Et je l’ai fait. Aussitôt
Benoît endormi. Dans la salle de bains. Trois photos de mes fesses
endolories. Sur lesquelles d’autres couleurs que le rouge avaient,
par endroits, commencé à s’étendre et à s’approfondir. Du
violacé, du jaune. Et même du noir. Trois photos que je lui ai
aussitôt envoyées.
La réponse ne s’est pas fait
attendre.
« Merci. »
Et je l’ai imaginé penché
sur elles, les scrutant, s’en repaissant. Son sourire de
satisfaction. « Bel ouvrage ! Je suis pas mécontent de
moi. » Rêvant déjà à toutes les fessées qu’il me
donnerait encore. Qui m’empliraient de honte. Qui me feraient
crier. De douleur. Et de plaisir.
De plaisir.
Et mes doigts m’ont habitée.
Je me suis réveillée en
sursaut, le cœur battant,
trempée de sueur, sur le coup de trois heures du matin. Un rêve. Si
présent, ce rêve. Si effrayant. C’était au boulot. À
mon arrivée, le matin, éclatait une immense salve de rires
moqueurs. On s’en donnait à cœur-joie.
Les femmes surtout. En me regardant ostensiblement.
‒ Alors ? Panpan
cucul…
‒ Elle
avait pas été sage, la grande fille ?
Et
les rires redoublaient.
Et
puis on me les brandissait les photos sous le nez.
‒ Pas
mal, hein ? Pas mal…
Et
je m’enfuyais, épouvantée.
Leurs
rires me poursuivaient. Longtemps.
À
son arrivée, je lui ai
discrètement sauté
dessus.
‒ Faut
qu’on se voie, Ugo !
‒ À
midi, comme hier ? Même endroit ?
‒ Oui.
Et
je suis retournée à ma
place. Où je me suis
dévorée d’impatience et d’angoisse toute la matinée.
Il
m’a pris la main par-dessus la table.
‒ T’en
fais une tête ! Qu’est-ce qu’il se passe ?
Et
je lui ai raconté mon rêve. Je le lui ai bredouillé plutôt.
Il
me l’a pressée.
‒ Et
le petit vélo s’est mis en marche. Non, mais franchement est-ce
que tu me crois capable d’une chose pareille ?
‒ Mais
non ! Mais ça paraissait tellement vrai, tout ça !
‒ Rassure-toi !
Tes photos sont en lieu
sûr. Et je ne les montrerai à personne. Jamais. Tu as ma parole.
Par contre…
‒ Oui ?
‒ S’il
est bien évidemment exclu de mettre dans la confidence, de quelque
façon que ce soit, nos collègues du boulot, peut-être qu’une
bonne fessée, à des kilomètres d’ici, devant de parfaits
inconnus…
‒ Oh,
non, Ugo ! Non !
‒ Chut !
Dis rien ! Réfléchis-y !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire