14 heures
– Je
sais pas toi, mais moi, Gilles, pas un mot sur ces deux fessées…
Rien…
– Charles
non plus…
– Ben,
tiens ! Motus et bouche cousue, tu parles ! Faudrait pas
qu’une fois au courant il nous toque à l’idée de rester là
l’après-midi… Histoire de garder un œil sur ce qui se passe…
Et surtout sur eux… Ils veulent avoir les coudées franches…
– Et
pouvoir profiter tant et plus du spectacle… Sans nous avoir par les
pieds… Ils ont regardé par la fenêtre, tu crois ?
– Tu
penses qu’ils se sont gênés ! Et que ça a dû y aller les
commentaires après… Ils se sont toujours entendus comme larrons en
foire tous les deux…
– Et
si Jacques – ou Geneviève – les avait vus ?
– Ils
étaient bien trop occupés avec Mélanie… Et puis, quand il le
faut, ils savent être très discrets nos petits maris…
– Bon,
ben on fait quoi, nous, du coup alors ? On reste là ? On
laisse tomber Toulon ?
– Oui,
oh, c’est pas couru qu’elle s’en reprenne une cet après-midi…
Ça va pas être tous les jours non plus…
– Oui…
Et puis n’importe comment…
– N’importe
comment s’ils peuvent se rincer l’œil tout leur saoul, à
l’arrivée on va en profiter nous deux… C’est ça que tu veux
dire ?
– C’est
un peu ça, oui… Et puis je sais pas toi, mais moi, c’est une
sacrée bouffée d’oxygène Toulon… Et j’ai pas franchement
envie de m’en priver…
– Bon,
ben allez, en route alors…
Ils
nous attendaient sur le ponton… Comme prévu… On a embarqué…
On s’est installées dans les transats… Et on s’est laissé
bercer… Par les vagues… Par la brise… Par leurs voix chaudes et
ensoleillées… J’ai somnolé… Je me suis endormie…
Au
réveil, on était en train d’accoster…
– On
est où ?
C’était
une sorte de crique…
– On
sera tranquilles ici… Il vient jamais personne…
On
s’est étendus tous les quatre sur le sable… On a parlé de tout…
De rien… Et puis ils ont voulu aller se baigner…
– Vous
venez ?
– On
n’a pas nos maillots…
– Oui,
ben alors ça, ici, il y en a vraiment pas besoin…
– Oui,
mais quand même… Quand même… Non…
– Comme
vous voulez… Mais vous avez tort… Comment elle doit être bonne…
Avec le temps qu’il fait…
Ils
ont quitté leurs vêtements… Tous leurs vêtements… Et ils ont
parcouru, complètement nus, les trois ou quatre mètres qui les
séparaient de la mer… On les a longuement regardés nager…
S’éclabousser… Se poursuivre…
– Qu’est-ce
qu’ils sont beaux n’empêche…
– Ah,
ça !
J’ai
soupiré…
– Qu’est-ce
qu’on peut être compliquées des fois quand même ! Parce
que… comment il me décevrait Enzo s’il se montrait entreprenant…
Mais en même temps il y a quelque chose, tout au fond de moi, qui
lui en veut de pas l’être…
– On
est surtout sacrément connes, moi, j’trouve ! Parce
qu’attends! Des mecs comme ça c’est pas tous les jours que
l’occasion se présente… Et on est là à barboter dans nos
scupules… Tu crois qu’ils en auraient autant, eux, nos
bonshommes, si une fille leur tombait toute rôtie dans le bec ?
D’ailleurs…
– D’ailleurs
quoi ?
– Je
jurerais pas mes grands dieux que Charles ait pas, à l’occasion,
donné quelques coups de canif dans le contrat…
– Pas
Gilles…
– T’en
es si sûre que ça ?
– À
cent pour cent, non, mais…
– Tu
vois bien… Non… L’essentiel, c’est de faire ça proprement…
Discrètement… De pas faire de mal à l’autre… Et Charles il
peut bien s’en taper une autre de temps en temps du moment que
ça restera… Tiens, les v’là… Les v’là qui reviennent nos
Apollon…
22 heures
Je
suis allée jeter un œil sur l’ordi de Gilles… C’est pas ce
que j’ai fait de mieux, je sais, mais elle m’avait mis le doute
Christine tout à l’heure… Rien dans Outlook… Rien de
significatif non plus dans ses documents… Ni ailleurs… J’ai eu
beau farfouiller à droite et à gauche… Non… Je crois vraiment
pas qu’il ait quelqu’un… Mais alors, par contre, ce que j’ai
trouvé dans les téléchargements…
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