samedi 3 février 2018

On ne discute plus

Dessin de Doz

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Aurore ne m’a pas laissé le temps de me déchausser.
– Si tu pouvais faire un saut jusqu’au quatrième. Chez la petite étudiante. Son écran est bloqué. Elle t’attend comme le Messie.
Elle m’attendait, oui. En petit tee-shirt ras des cuisses sous lequel elle ne portait manifestement pas de soutien-gorge.
Je me suis concentré sur l’ordi.
– Et voilà ! Suffisait d’appuyer sur la touche F11. C’était pas bien compliqué.
– Je vous offre quelque chose ?
– Vite fait alors !
Un whisky pour moi. Un muscat pour elle.
On s’est assis. Face à face. Elle a lentement croisé les jambes. Elle n’avait pas de culotte non plus.

Le lendemain matin, j’ai trouvé une grande enveloppe blanche dans la boîte aux lettres. Ornée de cœurs, de lèvres carminées, de bisous. Au centre, mon prénom. En lettres festonnées de toutes les couleurs.
« Je t’aime, Julien. Depuis le premier jour que je t’ai vu. Je ne pense qu’à toi. Je ne vis que pour toi. Et toi aussi tu m’aimes. J’en suis certaine. Ça se voit. Ça se sent. Alors ne nous voilons pas la face plus longtemps. Vivons notre amour à plein. Je t’aime, Julien. Je t’aime. Je t’aime. Ophélie. »
Je suis monté là-haut quatre à quatre. Son visage s’est illuminé.
– Toi ! C’est toi !
– C’est moi, oui ! Et tu vas arrêter immédiatement ce petit jeu.
– C’est pas un jeu. Je t’aime, Julien…
– Je suis marié.
– Oh, mais on s’en fout de ça. C’est qu’un papier, le mariage. Qui se déchire quand on veut.
– Bon, écoute ! J’ai pas l’intention de m’éterniser en discussions. Alors tu arrêtes immédiatement cette comédie.
Et je lui ai tourné le dos.

Il y en a eu une autre le lendemain.
« Si tu savais comme t’es beau quand tu te mets en colère ! Tu le feras encore quand je t’aurai pour moi toute seule ? Oh, oui, hein ! Tu sais ce que je me demande ? C’est où on ira vivre tous les deux ? Ça te dirait, la Martinique ? À moins qu’on parte carrément à New York. Quoique… on s’en fiche d’où ce sera, finalement. L’essentiel, c’est qu’on soit ensemble, non, tu crois pas ? J’ai hâte. Je t’aime, Julien. Je t’aime tellement. Ophélie. »
– Non, mais comment faut te le dire ? Comment ?
– T’es encore en colère.
– Il y a de quoi, non ?
– T’es en colère parce que tu luttes contre tes sentiments. Lâche prise ! Laisse-toi aller ! Qu’on soit heureux tous les deux.
– Elle est folle. Cette fille est folle.
– Folle d’amour pour toi, oui.
J’ai soupiré. Levé les yeux au ciel.
– T’es vraiment un cas désespéré.

« Je vais t’aider, mon amour. Parce que tu y arriveras jamais tout seul. Alors tu sais ce que je vais faire ? Je vais aller voir ta femme. Je vais lui dire qu’on s’aime tous les deux. À la folie. Et qu’on couche. Depuis des mois. Ça va sûrement déclencher quelque chose. On sera que nous, comme ça, après. Que nous deux. On sera heureux. Tellement. Je t’aime, Julien. »
– Cette fois, ça suffit !
– Je savais que tu monterais. J’en étais sûre.
– Est-ce que tu vas me foutre la paix, dis ? Est-ce que tu vas me foutre la paix ?
– Pas tant que tu continueras à t’aveugler sur tes véritables sentiments.
– Non, mais c’est pas possible, cette gamine ! C’est pas possible. Qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? Que je te flanque une fessée ?
– Si ça peut te soulager, vas-y ! Vas-y ! Et moi, qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? Que je relève ma robe ? Que je baisse ma culotte ? Comme ça ? Plus bas ? Quoi encore ? Que je prenne un petit air coupable ? Oui, ça, tu vas adorer. Sûrement. Eh, ben allez ! Qu’est-ce t’attends ?
Ah, elle le prenait comme ça ! Eh bien elle allait voir… J’ai détaché ma ceinture. Et j’ai cinglé. Les fesses. Les cuisses.
– Je vais t’en faire passer l’envie, moi, tu vas voir ! Je peux te dire que tu vas me foutre la paix après. T’auras plus envie de venir en retâter.
J’ai tapé. De plus en plus fort. De plus en plus vite. Ça s’inscrivait, sur sa peau, en longues traînées cramoisies. Elle a dansé. D’un pied sur l’autre. Tourné sur elle-même. Crié.
– Là ! Et tiens-le toi pour dit…
Elle s’est vigoureusement frotté les fesses.
– Tu sais quoi, Julien ? Eh bien, je t’aime encore plus maintenant !

14 commentaires:

  1. Encore un qu'est pas dans la heu.. les ennuis quoi...

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  2. Et alors pour se sortir de ce genre d'embrouilles, c'est pas gagné!

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  3. Je vois la suite de cette histoire à la Martinique, moi xDD

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  4. Là ce petit monsieur là il est dedans...Mais il remonte, à chaque fois... Et si la jeune femme avait raison ?

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  5. A priori il remonte pour… régler le problème. Mais après, effectivement, on ne sait jamais comment les choses peuvent tourner.

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  6. Ca, comment les choses peuvent tourner, ici, hein ?

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  7. Une fois de plus, tous vos commentaires vont me donner envie de concocter une suite…

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  8. Concocter? xD. Voilá, ça rime avec du rhum et des fruits des Caraïbes.

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  9. Bon… Je sais ce qu'il me reste à faire.

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  10. C'est fini. Reste à attendre que Doz, s'il en est d'accord, fasse un dessin pour l'illustrer.

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