jeudi 1 février 2018

Mémoires d'une fesseuse (22)

 Philibert voulait me voir.
– Ben alors ! Tu fais la gueule ou quoi ?
– Hein ? Ah, mais non. Non. Pas du tout. Bien sûr que non. Mais je suis tellement prise avec les deux autres, là…
– Que tu nous en oublies complètement.
– Je suis désolée…
– Ah, tu peux ! Parce que voilà trois garçons à qui tu présentes une jeune femme au demeurant charmante. Tu les allèches en leur jurant tes grands dieux que tu vas lui flanquer devant eux une retentissante fessée. Que ça ne saurait tarder. Que c’est imminent. Mais les jours passent, les jours passent et… il ne se passe rien.
– Oui, mais je t’ai dit… C’est histoire de mettre Marie-Clémence sous pression. Qu’elle ait le temps de faire plus ample connaissance avec eux. Qu’elle ait beaucoup plus honte, comme ça, le jour où ça aura lieu. Beaucoup plus honte que s’ils étaient restés pour elle de quasi inconnus.
– Et c’est le cas ? Elle les voit ?
– Pas trop, non ! Pas du tout, même. On peut même dire que depuis qu’elle leur a envoyé les photos, tout est au point mort. Elle les appelle plus. Elle en parle plus. Silence radio. C’est un peu de ma faute aussi. Parce que Marie-Clémence, si on n’est pas constamment derrière elle, si on la pousse pas au cul… Mais t’as bien fait d’aborder le sujet, je vais la remettre sur les rails.
– Ce ne sera pas nécessaire. Parce qu’apparemment, elle a pas attendu après toi.
– Comment ça ?
– Avant-hier encore, elle était chez Gauvain. Devant qui elle exhibait complaisamment son petit derrière rougi.
– C’est pas vrai ! Tu es sûr ?
– Je le tiens du principal intéressé lui-même.
– Quelle garce ! Non, mais alors là, quelle garce ! Derrière mon dos. Sans même m’en toucher un traître mot. Ah, elle veut se la jouer perso ! Elle va voir ce qu’elle va voir ! Si elle croit qu’elle peut, comme ça, n’en faire qu’à sa tête…
– Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. Si j’ai bien compris, elle se précipite systématiquement chez lui, dès qu’elle y a attrapé.
– Et je suppose que…
– Que quoi ? Qu’ils couchent ensemble ? Absolument pas. Il préfère, et de loin, se masturber sur ses fesses en les contemplant avidement et l’écoutant raconter, bien en détail, comment s’est déroulée la correction que tu lui as administrée. Et ce qui l’a motivée. Ce qu’elle ne rechigne absolument pas à faire.
– Je vois. Bon, mais dès ce soir, le problème sera réglé.
Il a froncé les sourcils.
– Réagir à chaud n’est pas forcément la meilleure des solutions.
– Tu voudrais quand même pas que je laisse passer un truc pareil sans réagir ?
– Non. Bien sûr que non. Mais attends ! Te précipite pas ! Tu es en position de force : tu sais et elle ne sait pas que tu sais. Laisse-la continuer à s’enfoncer. Tu séviras au moment opportun…
–  Tu crois ?
– Mais bien sûr ! D’autant qu’avec Brian et Valentin aussi, je suis convaincu qu’il y a anguille sous roche.
– Ah, ben d’accord ! De mieux en mieux.
– Seulement autant Gauvain n’hésite pas à se livrer, et il le fait même avec une certaine jubilation, autant les deux autres sont beaucoup plus réservés. Je ne désespère pourtant pas de finir par leur tirer les vers du nez. À condition que tu ne flanques pas tout par terre en t’en prenant dès à présent à elle au sujet de Gauvain.
– Vu sous cet angle…

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