jeudi 25 février 2010

Escobarines: Complicité





- Dis, Patrice, tu voudrais pas qu’on recommence ?… Comme l’autre fois ?…
- Ah, ça t’a plus ça, hein ?!…
- Tu le sais bien… T’as bien vu…
- En bien vas-y !… Tiens !… La clé du studio…
- Merci… Mais t’interviens pas trop tard, hein, surtout !… T’attends pas que le type il soit arrivé au bout…
- Je sais, je sais… Allez, file !…

Un étudiant sûrement… Beau garçon en tout cas… Oui, un étudiant… Consciencieusement absorbé dans la lecture des feuillets éparpillés devant lui… Dont il avait même généreusement encombré la table voisine…
- Excusez-moi… C’est libre là à côté ?…
- Hein ?… Oh oui… Oui… Bien sûr…
Il a rougi, fébrilement rassemblé ses papiers…
- Je m’étale… C’est toujours comme ça… Faut que je m’étale… C’est plus fort que moi…
- Prenez votre temps !… Prenez votre temps !… Vous allez plus vous y retrouver sinon…

Il a trié, déplacé, redéplacé, mélangé, démélangé. Retrié. Et finalement tout abandonné en vrac, avec un soupir, sur le bord de la table…
- Désolée !… C’est de ma faute !…
- Oui, oh !… Ca fait rien de toute façon… Je sais pas pourquoi je m’obstine… Le Capes, vu le nombre de candidats qu’on est, il y a une chance sur cent de l’avoir… Et je suis pas parmi les meilleurs… Alors je ferais mieux d’en prendre mon parti une bonne fois pour toutes et d’aller faire autre chose… Oui, mais quoi ?… Tout le problème est là… Parce que nous, les littéraires, à part l’enseignement…
- A qui le dites-vous !…
- Ah, parce que, vous aussi ?…
- Il y a longtemps maintenant… Près de vingt ans… Quatre fois je l’ai raté le Capes… Résultat : je suis complètement dépendante de mon mari et si jamais un jour il me prenait l’envie de le quitter ça me compliquerait singulièrement les choses… Mais bon, je n’en suis pas encore là…
- Je ne voudrais pas être indiscret, mais…
- Mais… si je l’envisage sérieusement ?… Quelquefois, oui… Ce serait très certainement une énorme sottise… Parce qu’on a beaucoup de points communs… On s’entend bien… Jamais un mot plus haut que l’autre… Il n’y a que sur le plan sexuel… Là, même s’il refuse obstinément de le reconnaître, c’est un fiasco total… Mais ça !… Il y a toujours moyen de trouver des solutions… Il ne manque pas d’hommes jeunes et vigoureux prêts à rendre discrètement service…
Un regard d’abord interloqué, puis secrètement ravi. Sa glotte s’est mise à tressauter furieusement…
- Ca vous choque pas au moins ?…
- Oh non !… Non !… Il m’en faut beaucoup plus que ça !…
- C’est rare aujourd’hui les gens sans préjugés, vous savez… Je veux dire : VRAIMENT sans préjugés… Ils croient l’être, mais en réalité… Quand on est sans complexes comme moi, qu’on n’hésite pas à appeler les choses par leur nom, à exprimer ses désirs tels qu’ils sont, il faut s’attendre à tout moment à en prendre plein la tête, mais vraiment plein la tête… Et, qu’on le veuille ou non, ça finit par bloquer complètement… Il y a une foule de choses dont on n’ose plus parler… De fantasmes qu’on n’ose plus évoquer devant qui que ce soit… Quant à les réaliser alors là n’en parlons même pas !…
- Oh, mais tout le monde n’est quand même pas forcément comme ça, vous savez !…

- Ca me gêne…
- Mais si !… Si !… Dites !… Continuez !… Maintenant que vous avez commencé… Alors il y a un homme – un inconnu ou presque – qui entre dans la chambre… Vous êtes où ?…
- Sur le lit… Il arrive par derrière…
- Ah !… C’est que vous êtes à quatre pattes alors !… Les fesses à l’air… Et ?…
- Et ben… « Et »…
- Et il vous prend comme ça… Sans préliminaires… Sans un mot… Sans rien… C’est pas vraiment difficile à réaliser comme fantasme…
Il a tendu la main dans sa direction. Elle y a abandonné la sienne…

- J’en étais sûr !… Ah ça, j’en étais sûr !…
La porte a claqué. Le jeune type a tout juste eu le temps de se retirer d’elle. Il l’a poussé, fait tomber sur le dos…
- Tiens, un scarabée… Ca te gêne pas, petit con, de baiser ma femme ?… Bon, mais tu bouges pas de là… Tu restes comme ça… Conseil d’ami… Je m’occupe de ton cas après…
- Attends, Patrice, je vais t’expliquer…
- M’expliquer quoi ?… Que t’es en train de faire du shopping avec une copine ?… T’en as pas marre de te foutre de moi comme ça à longueur de temps ?… Bon, mais tu sais ce qu’on avait dit… Que la prochaine fois…
- Oh non, Patrice, non !… S’il te plaît, pas devant lui !…
- Je vais me gêner !… C’était pas avec lui peut-être que t’étais en train de faire tes cochonneries ?…
- Si, mais… Aïe !… Ca fait mal…
- C’est le but…
- Aïe !… Aïe !… Je le ferai plus, j’te promets !…
- Oui, oh, tes promesses !…
- Cette fois c’est vrai !… Aïe !… Si, c’est vrai, hein… Arrête, non, arrête !… Aïe !…

- Bon, allez, dégage, petit morveux !… Avant que je t’en colle une à toi aussi… Et que je t’y reprenne pour voir…
Il a rassemblé ses vêtements et il a détalé sans demander son reste. Elle a ri. Est venue se nicher au creux de ses bras…
- Comment t’as tapé fort !… C’était trop bon… Et sa tête !… T’as vu sa tête ?!… Ca m’a donné envie d’une force !… Non, mais attends !… Attends !… Que je me remette comme avec lui tout-à-l’heure !… Sauf que toi… tu vas finir…

lundi 22 février 2010

Colocataires2 ( 3 )

- Je vous ai attendu hier soir… Vous deviez venir… Vous m’aviez promis…
- Oui, Mélissa… Je sais, oui… J’ai eu un empêchement de dernière minute…
- Un empêchement qui s’appelle Mélianne… Je l’ai vue… Juste avant qu’elle passe chez vous…
- Ecoute, si…
Je vous demande rien… J’exige rien… Vous n’avez rien à justifier… La seule chose importante pour moi, c’est de vous avoir un peu à moi… De temps en temps… Je n’ai envie que de vous… Et de personne d’autre… Mais quand même vous auriez pu prévenir… Ca vous aurait coûté quoi ?…
- Je suis désolé… Excuse-moi !…
- De toute façon dès qu’il y a Mélianne quelque part il y a plus rien d’autre qui compte pour vous… Il y a longtemps que j’ai compris que vous êtes amoureux d’elle… Et que c’est sans doute la seule dont vous ayez jamais été vraiment amoureux…
- Mais jamais de la vie !… Qu’est-ce que tu vas chercher ?…
- Vous avez passé une bonne soirée au moins ?… Vous avez fait quoi ?… Non, me dites pas !… Laissez-moi deviner… Vous l’avez emmenée au restaurant… Evidemment !… Et elle en a profité pour vous faire ses confidences… Réelles ou supposées… Elle sait bien comment il faut vous prendre depuis le temps… Et ce que vous avez envie qu’on vous raconte… Elle a parlé de revenir s’installer chez vous ?…
- Pas le moins du monde…
- Ca ne saurait tarder…
- Je ne crois pas, non… Il y a Peter…
- Oui, oh, Peter !… Ce qui l’a amusée, c’est de le piquer à sa femme… Ce qui l’amuse maintenant, c’est de jouer à la dadame de médecin… Mais ça va pas durer… Il y a jamais rien qui dure avec elle… Sauf avec vous apparemment !… Bon, mais on s’en fout d’elle… Prenez-moi dans vos bras… Câlinez-moi !… J’en ai envie… J’en ai besoin…

- Je reste pas… Je passe juste… Pour vous raconter vite fait… Parce que vous savez pas ce qu’il m’a fait Peter quand je suis rentrée de chez vous l’autre matin ?… Il déjeunait en bas dans la cuisine… Il m’a accueillie d’un… « - Alors ?… Bien baisé ?… »… Sans me démonter je lui ai répondu sur le même ton… « - Super !… J’en ai vraiment pris plein le cul… »… Et lui aussi sec… « - Ah ben tant mieux !… Tant mieux !… Je suis ravi pour toi… Mais tu pourrais raconter quand même quand c’est comme ça… Que j’en profite un peu moi aussi… » Et puis il a levé les yeux sur la pendule avec un soupir… « - Mais ce sera pour une autre fois… Mes patients m’attendent… »… D’où j’en conclus que ça l’excite tant et plus que je le fasse cocu… Ce qui m’étonne pas vraiment d’ailleurs, passé partout… Le connaissant, j’aurais dû m’en douter… Tordu comme il est… Oh, mais s’il y a que ça pour lui faire plaisir, vous inquiétez pas qu’il va l’être cocu… Et qu’aucune porte sera assez haute pour qu’il puisse y passer sans s’y cogner les cornes…

« Vous écrire ?… J’ai longtemps hésité. Résisté. Je résiste encore. Je sais trop bien ce que ça va donner. Que je commence et je vais y consacrer mes journées. Ne plus penser qu’à ça. Ne plus vivre qu’à travers ça. Une façon d’être là-bas, avec vous, tout en restant ici. Ce n’est pas que j’y sois malheureuse, non. Mais je n’y suis pas heureuse non plus. J’ai pourtant tout pour ça. Je n’ai rien à faire. J’occupe mes journées comme je l’entends. Sauf que je n’ai rien – ou pas grand chose – à mettre dedans. Ce n’est pas que je m’ennuie. Même pas. Je trouve toujours de quoi me distraire. Mais est-ce qu’on peut vivre uniquement de distraction ?… Sans but. Sans quelque chose qui donne envie de se lever le matin. D’y consacrer passionnément toute son énergie. Je n’ai pas – tout simplement – de vraie raison de vivre. De celles qui font qu’on agit sans avoir à se poser de questions… Lui ?… Je n’ai rien à lui reprocher. Il est aux petits soins pour moi. Il ne sait pas quoi inventer pour me faire plaisir. Est-ce que je l’aime ?… Je préfère éviter de me poser la question. C’est déjà une réponse, non ?… Est-ce qu’il est – comme il l’était là-bas – l’objet de sollicitations féminines constantes ?… J’aime mieux faire l’autruche. Si c’est le cas, je saurai bien assez tôt. Et ce sera forcément le cas. Ca l’est probablement déjà. Parce qu’il ne sait pas les décourager. Leur montrer, d’emblée, qu’elles n’ont pas la moindre chance. Il entretient l’ambiguïté. Et quand on entretient l’ambiguïté on finit toujours par se retrouver dans des situations impossibles. Sans doute – bien qu’il s’en défende – cela lui convient-il. Je suis sans illusions : les mêmes causes produisant les mêmes effets, il ne va pas tarder à disposer d’une cour d’admiratrices prêtes à tout pour décrocher le jackpot. Et moi là-dedans ?… Me battre pour le garder ?… Tout en sachant que si j’y parviens il me faudra recommencer la semaine suivante. Parce qu’il y en aura une autre. Et celle d’après. Et encore celle d’après. A l’infini. Ca démoraliserait n’importe qui. Et à part baisser les bras et prendre la fuite… Mais je n’en suis pas encore là. Vous savez ce qui me manquerait le plus si je devais le quitter ?… Oui, vous savez… Je suis sûre que vous avez deviné… C’est la fessée. Parce qu’il est orfèvre en la matière. Un peu comme vous. Dans un registre différent. Je ne parle pas de sa façon de la donner. Même s’il sait remarquablement la doser. L’accentuer graduellement. Non. C’est surtout dans l’art de trouver des motifs pour me la donner qu’il est passé maître. De me faire me sentir fautive. De m’amener à désirer ardemment être punie. J’y éprouve un bonheur !… Un bonheur qui m’effraie. Parce qu’aucun autre ne me semble pouvoir rivaliser avec lui. Est-ce que je suis « condamnée » à ce que, pour moi, il n’y ait plus désormais que ce bonheur-là qui en soit un ?… Peut-être. Et vous en êtes en partie responsable. Mais je ne vous en veux pas. Je vous embrasse. Victorine. »

jeudi 18 février 2010

Escobarines: Au fenil





- C’est Paul…
- Ben oui, c’est Paul, oui !…
- Il va où ?…
- Au fenil… Rejoindre Toinette… Ils peuvent plus dans la grange maintenant que maman sait…
- Ca leur fait loin…
- Ils s’en fichent… Ils ont bien trop envie…

- T’as entendu comment elle a crié ?…
- Ben oui !… Je suis pas sourde…
- Faudrait qu’on puisse les voir…
- Avec la porte qu’il y a tu peux toujours courir…
- Et en se cachant au-dessus ?… Avant qu’ils arrivent… On pourrait tout regarder de là-haut…
- C’est drôlement risqué… S’ils nous découvrent…
- Il y a aucun danger… Et puis même !… Qu’est-ce tu voudrais qu’ils fassent ?…
- Qu’ils le disent à maman… Et alors là !…
- Tu vois toujours tout en noir, toi, de toute façon !…

- Bon, alors ?… Qu’est-ce qu’ils font ?… Tu vas voir qu’ils vont pas venir… Justement aujourd’hui qu’on les attend…
- Chut… Chut… Je crois que les v’là !…

Ils se sont enlacés, embrassés. Paul a plongé la main dans le corsage de Toinette, en a extirpé un sein. Tout blanc. Tout veiné de bleu. L’autre. Il a enfoui sa tête sous sa robe. Ca a moutonné. Elle a rejeté la tête en arrière. Respiré plus fort. Plus vite. Manon s’est penchée. Encore. Encore…
- Attention !… Attention… Tu vas…
Et elle est allé atterrir en dessous, dans le foin, juste à côté de Toinette qui a poussé un hurlement de terreur. Paul s’est précipitamment extirpé de sous sa robe, l’air hagard…
- Qu’est-ce que ?… Tiens, tiens !… Mais c’est l’une de nos petites demoiselles !… Et celle qui rapporte à maman en plus !… Qu’est-ce qu’elle fait là ?… Sa petite curieuse ?…
- Non… Non… Je suis tombée…
- Oui, ben ça on a vu !…
Il l’a prise par le bras, aidée à se relever…
- Bon, et maintenant on fait quoi ?…
Rien. Rien du tout. Elle allait s’en aller. Les laisser. C’était l’heure. Et si elle arrivait en retard… Alors là si elle arrivait en retard !…
- Tu comptes quand même pas t’en tirer comme ça ?…
Ben si, si !… Elle comptait… Qu’il la lâche maintenant… Fallait vraiment qu’elle parte…
- Eh bien vas-y !… Pars !…
Il l’a lâchée…
- Et nous, pendant ce temps-là, on va aller trouver Madame et lui expliquer à quoi s’occupe sa grande fille de vingt ans – dont elle a si haute opinion – dès qu’elle a le dos tourné… Elle sera très certainement ravie…
- Oh non !…
Il a échangé quelques mots tout bas avec Toinette…
- A moins que… on règle ça ici… gentiment… entre nous… Une bonne fessée te ferait pas de mal, nous, on trouve… D’autant que t’as l’habitude… On a vu ça l’autre jour…(*) Hein ?!… Qu’est-ce que t’en dis ?…
Rien. Elle en a rien dit. Rien du tout. Mais elle s’est allongée sur le ventre, elle a remonté haut sa robe et elle a attendu…
- Ah, elle le prend comme ça !… Ah, elle en veut !… Eh ben elle va en avoir !… Elle va s’en souvenir…

Ils se sont agenouillés, chacun d’un côté, et ils ont tapé. A quatre mains. Tambouriné. Paul le bas des fesses. Toinette le haut. Ils y mettaient tout leur cœur, s’encourageaient parfois l’un l’autre brièvement d’un regard. Manon, elle, avait enfoui la tête dans le foin et laissait de temps à autre échapper un long gémissement sourd accompagné d’un haut soubresaut du derrière. De plus en plus hauts les soubresauts. De plus en plus rapprochés les gémissements. Une dernière salve. A tout va. Ils se sont relevés…
- Recommence pour voir !…
Et ils se sont éclipsés…

- T’as mal ?…
- Evidemment que j’ai mal… T’aurais pas mal, toi ?…
- Comment c’est rouge !… Jamais je te l’ai vu aussi rouge…
- En tout cas, c’est pas pour te vexer, mais comment ils s’y prennent bien mieux que toi…
- Parce qu’ils étaient deux… Et qu’il y avait un homme… Et qu’ils tapaient fort…
- Peut-être… Je sais pas… Mais c’était pas du tout pareil les sensations… Ca ressemble absolument pas à quand nous on se le fait… Mais tu verras toi-même… Parce que c’est ton tour la prochaine fois…
- Oui, oh, alors ça !…
- Si tu tombes pas de toi-même je te pousse…
- Encore faudrait-il qu’on y retourne…
- Tu en doutes ?…


(*) voir Escobarines : La toilette

lundi 15 février 2010

Colocataires2 ( 2 )

- On a bien fait de revenir là !… C’est toujours aussi bon…
- Il va pas s’inquiéter Peter de pas te voir rentrer ?…
- Oh non, non !… Je lui ai téléphoné tout à l’heure… Il sait que je suis avec vous… Qu’avec vous il y a aucun danger… Et puis quand bien même je serais avec quelqu’un d’autre j’ai pas de comptes à lui rendre… Je fais encore ce que je veux que je sache !…
- C’est-à-dire ?…
- Ca dépend… Oh, mais à vous je peux bien le dire… Après tout ce que vous avez vu et tout ce que je vous ai raconté je vais quand même pas me mettre à jouer les Sainte-Nitouche… Je suis en couple avec Peter, oui… Mais c’est pas pour autant que je suis obligée de me priver de tout le reste… Manquerait plus que ça !… Quand tu vois tous ces petits mecs craquants qu’il y a partout… Tu vas quand même pas les laisser aux autres filles sans te bouger !… Alors bon… C’est au début surtout que tu prends ton pied !… Quand tu sens que le type il te désire comme un fou… Qu’il serait prêt à n’importe quoi pour t’avoir… Du coup tu joues avec… Tu prends tout ton temps… Des fois tu lui fais croire que oui… oui… peut-être bien que ça pourrait arriver… Et d’autres tu te fais lointaine… distante… Tu le vois même pas… Tu regardes à travers… Dans quel état ça le met !… Il en peut plus… Et moi c’est ça qui me donne envie, mais alors là envie comme c’est pas possible… Sauf qu’une fois qu’il t’a eue ça lui passe… Et à toi aussi du coup… S’il sait y faire ça peut être bien quand même encore un peu, mais ça a plus rien à voir avec les débuts… Ca s’effiloche… T’as de moins en moins envie… Tu le vois de moins en moins… Presque plus… Plus du tout… Mais heureusement il y en a d’autres…
- Et t’en passes beaucoup comme ça ?
- Oh non, non !… Pas tellement finalement… Le temps que ça se mette en place… Qu’ils soient à point… Je sais pas… Deux, non, trois depuis que je suis partie de chez vous…
- Et Peter ?… Il sait rien ?… Il soupçonne rien ?…
- Si !… Bien sûr que si !… Quand je rentre à trois heures du matin il a beau faire semblant de dormir il faut quand même bien qu’il se rende compte de quelque chose !…
- Et il dit rien ?
- Vous voulez qu’il dise quoi ?… Il savait à quoi s’en tenir sur mon compte quand il a voulu qu’on s’installe ensemble… Il m’a vue à l’œuvre avec Baptiste et Kevin… Je ne lui ai jamais rien caché de ma façon de fonctionner… Et il aurait fallu qu’il soit singulièrement naïf pour s’imaginer que, du jour au lendemain, j’allais devenir une « épouse » fidèle et exclusive. Ce qu’il ne m’a d’ailleurs jamais demandé … Alors que je fasse ce que je veux je crois bien qu’il s’en fiche au fond… Complètement… Du moment que je le satisfais, lui, sexuellement… Et de ce côté-là il y a pas beaucoup de nanas qui accepteraient ce que j’accepte… Parce qu’il te demande de ces trucs !… Et je parle pas seulement de le ligoter !… Je suis sûre qu’il y en a plein, à ma place, elles l’enverraient proprement sur les roses… Ca les choquerait… Ou ça les dégoûterait… Moi, j’en suis plus là… Il y a belle lurette… Alors il serait quand même mal placé pour venir me reprocher quoi que ce soit… Même si, quelquefois, j’aimerais quand même qu’il se montre un minimum jaloux… Bon… Mais vous avez fini ?… Vous voulez plus rien ?… On y va alors ?… J’ai trop envie qu’on soit dans le lit et que vous me réchauffiez…

- Tournez-vous, s’il vous plaît !… Tournez-moi le dos !…
Et elle s’est blottie contre moi. Nue. Sa tête dans mon cou. Ses seins écrasés contre mes omoplates. Ses cuisses entre les miennes…
- Vous êtes un vrai radiateur à vous tout seul… Bougez pas, hein !?… On est trop bien…
Son souffle tiède et doux tout contre ma nuque. Une main sur ma poitrine. L’autre sur ma hanche…
- Vous vous rappelez au tout tout début quand je suis venue m’installer ici ?… D’entrée de jeu je vous avais mis les points sur les i : pas question qu’on couche… J’y croyais pas moi-même… Vous alliez forcément tenter votre chance, mettre le paquet, et à un moment ou un autre moi, j’allais forcément flancher… C’était dans l’ordre des choses... Mais non... Non... Vous bougiez pas… Jamais… Vous savez que je vous en ai quelquefois voulu de pas le faire ?… Beaucoup… Intérieurement je vous traitais de tous les noms… Mais maintenant je sais que c’est ce qui m’est arrivé de mieux… Parce qu’il y a personne, nulle part, à qui je tiens autant qu’à vous… A qui je puisse dire autant de choses qu’à vous… Tout… Et c’est à cause de ça… Je sais pas pourquoi… Je sais pas comment… Je serais incapable d’expliquer, mais je suis sûre que c’est à cause de ça… Mais alors par contre maintenant vous auriez pas intérêt à essayer… Parce que alors là !… Ce qui empêche pas de faire d’autres choses… Qui sont pas pareilles… Qui n’ont rien à voir… Qu’on a déjà faites… Et que j’aime bien vous faire… Surtout quand on est tout proches comme ça tout en harmonie… Et vous, vous avez envie ?… Que je te branle ?… Vous avez envie ?… Oui… Vous êtes tout dur… Comment vous voulez ?… Tout doux ?… Tout tendre ?… Tout lent ?… En frôlements tout légers ?… Ou bien déchaîné ?… A toute allure… Sauvage… Ou bien d’abord doucement et puis après… Bon, mais laissez-moi faire… Improviser… Vous serez pas déçu, vous verrez !…

- Ca vous a bien plu en tout cas… Comment vous avez gémi !… C’est pas souvent qu’ils gémissent les mecs… Et encore moins quand on leur fait comme ça…
Elle a doucement caressé. Flatté. Soupesé…
- Comment c’est attendrissant après quand ça tient tout entier dans la main tout petit comme ça…
Elle l’a gardée. Contre moi elle s’est faite plus lourde. Elle a respiré plus lent. Plus profond. Et elle s’est endormie…

jeudi 11 février 2010

Escobarines: Election Miss Fessée 2010





« Election de Miss Fessée 2010…
Candidatures et demandes de renseignements sont à adresser avant le 31 Mars, dernier délai, à missfessee2010@yahoo.fr »

- T’as vu ?
- Oui… Et alors ?… Tu comptes quand même pas poser ta candidature à un truc pareil ?… Dont personne n’a jamais entendu parler…
- Non… Non… Bien sûr que non… Mais demander des renseignements, oui… Ca n’engage à rien… Et ce serait justement l’occasion de savoir de quoi il retourne …

- Bon… Ben voilà… Ca a pas mis longtemps à répondre, dis donc… J’ai tous les éléments… C’est tout nouveau de cette année… Et c’est aux Etats-Unis que ça se passe… Vu que là-bas ils sont nettement moins coincés que nous, ici, en Europe, et que la fessée y est carrément devenue un phénomène de société… Il s’en donne à tout bout de champ et à toutes sortes d’occasions… Les anniversaires… Les mariages… Alors ils ont décidé de frapper un grand coup, à l’américaine, et d’organiser un concours style Miss Monde, mais pour la fessée, en présence de tout un tas de personnalités et de célébrités du spectacle… C’est clair que celles qui réussiront à s’y faire remarquer leur carrière est quasiment faite… Quant à l’adresse e-mail là où j’ai écrit c’est celle du Comité pour la France… Chargés de sélectionner une candidate ils sont… Une seule… Nous, on n’a droit qu’à une…
- Et je suppose que t’as décidé de te présenter ?…
- Je sais pas… Je sais pas encore… Dans un sens ça me tente bien – qui ne risque rien n’a rien… – mais dans un autre pas du tout… Parce que… une seule candidate pour la France… t’as quand même très peu de chances d’être celle-là… A moins que… à moins qu’il y en ait vraiment pas beaucoup des candidates justement… Tant que c’est pas plus connu que ça ici ce truc…

- Bien, oui… Très très bien… Il m’a reçu chez lui… En s’excusant : le Comité a été pris de court et n’a pas eu le temps matériel d’aménager des locaux… Mais c’est pour bientôt… Il m’a posé tout un tas de questions… Pourquoi je voulais y participer au concours… Si j’en avais déjà fait d’autres… Si j’avais déjà reçu des fessées… Si j’avais aimé ça… Plus d’une heure ça a duré…
- Et ?
- Quoi « et » ?…
- Ben après ?…
- Après ?… Rien…
- Il t’a pas fait désaper ?…
- Ben évidemment que si !… T’imagines quand même pas qu’ils vont choisir une fille pour un concours comme ça sans savoir comment elle est faite… Maintenant si tu veux insinuer qu’il en a profité pour essayer de me tripoter ou me faire des avances t’as tout faux… C’est quelqu’un de très correct… De très bien… Tu te sens complètement en confiance avec lui…
- Oh, mais je n’en doute pas une seule seconde… Et maintenant ?… C’est quoi la suite du programme ?…
- Je sais pas… Il me dira… Le moment venu… S’il me retient… S’il me préselectionne…

- Ca y est !… T’es où ?… Ca y est !… Je fais partie du dernier carré… Six on est… Et sur les six il y en a forcément une qui s’envolera en septembre pour New York… T’imagines si c’est moi ?… Et je sens que ça va être moi… Je sais pas pourquoi, mais je le sens… Je suis heureuse… Si tu savais comme je suis heureuse… Il fallait bien qu’un jour ou l’autre la chance finisse par tourner… Le sort peut quand même pas s’acharner toujours contre les mêmes…
- Tu es sûre de ce que tu fais, là ?…
- Un peu que je suis sûre… Tu laisserais filer une occasion pareille, toi ?… Rien que pour le voyage là-bas ça vaut le coup…
- T’as pensé aux conséquences ?…
- Quelles conséquences ?…
- Ca va passer à la télé… Tout le monde va te voir…
- Oui, oh, là-bas… Pas ici… C’est bien trop arriéré ici… Et qui tu veux qui regarde les chaînes américaines ici ?…
- Ce sera repris sur Youtube… Ou ailleurs…
- Oui, oh, tu sais, si j’arrive en finale je suis sur les rails… C’est le succès assuré… Il me le répète assez monsieur Parmin… Les grands couturiers, les metteurs en scène vont se battre pour m’avoir… Alors qu’est-ce que j’en aurai à foutre si quelques crétins rigolent parce qu’ils ont vu mon cul ?…

- Ouche !… La vache !… Il a tapé fort… Ils ont tapé fort… Parce qu’il y avait un assistant aujourd’hui… Mais bon… fallait bien… C’était le seul moyen pour eux de faire un choix… Et d’envoyer là-bas celle qui a le plus de chances de gagner… Toutes les six on y est passées… A tour de rôle… Plusieurs fois… T’aurais entendu ça !… Comment que ça claquait et que ça braillait !… Il y en a même une qu’a joui… Qu’a fait semblant, moi, je crois plutôt… Mais ils ont pas été dupes… Ils sont pas nés de la dernière pluie… Et maintenant ben il y a plus qu’à attendre… D’ici quelques jours ils prendront la décision définitive… Le temps qu’ils revisionnent les films… Et qu’ils discutent…

- Ca fait quand même trois mois… Plus de trois mois…
- Je sais, oui…
- Et ça te paraît pas bizarre ?…
- Ben si !… Bien sûr que si !…
- Tu pourrais peut-être aller faire un tour sur place ?… Voir ce qui se passe…
- Je t’ai pas attendue…
- Et alors ?
- Il y est plus… Il a déménagé…
- Ah !…
- Et il a jamais existé de concours… Même aux Etats-Unis…
- Tu t’es bien fait avoir, quoi !… Mais tu sais que tu peux porter plainte ?… Tu devrais porter plainte…
- Ca m’avancera à quoi ?… A passer pour une belle conne… Tu trouves que j’ai pas eu assez ma dose comme ça ?…

lundi 8 février 2010

Colocataires2 ( 1 )

- Ben oui, c’est moi !… Faites pas cette tête-là !… C’est moi… Je passais dans le quartier et je me suis dit : « - Tiens, laisse-moi aller lui rendre une petite visite… Savoir ce qu’il devient depuis le temps… Ca fait un sacré moment… »
- Quatre mois…
- Ah, quand même !… Je croyais pas tant… Faut dire aussi qu’avec le déménagement, l’installation et tout et tout ça file… ça file à toute allure et on se rend même pas compte… Mais c’est pas pour autant que je pense pas à vous, vous savez !… Tout le temps j’y pense… Tous les jours… J’arrête pas de me dire : Tiens, ça je lui aurais raconté… Et puis ça… Et encore ça… Qu’est-ce qu’il en aurait pensé ?… Des fois je trouve… Je suis presque sûre… Des fois pas du tout… Et ça m’agace !… Comment ça m’agace !… Mais là où j’y pense le plus c’est le soir quand j’ai les pieds gelés… Parce que Peter il assure pas du tout là-dessus… C’est même pas la peine que je lui demande…
- Tu es heureuse avec lui ?
- Ca va… On a une grande maison… Il me prend pas la tête… Il me laisse faire tout ce que je veux… Quand je rentre il me demande pas où j’étais… Ni avec qui… Ni qu’est-ce qu’on fabriquait… Et je peux m’acheter tout ce que je veux… En plus !… Et vous ?… Vous savez ce que je pensais en arrivant ?… C’est que vous aviez sûrement installé quelqu’un d’autre dans ma chambre… Pas Mélissa… Elle habite toujours la résidence derrière l’église… J’ai vérifié… Ni une des filles du hand… Je l’aurais su… Non… Quelqu’un que je connais pas…
- Il y a personne…
- Je peux aller voir ?
Elle n’a pas attendu la réponse…
- Comment ça fait drôle !… Il y a rien du tout qu’a changé… Rien… Juste mes affaires qui sont parties… Qu’est-ce que j’y ai passé des bons moments là n’empêche !… Et dans votre chambre ?… Oui… Votre chambre aussi… Elle est restée exactement pareil… Pourquoi vous avez repris personne ?… Vous auriez pu… J’en connais plein des filles qui auraient pas demandé mieux… Hein ?… Pourquoi ?… Parce que vous vous disiez que j’allais revenir ?… Que ça marcherait jamais avec Peter et que je voudrais me réinstaller ici ?… Ben si, ça marche, si !… Désolée… Mais même si ça va n’empêche que je pourrais quand même bien venir de temps en temps malgré tout… Histoire de vous raconter… Et que vous me réchauffiez les pieds… Non ?… Je pourrais pas ?…
- Bien sûr que si !…
- Bon… Eh bien voilà !… Vous avez quelque chose de prévu là maintenant ?…
- Non… Pourquoi ?…
- Parce qu’on pourrait peut-être aller au restaurant tous les deux ?… Ca fait une éternité… Oui ?… D’accord ?… Super !… Vous êtes un amour… Juste le temps de prendre une douche, de me changer et on y va… J’ai eu le nez fin en plus… J’ai un sac avec des affaires dans le coffre de ma voiture… Ca vous ennuierait pas d’aller me le chercher ?…

- Merci… Posez-le là-bas… Pas trop près… Qu’il se mouille pas… Je vous ai piqué une serviette… Eh !… Mais où vous allez ?… Vous vous rappelez pas que j’ai horreur de ça d’être toute seule dans la salle de bains quand je prends ma douche ?… Eh ben alors !… Et venez là !… A côté… Qu’on puisse parler… On va être obligés de s’égosiller sinon… Si j’avais su… Parce que c’était pas prémédité… Ca m’a pris comme ça de venir vous voir… Mais si j’avais su je me le serais pas fait en bas… Comment vous appelez ça, vous, déjà ?…
- Le fendu…
- Ah oui, c’est vrai, c’est ça !… Le fendu… Oui… Si j’avais su je vous l’aurais laissé tout broussailleux… Que vous vous en occupiez… Vous pouvez pas savoir comment j’adorais ça quand vous vous penchiez dessus, tout délicat, tout attentif, avec un air, mais un air !… Et c’était fait nickel en plus !… Oh, mais je reviendrai… Et la prochaine fois je vous le garde… Promis juré…
Elle s’est copieusement savonnée… Une jambe… Jusqu’en haut… L’autre…
- Dites-moi un truc… Vous les avez revues les filles du hand ?… Mise à part Mélissa… Parce que Mélissa je sais bien que…
- Non…
- Non ?… Aucune ?… Pourtant Emilie elle m’avait dit qu’elle passerait…
- Quoi faire ?…
- Parler avec vous… Elles vous en ont drôlement voulu, vous savez, que vous les ayez espionnées sous la douche… Et si je n’avais pas été là pour arrondir les angles ça aurait pu prendre sacrément de l’ampleur cette histoire… Ca commence à leur passer, mais bon, moi, à votre place je me méfierais quand même… Parce qu’il y a des fois ça les rattrape et elles parlent encore de se venger… Et elles ont beaucoup mais vraiment beaucoup d’imagination quand elles veulent… Vous direz pas que je vous ai pas prévenu… Mais en même temps… je vous ai rien dit…

Elle a enjambé la margelle, s’est enveloppée dans la grande serviette de bain rouge…
- Vous voulez pas me frictionner ?… Oui… Mais plus fort !… Carrément !… Je suis pas en sucre… Là… Là… C’est bon cette fois… Merci…
Elle a laissé tomber la serviette, s’est penchée sur son sac, en a extirpé deux robes soigneusement pliées…
- Laquelle je mets ?… A votre avis ?…
Et une petite culotte noire dont je me suis aussitôt impérieusement emparé…
- Ah non !… Non !… Pas de culotte !… Non !… Confisquée !…
- Ah, je vous retrouve !… Enfin !… Eh ben c’est pas trop tôt !… Il vous en a fallu du temps, dites donc, pour vous redécoincer !…

samedi 6 février 2010

Escobarines et Colocataires

Bonjour à tous,

Je me plais tant en compagnie des Escobarines qu'elles vont très certainement durer beaucoup plus longtemps qu'initialement prévu...

Mais, d'un autre côté, j'ai vraiment très envie de retrouver mes Colocataires...

Comment concilier les deux?... Tout simplement en mettant alternativement en ligne, dès la semaine prochaine, et un épisode des Colocataires et une "Escobarine"...

Je profite de l'occasion pour vous rappeler que vous pouvez retrouver les dessins de Jean-Philippe ( Escobar ) ainsi que bien d'autres passionnants sujets à l'adresse suivante:

http://jpcworldcolorgalery.hautetfort.com/

Quant à ceux qui voudraient retrouver la première partie des Colocataires c'est ici:

http://fesseesetautresdelices.blogspot.com/ ( libellés: Colocataires 1 )



Bonne lecture à tous...

jeudi 4 février 2010

Escobarines: Confidentes





C’était en gym surtout qu’il fallait faire attention… Et encore plus avec le martinet… Parce que souvent ça avait cinglé aussi autour… Ca débordait de la culotte sur les côtés et en haut des cuisses… Alors la seule solution c’était de traîner… De rejoindre les autres la dernière sur le stade… Et d’attendre après, à la fin, que toutes les filles soient parties pour se rhabiller…

Sauf que ce jour-là la porte s’est rouverte… J’ai pas eu le temps… Trop tard… C’était Céline… Elle cherchait Amélie… Elle a vu…
- Hou là là !… Ben dis donc !…On t’a pas loupée… C’est qui qui te la flanque ?… Ton père ou ta mère ?… Tu veux pas le dire ?… Les deux ?… Oui… Sûrement c’est les deux… Et c’est quand qu’on te la donne ?… Quand tu fais quoi ?…
Je m’étais rhabillée… On est sorties… Elle a continué… Jusqu’au portail… Et après encore dans la rue…
- Hein ?… Celle-là par exemple c’était pour quoi ?…
- Oh pour rien…
- Ca peut pas être pour rien… Il y a forcément une raison… C’est quoi ?… Oh, et puis garde-le si tu veux pas le dire…
Et elle m’a plantée là, s’est retournée juste avant de disparaître au coin de la rue Victor Hugo…
- T’inquiète pas… Je dirai rien…

Le samedi suivant elle est passée à la maison sous prétexte de m’emprunter mon livre de Maths…
- Le mien, je sais pas ce que j’en ai foutu…
Elle s’est longuement attardée en bas à discuter avec eux… Et puis on est montées dans ma chambre…
- Ils sont drôlement bien, dis donc, tes parents… Comparés aux miens… Et on dirait jamais à les voir comme ça… Mais alors devant tes frères ils te le font?… Oui… Evidemment… Comment j’aurais honte, moi, à ta place !… Déjà qu’on me le fasse… Mais devant eux en plus !…

Elle en parlait tout le temps …
- C’est toi qui la baisses ta culotte ou c’est eux qui te l’enlèvent ?… Non… C’est toi… Je suis sûre que c’est toi… Ils te disent de le faire et tu obéis… C’est pas vrai peut-être ?…

Elle est restée avec moi après tout le monde… Amélie aussi… Longtemps… Avec des tas de sourires par en dessous toutes les deux…
- Pourquoi tu te rhabilles pas ?… T’en as encore pris une, c’est ça ?… Rhabille-toi !… Qu’est-ce que t’attends ?…
Il a bien fallu finir par le faire…
- Fais-voir en entier… Allez, fais voir, quoi !… Qu’est-ce ça peut foutre ?… On est entre filles… On le raconte à tout le monde sinon si tu veux pas…
- Hou la la !… Cette trempe !… Non, mais cette trempe !…

C’était sans arrêt… J’en avais pris une autre ?… Non ?…
- Menteuse !… Sûrement que si !…
Elles m’entraînaient jusqu’aux toilettes… Et il fallait que j’ouvre mon jean ou relève ma robe…
- Si tu veux pas que les autres sachent…
- C’était pourquoi celle-là ?… Qu’est-ce t’avais fait ?…
- Te fatigue pas !… Elle dira rien…
- Mais on saura… On finira par savoir…

Un dimanche elles sont passées me prendre avec Loïc qui tenait absolument à nous faire essayer sa belle voiture toute neuve… On a roulé longtemps… On a traversé des villages, avalé de grandes portions d’autoroute, débouché dans une ville inconnue, atterri dans un immense café enfumé rempli de gens qui parlaient fort…

- Bon, allez !… On y va ?…
- Pourquoi ?… Tu t’ennuies avec nous ?…
- Non, mais…
- Mais quoi ?… Ah oui !… T’as une heure pour rentrer… Et si tu te loupes tu vas y avoir droit… C’est ça, hein ?!… Oui, ben c’est pas bien grave… T’as l’habitude… T’en es plus à une près… Et elle a commandé une autre tournée…

Huit heures…
- Et si on allait manger quelque chose au Macdo ?…
Tout le monde s’est levé…
- De toute façon au point où on en est maintenant !… Un peu plus tôt un peu plus tard ça changera rien pour toi…
Après il y a encore eu un café… Et puis une des filles de l’autre voiture a voulu revoir l’immeuble où elle avait habité quand elle était petite…

Quand ils nous ont déposées toutes les trois devant le petit square il était une heure du matin…
- Hou la la !… Ca va te coûter cher, dis donc !… On va venir avec toi… Ce sera mieux…
- Non… non… c’est pas la peine…
- Mais si !…
Et elles se sont engouffrées dans l’escalier derrière moi…

Ils n’étaient pas couchés… Ils regardaient la télé…
- Alors, ma chérie ?… Ca a été ?… Tu as passé une bonne journée ?…
- Oh oui, oui… Pas mal…
- Il reste du rôti dans la cuisine… Si vous avez faim…
- Non, non, merci… On rentre, nous…
- A demain alors, les filles !…

Ils partaient à six heures le matin… Mes frères à sept… Et il y avait gym le lundi après-midi… J’ai sorti le martinet de sa cachette et je me suis agenouillée au pied du lit…

lundi 1 février 2010

Escobarines: La fessée de Rolande ( 1892 )





- Vous venez ?…
A l’écart, là-bas, sous la fûtaie…
- Ca approche… Dans quinze jours ce sera fait… Je serai Madame Dorlandier…
- Et ça ne t’effraie pas ?…
- Un peu, si !… Mais enfin Charles est d’une telle délicatesse à mon égard… Il se montre si empressé, si attentif au moindre de mes désirs que j’aurais mauvaise grâce à redouter sérieusement quoi que ce soit… Non… Si je devais nourrir une quelconque appréhension ce serait celle de le décevoir, moi, de ne pas être pour lui l’épouse attentionnée et dévouée qu’il est en droit d’espérer…
Un geai des bois s’est brusquement élancé d’un taillis dans un grand froissement d’ailes…
- Vous avez vu ?… A notre droite il est passé… D’après les Romains c’est un bon présage… Excellent même…
- Vous vous rappelez les cours de latin au couvent avec sœur Cunégonde ?… Ce qu’on pouvait se moquer d’elle quand on était sûres qu’elle ne nous voyait pas…
- Et sœur Pétronille au dortoir… Qui, à peine couchée, ronflait comme un sonneur…
- Ca nous arrangeait bien… On pouvait discuter tant qu’on voulait…
- Des nuits on y passait… A imaginer notre vie future… A nous demander comment seraient nos maris… A nous raconter encore et encore le jour de nos noces… J’étais supposée devoir convoler la dernière… Puisque j’étais la plus jeune… Vous me juriez que vous me diriez… Que vous me raconteriez… Vous ne pourrez pas : en fin de compte je suis la première… Faudrait pourtant bien que quelqu’un me dise… Parce que c’est vraiment la seule chose qui me fasse peur…
- Ta mère ?…
- Oui, oh, ma mère… Elle a pris son air pincé et elle m’a juste dit qu’on ne devait pas parler de ces choses-là… Jamais… Que c’était immoral… Et qu’il devait me suffire d’aimer très fort mon mari… Je l’aime… Evidemment que je l’aime, mais…
- Il y a ta sœur…
- Elle, elle a fini par consentir à me marmonner, du bout des lèvres, que c’était jamais une partie de plaisir, mais qu’il fallait en passer par là si on voulait donner des enfants à son mari… Ca doit faire épouvantablement mal… Je suis sûre que ça fait mal… C’est pour ça que personne veut en parler à l’avance… Un jour j’ai entendu une fille raconter à une autre que ça devenait très gros la chose des hommes… Enorme même des fois… Alors forcément…
- Mais non !… Ca fait pas si mal que ça !…
Hein ?!… Mais qu’est-ce que j’en savais, moi ?…
- Tu peux pas savoir… T’es pas mariée…
J’étais pas mariée, non, mais…
- Eh ben alors !…
Eh ben alors je savais quand même que ça faisait pas forcément si mal que ça… Et que même quelquefois ça pouvait faire du bien…
- Du bien ?… Comment ça du bien ?…
- Du bien… C’est difficile à expliquer… Ca dépend comment il s’y prend l’homme… S’il se dépêche ou pas…
- Moi, j’aimerais mieux qu’il se dépêche… Plus vite il en aura fini… Parce que rien que l’idée de ce que c’est comment ça me dégoûte !…
- Tout le monde ça dégoûte… Il y a personne qui peut trouver ça agréable… Personne…
- Mais si !… S’il caresse avec sa main… Avec ses doigts… A des endroits…
- Non, mais ça va pas ?!… Moi, je veux surtout pas qu’il me touche là !… En plus !… Dejà que de le laisser me mettre sa chose…
- C’est pas vrai n’importe comment ce qu’elle raconte… Elle invente…
- Bon, mais nous on retourne là-bas… Tu viens pas ?…
- Non… Tout à l’heure je viendrai…

J’ai attendu qu’elles aient disparu. Elle était là, serrée bien au chaud contre mon sein. Sa lettre. Lue et relue. Sue par cœur. Je l’ai couverte de baisers. Rodolphe. Ce soir il serait là. Quand tout le monde serait couché je le rejoindrais, en secret, au fond de l’orangerie. Il y aurait ses yeux. Il y aurait ses baisers. Il y aurait tout lui. Nos étreintes. Nos sanglots de bonheur…

- Tu as menti… Elles l’ont toutes dit… Maman… Tante Alice… Tante Berthe… Toutes… Et que tu parlais sans savoir… Comme d’habitude…
- Quant à grand mère elle est furieuse contre toi… Elle a répété au moins vingt fois que si on l’avait écoutée on n’en serait pas là… Qu’on t’a laissé passer beaucoup trop de choses… Et qu’il serait temps d’y mettre bon ordre si on veut éviter que tu tournes mal… Très très mal…
- On peut rien vous dire à vous… Faut toujours que vous alliez tout répéter…
- Mais si on peut nous dire, si !… A condition de pas inventer n’importe quoi…
- En attendant elles veulent que tu viennes !… Et tout de suite…

- Vous pouvez m’expliquer ce qui vous est passé par la tête, Rolande ?… Aller imaginer de telles sottises !… Eh bien répondez !…
- Je ne sais pas, mère…
- Vous ne savez pas… Eh bien moi, je sais… Ce sont ces livres dans lesquels vous passez le plus clair de votre temps qui vous montent à la tête… Mais nous allons y mettre bon ordre, croyez-moi !… Et pour commencer interdiction absolue de vous rendre seule dorénavant dans la bibliothèque de votre malheureux père…
- Oh non !… S’il vous plaît, mère, non !…
- C’est une décision que votre précepteur, s’il m’avait écoutée, aurait dû prendre depuis longtemps… Une femme ne lit pas… Une femme n’a pas à lire… Il doit lui suffire de savoir tenir sa maison en ordre et assurer à son mari l’existence la plus harmonieuse et la plus paisible possible… Non ?… Vous n’êtes pas de cet avis ?…
- Si !… Bien sûr que si, mais…
- Mais ?… Mais quoi ?… Il n’y a pas de mais qui tienne… Vous filez un mauvais coton, Rolande, un très mauvais coton… Et il est plus que temps de vous ramener à de meilleures dispositions… Alors vous allez commencer par vous excuser auprès de Jeanne et de Léonie de leur avoir tenu des propos aussi inacceptables qu’éloignés de la vérité… Allez !…
- Pardon, Jeanne !… Pardon, Léonie !…
- Bien… Votre confesseur, quand vous lui aurez avoué votre faute, ne manquera pas de vous imposer la pénitence appropriée… Quant à moi, je manquerais à tous mes devoirs si je ne vous sanctionnais pas, de mon côté, comme vous le méritez… Vous savez comment, n’est-ce pas ?…
- Oui, mère…
- Eh bien alors approchez !…
- Oh, mère !…
- Oui ?…
- Non, rien, mère… Rien…
- A la bonne heure… Vous devenez raisonnable… On va vous le faire devenir davantage encore… Allons, troussez-vous !… Très bien… Approchez !… On va vous installer… Mais vous savez… Vous n’êtes pas une débutante… Là… Vous êtes prête ?…