Dans
une heure on sera partis… En route pour le Lavandou. Comme l’année
dernière. Comme celle d’avant. Et comme, très vraisemblablement,
toutes celles à venir. Gilles ne conçoit pas les vacances ailleurs
que là où il les a toujours passées. Ailleurs que chez papa-maman.
Ce qui n’a rien d’insupportable en soi : ses parents sont
des gens charmants qui se mettraient en quatre pour faire plaisir.
Ses deux frères sont d’un commerce agréable. Je m’entends à la
perfection avec Christine, la femme de Charles, à qui je fais mes
confidences… Et c’est réciproque… Moins avec Mélanie, la
compagne de Bruno, qui a tendance, sous prétexte qu’elle poursuit
des études de linguistique, à prendre tout le monde de haut et à
étaler, à tout bout de champ, ses connaissances. Mais bon… elle
est jeune – tout juste 22 ans – et à condition de la
recadrer chaque fois que c’est nécessaire, on arrive à faire
avec. Non. Ce sont de vraies vacances qui nous attendent. Avec
grasses matinées, petits déjeuners qui s’éternisent, plage, mer,
soleil, farniente. Que demander de plus ? Que demander de
mieux ? Rien sans doute. Enfin, si ! Si ! Quelques
jours en tête à tête avec Gilles. Seule à seul. Tous les deux.
Rien que nous deux. Que nous puissions nous extirper de la routine.
Du quotidien. Nous retrouver. Parce qu’on est en train de se
perdre, là. Tout doucement. Insidieusement. Sans heurts. Sans
à-coups. On se parle, oui… Pour échanger des banalités. On dort
ensemble. On dort et c’est tout. Il n’a plus envie de moi. Et je
ne suis pas sûre d’avoir envie de lui. Alors peut-être que si on
avait réussi à s’évader un peu… Je ne le lui ai pas demandé :
je sais trop bien quelle aurait été la réponse…
18
heures
Christine
m’a aidée à me réapproprier la chambre, à vider les sacs et à
en répartir le contenu dans les placards muraux pendant que nos
chers maris sirotaient – déjà ! – un pastis sur
la terrasse en compagnie de leur père…
– Il
y a longtemps que vous êtes là ?
– Quatre
jours… Samedi on est arrivés…
– Et
alors ? Ça se passe comment ?
– Oh,
comme d’habitude… Tranquille…
– Mélanie ?
– Avec
nous elle est charmante… Par contre avec les beaux-parents, c’est
plus que limite… Elle est d’une agressivité… Sûrement il y a
eu quelque chose… Je sais pas quoi, mais il y a eu quelque chose…
Ou alors ça a à voir avec le départ précipité de Bruno…
– Mais
oui, c’est quoi à propos cette histoire ? Il est passé où ?
– Alors
ça ! Pour savoir… Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il a
filé comme un dératé avant-hier… En la laissant là…
Soi-disant que le boulot le rappelait en urgence… Mais bon…
– Il
y a de l’eau dans le gaz ?
– C’est
pas l’impression que ça donne… C’est pas ce qu’elle dit non
plus…
– Et
toi, avec Charles, ça en est où ?
– Au
même point… Exactement au même point que l’an dernier… C’est
convivial… Jamais un mot plus haut que l’autre… Mais il y a
rien… Il y a plus rien… Des mois qu’il m’a pas touchée…
Alors ou bien je fais avec… En m’offrant un petit extra de temps
en temps… Quand un type me plaît…
– C’est
arrivé ?
– Pas
encore, non… Ou bien je me tire carrément… J’y pense de plus
en plus… Faudrait vraiment pas grand’chose pour que je saute le
pas maintenant… Et de ton côté ?
– Copie
conforme… À croire que c’est toujours comme ça que ça se
passe… Pour tout le monde… Qu’après quelques années… C’est
désespérant… Complètement désespérant…
22
heures
Mélanie
est descendue en maillot… Un deux-pièces grenat… Qui a fait
froncer les sourcils au beau-père…
– C’est
pas une tenue pour passer à table, ça !
– Oh,
ben quoi ! Avec la chaleur qu’il fait…
– Quand
même ! Il y a des limites…
– Ce
que vous pouvez être vieux jeu ! C’est pas croyable, ça !
Geneviève
a posé la main sur l’avant-bras de son mari…
– Laisse,
Jacques ! Laisse !
Et
s’est tournée vers moi… Ça allait ? On était bien
installés ? Si on avait besoin de quoi que ce soit…
Le
dessert avalé, les hommes sont retournés sur la terrasse… Avec
des bières… Ils y sont encore…
Bonjour François-Fabien, je dois dire que j' attends la suite avec impatience. Que dire sur le départ de Bruno ? Mélanie est-elle responsable ? Je sens que ce récit va vraiment devenir "palpitant".
RépondreSupprimerMerci, Annonciate… Que ce récit devienne palpitant, je l'espère de tout cœur… J'ai bien une idée, en gros, de là où je vais, mais peut-être les personnages vont-ils me surprendre en cours de route et décider d'emprunter des chemins de traverse…
RépondreSupprimerÀ très bientôt…
Bonne soirée…