jeudi 29 novembre 2018

Les fessées de Blanche (4)


– Vous avez mauvaise mine, Mademoiselle Blanche, ce matin. Très mauvaise mine.
Et pour cause ! Elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. À tout tourner et retourner dans sa tête. Et à pleurer.
– J’ai mes soucis, Sylvain.
– Si c’est ce monsieur…
Elle ne répond pas. Elle fixe quelque chose au loin. Très loin.
Il insiste.
– Je n’ai pas de conseils à donner à Madame, mais elle ne doit plus aller le voir en ville. C’est beaucoup trop dangereux.
Elle explose. Pas en ville ? Et il veut qu’elle le voie où alors ? Où ?
– Ici !
– Ici ? Vous êtes complètement fou, Sylvain.
– Ici, oui ! Donnez-vous donc la peine de réfléchir… Monsieur Pierre n’y met pratiquement jamais les pieds. Pas plus que qui ce soit d’autre, d’ailleurs. Et, de toute façon, je veillerai au grain. On connaît votre amour pour les chevaux. Personne ne s’étonnera donc que ayez envie d’être avec eux. Quant à ce monsieur, il lui suffira de passer par le bois, derrière. Personne n’y verra que du feu. Et, au pire, on prétendra que c’est à moi qu’il est venu rendre visite.
C’est séduisant. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est séduisant. La seule chose…
– Mon fils est parti. Sa chambre est donc libre. Et d’une propreté impeccable.
– Je n’en doute pas, Sylvain… Je n’en doute pas, mais…
– Mais ?
Elle ne sait pas. Ça lui paraît trop simple. Trop facile. Et puis elle redoute confusément quelque chose. Sans vraiment savoir quoi.
Il se pique.
– Si vous avez une meilleure solution…
Elle n’a pas. Si elle avait…
Et elle se décide d’un coup.
– Je vais lui écrire un mot. Vous allez le lui porter, Sylvain. Lui dire que je l’attends cet après-midi ici. Et lui expliquer comment y venir.

Il ne sait pas où donner de la tête.
– Oh, mais c’est magnifique ! C’est à toi tout ça ? Combien il y en a des chevaux ? Quatre ? Tu les montes tous ? Et c’est quoi, là ?
– La grange.
– Je peux voir ?
Il n’attend pas la réponse. Il pousse la porte.
– Tout ce foin ! Ça sent bon en plus ! Tu sens comme ça sent bon ?
Il en ramasse une brassée qu’il lui jette au visage, par jeu. Une autre qu’il s’efforce d’enfouir dans son corsage.
– Arrête ! Ça pique !
– Mais non, ça pique pas !
Il la fait chavirer. Tombe sur elle.
– Gontran…
– Comment tu vas y attraper !
Il la dépouille de ses vêtements. Avec impatience. Avec frénésie. De tous ses vêtements. Qu’il rejette au loin. Le foin sous son dos. Sous ses fesses. Doux. Piquant. Et ses mains sur elle. Sa bouche. Sur ses seins. Sur son ventre. Partout. Si ardent. Si amoureux.
Elle referme ses bras autour de lui.
– Viens, Gontran ! Viens !
Il vient. Il l’emplit toute. Et son plaisir déferle.

lundi 26 novembre 2018

Cheval d'arçon


Dessin de Louis Malteste

J’attends. Vingt-quatre heures. Ou quarante-huit. Ou trois jours. Ou trois mois. Ou six. Un temps infini, de toute façon. J’attends. Et il appelle. Il finit toujours par appeler. J’accours. Aussitôt. Il n’est pas là. Il n’est jamais là. Mais je sais très exactement ce que je dois faire. Immuablement. J’escalade le cheval d’arçon. Je m’y installe, mes fesses dénudées pointant en l’air. Offerte. Obscène. Et j’attends. J’attends encore. Le temps qu’il veut. Le temps qu’il a décidé. Très long. Ou très court au contraire. C’est selon.

Quand il arrive, il ne s’occupe pas de moi. Il va, il vient. Il s’affaire. Il m’ignore. Je n’ai pas le droit de tourner la tête. De regarder derrière moi. Interdiction absolue. Ça dure une éternité. Il s’approche enfin. Il s’éloigne. Il y a, près de la porte, des bruits de pas qui ne sont pas les siens. Des toux discrètes. Masculines. Féminines. Il revient. Il repart. Il recommence. Encore et encore. Je me crispe. Je me détends. Je me recrispe. Et ça tombe. Ça finit toujours par tomber. Une cinglée sèche. Qui mord. Qui m’arrache un cri. Derrière, il y a des chuchotements. Un rire. Encore une toux. Cinq ou six coups lâchés à toute volée. Qui font mal. Je crie. Je crie sans la moindre retenue. Il retourne là-bas avec eux. Il mêle sa voix aux leurs. Et il revient vers moi. À moi.
– Compte ! Compte les coups ! Je veux que tu les comptes.
– Un ! Aïe ! Deux ! Hou là là! Trois ! Hou là là là là ! Quatre !
Il s’arrête. Me passe les mains entre les cuisses. Fouille. Il est en terrain conquis. Il constate tranquillement.
– Tu mouilles !
Et à l’adresse des autres, là-bas, derrière.
– Elle mouille ! Il y en a plus pour longtemps.
Il m’achève. À coups très lents. Réguliers. Fermement appliqués. Je hurle. De douleur. De plaisir. Que c’est bon ! Comment c’est bon ! Je jouis. Ça m’emporte. Ça me transporte. Ça me fulgure. J’ai joui.
Je retombe, épuisée.

– Au coin ! Mains sur la tête !
J’obéis. Sans me retourner. Je n’en ai pas le droit. Il y a encore des voix. Des rires. Des chuchotements. La porte s’ouvre. Se referme. Le silence.
J’en crève d’envie. Je ne peux pas m’empêcher. Je me lance.
– C’était qui ?
Il s’approche. Me donne une petite tape sur la nuque.
– C’est pas beau de faire sa curieuse.
Une autre sur les fesses.
– Tu veux vraiment savoir ?
Je veux vraiment savoir, oui.
– Ce sont des gens.
– Que je connais ?
– Peut-être. Et peut-être même très bien. Des collègues de travail. Des commerçants. Des voisins.
Mon cœur s’affole. Me cogne dans les tempes.
– Peut-être. Et puis peut-être pas. Peut-être que tu ne les connais pas du tout. Qu’ils font des centaines de kilomètres pour le plaisir de voir ton petit derrière s’illuminer sous les coups et de t’entendre clamer ta jouissance.
Je me rassure un peu.
– Ou bien peut-être que c’est pas ça du tout non plus. Qu’il n’y a absolument personne. Que c’est juste une mise une scène. Enregistrée pour les besoins de la cause.
Il m’attrape par le bras, me fait me retourner.
– Alors ? À ton avis, quelle option est la bonne ?
Je… Je ne sais pas. Comment il veut que je sache ?
– Rhabille-toi ! Tu réfléchiras. Et, la prochaine fois, tu me feras part de tes conclusions.
La prochaine fois…
– Ce sera quand ?
– Tu verras bien.

samedi 24 novembre 2018

Les fantasmes de Lucie (27)


Les Arthaud, mes voisins de derrière, sont venus me trouver. Tous les deux. Ils avaient un service à me demander.
– Oui. Parce qu’on part. Quelques jours. Cinq ou six.
Alors si, pendant ce temps-là, j’avais pu venir nourrir leurs deux perruches et arroser leurs plantes vertes, ça les aurait bien arrangés.
– Et puis aussi, si c’est pas abuser, vérifier le Ph de la piscine et y mettre des produits si nécessaire.
J’ai tout de suite donné mon accord.
– Si on s’entraide pas entre voisins…
– Merci. C’est très gentil à vous. Et vous pourrez, bien entendu, en notre absence, profiter de la piscine. Tant qu’il vous plaira.

Je ne me le suis pas fait dire deux fois et, dès le lendemain soir, au sortir du boulot, j’étais à l’eau. D’autant que pour une piscine, c’est une piscine ! Qui a dû leur coûter les yeux de la tête, mais ça, c’est pas mon problème… J’y ai nagé, je m’y suis prélassée, j’y ai même somnolé, plus d’une heure durant, en jetant, de temps à autre, un coup d’œil discret sur la fenêtre de la chambre du neveu de mon voisin de gauche qui donne en plein dessus. Est-ce qu’il se trouvait là-haut, lui ? Et, si c’était le cas, est-ce qu’il avait remarqué ma présence ? Est-ce qu’il se repaissait de moi à la dérobée, le souffle court et la queue dressée ? J’avais envie de croire que oui et je me suis sentie autorisée à lui consentir quelques menus cadeaux : je suis sortie de l’eau et j’ai lentement déambulé sur la margelle. Dans un sens. Dans l’autre. J’ai passé les pouces au large sous l’élastique de mon maillot et je l’ai fait claquer contre ma peau. Je me suis allongée au soleil. J’y suis restée un long moment alanguie sur le dos. Dans le mouvement que j’ai amorcé, un peu plus tard, pour me tourner sur le ventre, mon maillot s’est déplacé, m’est rentré, d’un côté, dans la raie des fesses. Je ne l’ai pas remis en place. Après tout, j’étais censée être seule.

Il faisait exceptionnellement doux et, du coup, j’y suis revenue une fois la nuit tombée. Il y avait de la lumière dans sa chambre. J’ai retiré mon maillot, plongé, discrètement toussé. Il a presque aussitôt éteint. Dans la pénombre, il devait me deviner beaucoup plus qu’il ne devait réellement me voir. Sauf quand, de temps à autre, une voiture passait dans la rue, derrière, projetant une rapide clarté sur la piscine où je m’ébattais voluptueusement. J’ai longuement nagé. Et l’envie est venue. Elle ne pouvait pas ne pas finir par venir. À cause du bonheur de l’eau sur mon corps nu. De la douceur du soir. De son regard à lui sur moi, là-haut. Je me suis approchée de la buse. J’en ai testé la puissance, du dos de la main. Du ventre. De la cuisse. Je m’en suis éloignée. J’y suis revenue. J’ai laissé le jet me cibler. S’emparer énergiquement de mon bouton. Le pétrir. Le malaxer. L’inonder. C’était bon. C’était trop bon. Il y a eu comme un éclair là-haut. Un reflet argenté. Des jumelles ! Braquées sur moi. Il me matait avec des jumelles, ce petit vicieux ! J’ai renversé la tête en arrière, j’ai fermé les yeux et j’ai joui. J’ai joui comme une perdue.
Le temps de reprendre mes esprits et je suis remontée. J’ai pris pied sur la margelle. Je me suis lentement, très lentement, dirigée vers mon maillot, à l’opposé, là-bas. Une voiture est passée, pleins phares, de l’autre côté du mur, me propulsant, un court instant, en pleine lumière. Je me suis rhabillée et j’ai quitté les lieux. À regret.

Dans mon lit, je me tourne et me retourne sans parvenir à trouver le sommeil. Quel con ! Non, mais quel con, l’autre ! Il pouvait pas descendre ? Sous un prétexte quelconque. Qu’il avait entendu du bruit. Qu’il s’était dit que c’était sûrement des cambrioleurs. Je sais pas, moi ! N’importe quoi, mais descendre… Oh, mais il s’en tire pas comme ça ! Parce que je le fais descendre, bon gré mal gré. Débouler, à la course, au bord de la piscine. Se pencher…
– Ah, c’est vous !
C’est moi, oui !
– Vous m’avez fait peur ! Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Rien. J’ai entendu du bruit. Alors je me suis dit… Faudrait pas… Avec tous ces types louches qui traînent dans le coin en ce moment…
– Ben non, vous voyez ! C’est que moi ! Qu’est-ce qu’elle est bonne, en attendant ! Vous devriez venir !
– J’ai pas de maillot…
– Moi non plus ! Qu’est-ce ça peut foutre ? Il fait nuit n’importe comment !
Il hésite un peu, finit par se résoudre à se déshabiller. En me tournant le dos. C’est bien ce que je soupçonnais : elles sont à croquer, ses petites fesses. J’en profite. Pas longtemps. Il s’empresse de sauter à l’eau.
– Le premier là-bas, au bout !
Et je m’élance. Je touche le rebord. Il est encore à deux bonnes longueurs derrière.
– Ça vaut pas ! Vous avez triché…
– Triché, moi ? On recommence. Et vous allez voir si je triche.
On recommence. Deux fois. Cinq fois. Dix fois. Je gagne. Il gagne. Chacun son tour.
– J’en peux plus !
– Moi non plus…
On est côte à côte. On reprend notre souffle.
– Hou là ! Ça tourne. Je crois que j’ai trop forcé.
– Respirez bien à fond ! Ça va aller ? Appuyez-vous contre moi !
Je ne me fais pas prier. Je m’accroche à lui. Je me serre contre lui. Sa queue est dure contre mon ventre. Nos visages se rapprochent. Plus près. Encore plus près. Nos lèvres se joignent. Ses mains se posent sur mes fesses, les pétrissent, se glissent entre elles. Les miennes s’emparent de ses prunes, les font rouler, remontent, se saisissent de sa queue. Je n’en peux plus. Je m’enfourne mon gode. C’est lui ! C’est sa bite. Vers laquelle je me tends. Ouverte. Offerte. C’est dans son cou que je clame mon plaisir.

jeudi 22 novembre 2018

Les fessées de Blanche (3)


Sylvain chevauche silencieusement à ses côtés. De temps à autre, il lui coule un bref regard de côté.
Les feuillages commencent à revêtir leurs couleurs d’automne. Deux petites colonnes de buée s’échappent des naseaux des chevaux.
– Mademoiselle Blanche…
– Oui, Sylvain.
– Je voulais vous dire… Votre équipage, stationné ainsi, des heures durant, place Clichy…
Elle se trouble. Elle balbutie.
– J’en avais pour cinq minutes.
Il ne répond pas. Il ne la regarde pas. Il sourit aux lointains.
Ses joues s’empourprent. Il se doute. Non, il ne se doute pas. Il a compris. Il sait. Et il a raison. Évidemment qu’il a raison. Si elle retourne là-bas… Si on voit longuement séjourner sa voiture aux abords de la place… C’est courir des risques insensés. Elle n’y retournera pas. « Tu n’y retourneras pas ? Bien sûr que si ! Arrête de te mentir à toi-même ! Tu ne peux plus te passer de lui. De ses baisers. De sa tendresse. De ses caresses. Tu l’as dans la peau. »
– Sylvain…
Elle peut avoir aveuglément confiance en lui. Il l’a vue naître. Il la connaît depuis toujours. Et il s’est toujours montré, quelles que soient les circonstances, d’une discrétion absolue. Et puis, même s’il n’en manifeste rien, s’il reste toujours extrêmement déférent à son égard, il ne porte pas Pierre dans son cœur. Elle le sait. Elle le sent. Non. Sylvain, elle n’a rien à craindre. Il sera de son côté. Quoi qu’il arrive…
– Oui, Mademoiselle Blanche…
– Vous ne resterez pas place Clichy. Vous rentrerez. Et vous reviendrez me chercher. À l’heure que je vous aurai préalablement fixée.
– Pour que Monsieur se demande – et me demande – où j’ai bien pu abandonner Madame seule sans équipage ?
Elle soupire. Il a encore raison. Il va bien falloir, pourtant, trouver une solution quelconque. Absolument… Renoncer à voir Gontran, elle ne le pourra pas. C’est hors de question. C’est au-dessus de ses forces.
– Je pourrais peut-être…
– Dites…
– Faire le tour, en vous attendant, de vos fournisseurs habituels. Votre modiste. Votre chapelière. Votre cordonnier. On vous croirait, le cas échéant, en train d’y faire vos emplettes.
Il est décidément plein de ressources, ce cher Sylvain. Elle bat intérieurement des mains, mais elle ne le montre pas. Elle fait la moue.
– Je n’ai pas le choix, n’importe comment.

Ils ont fait l’amour. Deux fois. Trois fois. Si bien. Avec lui, elle découvre. Elle se découvre. Tout devient possible. Tout devient facile.
Elle se presse contre lui.
– Je ne veux pas te perdre…
– Il y a pas de raison !
– Oh, si, il y en a des raisons, si ! Il y en a plein. D’abord, j’ai vingt-ans de plus que toi.
– Dix-sept !
– C’est pareil.
– Mais c’est pas important l’âge ! Qu’est-ce ça fait, l’âge ?
Et il lui dévore les seins de tout un tas de petits baisers.
Elle lui ébouriffe les cheveux.
– Tu es fou…

Sylvain l’aide à gravir le marchepied.
– Me voyant stationné devant la boutique du mercier Divitis, Madame Saintonge s’est étonnée de ne pas vous y avoir trouvée.
– Et vous lui avez répondu ?
– Que vous y étiez pourtant entrée. Que pouvais-je lui dire d’autre ?

lundi 19 novembre 2018

Prédictions


Dessin de G.Topfer

– Tu sais quoi, Emma ? Tu sais quoi ? Eh ben, il va me revenir, Greg…
– J’en suis ravie pour toi. Il t’a appelée ? Vous avez parlé ?
– Non, mais j’ai consulté une voyante.
– Ah !
– Une gitane. Et elle est formelle. Ça va redémarrer tous les deux.
– Les voyantes, tu sais…
– Ah, si, ça marche, si ! T’en as des dizaines et des dizaines des exemples. Regarde Rachel ! Il y en avait une qui lui avait dit qu’elle finirait par en retrouver du travail. Eh bien, c’est arrivé. Et pourtant jamais on aurait cru ! Et Marie-Dominique, l’héritage auquel elle s’attendait pas. Et Bénédicte ? L’accident de voiture de son père… Et tant d’autres !
– Et ce serait pour quand, alors, ces merveilleuses retrouvailles ?
– Dans quatre mois. Quand je serai arrivée au bout du processus.
– Quel processus ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
– Elle m’a tout expliqué. Bien en détail. Si ça a capoté avec Greg, c’est à cause de la vie que j’ai menée avant. Et Dieu sait que j’en ai fait des conneries. J’y ai pris de la peine. Et, du coup, j’ai accumulé, sans m’en rendre compte, une impressionnante quantité d’ondes négatives. Qu’il a perçues. Qu’il n’a pas cessé de percevoir tout le temps qu’on a été ensemble. Et, en arrière-fond, ça nous a complètement pourri l’existence. Alors c’est seulement une fois que j’aurai éliminé tout ça que nous pourrons nous retrouver et être enfin en harmonie l’un avec l’autre. Heureux.
– Et tu vas t’y prendre comment, sans indiscrétion, pour éradiquer ces mauvaises ondes ?
– Elle s’en occupe. Elle a déjà commencé.
– C’est-à-dire ?
– Il y a un truc qu’il faut qu’elle me fasse. Toutes les semaines. Pendant quatre mois.
– Et c’est quoi ?
– Qu’elle me fouette.
– Rien que ça !
– C’est le seul moyen.
– Ben, voyons !
– Si, c’est vrai, hein !
– Et donc, pendant quatre mois, tu vas aller, chaque semaine, lui offrir gentiment ton petit derrière à fouetter.
– Pas que le derrière. Le dos aussi. Et je peux te dire que ça fait mal. Mais je m’en fous. Parce que ça va me ramener Greg.
– Mais ouvre les yeux, Clotilde, ouvre les yeux ! Elle te mène en bateau.
– Oh, non, non ! C’est pas du tout le genre.
– Mais bien sûr que si, attends ! C’est la nana qui se prend un pied pas possible à te faire foutre à poil et à te dérouiller. Et à te faire payer pour ça ! En plus !
– Faut toujours que tu voies le mal partout, toi ! Et que tu prêtes aux gens des intentions qui sont pas les leurs.
– On verra.
– On verra, oui. Je suis sûre que ça va marcher. Certaine.
– Eh bien, on verra.

samedi 17 novembre 2018

Les fantasmes de Lucie (26)



Cordelia avait trop hâte.
– On se voit ce soir après le boulot ?
J’ai fait semblant de ne pas comprendre.
– Ce soir ? Pourquoi faire ?
– Ben, continuer l’histoire du gode, là, tu sais bien !
J’ai éclaté de rire.
– Ah, ça te tient, toi, hein !
– Ben, il y a de quoi, non ?

Et on s’est retrouvées chez elle.
– Là, on sera bien.
Sur le canapé.
Elle s’y est confortablement installée à mes côtés, dans un nid de coussins.
– Vas-y ! Je t’écoute.
Les yeux tout pétillants de gourmandise.
– On l’avait laissé où déjà ?
– Quand la fille qui les avait piqués chez le curé s’est fait gauler par sa patronne qui lui en a collé une…
– Ah oui ! Alors, vu que l’autre était mort, l’évêque a envoyé un nouveau curé. Auquel cette vieille chouette s’est empressée d’aller tout raconter.
– La garce !
– Le pasteur a compati, prié, promis de faire la morale à cette pauvre petite brebis égarée de servante et s’est chargé de faire disparaître ces instruments du diable.
– Ben, tiens ! Et il les a gardés pour lui, j’parie !
– Pas du tout, non ! Il les a confiés à un moine de passage avec mission de les mettre hors d’état de nuire. Et ce bon capucin, qu’ils encombraient, les a balancés dans un fossé à une centaine de kilomètres de là.
– Où quelqu’un les a trouvés…
– Un cantonnier. Qui n’avait jamais bien assuré au lit. Et qui maintenant, en plus, prenait de l’âge. Alors, c’était une véritable bénédiction, pour lui, cette découverte. Parce que sa femme était très demandeuse. Et qu’il valait mieux, à ses yeux, qu’elle s’amuse avec des compagnons comme ceux-là plutôt que d’aller voir ailleurs. Et, tout content, il a ramené sa trouvaille à la maison. Où sa moitié, ravie de l’aubaine, lui a pourtant battu froid. « Qu’est-ce que tu veux que je fiche avec des trucs pareils? » Mais, le soir même, ces gentils petits partenaires sont docilement et aussi discrètement que possible entrés en fonction. Elle en a essayé un. Un autre. Un troisième. Elle les a tous essayés. Mais c’est celui-là, celui que tu m’as offert, qu’elle a préféré. Et de loin. De très très loin.
Je le lui ai brandi sous le nez.
– Faut reconnaître qu’il est beau, non ? Et je peux t’assurer, d’expérience, qu’il est singulièrement efficace.
Elle a ouvert son pantalon. A glissé une main dans sa culotte. L’y a mise en mouvement.
J’ai poursuivi.
– Très vite elle en est devenue une inconditionnelle acharnée. Aussitôt qu’elle avait un moment de libre, elle courait le retrouver et s’offrait voluptueusement à lui. Elle ne vivait plus que pour ces moments délicieusement privilégiés. Qui, bientôt, ne lui ont plus suffi. Il lui fallait être avec lui. Encore et encore. Le plus souvent possible. Le plus longtemps possible. Tant est si bien qu’elle a fini par négliger complètement les tâches ménagères au grand dam de son mari, contraint de se substituer à elle dans un assourdissant concert de feulements de plaisir.
Je me suis doucement caressé le bout des seins avec.
Elle m’a regardée faire, a retiré son pantalon, sa culotte, ouvert les jambes en grand et s’est concentrée, d’un doigt pressant, sur son bouton d’amour.
– C’est bon. C’est trop bon. Mais continue ! Continue !
– Les gens, dans le village, n’avaient pas tardé à se poser tout un tas de questions. Les langues allaient bon train. Et d’abord comment se faisait-il qu’on ne la voyait plus dehors, elle qui, d’ordinaire, adorait sortir papoter avec ses voisines ? On a rôdé autour de sa maison. Tout près. De plus en plus près. Les bruits qui en provenaient ne laissaient planer aucun doute sur la nature de l’activité à laquelle elle était en train de se livrer. Et ce, même en l’absence du mari, parti curer les fossés des alentours. Un amant ? On l’aurait vu entrer et sortir. Non. Il a bien fallu finir par se rendre à l’évidence : elle avait commerce avec le diable. On en avait des preuves formelles. Trois villageoises, qui étaient grosses, avaient successivement, en très peu de temps, perdu leur enfant. D’autres qui voulaient le devenir n’y parvenaient pas. C’était leur œuvre à tous les deux. Aucun doute là-dessus. Non, aucun doute. Il fallait absolument mettre fin, dans les plus brefs délais, à de tels agissements et ne pas les laisser impunis.
– Ils vont la punir ? Qu’ils se dépêchent, mais qu’ils se dépêchent ! Avant que je vienne…
Elle s’était introduit deux doigts qu’elle faisait frénétiquement aller et venir en me regardant. Elle a psalmodié…
– Je mouille… Je mouille… Je mouille… Non, mais comment je mouille !
– On a pris l’avis du curé. Celui des édiles locaux. Et tout le monde en est tombé d’accord : il fallait absolument, dans l’intérêt de tous, que cesse cet infernal trafic. Et il fut décidé qu’elle serait fouettée sur la place publique. Officiellement. Par un représentant de la maréchaussée.
– Elle l’avait pas volé.
– Quand on est allé, en délégation, la chercher pour mettre la sentence à exécution, on l’a trouvée en pleine action, le gode entre les cuisses.
– Tu me le prêtes ? Le gode… Je te le rendrai. Promis.
Et elle se l’est enfourné.
– Ce qui a déchaîné la fureur des femmes entrées dans la chambre. Elles se sont saisies d’elle avec force insultes et imprécations, lui laissant à peine le temps de rabattre sa robe. « Oh, t’inquiète pas ! Tout le monde le verra quand même, ton cul, va ! » Et elles l’ont entraînée au-dehors sous les cris et les huées d’une foule hostile.
– Oh, encore ! Encore ! Encore !
– On lui a fait passer les bras autour du pilier de soutènement d’un préau. On les lui a liés à hauteur des poignets. D’autres cordes encore au niveau des genoux. Puis des chevilles.
Un gendarme s’est approché. Il s’est fait un silence absolu. Tous les regards ont convergé vers elle. Deux femmes, une de chaque côté, lui ont relevé haut la robe. Très haut. Le fouet a claqué.
Et Cordelia a hurlé. Des hurlements de jouissance éperdue. Les yeux clos. La tête renversée en arrière. La bouche entrouverte.
Elle s’est lentement redressée.
– Que c’était bon ! Non, mais que c’était bon !
Levée. Quelque chose de métallique est passé dans son regard.
– C’était toi, cette femme, hein ! C’est toi !
Elle a détaché sa ceinture.
– Tu vas y attraper ! Je peux te dire que tu vas y attraper !
Quatre coups. Cinq coups. Et mon plaisir m’a transpercée.

jeudi 15 novembre 2018

Les fessées de Blanche (2)


Sylvain chevauche à ses côtés. Comme tous les matins. Comme toujours.
Une légère brume déroule paresseusement ses volutes sur les prés qu’ils longent. De temps à autre, un chevreuil caracole dans les lointains.
– Pendant la Commune…
Qu’il a vécue, tout jeune homme, à Paris. Jadis les récits de Sylvain la terrorisaient, mais elle ne pouvait s’empêcher de les lui réclamer, malgré tout, encore et encore. Les rats dont les parisiens étaient alors contraints de se nourrir. Les barricades. La fumée. L’odeur de la poudre. Le mur des Fédérés. Depuis bien longtemps maintenant elle ne l’écoute plus. Elle le laisse égrener interminablement ses souvenirs qu’elle ponctue, de temps à autre, d’un hochement de tête ou d’un « oui » distrait.
– On avait cru… Mais non, c’était les Versaillais.
Il parle. Il parle sans discontinuer. Et elle, elle est là-bas. Avec Gontran. Gontran ! La chaleur de son corps. Ses yeux tout embrumés d’elle. Sa vigueur. Son ardeur. Ses cuisses enserrent plus fort Flamboyant. Folie ! Si Pierre apprenait… Pierre ou d’autres. Les femmes de la société de bienfaisance. Par exemple. Ou celles de la chorale de la paroisse. Elle en mourrait de honte. Non. C’est un risque qu’elle ne peut pas, qu’elle ne veut pas courir. Elle n’ira pas. C’est décidé, elle n’ira plus. Quoi qu’il doive lui en coûter…

Il a déjà disparu dans l’écurie avec Flamboyant quand elle le rappelle.
– Vous attellerez tout-à-l’heure, Sylvain…
– Comme hier ?
– Comme hier.
– Bien, Mademoiselle…

Il prend, de lui-même, la direction de la place Clichy.
De toute façon, elle n’avait pas le choix. Elle devait revoir Gontran. Une dernière fois. À cause des lettres. Il ne faut pas qu’il lui écrive. Il ne faut plus. En aucun cas. À elle de se montrer suffisamment persuasive pour qu’il renonce tout-à-fait à l’idée de lui en adresser. À tout jamais.
Ils sont arrivés. Elle descend.
– J’en ai pour cinq minutes.
Sylvain ne dit rien, mais il esquisse un imperceptible semblant de petit sourire.

Et elle est dans ses bras.
Et plus rien d’autre ne compte. Que ses baisers. Que ses caresses. Que ses mains qui s’emparent d’elle. Que sa queue. Qu’elle veut. Qu’elle s’approprie. Sur laquelle elle vient s’empaler avec délectation. Toute honte bue. Toute pudeur dépouillée.

Elle repose contre lui, apaisée.
Il joue avec la pointe de ses seins.
– Cette tornade aujourd’hui !
Elle lui met un doigt sur les lèvres.
– Chut !
Ils sont bien. Elle est bien. Il faut pourtant qu’elle lui dise.
– Gontran…
– Oui ?
Il se penche sur elle.
– Non. Rien.
Elle l’entoure de ses bras, l’attire contre elle. Son désir se dresse contre son ventre.

En bas, Sylvain lui ouvre la portière. Sans un mot.
Il est six heures.

lundi 12 novembre 2018

D'une sœur à l'autre…


Dessin de P.Silex

– Tu sors, sœurette ?
– Oui. Enfin, non. Je sais pas. Je me demande. J’hésite. J’ai peur d’être en train de faire une énorme connerie en fait.
– Parce que ?
– Parce que – c’est pas évident à dire – parce que je dois voir quelqu’un.
– Un amoureux ?
– Oh, non ! Non ! Si c’était qu’un amoureux, ça irait… Non, c’est quelqu’un avec qui je parle depuis un bon moment déjà. De plein de choses. Mais là, on doit se voir pour faire un truc.
– Quel truc ?
– Tu vas te moquer.
– Je te jure que non.
– Il doit me donner une fessée. Dans un sens comment ça me tente de savoir ce que ça fait, ce qu’on ressent, tout ça, mais dans un autre ça me flanque une de ces trouilles !
– Fais attention quand même ! Il y a pas mal de tordus.
– Je sais, oui. Oh, mais lui, tu le connais. C’est monsieur Cormier.
– Monsieur Cormier ? Le monsieur Cormier qu’habite la grande maison sur la route de Châlons ? Qu’est prof en fac ?
– Lui-même, oui.
– Oh, ben alors là, tu peux y aller en toute confiance.
– T’es sûre ?
– Certaine. Et en plus tu vas sacrément y trouver ton compte, tu vas voir.
– Comment tu le sais ?
– Je le sais parce que… parce que… confidences pour confidences, j’y suis passée avant toi.
– Tu me l’avais jamais dit !
– Ça s’est pas trouvé.
– Ben, vas-y ! Raconte ! Ça fait quoi ? Qu’est-ce qu’on sent ?
– C’est pas facile à expliquer. Ce qu’il y a de sûr, c’est que ça fait mal, alors là ! Ça pique. Ça chauffe. Ça brûle. Et plus ça dure, plus c’est pire. T’as l’impression que ça te rentre dedans de plus en plus profond. Mais, en même temps, c’est un mal, comment il te fait du bien ! Et il y a pas que ça ! C’est pas seulement que ça fait mal, c’est aussi que comment t’as honte ! Te retrouver comme ça, les fesses à l’air, en travers des genoux d’un monsieur qui te les claque comme si t’étais une gamine infernale et désobéissante. Tu te sens toute petite. Toute coupable. D’autant que Cormier, il s’y entend pour te mortifier. Pour te dire les mots qui te donnent envie de rentrer dans un trou de souris. Ah, ça, pour avoir honte, tu vas avoir honte ! Mais qu’est-ce que c’est bon, ça aussi ! C’est tellement bon que t’en dégoulines comme c’est pas permis. T’en mets partout. Et là-dessus non plus il te loupe pas. Il t’en remet aussi sec une couche. Et rien que d’y penser, tiens !
– Tu le vois plus ?
– Je suis mariée maintenant. Et je veux pas courir le moindre risque. Parce que s’il apprenait une chose pareille, Edgar, jamais je pourrais rattraper le coup ! Jamais !
– Il serait pas forcé de le savoir…
– Il est chaud-bouillant, Edgar. Tous les jours, il lui faut sa dose. Quand c’est pas plusieurs fois par jour. Alors il s’apercevrait forcément…
– Et ça t’ennuie pas que moi…
– Oh, non, non ! Au contraire ! Tu me raconteras… Bon, mais attends ! Je vais t’aider à choisir quoi te mettre. Je sais ce qu’il aime, Cormier.

samedi 10 novembre 2018

Les fantasmes de Lucie (25)


Dessin de Jean-Jacques Henner

Il y avait un de ces beaux petits poulets chez mon voisin ! C’est sûr que quand t’as ça dans ton lit, tu vas pas dormir dans la baignoire. D’où il pouvait bien sortir ? Je me suis arrangée, en passant et en repassant, l’air affairé, dans mon jardin, pour qu’il finisse par y avoir présentation. Eh bien, c’est son neveu ! Un étudiant en architecture qu’est venu passer quelques jours de vacances chez son oncle. Intérieurement, je jubilais. J’allais pouvoir me régaler les yeux tout mon saoul. Et j’en ai eu l’occasion sans tarder. Bien plus encore que je ne l’espérais. Parce qu’il a passé l’après-midi affalé en maillot de bain dans un transat, au soleil, les yeux mi-clos. En plein dans mon champ de vision, depuis la chambre d’amis, là-haut. Non, mais qu’il était beau ! C’en était presque indécent d’être beau comme ça. J’ai pas pu résister : je suis allée chercher mes jumelles. Je me suis longuement attardée sur son visage. Un visage régulier. Aux traits absolument parfaits. Émouvant. Tellement ! Son torse puissant contre lequel il devait être si bon de venir se réfugier. Ses bras… Comment tu devais avoir envie d’y rester dans ses bras ! Son ventre plat, musclé. Y poser la tête, tiens ! Et en-dessous… En-dessous ? Mais c’est qu’il bandait, ce salaud ! Et qu’il y avait l’air d’y avoir un sacré morceau là-dedans ! Il bandait ! À quoi il pensait ? Ou à qui ? À moi ? Oh, oui, oui, à moi ! J’avais trop envie que ce soit à moi !

À moi ! Je descends. Je reste à ma fenêtre, mais, en même temps, je descends. Je franchis mon portail. Celui d’à côté. Le voisin n’est pas là. Ou alors, s’il est là, il est occupé à l’intérieur. Je m’approche à pas de loup du transat, le cœur battant. Il ne m’entend pas. Ou il fait semblant de ne pas m’entendre. Je suis tout près. Je m’accroupis à ses côtés. Je lui pose une main sur la cuisse. Il ne sursaute pas. Il ne frémit pas. Ses yeux restent clos. Je le caresse doucement. Du dos de la main. Je remonte. Je remonte encore. Je la lui effleure très vite. Elle palpite doucement, dressée toute droite dans son maillot. J’y reviens. Je me fais un peu plus insistante. Un peu plus précise encore. Je repars. J’y retourne. Je la lui extirpe d’un coup. Sans prévenir. Elle est belle. Harmonieuse. Bien épaisse, comme je les aime. Je la fais doucement coulisser. Je me penche. Je la prends dans ma bouche. J’aime son goût salé acide. J’en enveloppe le bout de ma langue.
Et je me ramasse une grande claque sur les fesses.
– Non, mais cette fois, on aura tout vu !
Le voisin. Mais qu’est-ce qu’il vient fiche là, lui ? C’est bien le moment.
Le voisin qui me tire violemment en arrière.
– Vous n’avez pas honte ?
Honte. Non. Si ! Enfin, non. Pourquoi ?
– Un gamin. Un gamin de vingt ans. Que vous dévergondez.
Oui, oh ! Faut rien exagérer non plus !
– Vous le dévergondez. Parfaitement ! Oh, mais ça va pas se passer comme ça ! Sûrement pas !
Il m’empoigne. Il m’arrache ma robe. Qu’il expédie dans la haie.
– Arrêtez ! Qu’est-ce que vous faites ? Arrêtez ! Mais vous êtes fou !
– Ça fait un moment que vous cherchez, mais, cette fois, vous allez trouver, ma petite.
Il tire sur ma culotte. Il me l’enlève, l’envoie rejoindre ma robe dans la haie. Je suis nue. Entièrement nue. Je jette un rapide coup d’œil, mine de rien, sur le neveu. Qui arbore un petit sourire amusé. Qui n’a pas remonté son maillot. Elle est toute droite. Conquérante.
Le premier coup me surprend, m’arrache un cri, me jette à plat ventre.
D’autres s’ensuivent aussitôt. Il cingle. Sans tenir aucun compte de mes supplications. Il me cingle. Le dos. Les épaules. Les fesses. Dix coups. Quinze coups. Vingt.
– Et tiens-le-toi pour dit !
Il s’éloigne.
Je me redresse. Je m’assieds sur mes talons. Il est là, à côté, le neveu. Il n’a pas bougé. J’ai honte. J’ai tellement honte. J’enfouis mon visage dans mes mains. Il se repaît de ma honte. Je le sais. Je le sens. J’ai honte. Et c’est insupportable. Mais c’est tellement bon.

En bas, dans son transat, il n’a pas bougé. Et mon plaisir me surprend là, à la fenêtre, les yeux rivés à lui.

jeudi 8 novembre 2018

Les fessées de Blanche (1)



Sylvain, son fidèle cocher-palefrenier, l’aide à descendre de cheval.
– Merci.
Il lui prend les rênes des mains, entraîne Flamboyant vers l’écurie.
– Ah, oui, j’oubliais, Sylvain. Vous pourrez atteler cet après-midi ? J’ai à sortir.
– Mais certainement, Mademoiselle Blanche…
Elle sourit intérieurement : il n’a jamais pu se résoudre à l’appeler Madame.

– Place Clichy…
Il fouette.
Il faut absolument qu’elle y aille. Qu’elle règle le problème de vive voix. Qu’elle convainque Gontran de cesser de lui adresser ces lettres enflammées qui lui font courir des risques insensés. Ces lettres que Pierre finira nécessairement, un jour ou l’autre, par intercepter. Avec toutes les conséquences que cela ne manquera pas d’avoir. Elle soupire. C’était folie ce soir-là. Pure folie. Vingt ans ! Un gamin qui a la moitié de son âge ! Un moment d’égarement qu’elle regrette amèrement. Il faut qu’il le comprenne et qu’il tire, lui aussi, définitivement un trait sur ce qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Qui n’a jamais vraiment eu lieu.

– J’en ai pour cinq minutes, Sylvain. Attendez-moi là…
Elle gravit l’escalier. Elle sonne. Son pas. La porte. Il n’en croit pas ses yeux.
– Vous, Blanche ! Toi !
Il veut la prendre dans ses bras. Elle le repousse doucement.
– Non ! Attends ! Il faut qu’on parle.
– Après ! Après ! Tu es là. Je l’ai tellement attendu ce moment.
Et il lui couvre les cheveux, le front, les paupières de baisers.
– Gontran…
Les lèvres, le cou.
– Tu es fou…
Mais elle s’abandonne contre lui. Elle laisse aller sa tête contre son épaule. Il y a son désir dressé contre son ventre.
– Gontran…
Et c’est elle qui cherche ses lèvres.
– Gontran…
Ils chavirent ensemble sur le lit.
Il se fait pressant. Passionné. Il s’enivre d’elle. De ses seins. De ses fesses. De ses liqueurs intimes.
Et elle s’abandonne. Et elle s’ouvre toute grande pour lui. Et son plaisir la submerge. En longs sanglots d’un bonheur éperdu.

Elle reprend son souffle, blottie contre lui. Elle lui caresse l’épaule, du bout du pouce.
– Je ne reviendrai pas, Gontran. Il ne faut pas. Il ne faut plus…
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Je suis mariée.
– Il te délaisse.
– C’est trop dangereux.
– Mais il ne saura pas. Il ne saura jamais.
Et il la couvre de baisers.
Elle le repousse.
– Non, Gontran, non !
Mais il veut. Tellement. Mais elle veut aussi.
Et il est à nouveau en elle. Et elle suffoque de plaisir.

Cinq heures.
Elle est folle. Complètement folle.
Elle s’habille en toute hâte.
– Tu reviendras ?
Elle reviendra.
En bas, Sylvain est là. Qui l’attend.

lundi 5 novembre 2018

Qui paie ses dettes… (2)


Dessin de Georges Topfer

– Entrez, Geneviève, entrez ! Et, d’abord, je vous demanderai de bien vouloir m’excuser d’avoir été un aussi piètre partenaire samedi dernier, au bridge. J’avais, je l’avoue, la tête ailleurs. À vrai dire, les images de vous dans le plus simple appareil, telle que vous m’êtes apparue il y a déjà un mois de cela, me hantaient. Et la perspective d’avoir à nouveau sous les yeux, dans un avenir proche, vos charmes incomparables, celle de donner de superbes couleurs à votre adorable fessier me déconcentraient complètement. Mais nous y voici enfin ! Voici le moment tant attendu… Parce que je suppose que vous êtes dans l’incapacité de nous rembourser ce que vous nous devez. Non ? Je me trompe ?
– Il ne s’en faut que de quelques jours. Jeudi, si tout va bien, je devrais…
– Vous nous amusez, ma chère !
– Je vous assure que non.
– Trêve de balivernes. Vous savez pertinemment que vous ne disposez pas de cette somme. Que vous n’en disposerez jamais. Vous cherchez seulement à gagner du temps et, ce faisant, vous nous faites perdre le nôtre. Allons, déshabillez-vous !
– N’est-il pas possible de… ?
– Il n’est pas possible, non. Il n’est possible de rien. Et si vous ne voulez pas que votre mari soit mis au courant de tous vos vilains petits secrets, il vous faut à présent vous dévêtir. Et tout ! Vous enlevez tout. Nous vous voulons entièrement nue.

* *
*

Là ! Eh bien voilà ! Nous ne vous le répéterons jamais assez, ma chère, vous avez un corps de rêve. Tenez, installez-vous ici ! Face au miroir. Vous pourrez ainsi tout à loisir voir le fouet s’abattre sur votre croupe qui va si joyeusement s’animer et bondir sous les coups. Entre autres… Parce que votre gentil minois va également nous gratifier, lui aussi, pendant le déroulé des opérations, de toutes sortes de mimiques du plus bel effet. Il n’est donc que justice que vous puissiez, vous aussi, en profiter. Après tout, vous êtes la première concernée. Là ! On y est presque. Il ne nous reste plus qu’à vous attacher. Vous profiterez ainsi beaucoup mieux de la leçon que nous allons vous administrer, vous verrez. Donnez-moi vos poignets ! L’autre maintenant. Et nous voilà fin prêts ! Soit dit en passant, c’est une position qui vous va à ravir, ma chère. Encore un mot, juste un, avant de commencer. Une question plutôt. À quelle somme se monte votre dette à notre égard ?
– Vingt mille francs.
– Alors ce sera vingt coups. Pas un de plus, mais pas un de moins. Allez, prête ? On y va. Soyez courageuse. Serrez les dents. C’est pour la bonne cause. Vous ne voudriez tout de même pas que votre mari, à juste titre courroucé, ne vienne mettre un terme à vos rencontres – et à vos ébats – avec votre jeune amant ? Mais si, toutefois, c’est ce que vous préférez, il est encore temps de…
– Non.
– Alors, feu ! Eh, oui, ça surprend, hein ! Oh, mais vous allez vous y faire, vous verrez… Ne vous crispez pas ! Détendez-vous ! Vous vous en trouverez beaucoup mieux, je vous assure ! Là, c’est mieux, non ? À condition de s’y tenir… Non, mais détendez-vous, je vous dis ! À combien on en était ? Cinq. Oui, cinq. Vous voyez que, finalement, ce n’est pas la mer à boire. Vous marquez vite, en attendant. Et profondément. Ce qui va vous condamner à quelques jours d’abstinence. Deux ou trois. À moins que vous ne préfériez jouer cartes sur table avec votre ami. Ce qui peut aussi présenter un certain nombre d’avantages, mais cela, c’est vous qui voyez. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Là ! Et de dix. On a fait la moitié du chemin. C’était une bonne idée, le miroir, non ? Ah, ben si, si ! Vous ne vous quittez pas des yeux. Treize ! Ah, enfin ! Enfin ! Vous criez. Il n’y a pas de honte à ça, vous savez ! Au contraire. d’autant que vous avez une très jolie voix. On va lui faire donner sa pleine mesure, vous allez voir ! Prête pour le bouquet final ?

* *
*

– Là ! Vous pouvez vous rhabiller. Oh, mais prenez votre temps, hein ! Il n’y a rien qui presse. En tout cas, nous, pour notre part, nous sommes absolument enchantés de cet après-midi passé avec vous. Et nous sommes bien décidés à renouveler dès que possible l’expérience. Disons dans trois mois si vous n’avez pas été en mesure, d’ici là, de faire face à vos engagements. En attendant, c’est dès demain soir que nous allons nous retrouver. Au bridge. Et j’espère que la chance sera encore avec moi. Que ce sera vous ma partenaire. Vous m’en verriez ravi…

samedi 3 novembre 2018

Les fantasmes de Lucie (24)


Dessin de Georges Topfer


Cordelia m’a littéralement sauté dessus.
– Tu l’as ramené, j’espère, le gode que je t’ai offert.
– Oui, oui.
Et je l’ai victorieusement brandi.
– T’avais plutôt intérêt…
Elle en a sorti un, elle aussi, de son sac.
– Mon préféré…
Qu’elle a gratifié d’un petit baiser tout au bout.
– Il me déçoit jamais, lui ! Toujours en forme. Toujours prêt à rendre service.
Il a disparu sous le bureau.
– Allez, au travail ! Oui, non, mais attends ! Te précipite pas comme ça. Prépare-moi un peu avant au moins…
J’ai fait suivre le même chemin au mien. J’ai écarté le bord de la culotte. Je l’ai laissé faire le tour du propriétaire. S’approprier les alentours. S’approcher. S’éloigner. Revenir.
J’ai soupiré.
– Quand même, ce que j’aimerais bien savoir, c’est d’où il vient. Ce qu’il a vécu avant moi.
– Oui, mais ça ! Je l’ai trouvé chez un antiquaire. Soi-disant qu’il sortirait d’une collection privée. Apparemment il en savait pas plus. Ou ne voulait pas en dire plus.
– Tu sais ce que je me dis ? J’ai lu un jour qu’au cours d’un voyage la malle de l’une des dames de compagnie de Catherine de Médicis s’était malencontreusement ouverte et que toute une collection de godes s’était répandue dans l’escalier de la demeure où elles devaient passer la nuit. L’incident avait beaucoup amusé la reine qui les avait pris en main à tour de rôle et y était allée de tout un tas de commentaires. Sous les rires de ces dames. Alors je me dis que c’est peut-être l’un de ceux-là que tu m’as offert. Qui sait ? J’aimerais bien. J’aimerais beaucoup.
On s’est perdues dans nos pensées. En bas, il s’est enhardi. S’est fait un peu plus fureteur.
– Et après… Après, quand elle a senti sa fin approcher, cette dame de compagnie, elle a demandé à une servante en qui elle avait toute confiance de les faire disparaître. Pour que les héritiers ne tombent pas dessus. Tu parles qu’elle se l’est pas fait répéter deux fois, la servante. Depuis le temps qu’elle rêvait de se les approprier, ces trucs ! Même qu’elle les avait déjà subtilisés plusieurs fois à sa maîtresse, en cachette, pour s’offrir de délirants marathons en solitaire.
Le bras, l’épaule, le coude de Cordelia se sont mis à bouger. Elle a imploré…
– Continue ! Continue !
– Alors tu penses bien qu’une fois qu’elle les a eus vraiment en sa possession, ils ont pas chômé. Celui-là surtout. Parce qu’il a les baloches bien sculptées et qu’elle adorait le tenir par là quand elle se le faisait. Ah, je peux te dire qu’il chauffait, le bougre. Et qu’elle a bien fait d’en profiter. Parce que ça n’a eu qu’un temps. Quand il a découvert le pot-aux-roses, le mari, c’est pour son matricule à elle que ça a chauffé. Et il l’a obligée à aller remettre tout ça entre les mains du curé de la paroisse. Qui l’a menacée des foudres de l’enfer. Et qui n’a rien eu de plus pressé, dès qu’elle a eu tourné les talons, que de se donner du plaisir en les imaginant, les yeux rivés dessus, entrer et sortir dans les minous accueillants de ses paroissiennes préférées.
Elle a bougé plus vite.
– Le salaud ! Non, mais quel salaud ! Tu te rends compte ! Et après ?
– Il a aménagé une cachette tout exprès dans sa cave. Dont il les ressortait de temps à autre pour rêver. C’est penché dessus, en pleine extase, qu’une nuit la mort l’a surpris. Le lendemain matin, une vieille et pieuse voisine, inquiète de ne pas voir les volets s’ouvrir, a envoyé sa servante s’assurer que tout allait bien. Et c’est dans cette attitude fort peu orthodoxe que la soubrette a découvert le saint homme. Elle a prestement fait disparaître tout cet arsenal dans les larges poches de sa blouse, donné l’alerte et couru mettre son précieux butin à l’abri en lieu sûr. Et puis, dès qu’elle en a l’occasion, elle est allée en éprouver l’efficacité. L’expérience s’étant avérée concluante, elle l’a renouvelée. De plus en plus souvent. Quotidiennement. Parfois même deux à trois fois par jour. Ce qui a fini par éveiller les soupçons de sa grenouille de bénitier de patronne. Qui l’a discrètement mise sous surveillance, qui a bien évidemment fini par découvrir le pot-aux-roses et qui lui est tombée dessus, un beau matin, en pleine action. « Petite dévergondée ! Dépravée ! Débauchée ! »
– C’est bien vrai, ça !
Et Cordelia a encore accéléré le rythme.
En bas, il s’est enfoui d’un coup en moi. S’y est installé tout à son aise.
Elle s’est précipitamment relevée, la servante. A tenté de se rajuster. Sa patronne l’en a empêchée. « Pas la peine ! Parce que je vais t’en faire passer l’envie, moi, grande dégoûtante ! Tu vas voir la tannée que tu vas te ramasser ! »
– Ça, c’est sûr qu’elle l’avait pas volée… C’est honteux ! Est-ce qu’on fait des trucs pareils, nous ?
Et Cordelia a fermé les yeux. Ses lèvres se sont entrouvertes.
J’ai eu un petit soubresaut de plaisir. Un autre. Plus profond. Plus insistant. Je me suis cabrée.
– Elle l’a fait basculer en travers de ses genoux cette soubrette libidineuse et c’est tombé…
– Elle a eu raison.
– Non, mais comment ça tombait. À pleines fesses. À plein régime. Ah, pour gigoter, elle gigotait.
– Je vois, oui ! J’imagine. Et j’entends. Qu’est-ce qu’elle piaule ! Ah, elle en prend pour son grade. Non, mais écoute ça ! Écoute ça !
Elle s’est mordu la main pour ne pas crier et son plaisir l’a emportée. Le mien a aussitôt pris le relais. À la fois doux et impétueux. Léger et ravageur.

On s’est souri.
– Eh ben, dis donc !
– Oui, hein !
– Heureusement que la chef a pas eu l’idée de monter.
– Oui, parce que là, on était grillées.
– Ce que tu racontes bien, n’empêche ! On a l’impression que c’est vrai. Que ça existe.
– Parce que t’as envie d’y croire.
– On continuera, hein ! Il a sûrement encore beaucoup voyagé, mon cadeau, avant d’arriver jusqu’à toi.
– Ça, c’est sûr. Énormément.
– Mais alors tu sais ce que j’aimerais ? Qu’on en parle ailleurs qu’ici. Qu’on puisse se regarder le faire pour de bon. Et qu’on n’ait pas cette épée de Damoclès de Séverine suspendue en permanence au-dessus de la tête.
– Ça devrait pouvoir s’envisager.
On s’est encore souri. Et on s’est remises au travail.

Ça devrait d’autant plus pouvoir s’envisager que, maintenant, je sais, avec certitude, que la fessée ne la laisse pas indifférente. C’est le moins qu’on puisse dire. Et que ça m’ouvre bien des perspectives.

jeudi 1 novembre 2018

Quinze ans après (30)


Eugénie a levé les yeux au ciel.
– Qu’est-ce que t’es encore allée inventer…
– J’invente rien du tout.
– Mais j’en ai rien à battre de ton Coxan. Strictement rien.
– Oui, ben ça, t’as plutôt intérêt… Parce que sinon…
– Sinon quoi ?
– Tu le sais très bien.
Elle a haussé les épaules et claqué la porte.

La chambre s’est éclairée. J’ai attendu une bonne vingtaine de minutes sur le parking et puis je suis montée. Je suis entrée en trombe, me suis précipitée vers le lit. J’ai arraché draps et couvertures. Elle était nue.
– Ah, t’en as rien à battre de Coxan ! Ah, t’en as rien à battre, espèce de petite saloperie.
J’ai brandi le martinet.
– Non, attends ! Je vais t’expliquer…
– M’expliquer ? Fous-toi bien de moi. En plus !
J’ai cinglé. À pleines cuisses.
– Aïe ! Mais t’es folle !
Elle s’est tournée sur le ventre.
– Je suis folle, oui ! Complètement folle.
Et j’ai tapé. De bonnes cinglées bien mordantes, bien boursouflantes. À intervalles suffisamment longs pour qu’elle ait le temps de les appréhender. Et irréguliers, pour qu’elle ne sache jamais à quel moment au juste ça allait tomber.
– Regarde, Coxan, regarde comme elle se crispe joliment des fesses en les attendant. Qu’est-ce que je fais ? J’envoie ? J’envoie pas ? Allez, j’envoie… Oh, et puis non ! Il y a rien qui presse.
J’ai fait durer comme ça, un bon moment. Et puis…
– Bon, allez ! Assez joué.
Une dernière bordée de coups. Une dizaine. À toute volée.
– Et maintenant, tu dégages…
Elle s’est rhabillée, en toute hâte, et elle a filé.

Je me suis assise au bord du lit. Coxan m’a souri.
– Comment ils brillent tes yeux !
– Peut-être, oui.
– Et t’as les pommettes en feu.
– C’est que…
– Je sais, oui. Du coup, j’ose à peine imaginer l’état des lieux… ailleurs.
– Ailleurs ? Oh, ben, ailleurs…
On a éclaté de rire. Et je me suis retrouvée dans ses bras. Et il y a eu ses mains sur moi. Ses doigts en moi. Et puis lui…

On est restés enlacés.
– On en a fait des choses, finalement, tous les deux, en si peu de temps.
– Et on en fera d’autres.
– Oh, ben oui, oui… On va quand même pas s’arrêter en si bon chemin.
– D’autant qu’elles comptent sur nous, les filles.
– Et puis on en trouvera d’autres.
– Mais, dans un premier temps, on va d’abord se consacrer à nous. Qu’à nous. Non ? Ça te dit pas ?
Oh, que si, ça me disait ! Si !
Et je lui ai doucement caressé les fesses.

FIN