jeudi 31 octobre 2019

Fessées punitives (27)


J’ai longuement hésité. Et puis j’ai fini par appeler Émilie.
– Faut que je te demande un truc…
– Je t’écoute.
– C’est rapport à Étienne. Parce que l’autre jour, pendant la fessée de Bérengère…
– Tu l’as pas quitté des yeux. Je sais, oui. J’ai vu. Ce qui peut se comprendre. Parce que c’est Étienne qui sera amené à te fesser si jamais tu récidives. Alors que tu sois tout particulièrement attentive à lui, à ses réactions, dans ce genre de situation, ça me paraît complètement normal. Tu crois que je l’ai pas eu dans le collimateur, moi, Clément, pendant ce temps-là ? Puisque c’est à lui que j’aurai affaire si je dysfonctionne encore. Même si je me suis certainement montrée beaucoup moins insistante que toi. Et s’il ne s’est rendu compte de rien, tout occupé qu’il était à regarder sa dulcinée gigoter sous les claquées de Valentin.
– Il t’a rien dit, Étienne ?
– À propos ? De ton attitude ? Rien. Pas un mot. Mais peut-être que ça ressortira un jour ou l’autre. Avec lui on peut pas savoir. On peut jamais savoir. Non, la seule dont il ait été question, c’est Bérengère. Mais c’est elle qui était sous le feu des projecteurs après tout.
– Tu crois, toi aussi ?
– Que ?
– Océane, elle pense que ça lui était pas si désagréable que ça, tout compte fait, de la recevoir, la fessée. Et qu’on la voie la recevoir.
Elle a marqué un long temps d’arrêt.
– Tu sais, après, juste après, quand ça a été terminé, qu’on est tous restés à discuter dehors…
– Oui. Eh bien ?
– J’ai voulu aller aux toilettes. C’était occupé. Par Bérengère justement. Et, de là-dedans, me sont parvenus des gémissements étouffés qui ne laissaient planer aucun doute sur la nature de l’activité à laquelle elle était en train de se livrer.
– Ah, ben d’accord !
– Comme tu dis…
– Elle s’est rendu compte ? Que t’étais là ? Elle s’en est aperçue ?
– Pas sur le moment, non. Je me suis discrètement éclipsée. Et puis, après réflexion, j’ai décidé de lui en parler. Ce que j’ai pas regretté finalement, parce que ça nous a permis de nous dire plein de choses toutes les deux. Des choses que ça te soulage et te rassure de te dire que tu n’es pas toute seule à les éprouver. Parce que je sais pas toi, mais moi, c’est très compliqué ce que je ressens quand je la reçois, la fessée. Et très ambigu. D’un côté, je trouve ça incroyablement mortifiant d’être déculottée et corrigée comme une gamine. Mais c’est aussi ce qui fait que c’est efficace. C’est ce qui me dissuade, la plupart du temps, de me laisser aller. Qui me pousse à me mettre sérieusement au travail quand j’aurais plutôt envie d’aller m’affaler devant une bonne série. Mais, en même temps, d’un autre côté, quand ça m’arrive, je ne peux pas m’empêcher d’éprouver, en arrière-fond, une certaine forme de plaisir. Bien sûr, il y a le fait que c’est une région particulièrement érogène par là. Ça compte. Ça ne peut pas ne pas compter. Mais il y a pas que ça. C’est pas ça, l’essentiel. Non, c’est quelque chose de beaucoup plus cérébral. En rapport étroit avec l’humiliation. Tu es profondément honteuse de ce qui t’arrive, mais en même temps, cette honte, elle a quelque chose d’incroyablement fascinant. Et de très agréable. Plus elle est forte, plus tu te sens délicieusement troublée. Plus tu te sens troublée et plus tu as honte de l’être. En spirale. À l’infini. Et tu vois, le paradoxe, c’est que ce plaisir, parce que tu en as honte justement, il participe à la punition. Il te la fait appréhender un peu plus encore. Et il contribue à t’inciter, au bout du compte, à rester dans les clous.
Elle a poussé un profond soupir.
– On est compliqués, nous, les humains, hein, finalement !
Il y a eu un long silence. Un très long silence.
– Je t’ai choquée ?
– Oh, non, non, pas du tout…
– Mais ça te fait te poser tout un tas de questions.
– Un peu, oui.

lundi 28 octobre 2019

Les fantasmes de Lucie (74)




On était pelotonnées l’une contre l’autre.
Elle a murmuré.
– Hou… Comment t’as tapé ! Bien plus fort que les autres fois. C’est un vrai brasier, mon cul !
A souri.
– Mais j’aime bien. Beaucoup. Énormément. Et j’aime bien que tu me laisses la main sur les fesses comme ça, après. Ça me fait me sentir un peu plus à toi encore. J’adore !
Elle s’est redressée sur un coude.
– Je t’encombre pas trop au moins ?
– Bien sûr que non !
– Parce que tous les soirs je suis là, avec toi, maintenant. T’as peut-être pas forcément envie. Tu me le dirais, hein !
– Mais oui !
– Promis ?
– Juré ! Mais faut que je te dise quelque chose…
Elle m’a jeté un regard anxieux.
– Quoi ? C’est grave ?
– Mais non ! T’inquiète pas comme ça ! Non. C’est juste que je suis passée au magasin de sapes, avenue Berlioz, histoire de voir à quoi elles ressemblent ces deux femmes qui ont été à l’origine de ton fantasme.
– Oui. Et alors ?
– Alors on a un peu discuté toutes les trois. Et je leur ai parlé de toi. Elles se souvenaient très bien. Je leur ai dit du coup.
– Tu leur as dit quoi ?
– Que tu leur avais volé une bague.
– T’as pas fait ça !
– Ben si ! Pourquoi ?
– Mais c’est pas vrai !
– Dans ton fantasme, si ! Elles s’en doutaient n’importe comment. Je leur ai même précisé que je t’avais punie pour ça. Une vigoureuse fessée. Ce qui les a manifestement ravies.
– Oh, la honte ! Jamais j’oserai y remettre les pieds, moi, là-dedans, maintenant !
– Il faudra bien pourtant. Parce que je leur ai promis que tu viendrais leur montrer tes fesses. Qu’elles voient que t’as vraiment été punie. Que je leur ai pas raconté des salades. Oh, mais fais pas cette tête catastrophée ! Je leur ai pas dit. Je suis pas idiote.
– Hou ! Tu m’as fait peur !
– Mais j’y suis vraiment allée. Et on a parlé. Pas mal. Longtemps. Des vols entre autres. C’est une véritable plaie pour elles. Surtout les petits objets, comme les bagues justement. Il y a pas de système anti-vol pour ça et ça se dissimule facilement. Alors tu penses bien que j’ai voulu savoir du coup : elles faisaient quoi quand elles en prenaient une sur le fait ? Elles ont haussé les épaules. Qu’est-ce que je voulais qu’elles fassent ? Au début, elles portaient systématiquement plainte. Ce qui n’aboutissait pratiquement jamais. « Et les gendarmes ont fini par être excédés à la longue. Tout juste s’ils nous reprochaient pas de vendre des articles qui se volent facilement. Alors maintenant, nos chapardeuses, on se contente de les sermonner et de les foutre dehors. Avec interdiction de revenir. Mais bon, c’est pas vraiment une solution. » J’ai suggéré : « Et une bonne fessée ? » Ah, ça, elles devaient bien reconnaître qu’elles y avaient pensé et que ça les démangeait souvent. « Mais bon ! Malheureusement, c’est inenvisageable. Ça nous retomberait dessus. » Oui, oh ben moi, j’avais une sœur, c’était plus fort qu’elle. Fallait qu’elle pique. Elle pouvait pas s’empêcher. Je supportais pas. Et je laissais pas passer : elle avait beau avoir trente ans bien sonnés, chaque fois que je m’en rendais compte, je lui en collais une. Et elle avait pas intérêt à broncher, alors là !
– Je vois.
– Je t’ai bien débroussaillé le terrain, avoue ! Et si jamais maintenant tu veux le vivre pour de bon, ton fantasme…
Elle a soupiré.
– Bien sûr que ça me tente ! Bien sûr ! Mais, en même temps, ça me fout une de ces trouilles !
Elle a reposé sa tête sur mon épaule.
– Je verrai. Je te dirai.

jeudi 24 octobre 2019

Fessées punitives (26)


Ce qui n’a pas loupé.
Une heure après, elle était là, Bérengère.
– Je te dérange pas ?
– Non. Bien sûr que non. Tu veux un café ?
Elle a ignoré la question. Ou ne l’a pas entendue.
– Tu trouves, toi aussi ?
– Je trouve que quoi ?
– Que j’en ai énormément montré.
– On montre toutes dans ces cas-là. Le moyen de faire autrement ? Ça fait partie de la punition n’importe comment.
– Oui, mais moi, à ce qu’il paraît qu’il y en a qui pensent que je l’ai fait exprès de montrer. Et d’en montrer le plus possible.
– Ton Clément ? Il a pensé exactement la même chose de moi, rappelle-toi !
– Non, pas Clément. Enfin si, oui ! Je lui ai pas demandé, mais oui, lui, forcément. Il nous voit toutes comme ça n’importe comment. Non, mais les autres. Julien, par exemple. Il t’a dit quelque chose, Julien ?
– Que t’étais bien foutue. Ce qui, pour rien te cacher, l’a mis en appétit. Ben, oui ! On pourra jamais empêcher un mec d’être un mec. Ils allaient pas garder leurs yeux dans leurs poches non plus. Tous autant qu’ils sont. Et je suis bien tranquille que le Valentin d’Océane, lui aussi… D’autant qu’il était aux manettes…
– Je sais, oui. Il a pas arrêté de bander tout le temps qu’il me l’a donnée, la fessée. J’ai eu tout du long son truc tout dur contre ma cuisse.
– Ah, tu vois bien ! Et Clément, me dis pas que le soir quand vous êtes rentrés…
– Ben si, oui…
– Et même Étienne, je suis sûre. Il a beau jouer les imperturbables, faire celui qui prend tout ça de haut, tu penses bien qu’une fois réfugié dans sa chambre, il est pas resté les deux mains sagement posées sur les couvertures. Ben, oui, c’est comme ça ! Faut se faire une raison. Après, qu’ils aillent s’imaginer tout un tas de trucs, qu’on fait exprès d’en montrer tant et plus ou je sais pas trop quoi, il faut te dire et te répéter que… et d’un ils auront jamais de certitude absolue là-dessus. Et de deux, que c’est leur problème, pas le nôtre. Le nôtre, c’est de savoir si ces punitions qu’on reçoit sont efficaces ou pas, si elles nous empêchent de courir à la catastrophe ou pas. En ce qui me concerne, la réponse est claire et nette. C’est oui. S’il y avait pas ça, je jouerais jusqu’à notre dernier sou, je me connais. Et il y a belle lurette qu’on serait à la banque de France et dans les pires galères. Sans compter que Julien m’aurait très certainement larguée. Personne n’a envie de vivre dans la misère. Et je serais très probablement à la rue. Alors moi, je les bénis, ces fessées. Et je les veux. Parce qu’il y a qu’elles qui peuvent me recadrer et m’empêcher de rechuter. Quand mes petits démons se manifestent, qu’ils se mettent à insister à tout-va, il me suffit d’y penser, de me dire que, si je flanche, ça va me valoir une humiliante fessée déculottée devant vous et c’est radical : elle me passe aussitôt l’envie d’aller faire un tour au casino ou d’aller craquer des cents et des mille en ligne. Surtout maintenant qu’il a été décidé qu’au moindre faux pas de ma part, ce serait Étienne qui me le ferait. J’aurais bien trop honte avec lui. Rien que d’y penser… Je sais pas pourquoi, mais alors il m’impressionne d’une force, ce type !
– C’est sa façon de regarder peut-être. De te faire te sentir en faute même quand t’as rien fait. Moi aussi, il me met mal à l’aise. N’empêche qu’ils les ont pas choisis au hasard, les binômes, hein ! Ils savaient très bien ce qu’ils faisaient. Parce que moi, comment ça m’a vexée, que ce soit Valentin qui me la donne la fessée ! Depuis le temps qu’on est amies, Océane et moi, tu parles si je le connais, lui ! Et jamais, au grand jamais, je serais allée m’imaginer qu’un jour je me retrouverais les fesses à l’air en travers de ses genoux. Et que ce serait mérité. Non, parce que comment j’ai déconné ! C’est pas possible de déconner comme ça. J’ai honte, tu peux pas savoir ce que j’ai honte. Ah, il a eu de la constance, faut avouer, Clément !
Elle s’est levée.
– Va falloir que j’y aille ! Mais n’empêche…
Elle a repris son sac.
– N’empêche que depuis qu’il y a eu ça, hier, je me sens mille fois plus amoureuse de lui. C’est bizarre, non, tu trouves pas ?
– Oh, non ! Non, c’est pas bizarre, non. Pas du tout.

lundi 21 octobre 2019

Les fantasmes de Lucie (73)



Aquarelle de Gottfried Sieben

Cordelia n’en parlait plus. Plus vraiment.
Je l’interrogeais du coup.
– Alors, Émilie ? Ça donne quoi ?
Elle haussait les épaules.
– Rien. J’avais cru, mais non. Elle est pas vraiment réceptive à tout ça, en fait. Et toi, Bianca ?
– Non plus, non. Je laisse tomber.

C’était faux. Archi-faux. Mais j’avais pas du tout envie de la partager avec elle, Bianca. Ni avec qui que ce soit. Surtout que maintenant qu’elle avait ouvert la boîte à fantasmes… Elle saisissait la moindre occasion.
– Tu vois ces types, là, à droite ?
On était au restaurant.
– Hein ? Tu les vois ?
Des militaires en uniforme.
Ben oui, je les voyais, oui.
– Ça me rappelle quelque chose.
Son regard s’est perdu dans les lointains.
– Oui, ça me rappelle… Je venais d’avoir une déception amoureuse. Le méga truc. J’étais au quatrième dessous et j’avais voulu foutre le camp. Le plus loin possible. À l’étranger. J’avais trouvé, un peu par hasard, une place de serveuse dans une auberge et, sur le moment, je n’en demandais pas plus. Sauf qu’il y en avait une autre de serveuse qui m’avait tout de suite prise en grippe. Je lui faisais de l’ombre. Elle était vieille, j’étais jeune. Pas trop mal foutue. On me tournait autour. Elle supportait pas. Et un beau jour, pendant mon service, grand branle-bas de combat dans les étages. Ça criait. Ça courait dans tous les sens. Ça a fini par surgir dans la salle en bas. On s’est précipité sur moi. Deux soldats. Plus un espèce de notable qui servait plus ou moins de juge de paix. Et les patrons. On me crie dessus. On parle vite. Je ne maîtrise pas bien la langue, mais je finis tout de même par comprendre qu’on me reproche d’avoir volé la recette de la veille, qu’on a fouillé toutes les chambres et qu’on l’a retrouvée sous mon matelas. J’ai eu beau protester, me débattre comme un beau diable. Rien n’y a fait. À leurs yeux, j’étais incontestablement et définitivement coupable. Il y a bien eu un simulacre de procès, vite fait, dans la pièce voisine. On a prononcé une sentence dont je n’ai pas compris la moitié des mots et je me suis retrouvée à genoux, la tête plaquée contre un tabouret, les fesses à l’air… Et il y a un des deux soldats qui m’a flagellée. Ah, il y est allé de bon cœur, le bougre ! Ça faisait mal, mais comment ça faisait mal ! Ça mordait, ça brûlait, ça déchirait. Et moi, je criais, je chialais, je suppliais. Ce qui lui était complètement égal. Il continuait, imperturbable. Avec l’autre espèce de saloperie de vieille serveuse dans l’embrasure de la porte qui se régalait à me voir gigoter et me tortiller
– C’était elle qui…
– Évidemment que c’était elle. Qui voulais-tu que ce soit ? C’était elle qu’avait planqué le pognon sous mon matelas. À cinquante coups j’ai eu droit. Cinquante. Après quoi on m’a virée comme une malpropre. Et je peux t’assurer que je suis pas restée à traîner dans les parages.
– J’imagine… Mais tu sais quoi, Bianca ?
– Non.
– Je mouille. Et pas qu’un peu.
– Oh, voilà une nouvelle qu’elle est bonne ! Finis vite ton dessert qu’on aille en profiter.

jeudi 17 octobre 2019

Fessées punitives (25)


– Ben, dis donc !
Océane me considérait d’un œil amusé.
– Quoi ?
– Il te plaît bien, Étienne, non ?
– Ça va pas ? T’es pas bien ? Sûrement pas, non, alors là !
– Je sais pas, mais vu comment t’as pas arrêté de le boire des yeux tout au long de la fessée de Bérengère…
– N’importe quoi !
– Ah, si, si, je t’assure ! Et avec une insistance !
– C’est lui qui… Alors forcément, quand t’as quelqu’un qu’arrête pas de te fixer, tu te demandes ce qu’il te veut.
– Oui. Eh ben, je peux te dire que, vu de l’extérieur, c’est vraiment pas l’impression que ça donnait… Et Émilie a eu exactement la même.
– Émilie !
– Émilie, oui.
– Elle s’imagine pas que j’ai des vues sur lui au moins ?
– Je crois pas, non. Et puis, de toute façon, il y a rien entre eux. C’est juste qu’il la punit quand sa paresse reprend le dessus, quand elle laisse aller ses études à vau-l’eau. C’est tout. Après, peut-être qu’elle est quand même un peu amoureuse de lui en arrière-fond, ça, va savoir ! Mais en tout cas, la version officielle, c’est que non. Pas du tout.
– Et Bérengère ? Elle l’a cru aussi, elle, que je…
– Oh, ça, j’en sais rien du tout. Elle m’en a pas parlé. Mais Bérengère…
– Quoi donc, Bérengère ?
– Disons que je me pose des questions. Parce qu’elle a déboulé chez moi, ce matin, à la première heure. Elle voulait que je lui dise « Mais alors franchement, hein ! » si elle en avait vraiment montré tant que ça. « C’est ce qu’il prétend, Clément. Mais bon, il exagère toujours, Clément ! » Qu’est-ce tu voulais que je lui dise ? Sûr qu’à gigoter comme elle gigotait, à battre des jambes dans tous les sens comme elle le faisait, ça ouvrait tout un tas de perspectives intéressantes. On pouvait voir tout ce qu’on voulait en fait. Toi, tu t’en es peut-être pas rendu compte, parce que t’étais pas du bon côté et que, de toute façon, Étienne accaparait toute ton attention, mais je peux t’assurer que pour dévoiler, elle dévoilait, alors là ! Elle était horrifiée. « C’est vrai que j’en ai fait voir tant que ça ? Oh, là là, mon Dieu ! Mais qu’est-ce qu’ils ont dû penser, les autres ? Que je le faisais exprès si ça tombe. » Ben, justement, moi, je crois que oui. Peut-être pas qu’elle l’a fait consciemment exprès sur le moment, non, – quoique, au fond, j’en sais rien du tout – mais en tout cas qu’a posteriori ça lui a pas déplu tant que ça de l’avoir fait.
– Oh, tu crois ?
– Je me demande. D’autant que tu l’aurais vue pendant qu’on en parlait ce matin. Ils brillaient d’une force, ses yeux ! Et puis toutes ces questions qu’elle me posait sans relâche. Il avait dit quoi, Valentin ? Il avait pensé quoi ? Oui, ben il avait autre chose à faire qu’à penser, Valentin. Il profitait de l’aubaine. Comme l’aurait fait n’importe quel type à sa place. Un petit cul qui se tortillait sous ses claques, qui s’entrouvrait généreusement sous ses yeux, il allait sûrement pas bouder son plaisir.
– Tu lui as dit ?
– Évidemment que je lui ai dit. C’est ce qu’elle crevait d’envie d’entendre. Même si elle ne l’aurait admis pour rien au monde.
– Et elle l’a pris comment ?
– Dans le registre… « Oh là là ! C’est pas vrai que j’ai fait ça ! Je me suis pas rendu compte. Non, mais comment j’ai honte. » Et patati et patata. Mais alors les autres ? Julien ? Étienne ? Ils avaient réagi comment ? Qu’est-ce qu’elle voulait que j’en sache ? Le mieux, c’était encore qu’elle aille vous le demander. Et donc… Donc tu peux t’attendre à la voir débarquer chez toi d’un instant à l’autre.

lundi 14 octobre 2019

Les fantasmes de Lucie (72)



Dessin d’Escobar

Elle s’est pelotonnée contre moi.
– Merci. Merci de m’avoir punie. Et puis du reste. De me l’avoir fait. De m’avoir…
– Baisée ?
Elle s’est pressée plus fort encore.
– Oui.
– Bon… Et maintenant si tu me racontais ?
– Si je te racontais quoi ?
– Quand tu imagines que t’en reçois des fessées, c’est comment ?
– Humiliant. Toujours très humiliant.
– Tu aimes ça que ce le soit, hein !
– Plus ça l’est et plus j’aime.
– Qui c’est qui te punit ?
– Oh, plein de monde. Ça dépend. J’en ai tout un tas des situations dans ma tête. Je puise dedans. En fonction du moment. De ce qui s’est passé dans ma journée. De comment je suis lunée.
– La dernière fois, la toute dernière fois, c’était quand ?
– Hier.
– Tu racontes ?
– Tu connais le magasin de sapes, avenue Berlioz ?
– Qui ne le connaît pas ?
– Dans l’après-midi, j’y suis passée. J’ai fureté. J’ai fouiné. J’ai pris tout mon temps. Tellement de temps qu’elles ont fini par me jeter des regards soupçonneux, la patronne et sa vendeuse. Toutes les deux. Comment ça m’a mise mal à l’aise ! Je me sentais coupable, mais coupable ! Comme si j’avais vraiment quelque chose à me reprocher. T’es idiote, mais t’es vraiment idiote ! N’empêche qu’il se lisait sur ma figure, mon mal-être. Et dans toute mon attitude. J’avais beau essayer de me contrôler, il y avait rien à faire. Tant et si bien que les deux autres, je le voyais bien, elles étaient de plus en plus soupçonneuses. Je me suis enfuie, rouge de confusion. Et, une fois à la maison, j’ai imaginé. J’avais vraiment volé quelque chose. Une jolie bague. Sur le petit présentoir qu’elles ont près de la caisse. Elles m’ont arrêtée. Juste au moment où j’allais sortir. « Pas si vite ! Qu’est-ce tu caches, là ? » « Rien. Rien du tout, je vous assure ! » « On va voir ça ! » Elles se sont emparées de mon sac, y ont presque aussitôt découvert mon larcin. La vendeuse a triomphé. « Je vous l’avais dit ! Elle a la tête à ça. Et il y a autre chose, si ça tombe. Oui, il y a sûrement autre chose. » « On va vérifier, c’est facile. » Et elles m’ont fouillée. Leurs mains dans mes vêtements, malgré mes protestations. Sous mes vêtements. Sur moi. Elles n’ont rien trouvé. « Vous filez ! Je veux plus vous revoir ici. » La vendeuse s’est scandalisée. « Non, mais vous n’allez tout de même pas la laisser partir comme ça ! Faut la punir ! Une bonne fessée. Que ça lui serve de leçon » J’ai protesté. « Ah, non, hein ! Non ! Pas une fessée ! » Mais elles n’ont rien voulu savoir. « C’est ça ou les gendarmes. » Elles m’ont forcée à m’agenouiller sur une chaise, elles m’ont relevée ma robe, baissé ma culotte. La patronne m’a tenu par les poignets pour m’empêcher de la rabattre ou de mettre les mains et la vendeuse m’a fouettée. J’ai crié, je me suis tortillée. Que ça faisait mal ! Mon Dieu, que ça faisait mal ! Il y a des gens qui sont entrés. Des clients. Une femme. Et puis un couple. Qui se sont approchés. Qui ont regardé. Qui ont ri. Et fait tout un tas de réflexions. L’homme surtout. Comment j’avais honte !
– Et comment t’aimais ça, avoir honte ! Parce que rien que d’en parler, de raconter, t’es toute trempée…
Elle a souri, m’a glissé une main entre les cuisses.
– Toi aussi !

jeudi 10 octobre 2019

Fessées punitives (24)


On était tous là. Assis dehors Sous la tonnelle. Il y avait Océane et Valentin. Émilie et Étienne. Julien et moi. Et puis Clément. Mais pas Bérengère.
– Ben non, elle se prépare. Et elle nous prépare l’apéro.
Il nous a fixées à tour de rôle, Clément. Nous, les femmes. Toutes les trois. Que nous.
– Et, bien sûr, vous, vous étiez au courant. Depuis le début. Et personne n’a jugé bon de me prévenir. J’étais cocu jusqu’aux blanc des yeux et c’était la conspiration du silence. Solidarité féminine, j’imagine. En tout cas…
Il s’est tourné vers Émilie.
– En tout cas, toi, t’as tout intérêt à filer droit. Et à te tenir à carreau. Parce que si jamais je suis amené, comme c’est convenu, à te flanquer une fessée, je peux te dire que tu vas la sentir passer. Tu paieras pour tout le monde.
Océane a voulu prendre notre défense.
– On n’est pas des balances.
– Je l’attendais, celle-là !
Il l’a contrefaite.
– On n’est pas des balances… Va voir ce qu’elle fabrique, tiens, plutôt ! Puisque vous êtes si bonnes copines.

Elles sont revenues toutes les deux, portant chacune un plateau. Bérengère était nue. Entièrement nue. Elle a posé le sien sur la table, sans oser regarder personne.
– Tu nous fais le service, ma chérie ?
Elle a demandé à chacun, tour à tour, ce qu’il souhaitait boire, a rempli les verres, les a portés à domicile.
– Bon, ben à la vôtre ! Santé !
Tout le monde a trinqué.
Clément l’a appelée.
– Viens voir là !
Il l’a fait asseoir sur ses genoux. Ils se sont chuchoté quelque chose à l’oreille. Un bon moment. Et puis il l’a fait relever.
– Allez, va vite !
Elle a trottiné jusqu’à Valentin. Devant qui elle s’est plantée.
– Je suis prête.
– À quoi ?
– À recevoir la fessée que j’ai méritée.
Et elle s’est d’elle-même courbée, allongée en travers des genoux de Valentin. Qui a pris possession de ses fesses. Qui y a négligemment posé une main.
Océane s’est penchée à mon oreille.
– Tu paries qu’il bande ?
– Il se rince copieusement l’œil, ce qu’il y a de sûr.
Il a lancé une première claque. Pas très fort. A fait longuement attendre la suivante. Une deuxième. Une troisième. Et puis ça a pris sa vitesse de croisière. Fermement appliqué. Régulier. Sonore. Une fesse après l’autre.
Elle, elle restait les yeux obstinément fixés au sol et ponctuait chaque coup d’un petit grognement de fond de gorge.
Bras croisés, profondément attentif, Clément regardait, impassible, le derrière de sa compagne s’empourprer.
Julien, lui, avait ce petit tressautement involontaire de la cuisse que je connaissais si bien et qui s’emparait de lui chaque fois que quelque chose le troublait.
Quant à Étienne, il cherchait ostensiblement mon regard que je ne parvenais pas toujours, malgré tous mes efforts, à lui dérober. Et ce que j’y lisais alors, c’était une menace sans la moindre équivoque : « Toi, ma petite, quand tu vas me tomber entre les griffes, et tu vas forcément y tomber un jour ou l’autre, je peux te dire que je vais tout particulièrement te soigner. » Et je rougissais comme une imbécile. Je m’agitais sur ma chaise. Je m’efforçais désespérément de lui échapper. Sans succès. Et je me maudissais.

lundi 7 octobre 2019

Les fantasmes de Lucie (71)



Dessin de Otto Schott

Elle est restée allongée à plat ventre sur le lit.
– Ça me brûle ! Non, mais comment ça me brûle !
– Oui, ben c’était le but recherché, non ?
– Je sais bien, oui ! Mais quand même ! Qu’est-ce que ça me brûle !
– Tu regrettes ?
– Oh, non ! Non !
Le cri du cœur.
J’ai ri et je lui ai lancé, à plein derrière, une petite claque qui l’a fait sursauter.
– Aïe !
– Tu as aimé alors ?
– J’ai adoré.
Avec un sourire extatique.
– Plus que quand c’est des types qui te le font ?
– Non. Enfin si ! Oui. C’est-à-dire…
– C’est-à-dire que quoi ?
– Je t’ai menti.
– Voyez-vous ça, la vilaine !
– En fait, j’en ai jamais reçu de fessée. Par personne. C’est la première fois. Mais c’est souvent que j’ai imaginé que j’en recevais.
– De ma main à moi ?
– De la main de plein de monde.
– Tu réponds pas à ma question. De ma main à moi ?
– Toi… C’était plutôt… Tu vas pas te fâcher ?
– Dis toujours ! Je verrai.
– D’autres choses que tu me faisais.
– Voyez-vous ça ! Et quelles choses ?
– Tu te doutes bien…
– Peut-être. Et puis peut-être pas. Alors quelles choses ?
– Tu me… Tu me caressais.
J’ai glissé une main entre ses cuisses.
– Comme ça ?
Elle s’est soulevée. A langoureusement soupiré.
– Hein ? Comme ça ?
– Comme ça, oui.
Je me suis aventurée plus loin. J’ai fait jouer mes doigts à l’entrée de son petit réduit d’amour et j’ai constaté.
– Tu es trempée.
Encore plus loin.
Elle a gémi.
Je me suis retirée.
– Oh, non ! Continue ! S’il te plaît, continue !
– Non ! Tu m’as menti.
– Mais c’était parce que…
– Peu importe la raison. Tu m’as menti.
– Je te demande pardon.
– C’est un peu facile, non, tu crois pas ?
– Punis-moi alors ! Punis-moi pour ça. Punis-moi pour t’avoir menti.
– Par-dessus la première ça va faire très mal.
– Ça m’est égal.
– Tu l’auras voulu.
– Oui.

jeudi 3 octobre 2019

Fessées punitives (23)


Émilie voulait nous voir, Océane et moi.
– Non, parce qu’ils se sont encore réunis à la maison, là, tous les quatre, hier soir. Et il est sérieusement question qu’ils exigent qu’avant de recevoir sa fessée, Bérengère serve d’abord l’apéro à poil.
Océane a écarquillé les yeux.
– Ah, oui ! Carrément !
J’ai haussé les épaules.
– Ce serait encore une idée d’Étienne, ça, que ça m’étonnerait même pas.
Émilie m’a aussitôt reprise.
– Ah, non, non ! Il y est pour rien sur ce coup-là. C’est son Clément en personne qu’a suggéré ça.
– Eh ben dis donc ! Et elle qui était persuadée que jamais il n’accepterait que d’autres types la voient à poil !
– Oui, mais ça, comme on disait l’autre jour, on les connaît jamais vraiment, les mecs.
Ce qu’elle pensait Océane, elle, c’était que de nous avoir vues la recevoir toutes les trois, la fessée, ça lui avait sûrement fait considérer les choses d’un autre œil.
– Et peut-être même que ça lui a donné envie de rajouter un petit plus.
Oui, enfin, la question maintenant, c’était surtout de savoir comment Bérengère allait réagir…
– Faudrait la prévenir ! Et sans tarder. Qu’elle soit pas prise de court.
Elle ne pouvait pas, Océane.
– C’est le coup de feu au magasin en ce moment. Et j’ai déjà pas mal manqué la semaine dernière. Alors !
Émilie non plus.
– Les cours en ce moment, c’est vraiment pas de la tarte. Et si je perds pied…
Il ne me restait plus qu’à me dévouer.
– Mais tu nous raconteras, hein !

Elle m’a accueillie avec un grand sourire.
– Lucile ! Oh, ça me fait plaisir de te voir ! Quel bon vent t’amène ?
Bon vent. Ce n’était pas vraiment le mot.
– Écoute, Bérengère, faut que je te dis un truc. Pour la fessée que Valentin doit te donner, là…
Elle m’a coupé la parole.
– Je sais, oui. Clément m’a dit.
Il lui avait dit quoi ? Que…
– Oui, ça ! Oh, il m’en veut, Clément. Énormément. Faut dire aussi que je le comprends dans un sens. Parce que vu comment je l’ai fait cocu ! J’étais complètement dans ma bulle. Il y avait plus que ça qui comptait : m’envoyer en l’air. Encore et encore. Et je l’ai fait passer pour un con. Je m’en rends bien compte maintenant. Je l’ai humilié. Alors qu’il veuille me rendre la pareille, je peux pas lui en vouloir. Peut-être, sûrement même, que c’est le seul moyen qu’il ait pour arriver à passer l’éponge et à me pardonner. Alors si c’est le prix à payer… Parce que je ne veux qu’une chose, moi maintenant, je n’aspire qu’à une chose, c’est que tout soit oublié, c’est que tout soit à nouveau comme avant entre nous. Comme s’il n’y avait jamais rien eu.
Elle a soupiré.
– Tu comprends ? Je sais pas. C’est pas facile à expliquer. En tout cas, ce qu’il y a de sûr, c’est que ça va pas être une partie de plaisir pour moi. Je vais sacrément morfler. Rien que d’y penser…

Océane, à qui je suis allée, en sortant, rendre aussitôt compte de notre conversation, a haussé les épaules.
– Oui, oh, alors ça, que ce ne soit pas une partie de plaisir pour elle, moi, je n’en suis pas si sûre. Enfin si ! Si ! Évidemment ! Et on aurait l’air d’en douter qu’on la mettrait en fureur. Mais moi, je suis bien persuadée que ce n’est pas si simple et que, même si elle ne l’avouerait et ne se l’avouerait pour rien au monde, tout au fond d’elle-même être humiliée ne lui déplaît pas tant que ça.