lundi 10 janvier 2011

Belle-soeur, beau-frère ( 1 )





- Je sais pas ce que t’en penses, mais moi je trouve quand même ça un peu fort de café… Je suis furieuse en fait…
- On est en ville… C’est limité à 50…
- Et je suis à combien ?… Oh oui, zut… Non, ça passe pas… Ca passe vraiment pas… Comment tu ressens ça, toi ?…
- Il y a à peine dix mois que t’es mariée avec Paul… Moi, ça fait quinze ans avec Emilie… Alors leur traditionnelle réunion de famille annuelle « sans pièces rapportées » j’ai eu le temps de m’y habituer…
- Je crois pas que j’y arriverai, moi !… Ca te nie d’une force un truc pareil…
- Ils n’y pensent même pas… Ca coule de source pour eux… Ils ont toujours connu ça… Ils ont toujours vu faire comme ça… Depuis tout gamins… C’est une tradition qu’il ne leur viendrait seulement pas à l’idée de remettre en question…
- Il va bien falloir… Il y aura explication avec Paul…
- J’ai pas de conseil à te donner, mais à ta place j’éviterais de soulever ce lièvre… Tu vas y laisser des plumes… La famille, pour eux, ça passe avant tout le reste…
- Et nous ?… On n’en fait pas partie de la famille peut-être ?
- Ce n’est pas la même chose… Du moins à leurs yeux…
- Oui… Il y a eux… L’élite… Ceux qui ont eu la chance inouïe d’être nés Dorlandier… Et puis les autres... Nous… Le menu fretin…
- Ce n’est pas tout à fait ça…
- Non, mais presque… Et c’est insupportable…
- Tu l’aimes Paul ?…
- Evidemment que je l’aime…
- Alors essaie de faire abstraction du reste…
- C’est facile à dire…
- Je sais, oui…
- Et ça dure combien de temps en général leur petite cérémonie-comédie ?
- C’est très variable… Et parfaitement imprévisible… En général trois quatre jours… Quelquefois une semaine… Il y a cinq ans ils ont battu tous les records : 17 jours…
- Ben ça promet !… On n’est pas près de les voir rappliquer… Et comme par hasard faut que ça tombe juste pour les vacances…
- Ils pouvaient pas prévoir… Leur cousin du Pérou ils le prennent quand il arrive… Et le cousin du Pérou pour eux c’est…
- Le bon Dieu !… Ca, je m’en suis rendu compte… En attendant t’as vu comment ils se sont dépêchés de nous expédier ?… Tous les deux… Le frère et la sœur… On aurait dit que ça leur faisait plaisir de se débarrasser de nous… « - Partez !… Mais si, partez !… Nous attendez pas… C’est payé… Ca a coûté assez cher… Alors partez !… On vous rejoindra là-bas… »… En tout cas je sais pas toi, mais moi, tant qu’à être en vacances j’ai bien l’intention d’en profiter à fond…

- C’est pas mal, dis donc !… C’est clair… C’est spacieux… Avec un grand balcon… Qui donne directement sur la mer…
- Et la plage à nos pieds… Il y aura pas loin à aller…
- Parce que tu comptes t’installer là ?… Juste en-dessous ?…
- Pas toi ?…
- Pas trop, non… Ca doit être noir de monde la journée… Et puis moi, les marques de maillot… Non… Il y a une plage naturiste pas loin… J’ai vérifié sur Internet… Mais si t’es pas fan je peux y aller toute seule…
- Oh non, non… Si tu préfères là-bas… on ira là-bas…

- Les Vacances à la mer, pour moi, c’est comme ça qu’il faut qu’elles commencent… Par un restaurant de fruits de mer, le premier soir, à tombée de la nuit, sur le port… A déguster des huîtres et des coquillages en regardant les bateaux se balancer et s’entrechoquer doucement, serrés les uns contre les autres… Il me manque quelque chose sinon… C’est comme si elles avaient pas vraiment démarré… C’aurait pu être avec Paul… Ca aurait dû même… Mais bon… On va pas revenir là-dessus… T’as eu des nouvelles, toi ?…
- Je te l’aurais dit… Le portable d’Emilie est éteint…
- Celui de Paul aussi… Ca a au moins le mérite d’être clair… Mais ça m’agace… Tu peux pas savoir ce que ça m’agace…
Elle a consciencieusement citronné ses huîtres, une à une, avalé une gorgée de Riesling…
- Ca va me gâcher ma soirée… Ca me la gâche… Ils m’aiment pas, hein ?… Sa famille, je veux dire… Ils peuvent pas me voir ?…
- C’est pas parce que…
- Non, non, mais en dehors de cette sacro-sainte réunion… Le reste du temps… Ils m’ont dans le nez… Tu vois, tu réponds pas… De toute façon même que tu me dirais le contraire je te croirais pas… Parce que je sais ce qu’ils pensent de moi… Sa mère à Paul, derrière mon dos, elle ne m’appelle que « la petite dinde » et elle proclame haut et fort à qui veut bien l’entendre que j’ai ensorcelé son fils… Que c’était franchement pas bien difficile vu que ce pauvre garçon on lui fait gober tout ce qu’on veut… Et que de toute façon une gamine de vingt ans, quand elle jette son dévolu sur un homme de quarante, elle est sûre de toucher le jackpot… Mais que je fasse bien attention, paraît-il… Parce qu’elle ne me laissera pas mettre la main sur la fortune des Dorlandier… S’ils savaient ce que j’en ai à battre de leurs millions !… J’ai un boulot… Je gagne bien ma vie… Et j’ai pas la folie des grandeurs… Alors !… Non… Non… Ce qu’il y a surtout, c’est qu’elle était persuadée que Paul était définitivement à elle, qu’à 45 ans il ne se marierait plus… Elle s’y est assez employée… Et elle le lui a assez répété… « - Si ça avait dû se faire il y a longtemps que ça se serait fait… » Seulement je suis passée par là… Et ça, c’est quelque chose qu’elle ne me pardonnera jamais…

4 commentaires:

  1. Voici un démarrage sur les chapeaux de roues... ;-)

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  2. Sur les chapeaux de roues c'est le cas de le dire!... Maintenant faut que ça tienne la route...

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  3. Bon, nouvelle histoire, je me demande bien où on va aller...

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  4. Je l'aime bien celle-là, d'autant qu'Emma avait eu la gentillesse de prendre sr son temps pour en illustrer remarquablement tous les épisodes. Je me rends d'ailleurs compte, à ma grande honte, que je l'avais alors très insuffisamment signalé. Cela étant, tu peux lire ici cette histoire par épisodes, mais elle est en intégralité sur un autre de mes blogs: http://fesseesetautresdelices.blogspot.fr Il s'y trouve aussi d'autres histoires qui n'ont jamais été mise en ligne ici parce qu'il n'y est pas question de fessées.

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