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– Il
est louche, ce type. Tu trouves pas ?
– Qui
ça ?
– L’artisan
d’en face.
– N’importe
quoi !
– Tu
m’agaces, tiens ! Faut toujours que tu me contredises. C’est
systématique.
– Si
tu disais pas tant d’idioties aussi !
N’empêche
qu’il était louche. Toutes ces allées et venues de gens bizarres.
Ces colis qu’il recevait d’un peu partout. Ces coups de téléphone
sans arrêt. Et puis son air. L’air de quelqu’un qu’est pas
tranquille. Qu’a des trucs à cacher.
– Sans
compter qu’à des deux ou trois heures du matin, souvent, il y a de
la lumière chez lui.
– Tu
ferais mieux de dormir, tiens, plutôt que de passer tes nuits à la
fenêtre !
– Ce
que je me demande quand même, c’est ce que c’est au juste son
trafic. De la drogue ? Ça m’étonnerait. Des armes ?
Peut-être. Ou de la fausse monnaie. Non, mais ce que je croirais
plutôt, finalement, c’est que c’est quelque chose à quoi on
pense pas du tout. Oh, mais je vais en avoir le cœur net.
– Et
tu comptes t’y prendre comment pour ça ?
– Il
oublie de fermer la petite fenêtre derrière, des fois, quand il
s’en va. Alors il suffirait que je me faufile…
– Oui,
ben t’avise pas de faire une chose pareille.
– Pourquoi ?
– Parce
que c’est une violation de domicile.
– Oh,
tu parles !
– Joue
pas à ça, Élise, joue à pas ça. Je t’aurai prévenue.
Il
avait peur de tout, Joël, n’importe comment. Une vraie poule
mouillée ! Alors la meilleure solution, c’était de plus lui
parler de rien, de mener ma petite enquête toute seule, de mon côté,
à ma façon, et de sauter sur la première occasion favorable qui se
présenterait pour passer à l’action. Ce qui n’a pas tardé :
le mardi suivant, je l’ai vu s’engouffrer précipitamment dans sa
camionnette le type, sans même prendre le temps de fermer sa porte à
clef, et démarrer sur les chapeaux de roue. Ni une ni deux : le
temps de dévaler l’escalier et j’étais chez lui. Il me fallait
faire vite. D’un moment à l’autre il pouvait rentrer. J’ai
procédé à un rapide tour d’horizon. Apparemment rien de suspect.
Ça devait être bien soigneusement planqué quelque part, tu
parles ! J’allais renoncer quand, là-haut, sur l’étagère…
Qu’est-ce c’était que ça ? Je me suis approchée. Même en
me hissant sur la pointe des pieds, j’étais trop petite. Je suis
montée sur la planche du bas. J’ai tendu le bras et… tout a
dégringolé dans un grand fracas.
– Ah,
ben bravo !
Lui !
Il était revenu.
– Et
qu’est-ce tu fous là d’abord ?
J’ai
bravement fait face. Pas question de me laisser démonter.
– J’avais
envie de voir comment c’était fait chez vous.
– Avec
la permission de qui ?
– La
mienne !
– Oh,
toi, je sens que tu vas te ramasser une bonne fessée.
– Chouette !
– Fais
bien ta maligne !
– Vous
me faites pas peur.
Il a
marché droit sur moi.
– C’est
ce qu’on va voir !
Je
n’ai pas reculé. Je l’ai regardé droit dans les yeux. D’un
air de défi.
– Viens
par là !
Jusqu’à
l’espèce d’établi qu’il y avait le long du mur. Il m’a fait
pencher dessus. Il m’a relevé ma robe et il m’a lancé six ou
sept claques par-dessus la culotte.
– C’est
tout ?
– Oh,
mais alors là, ma petite ! Alors là !
Et
il me l’a baissée. D’un coup sec. Il m’a bloqué la main
derrière le dos. Et alors là, cette fois ! À toute volée. De
grandes claques qui me rebondissaient sur le derrière. Qui me le
mettaient en feu. Je n’ai pas gémi. Je n’ai pas crié. Enfin,
si ! Juste un peu, à la fin.
Je
me suis relevée, redressée.
– Je
reviendrai n’importe comment ! Un jour que vous y serez pas.
J’ai pas eu le temps de tout voir.
C'est bien beau tout ça, mais il trafique quoi, le Môssieur, hein ?
RépondreSupprimerSi seulement je le savais!
RépondreSupprimerIl trafique d’une denrée très recherchée: des dames insolentes et trop curieuses xD
RépondreSupprimerIl y en a tant que ça? ;)
RépondreSupprimerMince cette Elise me rappelle quelqu'un...allez savoir qui... avec ses «une fessée ? Chouette !» Et ses «c'est tout ?».
RépondreSupprimerEffrontee, «grande gueule»... Mais qui donc cela me rappelle ?
Merci François-fabien.
A la place d'Elise, j'y retournerai...juste pour tenter le diable.
C'est vrai, ça? À qui peut-elle bien faire penser?
RépondreSupprimerY retourner? Oh, mais c'est sûrement ce qu'elle fera…
Merci de votre passage et de votre commentaire.
La question est : y aura-t-il la suite ? On aimerait bien savoir nous ce qui se trafique dans cette maison :p
RépondreSupprimerÇa peut en effet s'envisager. Soit que je la rédige et que Doz l'illustre. Soit, au contraire, qu'il fasse un dessin et que je m'y conforme. On a aussi la suite de "la proprio" en chantier. Et celle de la voleuse. Agréables perspectives.
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