samedi 31 août 2019

Les fantasmes de Lucie (67)



Tableau de St George Hare.

C’est le silence qui me réveille. Un silence profond. Étrange. Qui contraste avec le tumulte de la veille.
Je suis dans l’obscurité la plus totale. Et attachée par les poignets, bras levés. Comment diable ai-je pu réussir à dormir dans une position aussi inconfortable  ? Je me cale, les fesses contre le mur, pour tenter de soulager un peu mes bras.
J’ai froid. Et la tête me tourne.
Est-ce que je suis seule ?
– Il y a quelqu’un ?
Pas la moindre réponse.
– Il y a quelqu’un ?
Plus fort.
Il n’y a personne. Je suis seule.

Le jour commence à poindre. Je suis dans une salle immense. Un château, sûrement. Peu à peu, tout me revient. Tout se remet en place. Le complot fomenté par le duc, mon mari, contre le roi. Les longues soirées passées, entre conjurés, afin de ne rien laisser au hasard. Et puis le hurlement de Duchesne dans la nuit. « Nous sommes trahis. » Le cliquetis des armes. Les cris des soldats. « Par ordre du roi, vous êtes en état d’arrestation » La fuite. La course éperdue. Des bras qui m’enserrent. Une main que je mords à pleines dents. Un coup sur la tête. Je perds connaissance.

Des pas dans le couloir derrière moi. Des voix. Des hommes. Des gardes. Ils sont quatre. Qui jettent sur ma nudité, que je suis dans l’incapacité de dissimuler attachée comme je le suis, des regards égrillards.
Leur chef s’avance, rigolard.
– Madame la duchesse a passé une bonne nuit?
Je lui jette un regard furibond.
Il s’avance encore, me soulève le menton, du bout du doigt.
– Mais c’est qu’on voudrait faire la méchante ?
Je détourne la tête.
Il m’agrippe par les cheveux.
– Regarde-moi !
Je résiste.
Il tire plus fort.
– J’ai dit : regarde-moi !
Plus fort encore.
– Tu vas obéir, oui !
Je le regarde.
– Tu vois quand tu veux!
Il me détache. Je frotte l’un contre l’autre mes poignets endoloris.
– Par ici !
Il me prend par le bras, fermement, m’entraîne. D’interminables couloirs. Des escaliers.
Derrière moi un garde fait remarquer.
– C’est la première fois que je vois un cul de duchesse, moi !
Les autres s’esclaffent.
– Ah, ça, moi aussi !
– Il est pas mal, n’empêche !
– Quand même moins bien que celui de ma Fanchon.
Une grande salle. Tout au fond, le roi. Vers lequel on me pousse.
– Mon mari ! Qu’avez-vous fait de mon mari ?
Il ne répond pas. Il me contemple. Ses yeux courent sur moi. Sur mes seins. Sur mon encoche. Reviennent à mon visage. Recommencent. Encore et encore.
– À genoux, duchesse !
Le chef des gardes me pèse sur les épaules.
Le roi l’arrête.
– Je veux qu’elle le fasse d’elle-même.
J’obéis. Je m’agenouille.
– Front contre terre !
Front contre terre.
– Alors, duchesse… On veut jouer aux conspiratrices ?
– Je demande humblement à Votre Majesté…
Il me coupe sèchement la parole.
– Qu’on la fouette ! Trente coups. Et je veux qu’elle crie.

jeudi 29 août 2019

Fessées punitives (18)


J’ai raccroché, ulcérée. Non, mais pour qui il se prenait ce Clément ? C’était la première fois qu’il me voyait, il me connaissait pas et il se permettait de porter sur moi des jugements péremptoires et définitifs. Quel imbécile !
J’étais en train de fulminer contre lui quand on a sonné. Bérengère. Qui venait aux nouvelles. Ah, elle tombait bien, elle, tiens !
Elle a attaqué d’emblée, d’un petit air compatissant.
– T’as pris cher, à ce qu’il paraît, hier soir.
– Ben justement, à ce propos, ton Clément…
– Oui, il m’a raconté. Comment t’as dû avoir honte !
– À ce qu’il paraît qu’il a décidé que j’étais exhibitionniste…
– Oui, oh, Clément, tu sais ! Faut en prendre et en laisser avec lui. À ses yeux, n’importe comment, on est toutes comme ça. On pense qu’à se faire reluquer. C’est une obsession chez lui. Limite si, quand un coup de vent te fait voltiger ta robe, tu l’as pas fait exprès. J’ai l’habitude depuis le temps. J’y prête plus vraiment attention. Bon, mais parlons de toi plutôt. Ça a pas dû être facile quand Julien t’a obligée à rester comme ça devant eux, non ?
– Ce le serait pour personne.
– Ah, ça, moi je sais que j’aurais du mal à m’en remettre. Mais si tu me racontais ? Il s’est passé quoi au juste ?
– Clément t’a déjà dit, je suppose.
– Oui, oh, Clément… Il a vu ça à sa façon à lui. C’est un mec. Il était beaucoup plus préoccupé par ce que t’avais à montrer que par tes réactions à toi. Il en avait rien à foutre de si t’avais honte ou pas. De si ça se voyait. De comment tu te comportais. Non, il matait. Fallait pas lui en demander beaucoup plus. N’empêche que t’as dû passer un sacré sale quart d’heure.
– Non ! Tu crois ?
Ce qu’elle pouvait être lourde quand elle s’y mettait !
– Déjà qu’Océane et Émilie, ça se voyait que c’était vraiment pas une partie de plaisir. Et pourtant on était qu’entre nanas. Alors devant des mecs ! Ah, non, j’aurais pas pu, moi ! J’aurais vraiment pas pu. Je sais pas comment t’as fait.
Elle a eu un petit rire.
– C’est trop drôle, avoue ! Parce que, de nous quatre, c’est moi qui la mérite le plus, la fessée et il y a que moi qui l’ai pas reçue. Et qui la recevrai pas.
– T’es bien sûre de toi…
– Oh, pour ça, oui !
– Parce que ? T’as mis un terme avec ce type, là ?
– Sûrement pas ! On s’éclate trop, tous les deux. Non, j’en ai même pris un autre pour faire bonne mesure. Je sais pas comment je me débrouille, mais je tombe toujours sur des mecs qui baisent comme des dieux. À croire que je les attire.
– Mais alors…
– Clément ? S’il avait vraiment voulu me gauler, il y a longtemps qu’il l’aurait fait. Non. En fait ça fait un petit moment qu’il s’occupe plus vraiment de ce que je fabrique derrière son dos, je crois bien. Fessée ou pas, il sait que de toute façon j’irai voir ailleurs. Que je peux pas m’en empêcher. Il en a pris son parti. Me plaquer ? Il veut pas. Il veut plus. Il a bien trop peur de rester tout seul. Alors il fait l’autruche. Il s’aperçoit de rien. Théoriquement, notre pacte tient toujours : je le trompe, ou on en reste là tous les deux ou il me flanque une fessée. Mais pratiquement je ne cours plus le moindre risque. Il préfère ne pas voir. Et ne pas savoir.
– Méfie-toi quand même ! Il y a des retours de bâton des fois.
– Oh, mais pas là ! Pas là ! Surtout maintenant que vous avez décidé que c’est devant les maris ou copains qu’elles auraient lieu les fessées. Parce que voir les autres nanas en recevoir, ça, il dira pas non. Il en redemandera même. Par contre, mettre publiquement à l’air le cul de la sienne, pas question… Elle peut bien aller voir ailleurs si elle veut, mais ça, non. Non.

Océane à qui j’ai rapporté notre conversation a levé les yeux au ciel.
– Elle croit ce qui l’arrange, mais j’ai bien peur qu’elle tombe de haut. Et bien plus vite qu’elle ne l’imagine.

lundi 26 août 2019

Apaisement



Tableau de François Boucher

Elle était désolée.
– C’est ma faute.
– Ça fait rien.
– Oh, mais si, ça fait. Si ! T’as perdu beaucoup ?
– Encore pas mal, oui.
– Si j’avais su ! Parce que c’est un placement sûr, il m’avait dit, mon frère. Il y a pas le moindre risque. Et comme il est de la partie…
– C’est un domaine où il n’y a jamais rien de sûr. La preuve !
– Ça partait d’une bonne intention, tu sais ! Depuis le temps qu’on est amis tous les deux, je voulais te faire profiter de l’aubaine.
– Ben, c’est raté.
– Je m’en veux ! Tu peux pas savoir ce que je m’en veux. Si seulement je pouvais te dédommager ! Au moins un peu… Financièrement, je peux pas. Il faut que je trouve une autre solution.
– Ce n’est pas nécessaire.
– Ah, si ! Si ! J’y tiens. Je me sens bien trop coupable à ton égard. Je vais y réfléchir. Passe ce soir. J’aurai bien trouvé quelque chose.

Elle était dans sa chambre, couchée sur le ventre, les fesses dénudées. Offertes.
– Mais qu’est-ce que tu ?
– Fouette-moi !
– Hein ? Mais…
– Si ! Fouette-moi ! Je l’ai mérité. J’aurais dû me douter. Y penser. C’est pas la première fois qu’il se trompe, mon frère. J’ai manqué de prudence. Je suis coupable. Fouette-moi ! Que je puisse te regarder à nouveau en face.
Le martinet était par terre, près de la petite table basse.
– Allez ! S’il te plaît !
Elle a enfoui sa tête dans l’oreiller.
– Allez !
Puisqu'elle y tenait…
Et j’ai cinglé. Une fois. Deux fois.
– Plus fort !
J’ai lancé mes coups de plus haut.
– Encore plus fort !
Avec plus d’énergie.
– Comme ça, oui. Et plus vite.
Elle a accompagné chaque coup d’un petit soubresaut du derrière. Et d’une petite plainte étouffée.
– T’arrête pas surtout ! T’arrête pas !
Ça rougissait. Ça boursouflait.
Et ça bondissait. De plus en plus haut. De plus en plus impudique.
Et elle criait. De plus en plus éperdu.
– T’arrête pas ! J’ai mérité ! J’ai mérité ! J’ai mérité !

Il a bien fallu finir par mettre un terme pourtant.
Elle ne s’est pas retournée.
– Tu m’en veux plus ?
– Bien sûr que non !
– Merci. Laisse-moi maintenant!

samedi 24 août 2019

Les fantasmes de Lucie (66)



Cordelia a dégoté je ne sais trop où une gravure de l’année 1680 qui représente une boutiquière derrière son étal de godes.
– Et, apparemment, elle vend que ça. Du coup, doit falloir qu’elle en débite un bon paquet pour s’en sortir !
– Sans doute que oui. Parce qu’il y a pas mal de clientes, on dirait.
– Forcément ! Le matériel est de qualité. Bien ressemblant, bien tendu et bien ferme. Pour autant qu’on puisse en juger. Si elles parviennent pas à leurs fins avec ça, à moi la peur !
Et c’était ce qui pouvait leur arriver de mieux. Parce qu’elles avaient pas l’air franchement épanoui.
– Tu parles ! Avec les maris qu’elles ont !
Je suis entrée dans le jeu.
– Comment ça ?
– Ben, la première, c’est une gourmande, ça se voit tout de suite. C’est pas qu’il y mette de la mauvaise volonté, le mari, non, mais il arrive un moment où il rend les armes. À l’impossible, nul n’est tenu. Et c’est précisément, comme par hasard, à ce moment-là que, chez elle, l’excitation atteint son paroxysme.
– La pauvre !
– Tu l’as dit ! Et le temps qu’il recharge les accus… Surtout qu’il n’est plus de toute première jeunesse.
– Elle pourrait prendre un amant.
– Elle y a bien pensé. Seulement, un amant, c’est des complications à n’en plus finir. Il faut se cacher, courir le risque d’être découverte. Et puis, c’est pas forcément disponible chaque fois qu’il le faudrait, un amant. Tandis qu’un gentil compagnon comme celui-ci, c’est toujours là, toujours prêt à rendre service. Non, pour elle, c’est vraiment la solution de sagesse.
– Et la deuxième ? Celle juste derrière ?
– Oh, alors celle-là ! C’est pas qu’elle ait de gros besoins, mais elle en a quand même. Comme tout le monde. Seulement son mari, lui, il a la tête ailleurs. Maintenant qu’il lui a fait quatre gosses, il estime que le contrat est rempli, qu’il peut se tourner vers autre chose. Et autre chose, c’est la taverne où il passe le plus clair de son temps. Quand il rentre enfin à la maison, il tombe comme une masse. Tant et si bien que ça fait pas loin de six mois qu’il l’a pas touchée, sa femme. Au début, elle faisait contre mauvaise fortune bon cœur. Et puis elle a fini par se confier à une voisine. Qui lui a donné de judicieux conseils, montré sa collection personnelle, accepté de lui en prêter un. Dont elle est tombée quasiment amoureuse. Elle est devenue une inconditionnelle de la chose. Il lui en a fallu d’autres. Beaucoup d’autres. Et elle est maintenant l’une des clientes les plus assidues de cette petite échoppe.
– Et la troisième ? Non, attends ! À mon tour de raconter. La troisième, elle est cocue jusqu’aux yeux. Du plus loin que son mari aperçoit un jupon, il faut qu’il se mette en chasse. Il peut pas s’empêcher. Et tant qu’il est pas arrivé à ses fins, il lâche pas l’affaire. Seulement, il peut pas se démultiplier comme ça un peu partout et se trouver, de surcroît, en forme pour contenter sa femme. Qui, du coup, a décidé de s’occuper d’elle toute seule. Au vu et au su de son mari. Puisqu’il se cache pas, lui ! Il y a pas de raison !
– Ben, tiens ! Sans compter que ça peut le remettre en forme, va savoir !
– On a de l’imagination quand même !
– Et on est peut-être pas si loin que ça de la réalité finalement ! Bon, mais tu sais ce qu’on pourrait, là, maintenant ? C’est aller dans un sex-shop. Jeter un coup d’œil sur les godes.
– Et y aller de nos petits commentaires ? Ça marche. Go !

jeudi 22 août 2019

Fessées punitives (17)


À la première heure, le lendemain, Océane m’a appelée.
– Parce que tu dois te demander comment ça a réagi hier soir, j’imagine, non ?
– Un peu, oui.
Valentin lui avait fait un rapport circonstancié. Plus d’une heure durant.
– Il ne m’a fait grâce d’aucun détail. Et tu te doutes bien que ça s’est terminé en feu d’artifice, mais ça, je m’y attendais.
Elle ne s’en plaignait pas. Bien au contraire.
– Une bonne partie de jambes en l’air, moi, je suis toujours partante. Plutôt deux fois qu’une. Surtout que lui, quand il en est, il en est. T’y trouves sacrément ton compte.
Ça l’amusait également beaucoup.
– Parce que si tu l’écoutes, ça n’a rien à voir avec toi ni avec la fessée que tu as reçue, ce brusque regain d’ardeur à mon égard. Rien du tout. Tu parles ! Prends-moi bien pour une idiote ! Mais bon, je vais pas le lui reprocher. Moi aussi, des fois, il y a des trucs qui me mettent en appétit sans qu’il y soit pour rien. Et je suis bien contente alors de l’avoir sous la main. Enfin, bref ! Tout ça pour arriver à cette conclusion que tu lui as fait sacrément de l’effet.
– Il a dit quoi au juste ?
– D’abord que t’es sacrément bien foutue. Il en revenait pas. « C’est impressionnant ! Pour dire qu’elle a l’âge qu’elle a ! » Mais il s’est pas trop étendu là-dessus. Il sait que ça m’agace quand il vante un peu trop les charmes des autres nanas. Il en pensait pas moins, n’empêche. Et, à mon avis, il espère ardemment que tu vas pas tarder à en mériter une autre. Parce que t’aurais entendu toutes ces questions qu’il m’a posées. Mine de rien. Sans avoir l’air d’y toucher. « Ça la tient, non, la passion du jeu ? » Pour autant que j’avais pu en juger, t’étais pas mal accro, oui. « Il y a des chances qu’elle remette ça alors ? » Peut-être. Et puis peut-être pas. Qu’est-ce qu’il voulait que j’en sache ? « À un moment vous avez bien joué ensemble toutes les deux, non ? » Il a pas vraiment insisté, il a pas osé, mais le message était clair. Si seulement je pouvais avoir la bonne idée de jouer les démons tentateurs…
– Oui, ben ça ! Dans ses rêves. Que dans ses rêves. Tu pourrais bien les jouer tant que tu veux, les démons tentateurs, il y a plus le moindre risque que je rechute. Alors là ! Pourquoi tu souris ?
– Parce que j’ai déjà entendu ça. Et que je l’ai déjà dit, moi aussi.
– Oui, mais cette fois…
– C’est tout le mal que je te souhaite…
– Non, mais tu sais pas ce que c’est, toi, Océane, de se faire fesser devant trois types qui se repaissent tant et plus du spectacle que tu leur offres.
– Et j’espère bien ne jamais le savoir. Surtout que…
– Que quoi ?
– Tu sais jamais ce qu’ils vont bien pouvoir aller imaginer, les types. Ce qu’ils vont aller se mettre dans la tête.
– Comment ça ?
– Ben, je suis passée vite fait chez Bérengère, hier soir. Et il y a Clément qu’est arrivé. Il revenait de chez toi. Il venait d’assister. Du coup, il en a parlé, évidemment, tu penses bien ! D’autant qu’elle voulait savoir, Bérengère. Qu’elle s’est mise à le presser de questions.
– Et alors ?
– Et alors il est persuadé que tu le faisais exprès de gigoter dans tous les sens. Pour bien tout montrer. « Elle est exhib ! Et pas qu’un qu’un peu ! On m’ôtera pas de l’idée qu’elle est exhib, alors là ! »
– Non, mais je voudrais l’y voir, lui ! S’il croit que c’est facile, quand on s’en prend une sévère, de rester impassible, cuisses et genoux bien serrés. C’est pas possible. Même avec la meilleure volonté du monde, il arrive un moment où c’est pas possible.
– C’est bien ce que je lui ai dit. Mais il y a jamais eu moyen de lui faire entendre raison.

lundi 19 août 2019

Entre cousines (6)


Tableau de Manuel Robbe


Elle s’impatientait, Alice.
– Bon, alors ! Qu’est-ce qu’ils fabriquent ?
– Laisse-leur le temps !
– Tu crois que ça lui plaît mieux avec elle qu’avec nous ?
– Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ?
– On va écouter à la porte ? Peut-être qu’on peut entendre. J’y vais, moi ! Tu viens pas ?
Elle était en train de se lever pour y aller quand…
– La voilà !
Elle lui a à peine laissé le temps d’arriver.
– Alors ?
– Génial. Fabuleux. Sublime. Il y a pas de mots.
– Eh ben, dis donc ! Raconte ! Assieds-toi et raconte ! Nous fais pas languir.
– J’ai trop aimé. Parce que ça a été tout de suite. Juste le temps de refermer la porte. Il m’a attrapée, il m’a mis les fesses à l’air, il m’a basculée sur ses genoux et il me les a claquées. En me faisant la morale. Que je l’avais mérité. Que j’étais une petite dévergondée. Hein que j’étais une petite dévergondée ? « Si ! Oui ! » Hein qu’il fallait me remettre dans le droit chemin ? « Oh, oui ! Oui ! » Et donc qu’il tape plus fort. Beaucoup plus fort. Non ? Je ne croyais pas ? « Si ! » Et alors là ! Qu’est-ce que j’ai pris ! C’est sympa, les filles, quand nous, on se le fait, si, c’est vrai ! Mais un homme, c’est pas du tout pareil. D’abord, parce qu’il tape plus fort, beaucoup plus fort. C’est pas comparable. Ensuite parce que rien que de te dire que c’est un homme, justement… Surtout là, qu’il est bien plus âgé, que tu te sens toute petite. Comment il a fait durer en plus !
– Oui, ben ça, on a vu. Près de deux heures t’y es restée là-dedans.
– Oui, mais c’est aussi…
– Quoi donc ?
– Vous le répéterez pas ?
– Évidemment qu’on le répétera pas.
– Il a pas fait que me donner la fessée.
– Ah !
– J’avais trop envie. Ça me chauffait trop partout, les claques. Et puis de le sentir, lui, avec son truc tout dur contre ma cuisse. J’ai complètement craqué.
– Carrément !
– Il vous l’a pas fait à vous ?
Il nous l’avait pas fait, non, et elle le savait très bien.
– Oh, mais peut-être que ça viendra. Parce qu’il va sûrement pas s’arrêter en si bon chemin. Il remettra ça. Avec vous. Avec moi. On est encore là pour un bon petit bout de temps. Et vous verrez ! C’est trop fou comment il s’y prend bien. La première fois, j’ai pas trop réalisé. C’est allé bien trop vite. Mais alors la deuxième ! Il m’a rendue folle, oui ! Ah, il sait se servir de ses mains. Et de sa bouche. Sans parler du reste.
– Mais… Et Louis dans tout ça ?
– Il le saura pas, Louis.
Elle a haussé les épaules.
– N’importe comment…
– N’importe comment quoi ?
– Je sais pas si ça va durer. Parce qu’il est gentil, Louis, mais bon…
– Il sait pas s’y prendre.
– Moins bien que lui, ça, c’est sûr… Non, mais ce qu’il y a surtout, c’est que maintenant que j’y ai goûté, je me vois vraiment pas passer ma vie avec un homme qui ne me donnerait pas la fessée. Et c’est la dernière chose que je pourrais aller demander à Louis. Il en ferait une attaque, le pauvre !

samedi 17 août 2019

Les fantasmes de Lucie (65)



Cordelia a voulu que je raconte la première.
– Toi, d’abord !
Elle m’a attentivement écoutée. Sans m’interrompre. Jusqu’à la fin.
– C’est tout ? Oui, non, mais attends ! Ça vaut pas. C’est pas ce qu’on avait dit qu’on ferait.
– Ben oui, mais…
– Mais rien du tout. T’as plus qu’à recommencer.
Bon, mais à elle alors !
– Oh, moi, je me suis bien amusée. C’est trop quand tu pousses le bouchon de plus en plus loin, que ça devient de plus en plus invraisemblable et que l’autre, en face, il te gobe tout ça.
– Qu’est-ce tu lui as raconté ?
– Oh, ben d’abord, j’ai fait celle qui voulait pas qu’il les voie, mes fesses. Alors évidemment, il a tout fait pour. C’était obligé. Et il y est arrivé. Je l’ai laissé y arriver, l’air tout mal à l’aise. Il a eu un petit sifflement « Oh, la vache ! Cette tannée ! Qui c’est qui t’a fait ça ? » Je pouvais pas le dire.
C’était bien trop dur. J’avais bien trop honte. Comment il a insisté ! Et comment je me suis fait prier. Pour finir par céder. En faisant semblant que ce soit à contre-cœur. Bon, mais alors il le répéterait pas ? À personne.« Promis. Juré. » Et je me suis lancé. Du bout des lèvres. C’était arrivé dimanche. En revenant de week-end. Pour redescendre de là-haut, la route est très étroite. Impossible de se croiser à deux. Et, comme par un fait exprès, il y avait une voiture qui montait. On s’était trouvés nez à nez. Il lui suffisait de reculer de vingt mètres pour trouver un petit décrochement, l’autre. Moi, c’en était quatre-vingts qu’il aurait fallu que je fasse. Alors c’était plutôt à lui de le faire, non, il croyait pas ? « Ça me paraît évident » Sauf qu’il se bougeait pas. J’étais descendue. Ils étaient descendus. Quatre gamins. D’une vingtaine d’années. Trois garçons et une fille. Qui m’avaient prise de haut. Je m’étais pas laissé faire. Le ton avait monté. Je m’étais énervée. Et j’avais fini par les traiter de petits morveux auxquels il aurait fallu flanquer une bonne fessée pour leur remettre les idées en place, tiens ! Ça les avait rendus hystériques. Il y en avait un qui avait hurlé que c’était à moi qu’il aurait fallu en coller une plutôt, oui ! Et la fille de se déchaîner. De clamer qu’il fallait me la mettre pour de bon. Holà ! Ça commençait à sentir le roussi. J’avais voulu remonter dans ma voiture. Ils m’en avaient empêchée. Ils avaient bloqué la portière. Il y en avait deux qui m’avaient empoignée, couchée en travers du capot. Un troisième m’avait attrapé les poignets, de l’autre côté, et solidement maintenue. Malgré mes cris et mes protestations, ils m’avaient baissé mon jogging, ils m’avaient retiré ma culotte et ils avaient tapé. Comme des sourds. Avec la fille qu’arrêtait pas de leur dire d’y aller plus fort, qu’ils faisaient semblant. De pas faire attention à mes beuglements. Que j’étais une mijaurée. Quand ça s’était arrêté, j’avais pas demandé mon reste. J’étais remontée dans ma voiture, les fesses en feu, et c’était moi qui avais reculé. Quand ils étaient passés à ma hauteur, ils étaient hilares.
J’ai hoché la tête.
– Je me demande où tu vas chercher tout ça…
– Oui, oh, ben t’es pas mal non plus dans ton genre, toi, quand tu t’y mets. Quand t’acceptes de t’y mettre.
Elle a ri.
– N’empêche que tu sais quoi ? Plus je racontais et plus j’y croyais. Plus j’avais l’impression que ça m’était vraiment arrivé.
– Ça le fait, ça. Et lui ?
– Oh, lui ! Il a d’abord pris un air horrifié. Quels petits salopards ! J’avais porté plainte au moins ? Il fallait porter plainte. Pour que les gendarmes écument le pays à la recherche de témoignages, pour que tout le monde soit au courant de ce qui m’était arrivé et pour qu’au final ils les retrouvent pas ? Non, merci bien. Il a trouvé que oui. Peut-être que j’avais pas forcément tort finalement. Et il m’a demandé plein de détails. Que j’inventais au fur à mesure. Il en avait jamais assez. Plus d’une heure ça a duré. Et en même temps il me caressait les fesses. Il me les embrassait. Il me les suçotait. Et il s’extasiait. « Comment elles sont chaudes »
– Bref, ça l’excitait.
– Oh, que oui ! Mais c’était bien un peu le but aussi.
– Et ça s’est fini en apothéose.
– Une nuit d’enfer. Quatre fois on a remis le couvert.

jeudi 15 août 2019

Fessées punitives (16)


Impossible de dormir. Même couchée sur le ventre. Ça me cuisait trop. Ça me lançait trop. Mais, surtout, il y avait la honte. Qui ne me lâchait pas. Qui me rongeait. Une honte ravageuse, lancinante. Je la revivais en boucle, cette fessée. Interminablement. J’en revisitais, au ralenti, chaque moment. Pour ma plus grande mortification. Je m’étais avérée totalement incapable de tenir mes belles résolutions. J’avais crié. Je m’étais époumonée. Sans la moindre retenue. J’avais, sous l’effet de la douleur, battu des jambes, bondi du derrière. Sans la moindre pudeur. Quel spectacle j’avais offert à ces trois hommes ! On avait pu voir tout ce qu’on avait voulu. Absolument tout. Et, à la fin, quand je m’étais relevée, qu’il avait fallu que je…
Ne pas y penser. Ne plus y penser. Je me suis tournée. Retournée. D’un côté. De l’autre. J’ai soupiré. J’ai gémi.
Julien m’a posé une main, légère, au creux des reins.
– Tu as mal ?
Oh, oui, j’avais mal, oui ! Comment il avait tapé fort !
– Il le fallait. Si on voulait que ça porte vraiment.
– Je sais bien, Julien ! Je sais bien. Je te reproche pas. Je te reproche rien. Mais c’était tellement dur avec eux qui regardaient. Tellement. Surtout après, à la fin, quand tu as arrêté et que tu as voulu que je reste là debout, sans bouger.
Il m’a caressé doucement la joue.
– Et pourquoi à ton avis ?
– Je suis pas idiote. J’ai bien compris.
– Dis-le quand même ! Dis-le ! Que ça rentre bien…
– Pour m’ôter à tout jamais l’envie de recommencer. Plus ce serait dur et moins je voudrais me mettre en situation de le revivre.
Il a continué à me caresser. Le cou. Les épaules.
Et j’ai été prise, à son égard, d’un immense élan de reconnaissance. Je l’avais mis en danger. Je nous avais mis en danger. Par ma faute, à cause de mes sottises, on vivait à l’étroit. On devait faire attention à tout. On se privait en permanence. Alors, qu’à force de me voir systématiquement rechuter, il ait fini par baisser les bras, il ait voulu poursuivre sa route sans moi, comment aurais-je pu le lui reprocher ? Mais il ne le faisait pas. Il mettait au contraire tout en œuvre pour que je me comporte enfin de façon responsable et, ce faisant, il me sauvait de moi-même. Parce que seule, sans lui, sans garde-fou, j’aurais été incapable de m’imposer des limites, je le savais. J’aurais été prise dans un vertige de casinos, de champs de courses et de jeux en ligne. Et j’aurais couru à la catastrophe absolue. Interdite bancaire. Banque de France. Et tutti quanti.
Je me suis serrée fort contre lui.
– Je t’aime, Julien.
– Mais moi aussi, je t’aime. Si seulement…
Je l’ai fait taire d’un baiser.
– Chut ! Dis rien ! Je te promets ! Je te promets !
On s’est enlacés. Nos lèvres se sont jointes. Les pointes de mes seins se sont dressées et je me suis pressée contre lui. Et il a été tout dur contre moi.
– Je t’aime, Julien ! Je t’aime !
Et c’est moi qui… Sur lui.
– Je veux ! Je veux !
Je me suis emparée de lui. Je l’ai chevauché. Et je me suis élancée à la conquête de mon plaisir. Éperdument.
Il a posé ses mains sur mes fesses brûlantes. Et ça a déferlé. Ça m’a emportée. Chavirée. J’ai éperdument hurlé. Une deuxième vague presque aussitôt que je lui ai psalmodiée à l’oreille. Et il s’est répandu en moi.
– Ne bouge pas ! Reste comme ça !
J’étais bien. Si bien.
Et je me suis endormie, la tête sur sa poitrine.

lundi 12 août 2019

Entre cousines (5)



Tableau de Franz von Lenbach

Elle n’a pas eu le temps de nous raconter, Alice. Pas tout de suite. Parce que, quand elle est revenue de là-bas, c’était l’heure de passer à table.
– Tu peux quand même nous dire si c’était bien.
– Oh, pour ça, oui alors !
Avec un grand sourire ravi.

Aussitôt remontées dans ma chambre, après le repas, on s’est assises, toutes les trois, au bord de mon lit, elle au milieu.
– Allez, raconte ! Tout. Bien en détail. En commençant par le début.
– Le début ? Ben, au début il a voulu que je me déshabille.
– Exactement comme moi.
– Tout de suite. En arrivant. Et moi, pas question, alors là ! Une fessée, je voulais bien, oui, mais seulement par-dessus les habits. Il a insisté. Un peu. Pas trop. Il a soupiré. « Bon ! Allez ! » Et il me l’a fait. Mais même pas sur ses genoux. Juste comme ça, debout. Une dizaine de claques, pas vraiment fortes, mais un peu quand même. Et puis il a arrêté. Il avait pas vraiment envie, je le sentais bien. Il m’a lâchée. Et je suis restée là, sans trop savoir quoi faire. Surtout qu’il parlait pas. Qu’il disait rien. Il avait l’air tellement déçu. C’était de ma faute. Je me sentais idiote, mais idiote ! Et je savais toujours pas quoi faire. C’est sorti tout seul au bout d’un moment. « C’était mieux avec Anne, hein ! » « Oh, pour ça, oui ! Et comment ! » Le cri du cœur. Les larmes m’en sont montées aux yeux. J’étais nulle, non, mais comment j’étais nulle avec mes grands principes. « Oh, mais pleure pas ! Pleure pas ! » Il est venu mettre ses mains sur mes épaules. « Si tu voulais… » Si je voulais… Je savais quoi. Et je l’ai dit. Oui. Tout bas, mais je l’ai dit. Oui. Ça l’a surpris. « Oui ? » « Oui ». Comment il a eu l’air heureux d’un coup ! Il a pas perdu de temps. Des fois que je me ravise. « Viens ! » Il s’est assis. Il m’a attirée sur ses genoux. Il m’y a installée. Et ça a d’abord été encore par-dessus mes vêtements, mais beaucoup plus fort que la première fois. J’ai un peu crié. Et puis il a relevé ma robe. Je n’ai pas essayé de l’empêcher. J’ai été tentée de le faire, mais je me suis retenue. Je l’ai pas empêché. Sur ma culotte, ça a été. Un peu aussi autour, sur les cuisses. Et là, comment ça faisait mal ! Il me sermonnait en même temps. Que j’étais une vilaine fille. Une petite capricieuse. Et pourquoi je voulais pas qu’il me la donne le derrière tout nu, la fessée ? Mais je voulais bien ! Maintenant je voulais bien. Il a tiré sur ma culotte alors. D’un coup. Il me l’a baissée. Et il m’a tapée toute nue. Les fesses. Partout. En haut. En bas. À droite. À gauche. J’ai crié. Et plus je criais, plus il tapait fort. J’ai gigoté. Il a coincé mes jambes entre les siennes et il a tapé plus vite. J’avais qu’une envie, c’est que ça s’arrête et, en même temps, j’avais qu’une envie, c’est que ça s’arrête jamais. Il ne m’a pas fait relever tout de suite. Il m’a gardée prisonnière entre ses cuisses. Il a écarté une mèche sur mon front. « Alors ? C’est pas mieux qu’avec tes cousines ? » « Oh, si ! » Je l’ai hurlé. Il a ri et il m’a fait mettre debout devant lui. Il m’y a gardé en me tenant, de chaque côté, la robe relevée haut sur les hanches. Avec ses yeux sur moi. Longtemps. « Tu mouilles ! » D’un coup il l’a dit. « Tu mouilles. »
Éléonore a soupiré.
– Moi aussi.
Et elle s’est mis les doigts.
Nous aussi.

samedi 10 août 2019

Les fantasmes de Lucie (64)



Tableau de Vincent Van Gogh

Enfin un qu’était à peu près potable. Pas mal, même. Fallait pas être trop exigeante non plus. Nettement mieux en tout cas que le grand brun et le petit frisé qui, avant lui, avaient successivement voulu tenter leur chance avec moi. Et auxquels j’avais fait comprendre, avec le plus de diplomatie possible, qu’il était hors de question qu’il puisse se passer quoi que ce soit entre nous.
– C’est quoi, ton prénom ?
– Lucie. Et toi ?
– Jérôme.
On s’est souri. On a dansé. J’ai cherché Cordelia du regard. Elle avait disparu. Sans doute les choses avaient-elles pris bonne tournure avec le grand costaud qui l’avaient invitée. On a encore dansé. Ses lèvres m’ont effleuré les cheveux. J’ai frissonné. Sa main est descendue, venue se loger, d’autorité, au creux de mes reins. Décidément pas mal. Pas mal du tout. Un regard vert envoûtant. Un torse qui donnait envie de venir se réfugier contre lui. J’y ai appuyé ma joue. Sa main a pris possession de mes fesses. Tout en haut. Il s’est fait tout dur contre mon ventre. J’ai laissé mon bassin aller à sa rencontre. Il s’est penché vers moi, penché encore. Mes lèvres ne se sont pas dérobées.

Un partenaire de rencontre, c’est toujours une loterie. Tu peux t’éclater comme tu peux courir au fiasco le plus total. Je me suis éclatée. Il s’y prenait bien. À la fois patient et impatient. Maîtrisé et passionné. En sorte que j’ai joui deux fois, pleinement, sans retenue, avant qu’il n’ait à son tour son plaisir. On est restés quelques instants encastrés et puis je me suis réfugiée contre lui, ma tête sur son épaule. J’étais bien. Si bien.
Mes fesses, pendant, il les avait caressées, remodelées. Il s’était rendu compte, sûrement. Impossible qu’il ne se soit pas rendu compte. Mais il n’avait rien dit.
Sa main est revenue s’y poser.
– Elles sont toutes chaudes. Qu’est-ce qu’il leur est arrivé ?
Je n’ai pas répondu. Je lui ai piqueté l’épaule de petits baisers.
– Tu fais voir ?
Et il m’a doucement tournée sur le ventre. Je me suis abandonnée.
Il s’est penché dessus. J’y ai senti son souffle.
– Eh ben, dis donc ! Tu t’en es pris une belle, là !
Il y a posé les lèvres, les y a fait courir tout du long. Il est monté, descendu, s’est un peu égaré dans le sillon entre elles. J’ai frissonné.
Il est revenu à moi.
– Qui c’est qui t’a fait ça ?
Je me suis retournée.
– Mais… personne.
– Ben, voyons ! Je vais te croire.
Inventer une histoire à dormir debout, on avait dit avec Cordelia. Aussi invraisemblable que possible. Et la leur faire gober. Oui, mais je n’y avais pas pensé à l’avance. Je m’étais dit que j’improviserais, le moment venu. Et là, il ne me venait pas d’idée. Pas la moindre idée. J’ai tenté, sans grande conviction.
– Mon patron.
– Ton patron ! Eh bien, raconte, quoi !
C’était mon patron, oui. Quand il n’était pas content de mon travail, il me faisait rester, le soir, après tout le monde, il me baissait ma culotte et il me corrigeait. Non, mais ma pauvre fille ! Tu te rends compte de ce que tu es en train de lui raconter, là ? C’est d’une banalité ! Et cousu de fil blanc en plus.
Il me regardait, attentif, bienveillant. Il attendait. Je me suis noyée dans ses yeux. Et non. Non. Je n’avais pas envie de lui mentir. Pas à lui. Alors j’ai tout déballé. Cordelia. Le challenge.
– T’as voulu me rouler dans la farine, quoi, en somme !
C’était pas vraiment ça, mais un peu ça quand même.
– C’est complètement ça, oui, tu veux dire ! Mais tu sais que c’est pas bien du tout ?
J’ai pris un petit air contrit.
– Et que tu mériterais d’être punie pour ça.
Un frémissement d’heureuse appréhension m’a parcourue toute.
– Tu vas l’être d’ailleurs…
Ça s’est épanoui à l’intérieur de moi. S’il voulait, oui. Comme il voulait.
– Par-dessus l’autre, ça va faire mal. Très mal.
Je savais, oui. Je savais. Et c’était tant mieux.
Et je lui ai tendu mes fesses.

(à suivre)

jeudi 8 août 2019

Fessées punitives (15)


– Alors ? Prête ? C’est le grand jour.
– Julien…
– Oui ?
– Non. Rien.
Il m’a prise contre lui.
– C’est pour ton bien.
– Je sais, oui.
– Pour que tu cesses enfin de te mettre en danger. De nous mettre en danger. Il n’y a que comme ça que…
– Oui. Oui. On a toujours été d’accord là-dessus. Mais quand même… Quand même… C’est pas facile, tu sais !
– Moins ce sera facile et plus ce sera efficace, non ?
J’ai soupiré.
– Si !
– Ah, tu vois !

On a sonné. J’ai sursauté.
– Notre premier invité. Tu bouges pas de là. Tu attends. Je viendrai te chercher.
Je me suis approchée de la porte. J’ai tendu l’oreille. Une voix grave. Posée. Étienne, sûrement. Des paroles. Incompréhensibles.
Un autre coup de sonnette. Un autre encore. Presque aussitôt. Leurs voix entremêlées. Un rire. Celui de Valentin. Encore leurs voix.
Ça a duré. Duré. Ça s’est animé. Et puis le silence. Un silence lourd. Pesant. La porte.
– Tu peux venir ?
J’ai respiré. Un grand coup. Et je me suis bravement lancée.
Ils étaient assis tous les trois, côte à côte, sur le canapé.
– Bonjour !
Sans regarder personne.
– Ah, mais non ! Non ! Pas comme ça !
Il m’a prise par le bras, obligée à aller les saluer individuellement. L’un après l’autre.
– C’est la moindre des politesses.
Le sourire gourmand, un peu narquois, de Valentin.
– Ben, fais-lui la bise à lui ! Tu le connais.
Le regard inquisiteur de Clément.
– Qui brûlait de l’envie de te rencontrer.
Et le visage dur, réprobateur, d’Étienne.
– Vous avez plein de points communs en fait tous les deux. Si, si, je t’assure ! Tu verras.

Il a tiré une chaise.
– Bon. Inutile de se perdre en discours interminables. Et superflus. Tout le monde sait de quoi il retourne.
L’a disposée de telle manière que je sois disposée dos à eux. Fesses à eux.
Il s’est assis, m’a fait signe d’approcher, de m’étendre en travers de ses genoux, m’y a bien calée, a relevé ma robe. Haut. Très haut.
– Maintiens-la comme ça.
Il a glissé les pouces, de chaque côté, sous l’élastique de ma culotte. Qu’il a tirée. Fait descendre. Lentement. Très lentement.
– Soulève-toi !
Qu’elle puisse passer. Elle m’est tombée sur les chevilles.
Il m’a posé une main sur les fesses. J’ai serré les dents. Ne pas crier. Ne pas leur faire ce plaisir. Et surtout ne pas me contorsionner. Ne pas gigoter. Qu’ils n’en voient pas plus que nécessaire.
– C’est parti !
Et la première claque est tombée.

lundi 5 août 2019

Entre cousines (4)



Tableau de Gerda Wegener

Le lendemain matin, quand je les ai rejointes dans leur chambre, elles étaient à la fenêtre. Elles le regardaient passer.
– Et dire qu’il t’en a donné une, de fessée !
Qu’il a fallu que je leur raconte encore.
– Mais je l’ai déjà fait dix mille fois !
– T’as peut-être oublié des détails.
Elles ont bu mes paroles, réclamé une précision ici, un éclaircissement là, ont commenté.
Et Éléonore a soupiré.
– Comment ça donne envie, n’empêche ! Tu trouves pas, toi, Alice ?
Alice aussi elle trouvait, oui ! Même si…
– Même si quoi ?
– Une fessée par lui, c’est vrai que j’aimerais bien, mais pas qu’il me mette toute nue. J’aurais bien trop honte.
Elle était de son avis, Éléonore.
– Forcément qu’on a honte.
Et, en même temps, pas du tout de son avis.
– C’est tellement bon, souvent, la honte.

L’après-midi, elles ont voulu qu’on aille s’installer sous la tonnelle.
– C’est sur son chemin. Il nous verra comme ça.
– Et peut-être que…
Il est passé. Il s’est contenté de passer. En nous saluant de loin.
Éléonore a constaté.
– Il s’occupe pas de nous.
Elle l’a regardé s’éloigner.
– Qu’est-ce qu’il est bien bâti, n’empêche ! Comment on doit se sentir toute petite quand il punit.
J’ai confirmé.
– Délicieusement toute petite, oui.

Il est passé et repassé. À plusieurs reprises.
– Il s’occupe toujours pas de nous.
– Et il s’en occupera pas.
– Il y avait qu’Anne qui l’intéressait en fait.

– Le v’là !
Il venait vers nous.
– Oui, le v’là !
Il s’est approché. Lentement. Très lentement.
Et s’est arrêté. Tout près.
– Alors ? Laquelle de ces demoiselles aujourd’hui ?
Elles sont restées muettes, les yeux baissés.
– Hein ? Laquelle ? Allez, Mademoiselle Alice…

Il l’a prise par la main, fait lever et elle l’a docilement suivi. On les a regardés s’éloigner. Disparaître.
– Bon, ben voilà ! Il y a plus qu’à attendre. Qu’elle revienne. Et qu’elle nous raconte.

Il y avait quand même quelque chose qui l’inquiétait un peu, Éléonore. Pas mal, même.
– Quoi donc ?
– Je vais sûrement y passer, moi aussi. Demain ou après-demain, ce sera mon tour.
Il y avait effectivement toutes les chances, oui. Et alors ?
– Alors, à ce que tu nous as raconté, quand t’étais à plat ventre sur ses genoux, tu la sentais toute dure contre toi.
– Et même qu’elle palpitait.
– Et t’as pas couché, tu dis ?
– J’ai pas couché, non.
– Je pourrais pas, moi. Résister. Je pourrais jamais. Je me connais. Si ça m’arrive à moi aussi, je vais me coller dessus. Je vais me presser contre. Je vais avoir envie. Je vais vouloir. Je vais devenir folle. Seulement…
– Seulement il y a Louis. Et tu veux pas le tromper.
– Voilà, oui !
Elle s’est levée d’un bond.
– Oh, et puis zut ! On verra bien. On n’y est pas encore.

samedi 3 août 2019

Les fantasmes de Lucie (63)



Dessin de G.Topfer

Ça nous a fait tout drôle, le lundi matin, de nous retrouver face à face au boulot, chacune devant son ordi.
– T’as encore les marques, toi ?
Tu parles si je les avais ! Après un week-end pareil. Fessée sur fessée ça avait été. Quarante-huit heures non stop. Et pas que fessée. Victor était dans une forme olympique dont il nous avait fait, l’une et l’autre, généreusement et équitablement profiter.
– Et toi ?
Elle aussi. Oui. Évidemment.
– Mais dis-moi, Lucie…
– Je sais ce que tu vas me demander. Je le sais. Mais je t’ai déjà dit ! Vingt fois. Non, ça m’ennuie pas, non. Je me le suis imaginé, à un moment, que j’étais amoureuse de lui. Mais non. Non. Je suis très au clair là-dessus. Alors on en profite. On s’éclate avec. Toutes les deux. Sans états d’âme. Point barre. On revient pas là-dessus.

À la pause, à la machine à café, elle a esquissé une grimace.
Romain s’est montré plein de sollicitude.
– Mal au dos ?
C’était ça, oui. Mal au dos.
Et on a étouffé, toutes les deux, une immense envie de rire.
Qu’on a laissée s’exprimer tout à loisir une fois remontées là-haut.
– T’imagines s’il savait !
– Lui ? Vaudrait mieux pas. On l’aurait sans arrêt à nous coller aux fesses.
– Et Gaëtan !
– Oh, alors là, lui, ce serait l’infarctus assuré.
Et Kevin ! Et Ugo ! Et Aurore ! Et Martial ! Et la Patricia. Et le vieux Philippe ! On les a toutes et tous passés en revue. On a imaginé leurs réactions, leurs réflexions. Tout ce qui se serait dit derrière notre dos. Forcément.
N’empêche qu’un fantasme qu’elle avait, Cordelia, c’était…
– Non, mais attends ! Imagine ! T’as le cul tout rouge. Ou bien alors tout zébré. C’est récent en tout cas. De trois ou quatre heures ça date. Pas plus. Là dessus tu vas en boîte. Quelque part où tu connais personne. Ou personne te connaît. Il y a un type qui t’entreprend. Il te plaît pas mal. Tu le laisses avancer ses pions. Tu lui fais comprendre que ça peut le faire. Ça le fait. Et alors c’est là, une fois dans sa piaule ou à l’hôtel, que le jeu commence. Sa tête quand il s’en aperçoit ! « Hein ! Mais qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? » S’ensuivent tout un tas de questions. Auxquelles tu peux répondre tout et n’importe quoi. Ce que tu veux. Tu peux inventer tout un tas d’histoires. Te couler dans n’importe quel rôle. Le faire te plaindre ou se moquer. J’y passe des heures des fois à imaginer ce que je leur raconte. Et comment ils réagissent.
– Et tu te pianotes, je suis sûre.
Elle a ri.
– Ah, ben ça !
J’ai saisi la balle au bond.
– Et si on le faisait en vrai ?
– Oh, tu crois ?
Avec une petite moue dubitative.
– Mais oui ! Toutes les deux. Le même soir. Chacune son type. Et on se raconterait après.

On en a parlé et reparlé. Toute la semaine. Et ça s’est imposé. Avec de plus en plus d’évidence. On s’est choisi une boîte de nuit et, le vendredi soir, en route pour Angers.
Le temps de se préparer.
– Je commence ou tu commences ?
Elle d’abord. Et je lui ai sorti une de ces fessées de derrière les fagots. J’y ai mis tout mon cœur. Elle a crié. Elle a gigoté. S’est agitée dans tous les sens. M’a suppliée d’arrêter. L’a aussitôt regretté.
– Mais non ! Continue, idiote !
Et j’ai repris e plus belle.
Elle est allée se voir dans la glace.
– Tu crois que ça va ?
Mais oui, ça allait. Fallait pas en faire trop non plus.
– Bon, ben à ton tour alors !
À mon tour. Une interminable fessée qui a progressivement gagné en puissance. Qui m’a obligée à enfouir ma tête dans l’oreiller pour ne pas ameuter tout l’hôtel. Qui a fini par m’arracher un délicieux orgasme dont il m’a fallu une bonne dizaine de minutes pour me remettre.
On s’est habillées. Regardées.
– Si on fait pas des ravages, à moi la peur !

(à suivre)

jeudi 1 août 2019

Fessées punitives (14)


Ça n’a pas été tout de suite.
– Le temps de trouver un créneau qui leur convienne à tous les trois. Et…
Il m’a posé une main sur l’épaule. M’a souri.
– Et aussi le temps que tu réfléchisses. Que tu appréhendes. Beaucoup. Longtemps. Dans ton cas c’est encore ce qui sera le plus efficace.
Pour appréhender, j’appréhendais, ça ! Être déculottée et fessée devant trois hommes dont deux avaient à peine la moitié de mon âge. J’appréhendais mais, en même temps, je me sentais soulagée. Il m’arrêtait. Il m’arrêtait à temps. Je savais trop bien sur quelle pente savonneuse je m’étais une nouvelle fois engagée. Je savais trop bien qu’une fois lancée, seule, j’aurais été incapable de m’arrêter. Et que je nous aurais mis financièrement gravement en danger.

Les filles me plaignaient.
– Tu vis ça comment ?
Je haussais les épaules.
– Comme vous toutes, j’imagine.
Océane s’en voulait.
– C’est ma faute, tout ça ! C’est ma faute.
Je la rassurais. Comme je pouvais.
– J’aurais replongé de toute façon. J’essayais de me le faire croire mais je savais bien, tout au fond de moi, que je n’étais pas complètement guérie.
En attendant, il y en avait un qui l’agaçait. Qu’est-ce qu’il pouvait l’agacer !
– Ton Valentin ?
– Valentin, oui. Parce qu’il joue les indifférents. « C’est jamais qu’une fessée. », mais en réalité comment il a hâte de te voir la recevoir. Ça l’excite. Ça l’excite d’une force ! Deux fois hier il a fallu que je passe à la casserole. Et déjà une fois ce matin. Il peut pas s’empêcher d’en parler. À tout bout de champ. Il essaie bien, mais il y arrive pas. Il parle plus que de ça. Et sa grande hantise, c’est que ça n’ait finalement pas lieu. Que tu réussisses à convaincre Julien de renoncer à te la donner devant eux. « On sait jamais ! Les femmes, c’est jamais à bout d’arguments. » Tu peux être sûre en tout cas qu’il va ouvrir tout grand les yeux et qu’il en perdra pas une miette. Quant à moi, faudra que j’assure quand il va rentrer. Ça, je m’y attends.

Le Clément de Bérengère, c’était le seul que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais vu.
– Oui, ben justement ! Justement ! Il trouve la situation des plus cocasses, lui. Et des plus improbables. « T’imagines ? Je sais même pas à quoi elle ressemble et j’aurai à peine le temps de lui dire bonjour qu’elle va se retrouver les fesses à l’air devant moi. Et gigoter du croupion. Avoue quand même que c’est pas banal. » Et il arrête pas de me harceler de questions. T’es comment ? Brune ? Blonde ? Et tes yeux ? Ils sont de quelle couleur, tes yeux ? T’es plutôt enveloppée ou longiligne ? Et ta poitrine ? Elle déborde de partout ou bien elle est toute menue ? Mais dès que j’esquisse le moindre début de commencement de réponse, il me fait taire. « Non, non, dis rien ! Dis rien ! Je préfère avoir la surprise. »

Celui que j’appréhendais le plus, c’était, et de loin, l’Étienne d’Émilie. Vu la sortie qu’il m’avait faite, chez lui, le jour où il l’avait fessée…
– Il réagit comment ? Il dit quoi ?
Elle a haussé les épaules.
– Pas grand-chose. Rien. Il a pas fait vraiment de commentaires. Juste qu’il espérait que Julien te ménagerait pas. « Parce qu’il y a des choses qu’on peut vraiment pas laisser passer. »