lundi 30 avril 2012

Un mariage ( 4 )


– Mais fallait me réveiller, putain ! Fallait pas me laisser dormir comme ça ! À midi je lui ai dit à Giuseppe… Je serai jamais prête à midi, moi ! Wouah ! Et la chambre !
– Quelle chambre ?
– Ben pour qu’on se retrouve tous les deux… Je vais quand même pas le ramener là… Dans notre lit… Vous voulez pas y aller, vous, m’en retenir une ? N’importe laquelle… On s’en fiche…



– Vous en avez mis un temps !
– Il y avait un monde fou à la réception… Et apparemment un problème… La 318 ils m’ont donnée… Je te mets la clef dans ton sac…
– La 318 ? Mais c’est celle juste à côté…
– Ah, oui, tiens, oui… J’y avais pas fait attention…
– Que vous dites… Bon, ben moi j’y vais… À plus tard…



Ils sont arrivés vers trois heures… Ils ont verrouillé la porte… Elle riait… D’un petit rire haut perché… Et puis le silence… Des mots murmurés bas… Inaudibles… Son souffle qui se fait court… Un grondement sourd de fond de gorge… Qui enfle… Qui devient plainte… Qui roule en vagues éplorées… Hoquetées… Qui la submergent… Des baisers claqués… Encore le silence…



Ça a recommencé… Plus doux au début… Plus feutré… Et puis ça s’est élancé… « Elle est bonne ta queue ! Oh, comment elle est bonne… Elle est bonne… Elle est bonne… Je vais jouir, Giuse, je vais jouir… Je jouis… » En grands râles éperdus…



– Et évidemment vous, vous êtes resté là, dans la chambre, tout l’après-midi…
– Hein ? Mais non, je…
– Bien sûr que si ! L’oreille collée à la cloison... Oh, mais prenez pas cet air de petit garçon fautif… Si vous saviez ce que j’en ai à foutre que vous ayez écouté ! Mais quand même… vous êtes drôlement bizarre, hein, dans votre genre… Parce qu’un mari, normalement, sa femme en train de s’envoyer en l’air avec un autre c’est pas trop le genre de truc sur quoi il a envie de mettre le nez… Surtout s’il peut rien y faire… S’il peut pas l’empêcher… Un côté drôlement pervers vous devez avoir finalement… Ce qui m’étonne pas vraiment… Déjà au magasin il y avait des trucs que je me disais… Bon… Mais n’empêche que ça peut quand même avoir des avantages ça pour moi tout compte fait… Parce que il y a des fois on sait pas trop comment ça peut tourner quand on est avec un mec… Surtout s’il a bu… Ou fumé… Alors si vous m’accompagniez… Si vous restiez dans les parages… Je me sentirais quand même plus rassurée… Et en cas de besoin, hop ! Vous voleriez à mon secours… C’est une bonne idée, non ? Vous trouvez pas ?



– Je reprends du veau, moi ! Ils t’ont une de ces façons géniales de le cuisiner ici… Ah, oui… Non… J’en garderai un sacré bon souvenir de notre voyage de noces, on peut pas dire… Et l’autre aussi, là… Le Giuseppe… Mais lui, va falloir que je le gère… Parce qu’il est en train de s’accrocher grave, là… Ça, en soi, j’m’en fous ! C’est pas mon problème… Seulement il parle de rester en contact… De se revoir… Il y vient deux fois par mois en France, à ce qu’il paraît, pour son boulot… Il veut qu’on en profite… Qu’on se donne rendez-vous… Une fois ici… Une fois là… Et ça, à terme, ça va forcément me gonfler… Ça finit toujours par me gonfler les types qui s’agrippent… Que pour s’en débarrasser  c’est carrément la croix et la bannière… Alors non… Non… Giuseppe c’est en douceur que je vais filer…  Disparaître sans prévenir… Sans lui laisser adresse ni portable… Rien…



Elle s’est appuyée sur un coude, tournée vers moi, un sein à découvert effleurant l’oreiller…
– On va s’organiser comment en rentrant ?
– S’organiser ?
– Ben oui… Pour le magasin… Maintenant que je suis votre femme – que je suis la patronne – je vais quand même pas rester à faire la vendeuse toute la journée là-dedans… Il y a la maison à s’occuper… Plein de trucs…  Et puis c’est un peu normal que j’aie du temps libre aussi… Que je profite un peu de la vie… J’ai jamais vraiment bien pu… Alors vous savez ce que j’ai pensé ? Ma copine Delphine qui s’emmerde à cent sous de l’heure derrière sa caisse à Carrefour elle pourrait très bien me remplacer… Depuis le temps qu’elle en rêve d’avoir une place comme ça… C’est pas une bonne idée ? Ah, vous voyez, vous dites rien… C’est que vous êtes d’accord… Ce qu’il y a de bien avec vous, c’est que vous êtes toujours d’accord… Vous avez intérêt d’ailleurs…
 

jeudi 26 avril 2012

Escobarines: Recherche d'emploi ( 2 )




– Asseyez-vous, je vous en prie…
– Merci…
– Vous avez l’air surprise…
– Non… C’est-à-dire que si… Un peu quand même, oui… Je m’attendais pas…
– À avoir affaire à une femme…
– Voilà… Oui…
– Et vous le regrettez… Un homme on le manipule tellement plus facilement…
– C’est pas ça, non, mais…
– Mais c’est ça quand même ! D’un autre côté vous ne perdriez pas forcément au change… Entre femmes on se comprend tellement mieux… Et les raisons pour lesquelles je serais amenée, le cas échéant, à vous punir ne seraient certainement pas celles qu’un homme aurait invoquées… Elles seraient plus subtiles… Vous correspondraient bien davantage en profondeur… Non ? Vous ne croyez pas ?
– Peut-être… Je sais pas…
– Mais moi je sais… Par exemple… Par exemple aucun homme n’aura jamais l’idée de vous punir pour avoir osé écrire et expédier une lettre pareille… C’est pourtant par là qu’il faudrait – vous en serez d’accord avec moi – à l’évidence commencer… Et c’est donc par là que, sans plus attendre, on va commencer…
– Tout de suite ? Là ? Maintenant ?
– Évidemment tout de suite… Pourquoi attendre ? Attendre quoi ?
– Je ne pensais pas…
– Qu’on entrerait aussi vite dans le vif du sujet ? Vous n’êtes pas au bout de vos surprises… Mais si vous préférez qu’on s’en tienne là libre à vous… Je ne vous retiens pas…
– Oh, non… Non…
– Parfait… Alors suivez-moi… Par ici… On sera plus tranquilles…

– Évidemment que t’enlèves tout… C’te question ! Qu’est-ce que tu t’imaginais ?! Là… Viens maintenant… Ici… Mets-toi là ! Comme ça, oui… Installe-toi ! Confortablement… Ça va être long… Prête ? Alors on y va… Oui, je sais, ça fait mal… C’est fait pour ça… Ah, un vrai petit chef-d’œuvre ta lettre, hein ! Quel homme irait résister à ça ? Aucun… Et mon mari encore moins qu’un autre… C’est ça, braille ! Braille ! Ah, tu sais manœuvrer, petite garce, hein ! Heureusement que j’ai pu subtiliser ta prose avant qu’il tombe dessus… Heureusement ! Parce qu’il serait pas allé s’en vanter de ta lettre… Mais il t’aurait embauchée sur le champ… Et toi t’aurais rien eu de plus pressé que de t’en faire coller une… Histoire de pouvoir lui agiter ton petit cul sous le nez… Jusqu’à ce que t’aies réussi à le mettre dans ton lit…
– Je vous jure que…
– Pas à moi, ma petite… Pas à moi… Je vois clair dans ton jeu, tu sais… Et je vais te faire passer l’envie de revenir t’y frotter… Une bonne fois pour toutes… Accroche-toi ! Parce que ça fait que commencer… Et je peux te jurer que tu vas pas pouvoir t’asseoir d’un moment…

– Là… Tu voulais la fessée… Tu l’as eue… Alors maintenant tu te reculottes et tu dégages… Je veux plus te voir traîner par ici… Sous aucun prétexte… Sinon t’auras affaire à moi… Et cette fois pour de bon…

– Ah oui ?! Eh ben dis donc ! Elle t’a fait mal ?
– Et pas qu’un peu !
– Ma pauvre !
– Oui, oh, pas tant que ça ! Parce que ça va peut-être te paraître bizarre, mais c’était pas si désagréable finalement…
– De te faire massacrer le derrière ? Ben merci…
– Oui, mais non… C’est pas ça… C’était de me dire qu’il y avait une vraie raison pour qu’elle me la donne qui me remuait à l’intérieur ! D’une force ! Mais d’une force… Jamais j’avais connu ça… Parce que c’était pas un prétexte bidon… Elle me punissait VRAIMENT… Elle était persuadée que si j’avais pu, si elle avait pas intercepté la lettre, je lui aurais piqué son mari… Et peut-être que c’est ce que j’aurais effectivement fait… Va savoir… Oui… Sûrement même si j’y réfléchis bien… Une fois dans la place probable que j’aurais tenté le coup… Alors normal qu’elle se défende… Qu’elle me fasse payer… J’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même finalement…

– Et maintenant ? Tu vas faire quoi ?
– Continuer, tiens ! Jusqu’à ce qu’il y en ait un qui m’embauche… Tu crois quand même pas que je vais m’arrêter en si bon chemin…     

lundi 23 avril 2012

Un mariage ( 3 )


Vous avez remarqué quand même, j’espère ?
On déjeunait sur la terrasse…
– J’ai remarqué ? J’ai remarqué quoi ?
– Et il demande quoi… Hier soir…
– Eh bien ?!
– Eh bien j’ai pas joui, figurez-vous ! Pas même le plus petit semblant de début de plaisir… C’est pas que je veuille vous vexer, mais faut dire les choses comme elles sont… Vous êtes vraiment pas au top…  Parce que des types qui savaient pas s’y prendre j’en ai déjà vu, j’en ai déjà eu, mais à ce point-là jamais ! À croire que c’était la première fois ! Qu’avant moi… Vous en avez déjà eu des femmes au moins?
– Évidemment…
– Franchement on dirait pas… Elles devaient s’emmerder quelque chose de rare , les pauvres…
Elle s’est levée…
– Bon, ben moi, en attendant, je vais à la plage…
Je l’ai imitée…
– Qu’est-ce que vous faites ?
– Ben je viens avec toi…
– Ah, non, non… Pas question… Je vous veux pas par les pieds… Parce que s’il y a un mec qui me plaît, je le lève, ça, c’est sûr… J’ai besoin de m’éclater, moi ! Et comme c’est pas sur vous qu’on peut compter pour ça…



Elle s’est installée à mi-chemin entre l’hôtel et la mer… Et elle a attendu… Que le poisson morde… Pas bien longtemps… Presque tout de suite il y en a un qui s’est approché… Qui lui a parlé… Qui a fini par s’asseoir… Qui, dans mes jumelles, s’est rapproché d’elle… Rapproché encore… Qui ne s’est pas départi d’un sourire fat… Jusqu’à ce qu’il se lève d’un bond… Qu’il s’éloigne furieux… En soulevant avec ses pieds d’imposants nuages de sable…



Un autre… Qui n’a pas fait long feu non plus…
Un troisième… Qu’elle a laissé très vite installer sa tête sur son épaule… Qui a posé sa main sur sa cuisse…
Ils se sont enlacés… Ils se sont embrassés…
Ils se sont levés… Ont disparu, main dans la main, au coin de l’avenue…



– Pourquoi vous demandez puisque vous savez ?
– Oui, mais non, mais…
– Bien sûr que si que vous savez… Vous avez pas arrêté de me surveiller… Faut pas me la faire à moi… Et vous l’avez parfaitement vu que j’étais parti avec un type... Pour quoi faire à votre avis ? Pour aller cueillir des fraises ? Eh ben non ! Non… On a baisé, figurez-vous ! Et plutôt bien… Bon, mais allez ! On va manger… Je crève la dalle…



– C’est toujours aussi bon la bouffe…
– Il y a pas de raison…
– En tout cas j’ai passé une sacrée bonne journée, moi ! On a rudement bien fait de venir ici… Mais ça, j’en étais sûre… Et en plus ils parlent presque tous français les Italiens… Non… La seule chose, c’est que j’aurais bien aimé passer la nuit avec lui ce type… Si, c’est vrai, j’aurais bien aimé… Partis comme on était… Seulement il y a sa bonne femme… Vous avez remarqué que les mecs qui valent à peu près le coup ils sont toujours en mains ? Ce qu’est logique d’ailleurs si on y réfléchit bien… Oh, mais j’ai pas dit mon dernier mot… Parce qu’elle bosse, elle, demain… Alors nous pendant ce temps-là on va se donner du bon temps… C’est prévu… Mais pas comme cet après-midi… A faire gaffe sans arrêt qu’il y ait pas quelqu’un qu’arrive…  C’est chiant à force… Non… Dans une chambre… J’en demanderai une à la réception en bas… Il y en a plein de libres, j’ai vu…



– Pourquoi vous faites cette tête ?
– Quelle tête ? Je fais pas de tête…
– Ah, si, si ! La tête de celui qu’est pas content… Poussez-vous un peu… Que je me lave les dents… Si ! Il y a quelque chose qui vous va pas… C’est à cause de Giuseppe demain ? C’est ça, hein ?
– Mais non ! Pas du tout je…
– Si, c’est ça ! Si ! Ben faudra vous y faire… Parce que ça arrivera d’autres fois… Il me faut ma dose, moi… Et même… c’est dans votre intérêt à vous que je l’aie… Parce que si je l’ai pas je suis invivable… Tout le monde vous le dira…

– Vous savez ce que je suis en train de me dire là ?
Elle a dégrafé le soutien-gorge… L’a jeté derrière elle sur la chaise…
– Eh ben c’est que sûrement maintenant votre truc vous le mettrez plus jamais dans une femme… Parce que moi, vu comment ça s’est passé hier, ça m’étonnerait que ça me retente un jour…
La culotte a suivi le même chemin…
– Et qu’avec une autre – à supposer qu’il y en ait une qui veuille de vous – vous auriez pas intérêt à vous y frotter… Parce qu’alors là… c’est tout de suite que je vous divorcerais… il y aurait même pas à discuter…
Elle s’est penchée, nue, à l’équerre, sur son sac… En a extirpé une chemise de nuit blanche à dentelles et froufrous…
– Qu’est-ce que vous alliez dire ?
– Mais rien… Rien… Je…
Qu’elle a enfilée…
– Si ! Je le sais ce que vous alliez dire… Je le sais… Que j’y vais bien, moi, voir ailleurs… Mais moi, j’ai des raisons ! Vous, vous en avez pas…
Elle s’est glissée dans le lit à mes côtés…
– Bon, allez, on dort ! Parce que demain…  

jeudi 19 avril 2012

Escobarines: Recherche d'emploi ( 1 )


– J’en ai marre ! Mais vraiment marre… Parce que t’as beau demander que ça bosser il y a pas moyen… C’est toujours la même chose… Partout… « Besoin de personne… Désolés… » Pas tant que moi désolés…
– T’es trop difficile aussi !
– Non, mais attends ! Quand t’as travaillé, comme moi, dans un restaurant grand luxe, avec une clientèle raffinée, c’est pas pour atterrir dans un bouiboui infâme où des bandes de mal dégrossis vont te traiter, à longueur de journée, comme une moins que rien…
– C’est bien ce que je dis… T’es beaucoup trop exigeante… Et si tu consentais à en rabattre ne fût-ce qu’un minimum…
– J’ai déjà fait de sacrées concessions, moi, je trouve… Je l’ai descendue la barre… Et pas qu’un peu… Alors l’abaisser encore c’est hors de question… Mais bouge pas que je vais la trouver la solution…
– Qu’est-ce tu vas faire ?
– J’ai ma petite idée… Tu verras…

– Tiens… Écoute ça…
Monsieur,
Vous trouverez ci-joint mon CV auquel je me permets d’ajouter quelques informations plus personnelles…
Il se trouve en effet que mon précédent patron – qui a malheureusement fait faillite suite à un redressement fiscal – se montrait extrêmement sévère à mon égard… C’est ainsi qu’il n’hésitait pas à m’administrer de retentissantes fessées quand il estimait que je les avais méritées… Il ne m’est jamais venu à l’idée de le lui reprocher… Je sais trop bien qu’il n’y a pas d’autre solution pour me faire donner le meilleur de moi-même… Et, pour être tout à fait franche, je lui suis infiniment reconnaissante de m’avoir amenée à corriger, même s’il reste encore beaucoup à faire, et mon caractère et mon comportement… Peut-être un autre patron m’aidera-t-il un jour à progresser encore ? J’y aspire de tout mon être…
En espérant que vous ne m’en voudrez pas de vous avoir importuné avec mes états d’âme, je vous prie de croire, Monsieur, etc… etc…
– Tu vas pas envoyer un truc pareil ?!
– C’est fait… Cet après-midi… À six restaurateurs… Triés sur le volet… Et si avec ça il y en a pas au moins un qui me répond, c’est à n’y rien comprendre…
– J’espère que tu sais où tu mets les pieds… Que t’as bien réfléchi…
– J’ai pas le choix… Si je veux trouver du boulot…
– Il y a quand même d’autres solutions…
– Oui… Oh, alors ça !
– En attendant tu m’avais jamais dit…
– Quoi donc ?
– Qu’il te mettait la fessée ton ancien patron…
– Il me l’a jamais mise… Ni lui ni personne… J’ai inventé… Pour que ça fasse plus vrai… Que ça les appâte…
– Sauf que le prochain, lui, il voudra vraiment te la mettre… Il t’embauchera même que pour ça…
– Je le sais bien…
– Et ça te fait pas peur ?
– Dans un sens, si ! Et dans l’autre, non… Parce que ça fait un moment que j’y pense… Que je me demande ce qu’on sent quand on en reçoit…

– Il y en a un qu’a appelé…
– Déjà ?!
– Oui… Pour me dire qu’il était très intéressé par ma candidature… Qu’il fallait pas que je m’engage avec qui que ce soit d’autre avant de l’avoir rencontré, lui… Qu’au niveau conditions de travail et salaire il avait des propositions très avantageuses à me faire… Vraiment très avantageuses… À condition que… Parce que… c’était vrai au moins ce que je racontais dans ma lettre ? Évidemment que c’était vrai… J’en avais plein des défauts, mais j’étais pas une menteuse, alors là ! Et il m’a donné rendez-vous… Mercredi j’y vais…

– Il a rappelé… Tout de suite finalement il veut que je vienne… Sans attendre mercredi… C’est clair qu’il a qu’une trouille, c’est que je lui passe sous le nez… Que je signe avec quelqu’un d’autre…
– Tu vas faire quoi ?
– Ben y aller, tiens ! Tu m’accompagnes ? Tu m’attendras dans un bar pas loin…

– Quel connard ! Non, mais quel gros connard !
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Il s’est passé qu’il a voulu me sauter… En direct… Et qu’il s’est pris une baffe… Non, mais comment il va, lui ! Faut pas tout mélanger… C’est pas parce que tu parles de fessée qu’aussitôt…
– Tout le monde fait pas la différence… La preuve !

– J’en ai eu d’autres des réponses… Tiens, regarde ! Trois… Tous intéressés…
– Fais attention quand même !
– T’inquiète ! Chat échaudé…


( à suivre )        



lundi 16 avril 2012

Un mariage ( 2 )


Elle n’a fait sa réapparition que le surlendemain au matin… Toute fraîche et toute pimpante…
– Bon… Allez !... Vous êtes prêt ? On y va ? Ca fait un bout quand même Rapallo…
Le temps d’enfourner les bagages dans la voiture et on a pris la route…
– Vous faites la gueule…
– Je fais pas la gueule…
– Si ! Vous desserrez pas les dents… Vous êtes pas comme ça, d’habitude… Qu’est-ce qu’il y a ? C’est à cause de moi ?
– Mais non !
– Mais si ! C’est parce que je suis pas rentrée de deux jours, c’est ça ? Je vous avais prévenu, hein ! Je vous ai pas pris en traître… Oui, j’étais avec un mec, oui… Voilà… Vous êtes content ?
– Tu aurais quand même pu me passer un petit coup de fil… Pour me rassurer… Que je m’inquiète pas…
– Vous inquiéter ?! Mais de quoi ?! Qu’est-ce que vous voulez qui m’arrive ? Je suis grande… Je sais me défendre… Non… Parce que si vous devez être sans arrêt derrière moi… À surveiller tout ce que je fais… C’est pas la peine… Je supporterai pas…



– Vous avez vu ça ? Non, mais c’est magnifique… On est juste aux pieds de la mer… On peut pas être plus près… Et ce balcon… Vous croyez qu’il y a le soleil dessus le matin quand on déjeune ? C’est fabuleux… Je regrette pas… Ah, non, alors ! Des orgies de plage je vais me faire… Et le restaurant ?  Ce repas qu’on a fait tout à l’heure ! C’est le grand luxe là-dedans… C’est vraiment le grand luxe…
Et elle est allée s’enfermer dans la salle de bains dont elle n’est ressortie qu’une bonne demi-heure plus tard, vêtue d’un pyjama à fleurs rose…
– Bon, ben bonne nuit…



– Vous dormez pas ?
– Non…
– Moi non plus… J’y arrive pas… C’est vrai ce que vous m’avez dit ce matin ? Que vous vous êtes inquiété pour moi ?
– Un peu, oui…
– C’est gentil… Même si, d’un autre côté… Non, mais c’est vrai – je reconnais – j’aurais quand même pu vous faire un petit signe… Surtout un jour comme ça… Mais bon… J’étais dans mon truc… J’avais craqué sur ce type… Il était trop mimi… Et moi, quand c’est comme ça, il y a plus rien d’autre qui compte… Je connais plus personne… Il me le fallait… Il me le fallait absolument… Et comme il en avait envie autant que moi… Vous savez qu’on a fait ça dans sa voiture tellement ça nous pressait ? Au moins la première fois… Parce qu’après on est allés chez lui… Comment il était doux ! Et sauvage en même temps… C’est le plus dur à trouver, ça, des types comme lui… Il y en a pas beaucoup qui savent faire les deux ensemble… Presque aucun…
Elle s’est redressée dans le lit… A remis son oreiller en place… Soupiré…
– En tout cas un truc qui l’avait super excité, c’est que je sois en robe de mariée… Et que ce soit pas pour de faux… Que j’en sois une vraie de mariée… Ca te l’avait mis dans un état ! Mais enfin ça je serais mal venue de m’en plaindre… J’en ai bien profité… 
Elle s’est encore agitée… Tournée… Retournée… M’a involontairement frôlé au passage…
– Hein ?! Qu’est-ce que c’est que ça ? Ah ben dis donc ! A vous aussi on dirait que ça en fait de l’effet…
Elle y est aussitôt revenue… S’y est posée…
– Quoi ? Non… Non… Laissez-vous faire… Je suis votre femme maintenant quand même ! J’ai le droit… Ah oui, dis donc ! Et pas qu’un peu… Impressionnant… C’est d’être à côté de moi dans le lit qui vous fait ça ou bien c’est que je suis en train de vous raconter ce qui s’est passé avec Benjamin ? Plutôt ça, hein ? Oui… Vous me diriez le contraire que je vous croirais pas… Je commence à vous connaître depuis le temps… En attendant en douce qu’elle m’a raconté des sacrées conneries ma copine Delphine… Parce que vous savez ce qu’elle croit ? Qu’à 55 ans un homme ça peut plus bander du tout… Il y a plein de femmes qui lui ont dit à ce qu’il paraît… Sa mère… Sa tante… Et elle l’a lu dans des revues médicales… Tu parles ! Faudrait qu’elle voie ça, tiens ! Elle qu’est toujours sûre de tout…
En tout cas peut-être qu’on pourra un jour tous les deux du coup… Même que j’aie pas trop envie…



Aussitôt le petit déjeuner avalé – sur le balcon – elle a voulu descendre  à la plage…
– Elle nous tend les bras, là, en-dessous… Faut en profiter…
Elle s’est installée, s’est étalé sur les bras, sur le ventre, sur les cuisses une épaisse couche de crème protectrice…
– Dans le dos… Vous pouvez m’en passer dans le dos ? Parce que toute seule…
Agenouillé derrière elle, je l’en ai délicatement enduite, ai fait pénétrer par petites touches concentriques…
– Là… Là… C’est bon… Merci…
Et elle a éclaté de rire…
– Vous bandez ! Vous bandez encore ! Rien que de me passer de la crème ça vous fait bander… Vous êtes carrément un obsédé, oui ! Mais ça… j’aurais dû m’en douter… A la façon dont vous me regardiez au magasin des fois…
Elle s’est allongée sur le ventre…
– Bon, mais vous méritez quand même… Que je fasse un effort… Si, cest vrai, vous méritez… Un très gros effort…



Qu’elle a fait le soir même…

jeudi 12 avril 2012

Escobarines: Dans l'ascenseur

– Non, mais franchement ! Vous pouvez me dire ce qui vous est passé par la tête ?
– Je voulais le remettre… Je voulais tout remettre… Je suis pas une voleuse…
– Des sommes pareilles ! Je vois vraiment pas comment vous auriez pu… Non, dites plutôt que vous vous croyiez très maligne… Que vous étiez persuadée pouvoir continuer à tromper votre monde comme ça pendant des années… Et mener impunément la belle vie…
– Je vous jure…
– En attendant vous avez fait le bon choix, c’est clair… Vous n’en aviez pas d’autre… Parce que vous imaginez le scandale s’ils avaient porté plainte ? Il y aurait eu garde à vue… Enquête… Procès… On aurait passé les comptes au peigne fin… Ceux de l’entreprise… Mais aussi les vôtres… On aurait interrogé votre mari… vos proches… vos voisins… Étalé toute votre vie au grand jour… C’est le genre d’épreuve à laquelle – vous avez entièrement raison – on a tout intérêt à se soustraire quand on vous en offre l’opportunité… Et reconnaissez avec moi que rien ne les y obligeait… Qu’ils ont fait preuve à votre égard d’infiniment de mansuétude en vous proposant d’opter pour une sanction en interne qui vous évitera le sacandale…

– Il va falloir y monter quand ?
– Quand ils l’auront décidé… Ils nous appelleront…
– Et il y aura juste monsieur Mangin et monsieur Peyronnet ? C’est ça ?
– Ah, non ! Non… D’après les informations en ma possession, c’est devant le service comptabilité au grand complet que « l’exécution » doit avoir lieu….
– Oh, non ! Ils vont pas me faire ça ?!
– Croyez-vous vraiment être en état d’exiger quoi que ce soit ?
– Je sais bien, mais…
– Mais vous les avez mis gravement en danger vos collègues… Le soupçon s’est injustement, pendant de longues semaines, également  porté sur eux… N’est-il pas légitime qu’ils en soient quelque peu dédommagés ?
– Qu’est-ce que j’ai pu être conne !
– D’avoir volé l’entreprise ou de vous être fait prendre ?

– Ils appellent pas…
– À votre place je serais pas si pressée…
– Vous savez si…
– Si quoi ?
– S’il va taper fort Monsieur Mangin ?
– Qui vous dit que ce sera lui ?
– Ben… c’est lui le patron…
– Ce qui lui donne le droit de déléguer si bon lui chante, non ?
– Ah, oui ? À qui ?
– Vous ne devinez pas ?
– À Monsieur Peyronnet ?
– Pas à Monsieur Peyronnet, non…
– À qui alors ?
– À Mademoiselle Grimbert…
– Elle ! Mais elle peut pas me voir…
– Ben justement ! Raison de plus…

– Allo… Moi-même, oui… Oui… Je m’en occupe… Sur-le-champ… Oui, monsieur le Directeur… À tout de suite, oui…
– Bien… Alors à nous d’entrer en scène… Donnez-moi votre culotte…
– Ma cul…
– Ce sont les ordres d’en haut… Là… Merci… Et suivez-moi ! Nous allons prendre l’ascenseur… Relevez votre robe maintenant… Plus haut… Au-dessus de la taille… Comme ça, oui… Et tâchez de faire bonne figure… Quand la porte va s’ouvrir ils seront derrière… Tous…     
    

lundi 9 avril 2012

Un mariage ( 1 )


C’était tous les jours qu’Emilie, ma vendeuse, remettait ça sur le tapis…
– Des millions ça vaut une affaire comme la vôtre… Des millions… Et vous n’êtes pas marié… Vous n’avez pas d’enfants… À qui ça ira ?...
– Des arrière-petits cousins sûrement… Il doit bien y en avoir quelque part…
– Des gens que vous connaissez même pas… Que vous n’avez jamais vus… Qu’en ont rien à foutre de vous… À ce compte-là vaudrait mieux que vous donniez tout aux restos du cœur… Ou que vous me fassiez héritière, moi, tiens… Au moins vous seriez sûr que votre truc il durerait après vous…
– Il durerait pas, non…
– Parce que vous croyez que je saurais pas le faire tourner ? Vous me prenez pour une imbécile ?
– Certainement pas, non… Mais tu serais obligée de vendre… Pour payer le fisc… Qui te réclamerait 70% du pactole…
– Hein ?! Mais c’est dégueulasse…
– Eh oui ! Mais c’est comme ça… Parce qu’on n’a aucun lien de parenté… La seule solution, pour que tu puisses en disposer en totalité – ou quasiment – ce serait qu’on se marie…
– Tous les deux ? Vous et moi ? Mais on a trente ans d’écart… Presque… Ca ferait bizarre…



– J’ai réfléchi… À ce qu’on a dit hier… J’ai réfléchi… Pour le mariage…
– Je plaisantais…
– Je crois pas, non… Vous plaisantiez pas… Ça se voyait à votre tête que c’était sérieux… Et puis je le sais bien… À la façon que vous avez de me regarder… À des expressions que vous faites souvent sans vous en rendre compte… Je le sais bien – je suis pas née de la dernière pluie – je le sais bien que vous êtes amoureux de moi… C’est pas vrai peut-être ? Dites-le que c’est pas vrai… Ah, vous voyez, vous répondez pas… Qui ne dit mot consent… Et rien qu’à votre air… Il parle pour vous votre air… Non… Vous en crevez d’envie qu’on se marie et qu’on vive ensemble, c’est clair… Oh, mais moi, je dis pas non, hein ! Ça peut être une solution… Mais à une condition quand même… C’est que, côté mecs, vous me laissiez faire ce que je veux… Parce que, je me connais, ça, je pourrais pas m’en passer… Ce serait au-dessus de mes forces… C’est même pas la peine que j’essaie… Quant au  reste faudrait voir…
- Le reste… Quel reste ?
- Ben nous deux… Ce qu’on ferait… Si on coucherait ou pas… Je suis pas sûre de pouvoir avec vous… Pour le moment en tout cas j’ai vraiment pas envie… Mais peut-être que ça peut venir à force… Je sais pas… Je vous dirai… On verra bien… De toute façon c’est pas vraiment ça l’essentiel…



Elle en a reparlé dès le lendemain…
– Bon… Alors finalement qu’est-ce qu’on fait ? On se marie ou on se marie pas ?
– On se marie, oui…



– C’est quoi tout ça ?
– Ben les papiers pour le mariage… Ça sert à rien d’attendre maintenant qu’on est décidés… Faut les remplir… Et là, ça, c’est la liste des hôtels de Rapallo pour le voyage de noces… On choisira… Parce que Venise… Tout le monde y va à Venise… C’est pas marrant… Et Rapallo ça fait vraiment trop envie quand on voit les photos… Vous en aurez beaucoup, vous, des invités ?
– J’y ai pas vraiment réfléchi… Mais une dizaine… Pas plus…
– Moi, pas loin de 150 personnes ça m’en fait… Presque rien que des potes… Et des copines… Je veux qu’elles voient ça… Parce que la famille… Rien à foutre de la famille… A part mes parents… Vous auriez vu leur tête quand je leur ai annoncé que j’épousais mon patron mes parents…
– Ils ont pris ça comment ?
– Oh, bien… Bien… Ils sont ravis… Et moi aussi… Parce que eux qu’ont pas arrêté de me répéter que j’arriverais à rien dans la vie ça leur fait voir si je suis si nulle que ça…



Elle a absolument tenu à se marier en blanc…
– J’en ai toujours rêvé…
À faire le tour de la ville dans une calèche tirée par deux chevaux…
– Que tout le monde me voie passer…
À commander un fastueux festin dans le restaurant le plus huppé…
– C’est pas tous les jours qu’on se marie… Faut marquer le coup…
À louer une immense salle des fêtes…
– Toute la nuit on va danser… Toute la nuit…



Et effectivement… Elle a dansé… Elle a ri… Elle a chanté… Tourbillonné…
– Qu’est-ce que je m’amuse !... Il y a longtemps que je m’étais pas amusée comme ça…
Et elle s’est enfuie au-dehors, en course-poursuite, voile blanc au vent, en compagnie de quatre ou cinq jeunes – garçons et filles – de son âge… Dissimulé dans l’obscurité, un peu à l’écart, je l’ai attendue… Longtemps… On sortait de la salle pour fumer… On rentrait… De petits groupes se formaient… Se disloquaient… Se recomposaient…
Quelqu’un a surgi à la course… Et du plus loin qu’il a pu il a crié dans la direction de l’un des groupes…
– Eh, vous savez quoi ? Hein ? Vous savez quoi ? La mariée… Elle est en train de se faire tirer dans une voiture en bas…
Toutes les conversations se sont arrêtées… On s’est esclaffé…     
– C’est vrai ?! Par qui ?
– Je sais pas… Je connais pas… Mais ça y va ! Je peux vous dire que ça y va…

jeudi 5 avril 2012

Escobarines: Escob' fan club ( 5 )


– Un petit point vite fait, les filles ? Alors voilà… On est 39 inscrites… La plus jeune – Schéhérazade – a 19 ans… La plus âgée – Véronique – 64 ans… 122 fessées ont été données et donc – forcément ! – reçues entre membres… La plupart se sont inspirées des dessins de Jean-Philippe… Mais 48 seulement ont fait l’objet de comptes-rendus qui m’ont été adressés… Et que je tiens, bien entendu, à la disposition de toutes celles qui m’en feront la demande… Maintenant s’il y en a qui ont des questions…
– Oui… Moi… Est-ce qu’on va pas finir par tourner en rond à force de rester comme ça systématiquement entre nous ?
– Évidemment il y a un risque, ça…
– Faudrait du sang neuf… Elle a raison…
– On amènerait ne fût-ce qu’une seule nouvelle adhérente chacune…
– C’est pas forcément évident…
– Oui, mais c’est justement ça qui est passionnant… Ce petit côté challenge… Défi…
– Moi, il y a une de mes cousines… Bien pris… Ça devrait pas être trop difficile…
– Et moi une petite jeune au boulot… Une stagiaire… J’y fais des allusions de temps en temps à la fessée… Elle rigole… Ça l’émoustille… Je sens que ça l’émoustille… Et je suis sûre qu’il s’en faudrait de pas grand-chose…
– Eh bien allez-y ! Allez-y ! Foncez ! Toutes celles qui peuvent… Foncez !

– Allo… Lucile ? C’est moi, Carole… Qu’est-ce tu fais ce soir ?
– Rien de spécial… Pourquoi ?
– Parce que tu sais la petite jeune dont j’ai parlé l’autre jour à la réunion… Eh bien c’est mûr… C’est quasiment mûr… Tu me donnes un petit coup de main et c’est dans la poche…
– Si je peux… Faut que je fasse quoi ?
– Je lui ai parlé de toi comme d’une stagiaire qui l’a précédée il y a quelques années…
– Je vois… Je vois ce que tu as pu lui raconter…
– Et que je compte lui présenter chez moi ce soir…
– C’est sans problème… Je serai là…

– Kallista ne veut pas me croire…
– À quel propos ?
– À propos de ce que je t’aurais flanqué des fessées quand je t’avais comme stagiaire…
– Et pourtant Dieu sait qu’il y en a eu… Et des sévères…
– Ah, tu vois…
– Des fessées, mais… déculottée ?
– Évidemment déculottée… C’est pas des vraies fessées sinon…
– Et vous vous laissiez faire ? Vous disiez rien ?
– Valait encore mieux ça que d’être convoquée chez le patron… Parce que tu le connais pas celui qu’on avait avant… Mais quand on avait affaire à lui… Alors elle me laissait le choix Carole… Et heureusement…
– Mais quand même ça doit faire drôlement mal !
– On s’habitue…
– Ah, ça, pour s’habituer elle s’était habituée… Parce que tu sais pas ce qu’elle faisait à la fin ? Je te le donne en mille… C’est exprès qu’elle les commettait les erreurs… Et pas des petites… Histoire que je lui en colle une… Faut croire que c’était pas si désagréable que ça… Et ça lui manquerait maintenant que ça m’étonnerait même pas…
– Pour être honnête…
– T’espérais bien en venant ici ce soir que t’allais pas y couper… Non ? Je me trompe ?
– Ben…
– S’il y a que ça pour te faire plaisir ! Ça nous rappellera de vieux souvenirs… Et ça donnera à Kallista l’occasion de juger sur pièces… Allez… Tu nous retires cette petite jupette… Cette petite culotte aussi… Et tu t’installes sur le canapé… Bien confortablement… Là… Lève les jambes… Mieux que ça… À angle droit… Tu te rappelles bien quand même ?! Comme ça, oui… T’es prête ? Alors en route…

– Eh ben dis donc, Kallista… Ah, t’en as pas perdu une miette, hein ! Et tu verrais comme t’es rouge ! Comment t’as les yeux qui brillent !
– C’est que…
– C’est que ça t’a pas laissée indifférente… Sois franche !
– Jamais j’aurais cru… Jamais j’aurais pensé…
– Moi, si !
– Ah, oui ?
– Oui… Mais on en reparlera… File vite ! Que demain tu pourras pas te lever… Et pas question que t’arrives en retard au boulot…

– Tu as été géniale…
– Tu as été pas mal non plus…
– Ce n’est plus qu’une formalité… Je ne donne pas huit jours avant qu’elle soit des nôtres…
– De quel côté ?
– Du côté de celles qui reçoivent bien sûr…
– Ça te tenterait pas le contraire ? Du moins… avec elle…
– Ça va pas, non ? Elle a vingt ans… C’est une gamine…
– Justement… Raison de plus…

lundi 2 avril 2012

Souvenirs d'avant ( 40 )

40-


– Eh ben dis donc ! Quelle nuit ! Mais je m’en doutais… Je m’en doutais que fallait pas se fier aux apparences avec toi… Qu’avec les femmes tu devais savoir y faire…
– Comment ça tu t’en doutais ?
– Ben oui… Oui… Ça faisait un moment que je te zyeutais… Du coin de l’œil… Que je me disais « Celui-là faudra bien que je finisse par en faire un tour… Je sens que je serai pas déçue… »
– Je vois… Et t’as profité des circonstances…
– Oui… Enfin… Tu vas pas être fâché ? Non ? C’est vrai ? Je les ai suscitées plutôt les circonstances…
– Ce qui veut dire, si je te comprends bien, que tu savais que j’étais là, tout près, dans ma voiture, et que t’as fait exprès de te faire mettre une fessée pour que je vienne à ton secours ?
– C’est à peu près ça… C’est très vilain, hein ? Ça en mériterait une autre de fessée… Non ?
– T’es vraiment une drôle de fille…
– Franchement… tu trouves pas que ça mérite ?
– Tu es seule juge…
– Oh, ben alors oui… Oui… Et pas qu’un peu… Vas-y ! Mais vas-y, hein ! Fais pas semblant…



– C’est terrible une deuxième comme ça par-dessus une autre… Ça fait pas du tout les mêmes sensations…
– T’es carrément une spécialiste on dirait…
– J’adore… Et s’il y a un truc dont je pourrais plus me passer maintenant, c’est bien ça… Ah, non alors ! Et puis tu sais pas ce qu’est vraiment génial… Que j’aime par-dessus tout ? C’est me débrouiller pour qu’il y ait des gens, après, qui s’en aperçoivent que j’en ai eu une… C’est trop marrant de voir leurs têtes… Et d’imaginer ce qu’ils doivent penser… Toutes les questions qu’ils doivent se poser…



– Là… Ce sera bon là… Faut pas qu’il y ait trop de monde non plus… Mais tu regardes bien les réactions, hein ! Tu me promets ? Que tu puisses me raconter après…
Elle prend tout son temps… Deux pantalons… Trois… La cabine d’essayage… Dont elle tire consciencieusement le rideau… Des gens vont… Viennent… S’approchent… S’éloignent…
La petite toux convenue… J’écarte résolument le rideau… Elle est de dos… Légèrement penchée en avant… Une jambe en l’air… En train de sortir du pantalon… Le petit string blanc ne laisse rien ignorer de l’état de son derrière…
Une femme a vu… Qui chuchote à l’oreille d’une autre… Elles regardent, avec amusement, dans la direction de la cabine… Échangent encore quelques mots… Rient franchement…



Encore la petite toux… Un jeune homme cette fois… Qui en reste bouche bée… Les yeux écarquillés…Qui s’enfuit en rougissant…



– Et c’est tout ? Il y a des fois où c’est quand même nettement mieux… On recommencera… Ailleurs… Et puis tu sais pas ce qu’on fera ? Faudra qu’un jour tu m’en donnes une dehors… À un endroit où il y aura des gens qui pourront voir… Pas trop loin… Mais pas trop près non plus… Bon… Mais tu t’occupes un peu de moi ?


EPILOGUE


– Tu sais pas ce que j’ai rêvé, là ? Eh bien que mon histoire – la fessée sur le parking, nous deux, tout ça – on la voyait racontée quelque part… Que tout le monde pouvait la lire… Sur des écrans… Au milieu de tout un tas d’autres histoires de fessées… C’était plus tard… Bien plus tard que maintenant… Dans vingt ans… Trente ans… Quelque chose comme ça… En tout cas au XXIème siècle… C’est quand même vachement bizarre comme rêve, non ? Comment t’expliques ça, toi ?



FIN