jeudi 28 novembre 2019

Fessées punitives (31)


C’est moi qui me suis chargée de contacter tout le monde.
Et de prévenir Océane.
– C’est pour ce soir…
– Déjà ! Mais que c’est que ça m’arrange pas, moi, ce soir !
– Parce que ?
Il y a eu un long silence.
– Allô… T’es toujours là ?
Elle était là, oui. Et elle a soupiré.
– Ça sert à rien de reculer n’importe comment. Vu que de toute façon faudra que j’y passe…
– Effectivement. Alors le plus tôt sera le mieux.

Julien a voulu que ce soit elle, Océane, qui dispose les chaises.
– De façon à ce que tout le monde puisse en voir le plus possible. Et dans les meilleures conditions.
On s’est assis.
Étienne à ma droite. Qui a voulu savoir si j’avais réfléchi.
– Un peu, oui, mais je n’ai rien trouvé.
Il a souri d’un air entendu.
– Ça viendra.
Et Valentin à ma gauche.
– Je devrais avoir le droit de filmer, moi, j’trouve ! Vu que c’est ma femme qui y attrape. Je pourrais lui repasser la séance comme ça. Peut-être que ça l’aiderait à arrêter de boire. Sûrement même ! C’est une idée, ça ! Faudra que je leur en parle aux autres quand on se verra uniquement entre nous.

Julien s’est installé. Face à nous. Et le silence s’est fait.
Un signe de lui. Et Océane s’est approchée.
– Plus près ! Encore ! Allez, encore !
Elle a obéi. Il lui a saisi les poignets. Les lui a emprisonnés.
– Tu as recommencé. Regarde-moi ! Tu as recommencé.
– Oui.
La tête basse.
– Tu n’as pas quelque chose à demander, du coup ?
– Si ! Qu’on me punisse ! Je l’ai mérité. Que ça me serve de leçon…
Il a passé les mains sous sa jupe. Des deux côtés. Il a descendu la culotte. Qui lui est tombée sur les chevilles.
– Retire-la ! Complètement. Que tu puisses gigoter tout à ton aise.
Elle l’a fait. Un pied après l’autre.
– Allez !
Il l’a saisie par la taille, fait basculer en travers de ses genoux. Elle s’y est docilement laissé allonger, caler.
Il lui a relevé la jupe au-dessus de la taille. Les fesses à découvert. Il en a pris possession, d’une main distraite.
– Prête ?
Il n’a pas attendu la réponse. Il a tapé. Une grêle de claques. Vigoureusement assénées. À un rythme soutenu.
– Je peux te dire que celle-là, tu vas t’en souvenir et qu’elle va te faire passer à tout jamais l’envie de boire quoi que ce soit.
Il n’y avait pas que ça. Il y avait aussi ce qu’elle et moi on était les seules à savoir. C’était pour ça aussi qu’elle était punie. C’était pour ça surtout que ses fesses étaient en train de virer au rouge incandescent. Que ses jambes étaient en train de battre désespérément l’air. Qu’elle gémissait comme une perdue.
Est-ce qu’elle avait également envisagé de me séparer de Julien ? Oui. Évidemment. Comme elle l’avait fait pour toutes les autres. Sale petite garce ! Qu’il tape ! Plus fort ! Encore ! Encore ! Là… Comme ça, oui.
Elle a crié.
Et ça a été tout mouillé entre mes cuisses.

jeudi 21 novembre 2019

Fessées punitives (30)


Je suis allée la secouer.
– Océane !
Elle a grogné.
– Oui. Quoi ?
– Il est neuf heures. Et tu bosses aujourd’hui, non ?
– J’irai pas. J’ai pas envie. J’appellerai.
Elle s’est redressée, a bâillé à se décrocher la mâchoire.
– Je suis pas en état de toute façon. Non, mais comment j’ai la tête dans le cul !
Et elle a brusquement proclamé, d’un ton péremptoire.
– Mais j’étais pas saoule hier soir, hein, faut pas croire !
– Saoule, non ! Mais bien entamée, oui. Ce qui revient finalement au même. Tu vas y avoir droit, ce qu’il y a de sûr. Et Julien ne va pas te ménager.
– Je sais, oui !
– Ce que je comprends pas… T’aurais pu y échapper. Tu serais allée à l’hôtel, t’aurais tranquillement cuvé et on n’y aurait vu que du feu. Mais non ! Il a fallu que tu viennes te jeter en direct dans la gueule du loup.
– Me défiler ? Pour traîner ma culpabilité pendant des semaines et des semaines ? Ah, non, non ! C’est moi qui ai demandé, et ce sans la moindre ambiguïté, à être punie, dans mon propre intérêt, chaque fois que je repiquerais à l’alcool. C’est la seule chose qui soit réellement efficace avec moi. Une bonne fessée. Pas le moindre doute là-dessus. Alors si je veux arriver à finir par complètement en sortir…
Elle s’est perdue quelques instants dans ses pensées.
– Non. Et puis il y a pas que ça. Il y a pas que pour avoir bu qu’il va me punir, ce coup-ci, Julien. Il y a autre chose. De beaucoup plus grave. Sur quoi il m’a fait mettre le doigt. Il est redoutable, ton mari, quand il veut. Il sait appuyer là où ça fait mal. Et il te lâche pas. Jusqu’à ce que t’aies le nez dessus. Et dedans. Alors personne le saura, personne s’en doutera, peut-être même pas lui, mais, dans ma tête à moi, c’est pour quelque chose de complètement différent que je vais la recevoir, la fessée.
– Je voudrais pas être indiscrète, mais si ça peut te faire du bien d’en parler…
– Ce qui me sidère, ce qui me sidère complètement, c’est qu’on peut faire des trucs, systématiquement, obstinément, pendant des années et des années, sans même s’apercevoir qu’on les fait.
– Quels trucs ?
– Je supporte pas que les autres soient en couple en fait. Dès que j’en ai un dans les parages, je fais tout pour le détruire. Systématiquement. Je me rendais pas compte, mais si, oui. Maintenant que j’ai le nez dessus, c’est une évidence. Et je peux être très très retorse si je veux. C’est à la nana que je m’en prends. Jamais au mec. Ça me sauterait trop aux yeux sinon ce que je suis en train de faire. J’aurais trop ouvertement l’air de la petite salope briseuse de ménages. Alors non. Je fais amie-amie avec la femme. J’entre en confidences. Réelles ou inventées. Je la pousse à s’épancher à son tour. À me parler de son compagnon. Et je cherche la faille. Il y en a toujours une. Un défaut, une manie chez lui qui la hérisse. Je monte ça en épingle. J’en rajoute une couche. J’en débusque d’autres, des défauts. De toute sorte. Elle le défend. Mollement. Avec moins en moins de conviction. Peu à peu, au fil de nos échanges, il lui apparaît sous un jour radicalement différent, fort peu séduisant. Et elle s’interroge. Non, mais comment est-ce qu’elle a pu aller s’enticher d’un type pareil ? Qu’est-ce qu’elle a bien pu lui trouver ? Comment elle arrive à le supporter ? Plus rien de ce qu’il dit, plus rien de ce qu’il fait ne trouve grâce à ses yeux. La séparation est toute proche. Ce n’est plus qu’une question de semaines, voire de jours.
– Mais à toi, ça t’apporte quoi, ça, à toi ?
– Je me le suis aussi demandé. Toute la soirée d’hier. Et j’ai fini par trouver. C’est qu’un type avec une nana, il est pas disponible pour moi. Et ça, je supporte pas. Ce que je voudrais, au fond, c’est qu’ils soient tous célibataires, sans attaches, que je puisse puiser à ma guise dans le tas, si j’ai envie.
– Eh, ben dis donc !
– Je sais oui, c’est pas très joli, tout ça ! Et j’ai honte maintenant que je sais, que j’ai réalisé. Tu peux pas savoir comment j’ai honte…

lundi 18 novembre 2019

Les fantasmes de Lucie (77)



Dessin de G.Topfer

À la pause de dix heures, on était toutes les deux, ce matin-là, Bianca et moi, à la machine à café. Au beau milieu d’une douzaine de collègues.
Elle a chuchoté.
– T’imagines s’ils savaient que tu me tannes tant et plus le cul ?
– Tu aimerais ?
– Dans un sens, j’adorerais. Et dans un autre, pas du tout.
– Peut-être que ça arrivera, va savoir !
– C’est trop génial d’en parler avec eux à côté. Qui se doutent de rien. Ça m’excite. Non, mais comment ça m’excite ! Et encore plus quand j’ai encore le cul tout rouge et tout chaud d’une fessée toute neuve.
– Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
– Hélas, non !
– Et à quoi on remédiera dès ce soir. Que tu puisses demain matin profiter à plein de ta pause café.
– Je t’en aurai une reconnaissance éternelle

Et je l’ai emmenée à l’hôtel.
– À l’hôtel ? Mais pourquoi à l’hôtel ?
– Parce que. J’ai mes raisons.
– Je crains le pire.
– Tu peux.

On n’a pas perdu de temps.
– Allez, mets-moi ce petit cul à l’air !
Elle ne s’est pas fait prier. Elle s’est prestement déculottée, m’a jeté un long regard interrogateur.
– Mais c’est quoi, ce truc ?
– Une cordelette. Ça fait sacrément de l’effet, tu vas voir ! Comment tu vas piauler !
– Ah, oui ?
Et elle y a offert son derrière.
Un premier coup.
– Ouche ! Hou, la vache !
– Oui, hein !
Un autre. Une multitude d’autres. En prenant soin de recouvrir méthodiquement toute la surface. De bas en haut. De droite à gauche.
Elle ponctuait chaque coup d’un long cri déchirant qui résonnait dans tout l’hôtel.
Je me suis interrompue pour contempler mon œuvre.
– Pas mal… Pas mal… Mais insuffisant.
Et j’ai recommencé. Dans l’autre sens. De haut en bas. De gauche à droite.
Elle a hurlé de plus belle.

On s’est pelotonnées l’une contre l’autre.
– Comment tu as braillé !
– Tant que ça ? Je me suis pas rendu compte.
– Ah, il a dû se régaler, le type à côté…
– Comment tu sais que c’est un type ?
– Parce que je le connais. Et toi aussi…
– Moi aussi !
– Ben oui, forcément ! C’est un type du boulot.
– T’as pas fait ça !
– Ben si ! Pourquoi ?
– Parce que… Non, t’as pas fait ça. Je te crois pas.
– Peut-être. Et puis peut-être pas.
– C’est qui ?
– À toi de le découvrir. S’il existe…
– Tu es monstrueuse.
– C’est ce qui fait mon charme.
Elle s’est pressée plus fort contre moi, m’a mordillé le lobe de l’oreille, a chuchoté.
– J’ai envie.
J’ai fait rouler entre mes doigts la pointe dressée de son sein.
– De ça aussi il va profiter. Décidément, il va être ravi.

jeudi 14 novembre 2019

Fessées punitives (29)


Julien s’est installé au volant. A démarré.
– Alors ?
– Alors, quoi ?
– Cette soirée avec Étienne. T’en as retiré quoi ?
– Je sais pas. C’était bizarre. Il m’a complètement déstabilisée en fait.
– Ce qui n’est pas forcément un mal.
– Je me demande. Parce que chercher quelque chose quand tu sais pas ce que tu cherches au juste…
– Ça finira par affleurer, tu verras. Pour toi comme pour Océane. Qui est tout près, mais vraiment tout près, de mettre le doigt dessus.
– Ah, alors si je comprends bien…
– C’était une action concertée, oui. On a décidé, tous les quatre, de vous bousculer un peu. Parce que l’essentiel, c’est rarement ce qui saute aux yeux.
– Et c’est quoi alors, pour moi, selon toi, l’essentiel ?
– Je n’en sais fichtre rien. C’est à toi de le découvrir.
– C’est exactement ce que m’a dit Étienne tout à l’heure.
– Ah, ben tu vois !
– Et tu dis qu’Océane…
– A fait un grand pas en avant, oui. Mais c’est à elle de t’en parler. Si elle en a envie.

On venait tout juste de se coucher quand la sonnette de la porte d’entrée a retenti.
– À cette heure-ci ? Qui ça peut être ?
C’était Océane.
– Qu’est-ce qui t’arrive ?
– Rien. Enfin, si ! Je… Je pourrais pas dormir ici ?
– Tu t’es disputée avec Valentin, je parie…
– Oh, non ! Non ! Seulement on avait pris chacun notre voiture. Elle est en bas, la mienne et…
Julien a constaté.
– Tu pues l’alcool à plein nez.
– Oh, mais je suis pas saoule, hein ! Seulement c’est plus prudent que je la prenne pas. Je dois être limite. Et si je tombe sur les flics…
– Limite ? Plus que limite tu veux dire, oui ! Bon, mais on réglera ça ! Comme convenu. Dès que possible… Le temps de prévenir et de réunir tout le monde.
– C’est pas de ma faute !
– Ben, voyons !
– Si, c’est vrai, hein ! C’est à cause de tout ce qu’on a parlé tout à l’heure, à table. Comment ça m’a remuée ! J’avais besoin d’y réfléchir avant de rentrer, du coup…
– On peut réfléchir sans boire…
– Je sais bien, oui ! Seulement…
– Bon, mais on verra tout ça demain ! Il est tard. Alors, pour le moment, dodo !

Dans la chambre d’amis, de l’autre côté de la cloison, elle a reniflé, s’est bruyamment mouchée.
– Elle pleure, non ?
– On dirait, oui.
J’ai tendu la main vers lui.
– Comment c’est trop bien, nous deux, hein, Julien ! On se le dit pas assez souvent, moi, j’trouve !
Je lui ai doucement caressé le ventre. Je suis descendue. J’ai pris sa queue dans ma main. Elle s’est aussitôt dressée. Il s’est tourné vers moi, l’a calée contre ma cuisse. Il m’a suçoté les seins, pétri les fesses. Je me suis ouverte, tendue vers lui.
– Viens, Julien ! Viens ! J’ai trop envie.
Et ça a été un plaisir intense. Majeur. Que j’ai sangloté à pleins poumons. Qui s’est indéfiniment prolongé.
Je me suis réfugiée contre lui.
– Elle a entendu, tu crois ?
– Ah, ça, pour pas entendre ! Vu comment tu t’es lâchée…

lundi 11 novembre 2019

Les fantasmes de Lucie (76)



On ne se quitte plus, toutes les deux, avec Bianca. Elle me fascine. Elle me fascine littéralement. Je prends un plaisir fou à l’écouter. Même si… elle ment beaucoup. Tu ne sais jamais, avec elle, si c’est du lard ou du cochon, si ce qu’elle te raconte a vraiment eu lieu ou pas. Ce n’est pas vraiment qu’elle mente en fait, c’est que ses fantasmes sont, à ses yeux, aussi vrais que la réalité. Que ce qu’elle imagine, c’est comme si elle l’avait vécu pour de bon. Encore plus, parfois, que ce qu’elle a réellement vécu.
Au début, je tenais absolument à savoir.
– Mais c’est vrai ou pas ?
Elle me faisait taire d’un baiser.
– Mais bien sûr que c’est vrai ! Tout est toujours vrai quand on croit que ça l’est.
Et elle se lançait dans une nouvelle anecdote.
– Tiens, tu sais pas ce qui m’est arrivé un jour ? J’étais toute jeune. Dix-huit ans. Et j’avais une copine, un peu plus âgée que moi, qui avait toujours l’air de penser que j’étais complètement coincée. Ça m’énervait. Comment ça pouvait m’énerver ! Et je protestais. « Coincée, moi ? Peut-être moins que toi, si ça tombe. » « Ah, oui ? Eh ben, prouve-le alors ! » Quand elle voudrait. C’était pas un problème. Et elle m’a prise au mot. « Je connais des types, là, ils adorent ça donner des fessées… Alors si le cœur t’en dit… » Hein ? Des fessées ? Non, mais elle était vraiment pas bien, elle, dans sa tête ! « Oui, ben alors là, sûrement pas ! Et puis quoi encore ! » Elle a pris son petit air entendu. Dans le registre : « Tu vois, je le savais bien ! T’es complètement coincée. » Ce qui m’a mise en rage. Mais si, j’allais y aller ! Bien sûr que j’allais y aller ! Si elle croyait que c’était une fessée qu’allait me faire peur. En réalité, j’étais morte de trouille. Et d’appréhension. Comment ça devait faire mal, une fessée ! Et comment ça devait être humiliant ! Mais je n’aurais reculé pour rien au monde. Je n’allais sûrement pas lui donner cette satisfaction.
– C’est tout toi, ça !
– Et, un soir, je me suis retrouvée attachée sur un banc, sans plus pouvoir bouger, complètement entravée, avec cinq ou six types impassibles tout autour. Pas un mot. Pas une réaction. Rien. Tu peux pas savoir comment c’est angoissant.
– Oh, que si !
– Et ça a duré, comme ça, un temps qui m’a paru interminable. Ils fumaient. Ils tournaient autour du banc. Ils sortaient. Ils rentraient. J’en arrivais à espérer que ça tombe. Une bonne fois pour toutes. Qu’on en finisse ! De temps en temps ma copine s’approchait. « Alors, ça va ? Il est toujours temps de renoncer, si tu veux. » Il n’en était pas question. Sûrement pas alors là, non. C’est venu d’un coup, par derrière, par surprise. Une grande cinglée, une seule, au fouet, qui m’a arraché un cri déchirant. Et le type s’est éloigné. Le silence est retombé. On ne s’est plus préoccupé de moi. Il s’est passé une bonne dizaine de minutes et puis il y en a eu un autre qui, à son tour, m’a lâché, avec le même fouet, un grand coup sur les fesses. Et qui a ri : « J’aime bien comme elle piaule ! » Du temps est encore passé et puis il y en a eu un troisième. Même punition. Un coup, un seul. Et encore des rires : « Oui, elle a une belle voix. » C’est avec le quatrième que tout a changé. Des coups, avec lui, il y en a eu plusieurs. Une multitude. Assénés avec force. À intervalles réguliers. J’ai hurlé. Que ça faisait mal ! Oh, mon Dieu, que ça faisait mal ! Ça faisait mal, oui ! C’était insupportable. Et puis, en même temps, en arrière fond, ça avait quelque chose de pas si désagréable que ça. Quelque chose qui a pris corps. Qui s’est épanoui. Un plaisir. Qui s’est affirmé. Qui s’est fait intense. Et j’ai joui. J’ai joui comme une perdue sous les cinglées, sous leurs yeux, sous leurs rires. « Eh ben ! C’est qu’il faut pas lui en promettre à la petite jeune fille ! » On m’a détachée. Comment j’avais honte ! Mais ça aussi, la honte, comment c’était bon ! On m’a regardée me rhabiller. « Et tu reviens quand tu veux, hein ! »
– T’y es retournée ?
– Oui. Mais ça n’a pas été aussi intense que la première fois. Et de loin.
– Et ta copine ?
– Je l’avais mouchée. Et ça s’est considérablement distendu entre nous, du coup. Mais ça m’était bien un peu égal.
Elle est venue se blottir contre moi.
– Fais-moi l’amour ! Ça m’a trop excitée de te raconter tout ça…

jeudi 7 novembre 2019

Fessées punitives (28)


Océane avait quelque chose à m’annoncer.
– Tu sais pas l’idée qu’ils ont eue ?
– Non ? Quoi ?
– Ils veulent qu’on aille au restaurant tous ensemble. Tous les huit.
– Oh ben, pourquoi pas ?
– Tous ensemble, oui, mais à quatre tables différentes. Et éloignées les unes des autres. Ils veulent que chacune d’entre nous fasse plus ample connaissance avec celui qui est appelé à devenir son fesseur attitré.
– Ah ! Ce qui veut dire…
– Que tu vas déjeuner en tête-à-tête avec Étienne. Et moi avec ton mari. Pareil pour les deux autres. Clément avec Émilie. Et mon Valentin avec Bérengère.
Me défiler ? J’y ai songé. Mais il n’en était, à la réflexion, absolument pas question. Ç’aurait été faire preuve de faiblesse et lui donner un peu plus encore barre sur moi à Étienne. Alors non ! Non. J’allais l’affronter.

Et j’ai pris sur moi-même pour, d’emblée, dès qu’on a été assis l’un en face de l’autre, m’efforcer de mettre les choses au clair.
– Il faut que je vous dise tout de suite, pour qu’il n’y ait pas de malentendu entre nous : vous n’aurez pas l’occasion de…
Ils me fouillaient ses yeux. Ils me transperçaient. Ils attendaient. Et je me suis littéralement liquéfiée. J’ai perdu complètement contenance.
– De… Il ne faut pas… N’allez pas imaginer…
Il m’a laissée m’enfoncer, imperturbable. Balbutier. Bafouiller lamentablement.
Et il a repris la main.
– Je n’aurai pas l’occasion de quoi ?
– Ben, de…
– Vous flanquer une bonne fessée ? Bien sûr que si !
J’ai perdu pied.
– Non ! Non ! Je vous assure. Je ne jouerai plus. À quoi que ce soit. J’en suis absolument certaine.
– Ce qui prouve, s’il en était besoin, qu’une sévère correction débouche, dans l’immense majorité des cas, sur des résultats extrêmement satisfaisants. Non ?
Je me suis agitée sur ma chaise.
– Non ?
– Si !
Du bout des lèvres.
– Bon ! Mais que vous soyez désormais guérie de ce vice, j’en suis ravi pour vous. Seulement, il y a tout le reste.
Le reste ? Quel reste ? Qu’est-ce qu’il voulait dire ?
J’ai désespérément cherché un hypothétique secours autour de moi. Là-bas, Julien était en conversation animée avec Océane. De l’autre côté, une Bérengère que Valentin semblait en train de sermonner, pleurait à petits coups, le nez dans son mouchoir. Quant à Clément et Émilie, ils étaient trop loin et masqués.
– Vous m’écoutez ?
– Pardon ! Oui.
– Parce que le vice du jeu, c’est une chose répréhensible, certes, mais il y a plus grave. Beaucoup plus grave. Vous voyez de quoi je veux parler, j’imagine ?
Non. Pas du tout. Et en même temps, si ! Je sentais qu’il y avait en moi quelque chose de terrifiant, dont j’avais toujours plus ou moins soupçonné la présence, dont je ne pouvais qu’avoir immensément honte, dont je devais me sentir profondément coupable, mais sur quoi j’étais totalement incapable de mettre un nom. Quelque chose qui sommeillait au plus profond de moi depuis toujours. Quelque chose que lui avait vu. Débusqué. C’était quoi ? Je tremblais de peur à l’idée de le savoir. J’ai pourtant levé sur lui un regard interrogateur.
Il a souri.
– C’est à vous de le découvrir. Et de me demander, le moment venu, de vous punir pour ça.

lundi 4 novembre 2019

Les fantasmes de Lucie (75)



Dessin de Luc Lafnet

Elle ne s’était pas encore décidée.
– Pour le magasin de sapes, avenue Berlioz, là ! Enfin, si ! Si ! On ira. Mais pas tout de suite. Faut d’abord que je me fasse à l’idée.
– Que tu t’y fasses ou que tu la caresses longuement ? Et voluptueusement ?
Elle a ri.
– Peut-être bien les deux.
Et soupiré.
– C’est pas drôle, en fait. Parce que c’est sans arrêt que je me retrouve dans de ces situations ! À croire que je les cherche.
– Ce qu’est pas impossible.
– Non, parce que tu sais pas ce qui m’est arrivé un jour ?
– Oh, là là ! Je crains le pire.
J’étais au marché, tranquille. Je me baladais entre les étals, le nez au vent, quand il y a une marchande de fruits et légumes qui s’est mise à hurler : « C’est elle ! C’est elle ! Elle vient me narguer jusqu’ici, cette petite saloperie, en plus ! » Elle s’est précipitée sur moi. Hein ? Mais qu’est-ce qu’elle me voulait cette folle ? Elle m’a attrapée par le bras, solidement maintenue. « Alors ? Il te plaît bien, mon Baptiste, à ce qu’il paraît ? » « Mais pas du tout ! Mais lâchez-moi enfin ! » Elle m’a lancé une gifle, à toute volée. « Menteuse ! T’étais pas avec lui hier dans la grange du Léonard peut-être ? Même qu’on t’entendait miauler à des kilomètres ! » Une autre gifle. « Oh, mais tu vas me payer ça, ma petite ! Tu vas me payer ça ! Il va s’en souvenir, ton cul ! » Et elle m’a empoignée malgré mes véhémentes protestations, courbée en avant, mis le derrière à l’air, là, devant tout le monde, et elle a tapé. Avec un truc en cuir qui faisait un mal de chien. Qui m’a fait hurler et battre tant et plus des jambes. Il y avait tout un tas de monde autour à profiter du spectacle : les autres marchandes qui rigolaient et qui l’encourageaient tout ce qu’elles savaient. « Allez, vas-y, Émilienne ! Ces petites traînées, il y a que ça que ça comprend. » Et puis des clientes. De plus en plus de clientes au fur et à mesure que ça durait. Ça faisait tout un cercle. Des hommes aussi. Tu sais comment ils sont, ceux-là : ils n’en perdaient pas une miette. Et ils se pourléchaient les babines de me voir comme ça, à poil, en train de me faire corriger comme une gamine. Alors je peux te dire que, quand elle m’a enfin lâchée : « Et remets-y le nez à mon Baptiste pour voir ! », j’ai filé sans demander mon reste. Sous les huées et les éclats de rire.
– Elle t’avait prise pour une autre, en fait !
– Ah, ben ça ! N’empêche qu’elle m’avait mis le derrière dans un état ! Presque une semaine elles y sont restées les marques.
– Mais c’est un fantasme ou ça s’est vraiment passé ?
Elle s’est blottie contre moi.
– Je sais pas. Je sais plus. Mais je dois être un peu folle quand même ! Parce que tu sais ce que je préfère ? C’est les fessées qui sont pas justes. Que j’ai pas méritées. Et de loin.