lundi 1 juin 2020

Qui paie ses dettes (4)


Origine de l’illustration : Claudio_Scott sur Pixabay


Lucas était de mon avis. Elle reviendrait.

‒ Quand elle sera aux abois. Toute la question est de savoir quand. Dans six mois ? Dans un an ? Deux ?

On allait quand même pas attendre jusque-là.

‒ Ben non ! Non ! Maintenant qu’on y a goûté

D’autant que des femmes mûres et mariées qui rêvaient de s’éclater dans les bras accueillants de jeunes et vigoureux étalons, il y en avait à la pelle. Ça coûtait, ça… Et ça pouvait mettre en difficulté. En grande difficulté. La preuve !

D’autant aussi qu’on pouvait s’endetter pour toutes sortes d’autres raisons. Plus ou moins avouables. Des dettes qu’il pouvait devenir urgent d’honorer dans les plus brefs délais.

‒ Et il est louable d’aider son prochain dans le besoin.

‒ Même si ce n’est pas lui rendre vraiment service que de le faire sans la moindre contrepartie.

Une contrepartie qui ait le mérite de lui remettre les idées en place et de lui éviter de retomber, à l’avenir, dans les mêmes errements.

‒ Alors ce qu’on pourrait peut-être…

‒ C’est passer une annonce.

Une annonce qu’on a voluptueusement peaufinée tout un long week-end durant.

« Lucas et Quentin se proposent, Mesdames, de régler vos dettes les plus urgentes. À condition que vous acceptiez, en manière de compensation, d’être punies, à la main ou au martinet, pour les avoir inconsidérément faites. »

On ne l’a pas mise en ligne tout de suite.

‒ Il y a rien qui presse. Qu’on se trouve d’abord un local où les recevoir.

Une petite maisonnette de poupée, avec un jardin, qu’on a passé une semaine à remettre en état et à aménager.

On l’a couvée, le dimanche soir suivant, d’un œil satisfait.

‒ Là ! Eh bien, il y a plus qu’à… Feu !

Et on a mis l’annonce en ligne.


À midi, on avait déjà six réponses.

‒ Eh ben dis donc ! On va avoir du pain sur la planche.

Des femmes de tous âges qui se disaient désespérées. Qui nous suppliaient de leur venir en aide. De leur sauver la vie. Et vite ! Vite ! Ça pressait.

On a passé l’après-midi à leur répondre. À leur réclamer des éclaircissements sur leur situation. À leur en fournir, lorsqu’elles le demandaient, sur la punition qui les attendait. À entrer, lorsque c’était possible, en contact avec elles, sur Skype.

Une certaine Garance, vingt-sept ans, une petite brune, toute frisée, a fini par perdre patience.

‒ C’est du pipeau en fait, votre truc ? Vous êtes des fantasmeurs, hein, c’est ça !

‒ Pas du tout, non !

‒ Ben, prouvez-le ! Il me faut cinq mille euros avant ce soir.

‒ Pour ?

‒ Pour les remettre sur le livret d’un petit vieux. S’ils y sont pas demain matin, il porte plainte. Et je perds ma place. Sans compter… tout le reste.

‒ Vous travaillez dans une banque ?

‒ Non. À la Poste.

‒ Et vous en avez fait quoi, de ces cinq mille euros, si c’est pas indiscret ?

‒ Rien. C’est ça, le pire. Des conneries.

‒ Mais encore ?

‒ Mon mec venait de me quitter, si vous voulez tout savoir. J’étais perdue. Je faisais n’importe quoi. Je sais pas ce qui m’a pris. Un coup de folie.

‒ Ce qui ne nous dit toujours pas ce que vous avez fait de cet argent.

‒ Des fringues. Des DVD. Des restos. Du vent. Vous allez m’aider ?

‒ Dans votre cas, ce sera le martinet.

‒ Le martinet, mais…

‒ Si ça ne vous convient pas…

‒ Si ! Si ! C’est juste que… Non, non ! Ça me convient… Ça me convient…

‒ Trente-cinq coups. Et entièrement nue.

‒ J’aurai les sous ce soir ?

‒ Oui.

‒ On fait comment ? Je vous retrouve où ?

‒ On vous envoie l’adresse en mail. Ce sera ouvert. Vous entrerez. Vous vous déshabillerez. Complètement. Et vous nous attendrez…

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