jeudi 7 décembre 2017

Mémoires d'une fesseuse (14)

Philibert n’avait pas perdu de temps.
– J’ai ce qu’il te faut… Ou du moins une première fournée.
– Ça y est ? Déjà ! Chouette ! C’est qui ?
– Trois charmants jeunes gens. Dix-neuf, vingt-deux et vingt-quatre ans. Discrets. Joueurs. Bien de leur personne. Et que la perspective de te voir tambouriner allègrement le fessier de ta colocataire enchante positivement.
Il m’a tendu un numéro de téléphone.
– Tu peux appeler quand tu veux. Ils attendent que ça.
Je l’ai fait le soir même.

– Où on va ?
– Tu verras bien.
– Pourquoi tu veux pas le dire ?
– Pour que t’aies la surprise.
– C’est encore une cabine comme l’autre fois ? Oui, je suis sûre que c’est ça. C’est forcément ça.
– À moins que ce soit encore mieux que ça.
– Encore mieux ?
Elle a fermé les yeux. Un sourire radieux a illuminé son visage.

Ils étaient installés à l’écart, tout au fond du café.
Je l’ai poussée devant moi.
– Je vous présente Marie-Clémence.
– Enchantés.
On s’est assises.
– Marie-Clémence dont, malgré tous mes efforts, je ne parviens pas à venir à bout.
– Peut-être que vous n’êtes pas assez sévère ?
– Oh, si ! Si ! Je vous assure… Eh bien ? Montre-leur, toi !
Elle m’a regardée sans comprendre.
– Les photos de l’autre soir ! Tu les as bien. Je te les ai envoyées.
– Les… Ah, oui. Oui.
Elle a sorti son portable, l’a allumé, m’a regardée.
– Eh bien, vas-y ! Qu’est-ce que tu attends ?
Elle a un peu hésité et puis le leur a bravement tendu.
– Ah, oui, quand même !
– Pour une déculottée, ça, c’est une déculottée.
– Avec une fessée comme ça, elle a pas dû pouvoir s’asseoir d’un moment.
Ils se sont passé son portable. Ont fait défiler. Redéfiler.
Il y en a un qui, par-dessus la table, lui a soulevé le menton du bout du doigt.
– Pourquoi tu fais ta vilaine comme ça ?
Elle a baissé les yeux.
– Regarde-moi ! Et réponds ! Pourquoi ?
– Je sais pas.
– Si, tu sais ! Tu sais très bien. C’est que tout au fond de toi, tu es une forte tête. Une rebelle. Mais les fortes têtes, ça se mate. Même s’il y faut du temps. Beaucoup de temps. On te rendra docile, tu verras. Très très docile. Bien plus docile encore que tu ne l’imagines.
Ils se sont levés.
Au passage, il lui a ébouriffé les cheveux.
– On est appelés à se revoir. Bientôt. Très bientôt.

– C’était trop ! Non, mais comment c’était trop ! C’était pas vraiment moqueurs qu’ils étaient. Non. Sévères plutôt. Avec un air de reproche. Une espèce de dédain. C’était pire. C’était mieux. Mille fois mieux. Et puis être obligée de leur montrer. Moi-même. Je savais plus où me mettre. Comment j’ai eu honte. Jamais de ma vie j’ai eu honte comme ça.
– Et c’est pas fini ! Parce que la prochaine fois que tu m’obliges à être sévère avec toi, je les fais venir. C’est devant eux que tu la recevras ta fessée.

2 commentaires:

  1. Ha bon ? Je ne m'y attendais pas du tout du tout lol.

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  2. Marie-Clémence aime les surprises. Surtout quand elles sont déstabilisantes.

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