lundi 15 juin 2020

ui paie ses dettes (6)




Source de l’illustration Gromovataya sur Pixabay


Elle a encore dû compter les coups. Des coups qu’il a méthodiquement lancés. Des coups dont les meurtrissures sont venues se superposer aux précédentes. Qui lui ont arraché des cris. De plus en plus déchirants.

‒ Dix-huit !

Elle est tombée sur les coudes.

‒ Dix-neuf !

Elle a rampé, sur les genoux, en direction du mur.

‒ Vingt !

Il lui a laissé le temps de reprendre son souffle, l’a aidée à se relever. Elle s’est longuement massé les fesses.

‒ Ça fait mal, oui, mais, tout au fond de vous-même, vous vous sentez mieux. Beaucoup mieux. Non ?

Elle a hésité et puis lâché, dans un soupir, un tout petit oui.

‒ Mais bien sûr ! Depuis le temps que vous vous en voulez… Il y a combien de temps, Garance, que vous n’avez pas rendu visite à vos parents ?

‒ Je sais pas. Je sais plus au juste.

‒ Bien sûr que si que vous savez. Il y a combien de temps ?

‒ Deux mois. Peut-être trois.

‒ Et pourquoi ?

‒ Ça s’est trouvé comme ça.

‒ Vous savez très bien que non. Que la vraie raison, c’est que vous dire que vous vous êtes comportée avec eux d’une façon parfaitement abjecte, que c’est votre faute, et uniquement votre faute, s’ils vivent aujourd’hui dans une situation extrêmement précaire, que vous les avez sucés jusqu’au sang, ça, c’est une idée qui vous est absolument insupportable. C’est qu’aller les voir, c’est devoir regarder en face ce que vous avez fait. C’est être obligée de repartir de là-bas pétrie de honte et de remords. Alors vous fuyez. Vous préférez fuir lâchement. Non ? C’est pas ça ?

Elle s’est remise à pleurer.

‒ Si !

‒ Elle était donc parfaitement justifiée la fessée que je viens de vous donner. Justifiée et nécessaire. Parce qu’elle vous a permis de vous laver, au moins un peu, de votre culpabilité. Et de cela vous allez nous être infiniment reconnaissante. Beaucoup plus encore que de vous avoir sortie du pétrin financier où vous vous étiez mise.

Il lui a soulevé le menton, du bout du doigt.

‒ Et il y a pas que ça. Il y a pas que vos parents.

Elle a baissé les yeux.

‒ Regardez-moi ! Allez ! Regardez-moi !

Elle l’a fait.

‒ Hein qu’il n’y a pas que ça !

‒ Mais si !

Un petit « si » tout timide, tellement timide qu’il sonnait comme un aveu.

‒ Ah, oui ? Vraiment ? Et ce petit ami qui vous a quittée, là. Si on en parlait ?

Elle a baissé les yeux.

‒ Là aussi, il y aurait beaucoup à dire. Tournez-vous !

Elle l’a fait.

Il lui a longuement contemplé les fesses. Y a posé la main. Elle s’est crispée. A gémi.

‒ Oui. Non. Faut pas exagérer non plus. Vous avez votre compte pour aujourd’hui. On n’en profiterait pas vraiment. Ni vous ni nous. Alors vous savez ce qu’on va faire ? Vous allez revenir. Vous allez attendre que votre fessier ait repris son aspect d’origine, d’ici, disons une semaine, et vous reviendrez nous parler de ce petit ami. Alors on avisera. D’accord ?

Elle a fait signe que oui. Oui.

Il lui a donné une petite claque en haut de la fesse.

‒ Parfait. Allez, rhabillez-vous !


J’ai fait la moue.

‒ Tu crois vraiment ?

‒ Que quoi ? Qu’elle va revenir ? Évidemment qu’elle va revenir. Tout comme l’autre. Mais pas pour les mêmes raisons. Elle, elle a besoin d’être punie. Ça la soulage. Elle se sent moins coupable. Tandis que l’autre, elle a besoin de thunes. Pour pouvoir s’envoyer en l’air, derrière le dos de son mari, avec son petit jeune qui est bien décidé à lui faire payer grassement ses services.

‒ Oui. En attendant, dans les deux cas, moi, jusqu’à présent, j’ai été le dindon de la farce. Je dois me contenter de regarder.

‒ Pas vraiment. Parce qu’avec la première…

‒ Je suis resté sur ma faim.

‒ Il y en aura d’autres, des occasions. Des quantités.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire