Dans un demi-sommeil, j’ai
vaguement perçu qu’il faisait jour, que Julien se levait sans
bruit, qu’il se douchait, qu’il venait me déposer un rapide
baiser sur les lèvres.
‒ À
ce soir, amour !
J’étais
bien. J’ai longuement somnolé. Des images me sont venues.
Revenues. Les mêmes que la veille au soir. Océane. Océane, le cul
à l’air, se faisant copieusement fesser par Julien. Océane criant
sous les claquées. Océane se tortillant de douleur et ne laissant
rien ignorer de la façon dont elle était faite. Je les ai
longuement caressées, ces images. Je m’en suis délectée. Je m’en
suis repue.
Et
puis, c’est Bérengère qui a voulu venir prendre sa place. Je l’ai
repoussée avec agacement. Qu’est-ce qu’elle venait fiche là,
elle ? Que j’aie du plaisir à évoquer la fessée d’Océane,
oui, rien de plus légitime. Elle avait tenté de me séparer de
Julien. Mais Bérengère ! Elle ne m’avait rien fait,
Bérengère. Et pourtant ! Ça
a insisté. Ça a
absolument venu s’imposer. Mes doigts se sont égarés à la
recherche de moi-même. Je me suis secouée.
‒ Tu
es folle, ma pauvre fille ! Tu es complètement folle !
Je
me suis levée. Je me suis activée. La lessive. Le ménage. Mais
c’est resté là toute la matinée en arrière-fond. Une
interrogation. Une inquiétude. Est-ce que j’étais détraquée ?
Ou pire, perverse ?
C’est
en tout début d’après-midi que je me suis décidée à aller voir
Émilie. C’était la
seule à qui je pouvais parler de tout ça à cœur
ouvert. Océane ? Il n’en était évidemment pas question.
Quant à Bérengère, c’était Bérengère. Et mes états d’âme
risquaient de lui passer à cent mille lieues au-dessus de la tête.
Émilie
m’a écoutée avec beaucoup d’attention. A souri.
‒ Tu
crois que j’ai fait quoi, moi, hier soir, juste après ? Eh
bien, je suis allée voir mon copain Alex. Qu’est super. Qui pose
pas de questions. Et qui me dépanne quand j’ai impérieusement
besoin d’un mâle. C’est normal que ça excite d’assister à
une fessée, attends ! Moi, en tout cas, ça me le fait à
chaque fois. Mais c’est pas pour autant que j’ai recours à Alex
à chaque fois, hein ! Ça
dépend. De plein de trucs. Et toute seule, comme t’as fait, toi,
là, c’est pas mal non plus.
‒ Mais
je croyais que… Tu
m’avais dit…
‒ Que
c’était la recevoir qui m’excitait. Aussi, oui. C’est pas
incompatible. Ça
t’étonne ?
‒ Oui.
Non. Je sais pas. Je suis un peu paumée.
‒ C’est
les deux côtés de la même médaille en fait. Et maintenant que tu
as goûté à celui-là, il y a toutes les chances que tu sois tentée
par l’autre.
‒ Tu
veux dire que ça va me
plaire
d’en recevoir ?
‒ En
quelque sorte, oui.
J’ai
fait la moue.
‒ Je
me vois vraiment pas dans le rôle.
‒ C’est
sans certitude absolue non plus, mais suppose que tu doives en
recevoir une demain…
Comme ça t’a remuée d’assister à celle d’Océane hier et,
rétrospectivement, à celle de Bérengère, l’autre jour,
qu’est-ce que tu vas te dire ? Ben, que peut-être bien que
les autres, elles vont ressentir la même chose que toi. Probable,
même. Qu’elles vont prendre un certain plaisir à te voir en
ramasser une. Moi, ce sera le cas, ce qu’il y a de sûr. Et
ça va déclencher quoi, chez toi, de savoir
ça ? Tu vas avoir honte. Encore plus honte que les autres fois,
oui.
Mais, en même temps, l’idée
que, grâce à toi, elles
éprouvent une certaine jouissance, est-ce que ça va te laisser
indifférente ? Est-ce que ça ne va pas provoquer chez toi, en
retour…
‒ Oui.
Je comprends. Ça se tient ce que tu dis là. Ça
se tient.
‒ Après,
tu verras par toi-même.
Parce que les expériences
des unes ne coïncident
pas forcément exactement
avec les
expériences des autres.
‒ Oui,
mais alors si ça devient aussi jouissif
que ça d’en recevoir…
‒ Ça
ne sera plus dissuasif ?
On va délibérément chercher à en mériter ? Oui, eh
bien alors là,
détrompe-toi ! Pas du tout ! Au contraire. Parce que la
honte qui va avec ces sensations-là, aussi
agréables soient-elles, elle
est d’une telle intensité, elle
est si bousculante que
t’as pas la moindre
envie d’aller volontairement la chercher.
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