jeudi 4 février 2010

Escobarines: Confidentes





C’était en gym surtout qu’il fallait faire attention… Et encore plus avec le martinet… Parce que souvent ça avait cinglé aussi autour… Ca débordait de la culotte sur les côtés et en haut des cuisses… Alors la seule solution c’était de traîner… De rejoindre les autres la dernière sur le stade… Et d’attendre après, à la fin, que toutes les filles soient parties pour se rhabiller…

Sauf que ce jour-là la porte s’est rouverte… J’ai pas eu le temps… Trop tard… C’était Céline… Elle cherchait Amélie… Elle a vu…
- Hou là là !… Ben dis donc !…On t’a pas loupée… C’est qui qui te la flanque ?… Ton père ou ta mère ?… Tu veux pas le dire ?… Les deux ?… Oui… Sûrement c’est les deux… Et c’est quand qu’on te la donne ?… Quand tu fais quoi ?…
Je m’étais rhabillée… On est sorties… Elle a continué… Jusqu’au portail… Et après encore dans la rue…
- Hein ?… Celle-là par exemple c’était pour quoi ?…
- Oh pour rien…
- Ca peut pas être pour rien… Il y a forcément une raison… C’est quoi ?… Oh, et puis garde-le si tu veux pas le dire…
Et elle m’a plantée là, s’est retournée juste avant de disparaître au coin de la rue Victor Hugo…
- T’inquiète pas… Je dirai rien…

Le samedi suivant elle est passée à la maison sous prétexte de m’emprunter mon livre de Maths…
- Le mien, je sais pas ce que j’en ai foutu…
Elle s’est longuement attardée en bas à discuter avec eux… Et puis on est montées dans ma chambre…
- Ils sont drôlement bien, dis donc, tes parents… Comparés aux miens… Et on dirait jamais à les voir comme ça… Mais alors devant tes frères ils te le font?… Oui… Evidemment… Comment j’aurais honte, moi, à ta place !… Déjà qu’on me le fasse… Mais devant eux en plus !…

Elle en parlait tout le temps …
- C’est toi qui la baisses ta culotte ou c’est eux qui te l’enlèvent ?… Non… C’est toi… Je suis sûre que c’est toi… Ils te disent de le faire et tu obéis… C’est pas vrai peut-être ?…

Elle est restée avec moi après tout le monde… Amélie aussi… Longtemps… Avec des tas de sourires par en dessous toutes les deux…
- Pourquoi tu te rhabilles pas ?… T’en as encore pris une, c’est ça ?… Rhabille-toi !… Qu’est-ce que t’attends ?…
Il a bien fallu finir par le faire…
- Fais-voir en entier… Allez, fais voir, quoi !… Qu’est-ce ça peut foutre ?… On est entre filles… On le raconte à tout le monde sinon si tu veux pas…
- Hou la la !… Cette trempe !… Non, mais cette trempe !…

C’était sans arrêt… J’en avais pris une autre ?… Non ?…
- Menteuse !… Sûrement que si !…
Elles m’entraînaient jusqu’aux toilettes… Et il fallait que j’ouvre mon jean ou relève ma robe…
- Si tu veux pas que les autres sachent…
- C’était pourquoi celle-là ?… Qu’est-ce t’avais fait ?…
- Te fatigue pas !… Elle dira rien…
- Mais on saura… On finira par savoir…

Un dimanche elles sont passées me prendre avec Loïc qui tenait absolument à nous faire essayer sa belle voiture toute neuve… On a roulé longtemps… On a traversé des villages, avalé de grandes portions d’autoroute, débouché dans une ville inconnue, atterri dans un immense café enfumé rempli de gens qui parlaient fort…

- Bon, allez !… On y va ?…
- Pourquoi ?… Tu t’ennuies avec nous ?…
- Non, mais…
- Mais quoi ?… Ah oui !… T’as une heure pour rentrer… Et si tu te loupes tu vas y avoir droit… C’est ça, hein ?!… Oui, ben c’est pas bien grave… T’as l’habitude… T’en es plus à une près… Et elle a commandé une autre tournée…

Huit heures…
- Et si on allait manger quelque chose au Macdo ?…
Tout le monde s’est levé…
- De toute façon au point où on en est maintenant !… Un peu plus tôt un peu plus tard ça changera rien pour toi…
Après il y a encore eu un café… Et puis une des filles de l’autre voiture a voulu revoir l’immeuble où elle avait habité quand elle était petite…

Quand ils nous ont déposées toutes les trois devant le petit square il était une heure du matin…
- Hou la la !… Ca va te coûter cher, dis donc !… On va venir avec toi… Ce sera mieux…
- Non… non… c’est pas la peine…
- Mais si !…
Et elles se sont engouffrées dans l’escalier derrière moi…

Ils n’étaient pas couchés… Ils regardaient la télé…
- Alors, ma chérie ?… Ca a été ?… Tu as passé une bonne journée ?…
- Oh oui, oui… Pas mal…
- Il reste du rôti dans la cuisine… Si vous avez faim…
- Non, non, merci… On rentre, nous…
- A demain alors, les filles !…

Ils partaient à six heures le matin… Mes frères à sept… Et il y avait gym le lundi après-midi… J’ai sorti le martinet de sa cachette et je me suis agenouillée au pied du lit…

2 commentaires:

  1. Bonjour François,

    Elle n'était pas inédite celle-là , il me semble.
    C'est du recyclage !!

    Mais elle est très bien aussi, c'est un bon exemple de perversité absolue.

    Amitiés à toi

    Philippe - M161

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  2. Bonjour Philippe,

    Tu as l'oeil!...

    Effectivement elle avait déjà été mise en ligne par ailleurs... Et c'est la seule qui n'ait pas été rédigée "en fonction" d'un dessin d'Escobar... C'est, à l'inverse, lui qui avait choisi ce texte pour illustrer ce dessin sur son blog: il trouvait que l'un et l'autre entretenaient ensemble de fortes "sympathies"... Il m'a donc semblé judicieux de conserver ici cette association entre les deux...

    D'autres histoires ( Soirée pyjama, Pacte secret, Une fessée ) ont également été publiés auparavant sur son blog, mais elles étaient toutes les trois directement inspirées par ses dessins...

    A bientôt...

    Amicalement à toi...

    François

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