UNE EXCELLENTE ANNÉE 2018 À TOUTES ET À TOUS.
Pleine de fessées données ou reçues, selon les cas, et ce, sans aucune modération.
– Tu devrais pas tant boire, Silvia.
Pleine de fessées données ou reçues, selon les cas, et ce, sans aucune modération.
FESSÉE DE RÉVEILLON
– Tu devrais pas tant boire, Silvia.
– Oh,
toi ! Tout de suite ! Mais c’est le réveillon ! Le
nouvel an ! 2018 ! Si on se lâche pas un peu pour une
occasion pareille, on le fera jamais.
– Tu
tiens pas l’alcool… Alors si tu veux pas que…
Elle
m’a tiré la langue.
– Oui,
maman !
Et
est allée rejoindre, son verre à la main, le groupe qui parlait
fort, là-bas, près de l’entrée.
J’ai
haussé les épaules. Moi, ce que j’en disais… Après tout, si
elle avait envie de se mettre sur le toit, grand bien lui fasse. Elle
était grande, majeure et vaccinée. Et rien d’autre pour moi
qu’une copine, certes de longue date, mais une simple copine.
À
minuit, elle est venue se pendre à mon cou.
– Ah,
Estelle, je te cherchais. Bonne année !
– Bonne
année à toi aussi…
– Je
t’aime, tu sais ! Même que souvent on soit pas d’accord. Tu
m’en veux pas ?
– Bien
sûr que non ! Pourquoi je t’en voudrais ?
– Parce
que… Oh là là ! Comment ça tourne, moi ! Oh, là là !
Elle
s’est agrippée à mon épaule.
– Ça
tangue, mais ça tangue !
– Tu
veux que je te ramène ?
– Sûrement
pas, non ! Je m’amuse trop.
Et
elle est retournée, vaille que vaille, vers ses amis d’un soir.
Au
fil des heures, la salle se vidait. Les bouteilles aussi. Mais pas
question, pour elle, de rentrer.
– On
a le temps ! On bosse pas n’importe comment demain.
Il
ne restait plus qu’une douzaine de personnes quand, sur le coup de
cinq heures du matin, elle a brusquement proclamé.
– C’est
mon anniversaire ! Et tout le monde s’en fout. Personne me le
souhaite. Ils en ont tous que pour ce putain de nouvel an.
– C’est
pas ton anniversaire. T’es née en juin.
– C’est
mon anniversaire, si je veux ! J’ai quand même encore le
droit de décider quand c’est mon anniversaire, non ?
Manquerait plus que ça ! Eh, écoutez ! Écoutez tous !
C’est mon anniversaire…
Cinq
ou six verres se sont levés dans sa direction.
– Joyeux
anniversaire !
– Oui !
Bon anniversaire !
Une
fille a réclamé le silence.
– Eh,
vous savez quoi ? Il y a toujours une fessée pour un
anniversaire. Une fessée d’anniversaire.
– T’es
pas con, toi ! C’est vrai ! Je l’ai vu aussi. Même que
ça porte chance. Je veux une fessée !
Quatre
ou cinq types – et une fille – se sont aussitôt portés
volontaires.
– Moi !
– Moi !
– Non,
moi !
– Vous
battez pas ! Il y en aura pour tout le monde.
Et
elle leur a tendu son derrière.
Les
garçons se sont relayés pour lui lancer, sur les fesses, par-dessus
la robe, trois ou quatre claques chacun. Plus ou moins appuyées.
Plus ou moins hésitantes.
La
fille a fait la moue.
– C’est
pas une vraie fessée, ça ! C’est cul nu, une vraie fessée.
Les
garçons ont fait chorus.
– Ben
oui, elle a raison.
– Allez,
cul nu !
Silvia
s’est retournée, l’index pointé en l’air.
– Parce
que vous croyez que je suis pas capable ?
J’ai
voulu couper court.
– Bon,
allez, viens maintenant ! On rentre. Je suis crevée.
– Oh,
toi, ta gueule ! Depuis le début de la soirée tu m’emmerdes.
T’arrêtes pas. Je rentrerai quand j’aurai envie. Mais casse-toi,
toi, si tu veux. Ça nous fera des vacances. Bon, alors qu’est-ce
qu’on disait, nous ?
La
fille a saisi la balle au bond.
– Que
t’allais te déculotter. Qu’on puisse te mettre une vraie fessée.
– Ah,
oui, c’était ça.
Et
elle a entrepris de se débarrasser de sa culotte.
– Silvia !
Elle
m’a ignorée. A dû se raccrocher à l’un des types pour ne pas
tomber. A repris tant bien que mal son équilibre. A passé une
jambe. L’autre. Et a relevé haut sa robe.
– Silvia !
– Toi,
la ferme !
Il y
en a un qui a sifflé, admiratif.
– Wouah !
Ce cul !
Mais
c’est la fille qui a tapé. À grandes claques qui lui ont rebondi
sur le derrière. Qui le lui ont très vite rougi.
Il y
en a un qui a protesté.
– Et
nous ?
– Mais
oui ! C’est vrai, ça ! Pas toujours la même.
Elle
leur a cédé la place. À regret.
* *
*
Dans
la voiture, elle a été prise d’une longue crise de fou rire.
– T’as
vu ça ? Non, mais t’as vu ça ? Je me suis pris une
fessée. Et carabinée en plus ! Ah, ils y sont pas allés de
main morte. C’est tout chaud. Tiens, touche !
– Je
peux pas, Silvia. Je conduis.
– Celui-là,
en tout cas, de réveillon, je m’en souviendrai.
– Ah,
ça, moi aussi !
– Tu
la connaissais, cette fille ? C’était qui ?
– Je
n’en ai pas la moindre idée.
– Elle
doit avoir l’habitude d’en donner des fessées. Comment elle
tapait fort !
– Vaudrait
peut-être mieux que tu dormes chez moi, non ? Parce que si je
te ramène chez tes parents dans cet état-là…
– Chez
toi, oui… C’est plus près n’importe comment ! Et je suis
tellement fatiguée.
Chez moi. Où elle s’est affalée sur le canapé et aussitôt endormie.
Chez moi. Où elle s’est affalée sur le canapé et aussitôt endormie.
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