lundi 14 février 2011

Belle-soeur, beau-frère ( 6 )





- Il descend pas ?…
- Non… Il préfère rester là-haut, sur le balcon, à trier ses photos… Tant qu’il aura pas fini…
Zélia s’est levée…
- Oui, ben moi, je vais nager… Jusqu’à la petite île là-bas… Vous venez ?…
Emilie s’est retournée sur le ventre…
- Pas moi, non !… J’ai trop la flemme… Mais allez-y, tous les deux, allez-y !…

On a pris pied, dégoulinants. Elle a quitté son maillot, suivi mon regard…
- Ils peuvent pas nous voir… On est trop loin… Il leur faudrait des jumelles… Et ils n’en ont pas... Ni l’un ni l’autre…
On s’est allongés côte à côte…
- On est quand même mieux là…
- Ca, ça se discute même pas…
- Tu sais l’impression que ça me donne depuis qu’ils sont arrivés ?… C’est qu’ils forment un vrai couple tous les deux… Qu’ils l’ont toujours formé… Et je sais pas trop où elle peut être notre place à nous là-dedans… A toi comme à moi…
Elle a fait couler un long filet de sable entre ses doigts…
- Ca faisait six jours qu’on les avait pas vus… Je voudrais pas être indiscrète, mais… tu y as eu droit hier soir ?…
- Non… Non… Et toi ?…
- Oh, moi je me faisais pas beaucoup d’illusions… Faut que je me fasse une raison… Si j’y ai à nouveau droit un jour ce sera un véritable miracle…

On est restés enlacés…
- Eh ben dis donc !…
- Oui… Oui… J’avais sacrément du retard à rattraper… Comment c’était bon !… Moins pour toi, non ?…
- Si !… Oh, si !…
- Je crois pas… Pas vraiment… Tu t’es trop préoccupé de mon plaisir à moi… Pas assez du tien… C’est bien aussi, tu sais, quand un homme tu le sens se perdre… Quand il y a plus rien d’autre qui compte pour lui que sa jouissance… Et que c’est de toi qu’il la veut… De toi et de personne d’autre… Tu peux pas savoir comment ça m’excite, moi, ça aussi !… Quand vous pensez plus qu’à vous…

- Et alors ?… C’était pas mieux ?… Avoue !…
Je lui ai répondu d’un baiser. D’un autre. D’une multitude de baisers…
- Ca t’a pas choqué ?…
- Quoi donc ?…
- Tout ce que j’ai crié… Parce que quand c’est comme ça je peux pas m’empêcher de hurler des tas de trucs cochons… Tout ce qui me passe par la tête… Je sais pas pourquoi d’ailleurs… J’ai jamais su… Ca a toujours été comme ça… Bon… Mais faudrait peut-être qu’on retourne là-bas, non ?…

Emilie n’était plus sur la plage ni Paul sur le perron… Ils étaient installés tous les deux, côte à côte sur le canapé de la petite salle de séjour, les yeux rivés à l’écran de l’ordinateur…
- Ah, c’est vous ?!… Figurez-vous que la mayonnaise est en train de prendre… Et pas qu’un peu !… Philippe a prospecté et il a fait du sacré bon boulot… Ca a pas perdu de temps… Trois familles d’inscrites déjà… Et pas des petites… Dont une qui veut venir très rapidement… Ce qui signifie que début septembre on est bons pour retourner tout mettre en ordre là-bas… Et les accueillir…

- Tu dors ?…
- Non…
- Excuse-moi pour cet après-midi… Je te l’ai laissée sur les bras… Déjà que tu te l’es coltinée tout seul depuis le début des vacances… Mais c’était au-dessus de mes forces de nager avec elle jusque là-bas… Je la supporte pas… C’est physique… Rien que de la voir… J’avais pourtant pris de bonnes résolutions… J’allais me montrer aimable, faire bonne figure sinon pour elle du moins pour Paul… Je peux pas… C’est pas la peine, je peux pas… Vaut mieux que je l’ignore… Le plus possible… Ca tournerait mal… Et très vite… Très très vite… Malheureusement j’ai bien peur qu’elle n’ait pas fini de nous en faire voir… Parce que si le projet prend corps avec Philippe – et il va prendre corps : on a tous les atouts en mains – s’il prend corps elle va forcément vouloir s’en mêler…
- Je crois pas… Elle a un métier auquel elle semble tenir…
- Oui, oh, alors ça !… Du moment qu’il va s’agir de faire la Madame et de pérorer tant et plus tu peux être tranquille qu’elle va jouer des pieds et des mains pour être aux premières loges… Seulement ça c’est le meilleur moyen de tout foutre par terre… D’abord parce qu’elle sera imbuvable avec la clientèle – c’est couru d’avance – et ensuite parce que ni Philippe ni moi on ne la supportera… Et si Paul ne veut pas comprendre ça…
- Vous en avez parlé ?…
- Oui… Il y a des moments où il donne l’impression d’être prêt à l’entendre et d’autres où il se braque complètement…
- Ce qui est légitime… C’est quand même sa femme…
- Ce qui ne devrait pas l’empêcher malgré tout d’admettre qu’elle a de gros problèmes relationnels avec la plupart des gens… Non, mais il y a autre chose… Dont il ne parle qu’à mots couverts… Mais je le connais depuis le temps… Non… Ce qu’il y a c’est qu’il répugne à la laisser seule… Parce que… Ben parce que, si j’ai bien compris, elle aurait tendance à courir… En plus !… Ici, c’était pas pareil… Tu étais là… Avec elle… Ca l’a obligée à une certaine réserve… Elle pouvait pas se permettre de faire n’importe quoi… Mais une fois remontée là-haut, livrée à elle-même… Alors à mon avis s’il veut l’emmener c’est surtout pour l’avoir à l’œil…

2 commentaires:

  1. Et dire que ça arrive cela dans les familles... que le ou la conjoint(e) ne soit pas accepté(e)... que les frères, les sœurs, les parents se mêlent , jugent, tirent des plans sur la vie des autres...
    Heureusement qu'il est là le beau-frère... et pas seulement pour Zélia... pour Paul aussi. Parce que s'il arrive à la garder comme femme au final... ce sera peut-être bien grâce à lui.

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  2. Ca arrive beaucoup plus souvent qu'on ne le pense... Et c'est jamais facile à vivre...
    Tu as raison: s'il arrive à la garder ce sera sûrement grâce à lui... Reste à savoir si, dans les conditions où ça se passe, il lui en sera vraiment reconnaissant....

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