Ça
vit un fantasme. Ça naît. Ça prend son essor. Ça comble son ou sa
« propriétaire ». Trois jours. Ou trois semaines. Ou
trois mois. Et puis ça s’étiole. Ça s’épuise. Ça disparaît.
C’est remplacé par d’autres qui, à leur tour…
Il y
a ainsi une foule de fantasmes dont on perd jusqu’au souvenir de
les avoir un jour caressés avec passion. D’en avoir fait, pendant
un certain temps, un usage quasi quotidien. Et c’est dommage. Parce
qu’ils nous parlent de nous, nos fantasmes. De ce qu’on est, même
si on ne le voudrait pas toujours. De ce qu’on a été. De ce qu’on
se refuse parfois à être pleinement. De ce qu’on redeviendra
peut-être. Ils sont, pour ainsi dire, notre patrimoine personnel. Un
patrimoine qu’il est de notre devoir de préserver. Au même titre
que les autres. C’est pourquoi j’ai décidé de tenir dorénavant,
aussi méthodiquement que possible, le journal de mes fantasmes.
Dans
la plupart des histoires que je me raconte, on me corrige, on me
fesse, on me fouette à qui mieux mieux. On me fait subir mille
avanies. On me soumet à des interrogatoires humiliants. On fait
preuve d’une imagination débordante pour m’amener, vaincue et
repentante, à la raison. Soyons clairs : ce sont des
comportements qui, dans le monde réel, sont parfaitement
inacceptables. Et condamnables. Mais le fantasme nous projette dans
une autre dimension. Et si je m’abandonne d’aussi bonne grâce,
et en y prenant un incontestable plaisir, à ce qu’on y exige de
moi, c’est qu’en réalité, c’est moi qui mène le jeu. Mes
« bourreaux » ne m’imposent que ce que je décide
qu’ils m’imposent. Que ce qui me convient à moi. C’est aussi
que les coups, aussi violents soient-ils, ne sont que virtuels.
Qu’ils ne laisseront pas la moindre trace. Ni sur le corps ni sur
l’esprit.
Deux
« filons » alimentent principalement mes « imaginations »
D’abord,
bien évidemment, la vie quotidienne. Il peut suffire d’une phrase
anodine, d’un regard croisé par hasard, dans la rue ou ailleurs,
pour que la machine se mette en marche et m’entraîne aussitôt sur
des routes improbables.
Souvent
plus consistants, en tout cas plus durables, sont celles qui mettent
en scène des personnes avec lesquelles je suis amenée à être
fréquemment en contact. Tel voisin, par exemple, avec qui j’échange
de temps à autre quelques mots par-dessus la haie, ignorera toujours
qu’il lui arrive régulièrement de m’administrer de vigoureuses
et retentissantes fessées, déculottée, de ses grosses mains
calleuses, parce qu’il me surprend à fouiller, chez lui, dans ses
affaires. Et j’y retourne. C’est plus fort que moi.
Cette
autre voisine, au bout de la rue, me découvre en pleine action avec
le Jérémie dont elle est follement éprise. Et me fait passer,
chaque fois, un très mauvais quart d’heure.
Et
le boulot ! C’est une mine, le boulot. À de très rares
exceptions près, j’ai eu affaire, sous un prétexte ou sous un
autre, à tous mes collègues de travail. Hommes et femmes. Et, bien
sûr, aux chefs.
Sans
oublier les commerçants, livreurs et autres professionnels de toute
sorte avec lesquels je suis régulièrement en contact. On voit que
je ne manque pas de matière.
Le
deuxième filon, dans lequel je puise abondamment, ce sont mes
lectures. Il surgit parfois quelque chose d’inattendu, au détour
d’une page, que j’éprouve l’impérieux besoin de m’approprier.
De toute urgence. Et puis il y a l’Histoire. Dont j’ai toujours
été férue. L’Histoire qui m’ouvre tant de portes. Il y a tant
d’événements auxquels je peux participer. De personnages auxquels
je peux m’identifier. D’époques au cœur desquelles je peux me
projeter. La Rome antique, l’Inquisition, la Révolution française
sont, pour des raisons que l’on comprendra aisément, mes périodes
de prédilection. Auxquelles je ne cesse de revenir encore et encore.
Bon,
mais il est temps d’entrer dans le vif du sujet.
On lit, on se régale, on attend, et là : Bon, mais il est temps d’entrer dans le vif du sujet. Et stop. Merci, François grrr.
RépondreSupprimerjuste une toute petite semaine d'attente…
RépondreSupprimerre grrr
RépondreSupprimerIl y a plus que six jours… ;)
RépondreSupprimerMais, si les fantasmes de Lucie changent tous les trois jours.... ça nous fera rater des tournées xDD
RépondreSupprimerOh, non! Elle aura à cœur de tenir scrupuleusement à jour le "catalogue" de ses fantasmes. ;)
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