30 juillet 2012
– Alors ?
Charles hier soir ?
– Ben,
rien ! Rien… Pas la moindre allusion… Comme s’il s’était
jamais rien passé… Qu’il s’était pas rendu compte que… Ce
qu’il peut m’agacer quand il est comme ça… Que t’arrives pas
à savoir ce qu’il pense… Ni ce qu’il sait ou ce qu’il sait
pas… Ce qu’il croit ou ce qu’il croit pas… Je sais pas sur
quel pied danser du coup… Il y a des moments j’ai l’impression
qu’il l’a gobée mon histoire… Et puis d’autres qu’il fait
semblant… Qu’il attend son heure pour me tomber dessus…
– Faut
reconnaître qu’il y a quand même de quoi se poser des questions…
Que n’importe qui, à sa place, s’en poserait… Bon, mais enfin,
si Mélanie se débrouille bien – et, de ce côté-là, je lui
fais entièrement confiance – dès cet après-midi il sera
pleinement rassuré…
– J’espère…
Parce qu’il me manque Jaufret… Tu peux pas savoir ce qu’il me
manque… Et si je peux pas le revoir rapidement, je sens que je vais
finir par faire une connerie…
– À
ce point-là ?
– Tu
peux pas savoir…
– Un
peu quand même, si !
– Ah,
oui, c’est vrai… Enzo…
– Enzo,
oui… Je l’ai dans la peau d’une force !
– Dans
quelle galère on est allées se fourrer toutes les deux…
– Ah,
ça, tu peux le dire…
11 heures
Mélanie
a enjambé le rebord de la baignoire… Fermé les yeux…
– Ah,
ça fait du bien…
– Tu
les as vus ?
– J’ai
même déjeuné avec… Comme hier…
– Et
alors ?
– Ben
alors comment je les ai manœuvrés ! Mais ça ! Des mecs,
c’est pas bien compliqué d’en faire ce que tu veux… Qu’est-ce
qu’ils sont benêts au fond… Et tous, hein ! C’est
jouissif dans un sens, mais dans l’autre qu’est-ce que c’est
frustrant… T’aimerais quand même qu’il y ait du répondant…
Un minimum de résistance…
– Tu
leur as raconté quoi ?
– Ben
qu’en fait j’en savais rien du tout de ce que vous faisiez
l’après-midi… Parce qu’on se séparait… Moi, j’allais de
mon côté retrouver un copain… Et vous, vous alliez du vôtre…
Faire quoi ? Je savais ? Ah, ben ça ! Je vous
surveillais pas, mais de la bronzette sûrement… Qu’est-ce que
vous auriez bien pu faire d’autre ? Et elle était où cette
plage ? Je savais ? Ben oui, je savais, oui… Parce qu’une
fois – une seule – j’y étais allée avec vous… Et
il y avait du monde sur cette plage ? Personne, non… Vous
étiez toutes seules… Bon, mais c’était où ? Alors ça, tu
penses bien que je me suis pas fait prier pour le leur expliquer…
Et à tous les coups vous allez les avoir planqués au-dessus, cet
après-midi, à vous épier… Vous aurez plus qu’à…
– Tu
crois vraiment qu’il faut que je lui donne la fessée à
Christine ?
– Oh,
ben oui, attends ! Oui… On en a parlé dix mille fois hier…
Il aura toujours le soupçon que ça ait pu être un mec sinon… Il
voudra en avoir le cœur net… Alors si vous voulez avoir des
chances qu’il vous foute la paix…
– Je
sais, oui, mais bon…
– T’as
pas l’air vraiment motivée…
– C’est
pas ça, non…
– Ben,
c’est quoi alors…
– C’est
que j’ai peur…
– Peur ?
Mais peur de quoi ?
– De
moi… De trop aimer ça, la lui donner la fessée à Christine…
11 heures 45
– Allô,
oui ?
– C’est
moi, Enzo…
– Enzo ?
Mais qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui se passe ?
– Rien…
J’avais envie de te parler… D’entendre ta voix…
– C’est
de la folie ! Je t’avais dit de pas appeler… Tu te rends
compte si j’avais pas été toute seule ?
– Mais
tu l’es… J’ai envie de toi… De te toucher… De te serrer
dans mes bras… J’en peux plus…
– Moi
non plus, Enzo… Moi non plus…
– Viens
alors ! Cet après-midi… Je t’attends…
– Je
peux pas… Tu sais bien…
– Mais
quand alors ? Quand ?
– Bientôt…
Je te dirai… On vient… Je raccroche… Ne rappelle pas… Je
t’aime, Enzo…
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