lundi 29 septembre 2014

La petite vendeuse (23)

– Vous avez fait que ça ? En trois heures ?
– C’est parce que…
– Parce que quoi ?
– Aliane m’a donné des trucs qu’étaient urgents et j’ai pas eu le temps du coup…
– Non, mais vous vous fichez de moi ? Faut cinq minutes pour déballer deux cartons… Me dites pas que vous les avez pas eues…
– Ben si, mais…
– Mais rien du tout… Vous avez glandé et puis voilà… Bon, mais je vais vous en faire passer l’envie, moi, vous allez voir… Je peux vous assurer que je vais vous en faire passer l’envie… Et une bonne fois pour toutes… Allez, amenez-vous là… Vous savez ce qui vous attend, je suppose…


– Qu’est-ce qu’on entend bien du magasin, à côté… C’est de la folie… Comme si on était là, dans la réserve, avec vous…J’aurais pu compter les coups si j’avais voulu…
– Et encore ! La porte était fermée… Le jour où on la laissera ouverte…
– T’as pas dû taper bien fort… Elle a pas crié… À peine gémi…
– Oh, si ! Si ! Tiens, regarde ! Tournez-vous, vous ! Tu vois ?
– Ah, oui ! Quand même… Elle a dû sacrément se retenir, dis donc ! La prochaine fois faudra lui faire au martinet… Ou à la cravache… Oui… Plutôt à la cravache… Et alors là je la mets au défi… Si vraiment elle arrive à pas bramer je lui tire mon chapeau… Surtout si c’est moi qui officie…
– Il y a du monde qu’est passé au magasin pendant que je m’occupais d’elle ?
– Un peu… Un bonhomme… C’était la première fois que je le voyais… Et puis la vieille mère Robin… Qu’a très bien compris ce qui se passait… Qui, comme par hasard, était attirée par les rangées de pulls près de la porte de la réserve… Elle crevait d’envie d’y coller l’oreille…
– Elle t’a dit quelque chose ?
– Non… Rien… Mais son air parlait pour elle… Elle jubilait… Elle jubilait littéralement… Ah, tu peux être tranquille que si les gens étaient pas au courant maintenant ils vont l’être… Ça va faire le tour du pays… Bon, mais on en fait quoi d’elle en attendant ?
– Qu’est-ce t’aimerais ?
– Qu’on la laisse comme ça… À poil… Et qu’on la foute au coin… Les mains sur la tête…
– Oui… Ça va lui donner l’occasion de réfléchir un peu… Parce qu’après tout ce qu’on a fait pour elle, elle pourrait au moins avoir la décence de mettre un minimum la main à la pâte…
– Oui, oh, mais ça ! Un poil long comme ça elle a dans la main… On lui demande pas grand chose pourtant…
– Oh, mais ça va changer… Je peux t’assurer que ça va changer… Qu’elle le veuille ou non… Eh bien, vous ! Vous avez entendu ? Oui ? Eh bien alors ! Qu’est-ce que vous attendez ? C’est quand même un monde de devoir tout vous répéter comme ça sans arrêt…


Il s’est passé une heure… Une autre… À côté ça parlait… Ça marchait… Ça riait… Une autre heure encore… Et puis Léonie est venue… Elle m’a bandé les yeux… Sans un mot… Est repartie… Revenue… Encore repartie… Encore revenue… Il y avait quelqu’un avec elle… Ça a chuchoté… Ça s’est esclaffé…Plusieurs ils étaient… Au moins trois…
– Mais c’est que c’est vrai en plus ! J’y croyais pas… J’y croyais vraiment pas…
– Ah, ça, moi non plus !
Une voix d’homme… Une voix de femme… Jeunes toutes les deux…
– On vous l’avait dit… On vous l’avait pas dit ?
– C’est fou… C’est complètement fou…
Un doigt qui m’effleure les fesses… Une main qui les parcourt et reparcourt…
– C’est tout chaud…
Une deuxième la rejoint…
– Elle doit déguster n’empêche…
On me palpe… On me triture… On me saisit à pleine chair…
– N’empêche… N’empêche… J’aurais bien voulu voir ça…
Et la voix de Léonie…
– Oh, mais vous verrez… La prochaine fois vous verrez…

– C’était qui ces gens-là ?
– Ça vous regarde pas…

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