Lundi 4 Septembre
Ca y est !… J’ai attaqué le boulot ce matin… J’avais vraiment tort d’autant appréhender. Tout s’est bien passé… Je devrais dire : tout s’est TRES bien passé… Dans le bureau où on m’a affectée il n’y a que des femmes… Quatre… Qui – c’est en tout cas l’impression qu’elles m’ont donnée – m’ont tout de suite adoptée… Qui, de temps à autre, venaient, l’une après l’autre, jeter un coup d’œil sur ce que je faisais…
- Nickel !… Tu t’en sors nickel...
Jeudi 7 Septembre
Oui, décidément l’ambiance est excellente… On a toutes déjeuné ensemble à midi… Dans un petit restaurant où elles ont leurs habitudes… On a parlé… De tout… De rien… Elles m’ont posé des questions… Sur ma vie… Sur mes goûts… Pas seulement par politesse… Ni par curiosité… Non… Par intérêt véritable… C’est, du moins, le sentiment que j’ai eu… Et puis ce que j’apprécie, entre autres, avec elles, c’est qu’elles ne sont pas « ragots » comme si souvent les filles entre elles… Pas de commérages… Pas de médisances sur les employés des autres services… Pas même sur les chefs… Qu’on ne voit pratiquement jamais d’ailleurs… Pas plus notre responsable directe que les autres… Tout juste si je l’ai entraperçue, avant-hier, entre deux portes, …
- Le jour où tu la verras…
- Oui… Eh bien ?…
J’ai eu beau insister : personne n’a voulu m’en dire davantage…
Vendredi 8 Septembre
- Tu habites où ?…
- Derrière la cité des amandiers…
- Ca me fait pas un grand détour… Je te ramène si tu veux…
C’est la plus âgée de toutes Clarisse… Et la plus sympa… On a bavardé tout le long du trajet comme des vieilles copines… Elle a beau avoir le double de mon âge on a quantité d’affinités toutes les deux… Les mêmes goûts… Les mêmes opinions… Sur plein de choses… C’est fou la complicité qu’il y a déjà entre nous… Qu’est-ce que ce sera quand on se connaîtra mieux !…
En me déposant devant ma porte elle m’a proposé de passer me prendre aussi le matin… Tous les matins… J’ai évidemment accepté…
Mardi 12 Septembre
- Emilie !… C’est vous qui m’avez pondu ce rapport ?…
- Oui, Madame !… Mais il vous le fallait absolument pour vendredi… J’ai été prise de court et…
- Vous saviez depuis fort longtemps que vous l’auriez à rédiger… Non ?… Vous ne le saviez pas ?…
- Si… Bien sûr que si, mais…
- Mais c’est à vous de savoir planifier votre travail… Je vous attends dans mon bureau…
- Et ben dis donc !… On peut pas dire qu’elle soit vraiment commode !…
Personne ne m’a répondu… Emilie s’est levée, est allée jusqu’à la porte… Est revenue… S’est rassise… Clarisse a conseillé :
- Tu devrais pas la faire attendre…
- Je sais, oui…
Mais elle est quand même restée là…
- Vas-y, va !… Ca vaudra mieux…
- Deux minutes… Juste deux minutes…
Qui en ont fait trois… Puis cinq… Elle s’est décidée d’un seul coup…
- Ce savon qu’elle va prendre !… Je voudrais pas être à sa place…
Aucun écho… Elles avaient toutes l’œil rivé à leur écran d’ordinateur…
Sonore… Régulier… Comme des… Comme des claques… Comme des claques sur un… Sur un derrière, oui !… Quand même pas !… Sûrement pas… Je rêvais, là… D’autant plus qu’elles n’entendaient rien, les autres… Qu’elles continuaient à travailler comme si de rien n’était… Oui, j’hallucinais…
Et puis plus fort… Plus rapide… Des gémissement… Des cris… En cadence… A chaque fois… Mais oui, c’était ça !… Pas de doute… C’était ça… Elles n’ont pas relevé la tête… Aucune… Pas une seule fois…
Ca s’est arrêté… Le silence… La porte… Emilie s’est rassise en grimaçant… Personne n’a rien dit…
Clarisse non plus, dans la voiture, au retour… Elle s’est consciencieusement appliquée à parler d’autre chose… Je n’ai pas insisté…
Aussitôt arrivée, je suis allée retrouver mon arbre-confidences… J’en avais besoin… Pour essayer de comprendre… D’y voir clair… Il ne m’a pas été d’un grand secours… Mais au moins il m’a apaisée… Rendu ma tranquillité d'esprit... Le sourire...
Il y aurait en effet de quoi être perplexe...
RépondreSupprimerEt elle n'est pas au bout de ses surprises...
RépondreSupprimer