jeudi 25 novembre 2010

Escobarines: Au coin



- Bon, tata, s’il te plaît, je pourrais pas me rhabiller maintenant ?… Ils vont arriver…
- Ils devraient pas tarder… En effet… Et voir dans quel état est le derrière de leur cousine…
- Je t’en supplie, tata… Pas ça !…
- Alors tu me dis ce qui s’est passé…
- Je peux pas…
- Comme tu voudras… Mais moi, je veux savoir qui a flanqué une fessée à ma grande nièce de vingt-deux ans et pourquoi…

- Tata ?!…
- Oui, ma chérie…
- Tu le répéteras pas ?… A personne ?…
- Dis toujours…
- J’ai fait une bêtise… Une grosse bêtise…
- Quel genre de bêtise ?…
- Tu sais, la bijouterie ?… Dans la grand rue…
- Oui… Eh bien ?…
- Il était pas là le patron quand j’y suis rentrée ce matin… Et il y avait une vitrine, à l’intérieur, qu’était restée grande ouverte… C’était trop tentant… J’ai pris une bague… Sauf que juste à ce moment-là il s’est relevé de derrière son comptoir… Il était en train de traficoter quelque chose là-dessous… Il m’a laissé le choix… Les gendarmes ou « ça »… T’es connue ici… J’ai pas voulu te causer de problèmes…
- C’est pas vrai que t’as fait une chose pareille ?…
- Ben si !… Je suis désolée…
- Je l’appelle… Je l’appelle sur-le-champ… Pour m’excuser… Pour voir avec lui…
- Non, tata, non… S’il te plaît… Non…
- Pourquoi “non” ?… Parce que tu m’as menti ?… Une fois de plus ?… Tu as inventé ?… C’est ça, hein ?… Eh bien quand tu seras décidée à me dire la vérité… Pour le moment tu restes là…

- Tata ?!…
- Oui ?!…
- C’est dur à dire…
- Je n’en doute pas…
- C’est… Tu sais, la maison des vacanciers ?… Celle aux volets blancs quand on monte vers la croix… Eh bien en passant devant hier j’ai entendu du bruit… le genre de bruit que ça fait un couple quand c’est en train de… enfin tu vois ce que je veux dire…
- Tout à fait…
- Et… je sais pas ce qui m’a pris… Je suis pas comme ça d’habitude… Pas du tout… Mais là j’ai eu envie de les regarder… Elle était pas fermée à clé la porte du jardin… Alors je suis entrée… Je suis allée sous la fenêtre… Je me suis hissée tout doucement, les yeux au ras du rebord… Et là… elle m’a vue la femme… Elle l’a dit au type… Qui s’est précipité… Qui m’a empoignée…
- Ma pauvre chérie… Quel sale moment tu as dû passer…
- Oh oui !… Jamais je voudrais revivre ça !… Jamais…
- Le seul problème, c’est qu’ils sont repartis samedi les vacanciers… Ils pouvaient donc pas être là hier…
- Peut-être qu’ils ont prêté leur maison… Que j’ai pas fait bien attention… Que c’était pas eux…
- Ben voyons !… Tu as beaucoup d’imagination… Mais moi, c’est la vérité que je veux…

- Les voilà !… Je les entends…
- Les voilà, oui…
- Tata !… S’il te plaît… Ils vont me voir…
- Tu peux encore éviter ça…
- Pour quoi je vais passer ?… On s’était tous promis… Tous les cinq… On avait même juré…
- Vous vous étiez promis ?… Vous vous étiez promis quoi ?…
- Qu’on ferait très attention… Que personne se rendrait compte… Et puis voilà que moi, comme une idiote… Ils vont croire que je l’ai fait exprès de vendre la mèche… Que je les ai trahis…
- Tu n’es pas en train de me dire que ce sont tes cousins qui…
- Mais non, mais c’est parce que…
- Lequel ?… Quel est celui qui t’a fait ça ?…C’est Julien, hein ?… Je suis sûre que c’est lui…
- Pas cette fois-ci, non…
- « Pas cette fois-ci… »… Ce qui veut dire que… On aura tout vu… C’est qui ?… Kevin ?… Eh bien réponds !…
- Non… C’est Manon…
- Manon !… De mieux en mieux… Et on peut savoir pourquoi ?…
- Oh, mais pour rien !… Juste comme ça… Sans raison on se le fait des fois… A tour de rôle… Pour s’amuser… Bon, mais tata, ça y est ?… Je peux ?… Ils montent l’escalier…
- Tu peux, oui… Mais je ne te tiens pas quitte pour autant…
- Tu vas rien dire, hein ?…
- Pas pour le moment, non…

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