jeudi 29 août 2019

Fessées punitives (18)


J’ai raccroché, ulcérée. Non, mais pour qui il se prenait ce Clément ? C’était la première fois qu’il me voyait, il me connaissait pas et il se permettait de porter sur moi des jugements péremptoires et définitifs. Quel imbécile !
J’étais en train de fulminer contre lui quand on a sonné. Bérengère. Qui venait aux nouvelles. Ah, elle tombait bien, elle, tiens !
Elle a attaqué d’emblée, d’un petit air compatissant.
– T’as pris cher, à ce qu’il paraît, hier soir.
– Ben justement, à ce propos, ton Clément…
– Oui, il m’a raconté. Comment t’as dû avoir honte !
– À ce qu’il paraît qu’il a décidé que j’étais exhibitionniste…
– Oui, oh, Clément, tu sais ! Faut en prendre et en laisser avec lui. À ses yeux, n’importe comment, on est toutes comme ça. On pense qu’à se faire reluquer. C’est une obsession chez lui. Limite si, quand un coup de vent te fait voltiger ta robe, tu l’as pas fait exprès. J’ai l’habitude depuis le temps. J’y prête plus vraiment attention. Bon, mais parlons de toi plutôt. Ça a pas dû être facile quand Julien t’a obligée à rester comme ça devant eux, non ?
– Ce le serait pour personne.
– Ah, ça, moi je sais que j’aurais du mal à m’en remettre. Mais si tu me racontais ? Il s’est passé quoi au juste ?
– Clément t’a déjà dit, je suppose.
– Oui, oh, Clément… Il a vu ça à sa façon à lui. C’est un mec. Il était beaucoup plus préoccupé par ce que t’avais à montrer que par tes réactions à toi. Il en avait rien à foutre de si t’avais honte ou pas. De si ça se voyait. De comment tu te comportais. Non, il matait. Fallait pas lui en demander beaucoup plus. N’empêche que t’as dû passer un sacré sale quart d’heure.
– Non ! Tu crois ?
Ce qu’elle pouvait être lourde quand elle s’y mettait !
– Déjà qu’Océane et Émilie, ça se voyait que c’était vraiment pas une partie de plaisir. Et pourtant on était qu’entre nanas. Alors devant des mecs ! Ah, non, j’aurais pas pu, moi ! J’aurais vraiment pas pu. Je sais pas comment t’as fait.
Elle a eu un petit rire.
– C’est trop drôle, avoue ! Parce que, de nous quatre, c’est moi qui la mérite le plus, la fessée et il y a que moi qui l’ai pas reçue. Et qui la recevrai pas.
– T’es bien sûre de toi…
– Oh, pour ça, oui !
– Parce que ? T’as mis un terme avec ce type, là ?
– Sûrement pas ! On s’éclate trop, tous les deux. Non, j’en ai même pris un autre pour faire bonne mesure. Je sais pas comment je me débrouille, mais je tombe toujours sur des mecs qui baisent comme des dieux. À croire que je les attire.
– Mais alors…
– Clément ? S’il avait vraiment voulu me gauler, il y a longtemps qu’il l’aurait fait. Non. En fait ça fait un petit moment qu’il s’occupe plus vraiment de ce que je fabrique derrière son dos, je crois bien. Fessée ou pas, il sait que de toute façon j’irai voir ailleurs. Que je peux pas m’en empêcher. Il en a pris son parti. Me plaquer ? Il veut pas. Il veut plus. Il a bien trop peur de rester tout seul. Alors il fait l’autruche. Il s’aperçoit de rien. Théoriquement, notre pacte tient toujours : je le trompe, ou on en reste là tous les deux ou il me flanque une fessée. Mais pratiquement je ne cours plus le moindre risque. Il préfère ne pas voir. Et ne pas savoir.
– Méfie-toi quand même ! Il y a des retours de bâton des fois.
– Oh, mais pas là ! Pas là ! Surtout maintenant que vous avez décidé que c’est devant les maris ou copains qu’elles auraient lieu les fessées. Parce que voir les autres nanas en recevoir, ça, il dira pas non. Il en redemandera même. Par contre, mettre publiquement à l’air le cul de la sienne, pas question… Elle peut bien aller voir ailleurs si elle veut, mais ça, non. Non.

Océane à qui j’ai rapporté notre conversation a levé les yeux au ciel.
– Elle croit ce qui l’arrange, mais j’ai bien peur qu’elle tombe de haut. Et bien plus vite qu’elle ne l’imagine.

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