jeudi 25 janvier 2018

Mémoires d'une fesseuse (21)

 – On va quand même pas entrer là-dedans ?
– Ben, si ! Pourquoi ?
– Mais c’est un sex-shop !
– Ça, je sais bien.
– Tu veux y faire quoi ?
– Y échanger le martinet que je t’ai offert puisqu’il te plaît pas.
– Si ! Si ! Il me va très bien.
– Vu la tête que tu faisais quand tu l’as déballé…
– Oui. Non. Mais c’était que…
– Bon, allez, tu te dépêches ? On n’a pas que ça à faire !
– Je vais mourir de honte, moi, dans ce truc !
– T’adores ça ! T’adores pas ça peut-être ? Allez, entre !

Il n’y avait pas grand monde. Trois hommes, la soixantaine bien sonnée, le nez plongé dans les bacs. Qui n’ont pas levé la tête. Derrière la caisse, c’était le même jeune type, en marcel, avec des tatouages de monstres sur les avant-bras.
On s’est approchées. J’ai brandi le martinet.
– Je vous ai pris ça, l’autre jour.
– Je me souviens, oui.
– On pourrait pas le changer ? Il lui plaît pas à ma copine.
– Elle l’a essayé ?
– Oui. Avant-hier.
Il a cherché les yeux de Marie-Clémence. Qui a rougi, baissé les siens.
– Voilà pourquoi elle est en robe. Un pantalon, quand le cul vous brûle, c’est pas vraiment ce qu’il y a de mieux.
Je lui ai tendu le martinet.
– Alors ? C’est possible ?
Il l’a pris. A joué avec les lanières. Qu’il a fait courir le long de ses avant-bras. Sur lesquelles il a refermé la main.
– Il est pourtant d’excellente qualité. En général, les clients en sont contents.
– Personnellement, je trouve qu’il manque un peu de mordant.
Il a paru surpris.
– Ah, oui ?
– Oui. Vous voulez voir ?
– C’est pas de refus. Parce que vous m’étonnez, là ! Vous m’étonnez vraiment.
J’ai poussé Marie-Clémence vers lui.
– Va montrer au monsieur, ma chérie. C’est un professionnel. Il a l’habitude.
Elle a fait un pas dans sa direction. Un autre. S’est arrêtée. A jeté un coup d’œil, derrière elle, sur les trois types qui faisaient mine d’être profondément absorbés par le contenu des bacs.
– Passe derrière la caisse, si tu préfères.
Je l’y ai accompagnée.
– Ben, allez ! Qu’est-ce t’attends ?
Elle lui a tourné le dos, a relevé sa robe jusqu’à mi-cuisses.
– Non, mais plus haut ! Comment veux-tu qu’il se rende compte sinon ?
Plus haut. Jusqu’à la taille. Au-dessus de la taille. Ses yeux dans les miens. Des yeux remplis tout à la fois de honte, de défi et d’excitation.
Il s’est penché. A minutieusement observé. Longuement contemplé. S’est redressé.
– Venez !
Nous a entraînées jusqu’au présentoir à martinets.
– Celui-là devrait faire l’affaire.
Un grand, à manche rouge, avec trois nœuds par lanière.
– Hein ? Qu’est-ce qu’elle en pense, la jeune fille ?
Je l’ai pris en mains. Fait claquer en l’air.
– Ça devrait effectivement la rendre sage. Très très sage.
– Si ce n’est pas le cas, revenez ! On essaiera de trouver d’autres solutions.

4 commentaires:

  1. Alors là...Rassurez moi, ce n'est qu'un récit.
    Un martinet, pas assez efficace ?
    Faut aller cher London Tanner... Je plaisante.
    Merci pour cette histoire.

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  2. Aucun des trois protagonistes n'est dupe:cette histoire de martinet qui n'est pas assez efficace n'est qu'un prétexte, mais vous l'aviez compris

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