sûr !…
- Oui, oh ben alors là !…
- Tu m’as demandé de te défendre contre toi-même…
- C’est sûrement pas de me piquer mes affaires qui va y changer grand chose… Vous imaginez quoi ?… Que je peux pas aller m’en acheter en douce et les laisser dans mon casier au boulot ?… Ou bien carrément me promener cul nu ?… Vous croyez vraiment que ça me gênerait ?… Vous me connaissez mal… Que ça m’empêcherait de lever un mec ?… Au contraire… Comment ça les énerve quand ils s’aperçoivent qu’on n’a pas mis de culotte…
- T’as déjeuné où à midi ?…
- Pourquoi vous me demandez ça ?…
- Parce que… T’as déjeuné où ?…
- Dans le petit resto où je vais d’habitude…
- Avec qui ?…
- Un collègue… Un type sans intérêt… C’est quoi cet interrogatoire ?…
- Et après ?…
- Après… On est retournés bosser… Vous vouliez qu’on fasse quoi d’autre ?…
- T’oublies pas quelque chose dans l’intervalle ?…
- Alors comme ça vous m’espionnez ?…
- Dans ton intérêt… Et tu le sais très bien… Alors on reprend… T’étais avec qui à midi ?…
- Pourquoi vous le demandez puisque vous le savez ?…
- C’était Romuald, hein ?!…
- Ben oui, c’était Romuald, oui !… Et on est allés à l’hôtel… Et on a couché ensemble… Voilà…
- Tu es vraiment incorrigible…
- Oh, mais c’est de votre faute aussi !…
- Ben voyons !…
- Si, c’est de votre faute, si !… Parce que c’était notre dernière nuit hier… Pour une semaine… Et vous, vous êtes même pas rentré… Vous l’avez passée je sais pas trop où la nuit… Enfin si, je sais !… Vous êtes allé sauter l’autre espèce de pétasse d’Amandine… Sans seulement vous préoccuper de savoir si j’avais pas besoin de vous… Ben si, j’avais besoin, si !… Et pas qu’un peu… Pour me donner du courage… Pour me pousser au cul… Vous croyez que c’est facile, vous, de larguer quelqu’un ?… Même que ce soit le pire des salopards et le dernier des menteurs ?… Surtout que celui-là il a une façon tellement suppliante de vous regarder que vous êtes bien obligée de craquer et de vous dire que c’est plus à un jour près… Que c’est plus à une fois près… Que ça peut bien attendre demain… Et puis encore le demain d’après… J’ai aucune volonté… Pour rien… Et encore moins pour les types que pour le reste… Alors les fessées, c’est bien, mais ça suffit pas… Parce que je le vois tous les jours, moi, ce type… Et que même si j’y arrive il va me faire du rentre-dedans tant et plus – c’est pas le genre à se laisser plaquer comme ça – et qu’à un moment, forcément, je vais rechuter… C’est obligé… Non… Le seul moyen pour que ça se produise pas ce serait que vous veniez déjeuner avec moi le midi… Je serais coincée… Et lui il se tiendrait à distance… Il viendrait pas s’y frotter… Je le connais, va !…

- Qu’est-ce tu fais ?…
- Mon sac… Ca se voit pas ?…
- Tu t’es disputée avec Victorine ?…
- Oh, Victorine !… Non… C’est mon père… Ca va pas bien du tout… Faut que je remonte là-haut… Je sais pas quand je pourrai redescendre… Surtout que s’il arrive quelque chose à mon père – et le médecin m’a laissé entendre qu’il fallait malheureusement s’y attendre – ma mère va s’effondrer… Faudra que je la porte à bout de bras…
Elle s’est jetée, en larmes, contre mon épaule…
- En tout cas faut que vous sachiez un truc c’est que si on se revoit pas…
- Il y a aucune espèce de raison…
- Vous êtes quelqu’un qui a beaucoup compté pour moi… Enormément… Beaucoup plus que n’importe qui… J’y vais… M’accompagnez pas… Laissez-moi partir… Merci… Merci pour tout…

2 commentaires:

  1. Le tri se fait tout seul finalement... ça peut arriver...
    Je ne sais pas pourquoi, mais je ne le sentais pas du tout prêt à faire un choix quelconque...

    RépondreSupprimer
  2. Il ne l'était effectivement pas, à mon avis, non plus... Il y a des cas où les décisions ne peuvent venir que de l'extérieur même si ce n'est pas forcément la meilleure solution...

    RépondreSupprimer