La méchante, de Doz.
que vous pouvez retrouver sur: http://fesseeo.net
Rester chez les
parents de Clotilde, c’était plus possible.
– On n’est
pas à notre main, attends !
– Et puis ces
réflexions, sans arrêt, à propos de tout. On n’a plus douze ans.
Et
on s’est mis à chercher un appart. Pas trop loin de la fac, mais
pas trop loin de son boulot non plus. Ni du mien. Ni des commerces.
– Ça
va être compliqué.
Ça
l’était. C’était minuscule. Ou insalubre. Ou hors de prix. Mais
dans tous les cas…
On
était sur le point de renoncer quand… le truc de ouf. Spacieux.
Clair. Hyper bien situé. Au premier étage. Avec vue sur un parc
immense. Le rêve. Sauf que, forcément, ça allait pas être pour
notre bourse.
On a
tout de même demandé le prix. Sans grand espoir.
La
propriétaire, qui nous faisait elle-même visiter, nous a longuement
considérés. A paru réfléchir. S’est enfin décidée.
– Je
vous le laisse à titre gracieux.
On
s’est regardés, Clotilde et moi, stupéfaits.
– Hein ?
Mais…
– Mais
j’y mets des conditions. Vous tiendrez cet appartement rangé et en
ordre. Je viendrai de temps à autre vérifier. Vous vous y
comporterez de façon irréprochable. Pas de raffût après dix
heures du soir. J’habite juste en-dessous. Je veux pouvoir dormir.
À la moindre incartade, de quelque nature qu’elle soit, je
sévirai. C’est à prendre ou à laisser.
Elle
nous a tendu un contrat.
– Lisez
ça à tête reposée et donnez-moi votre réponse avant, disons,
demain midi.
J’étais
partagé. Parce que, bien sûr, cet appartement était on ne peut
plus tentant. Mais, d’un autre côté, être fouetté, le cas
échéant, comme un gamin, ne m’enthousiasmait guère. Et on savait
à quoi on était exposés. C’était spécifié dans l’exemplaire
du contrat qu’elle nous avait laissé. Noir sur blanc. « Au
cas où les locataires manqueraient à leurs obligations, telles que
définies aux paragraphes 1 à 8, la propriétaire leur
administrerait le martinet sans qu’ils aient la possibilité de s’y
soustraire. »
Clotilde,
elle, ne partageait pas mes appréhensions.
– C’est
inespéré, attends ! Jamais on retrouvera une occasion
pareille. Jamais…
– Oui,
mais si…
– Il
y a pas de raison. Maintenir la maison propre, j’en fais mon
affaire. Elle trouvera rien à nous reprocher. Quant à faire du
barouf, c’est pas vraiment notre style. Non, tout se passera bien,
j’te dis ! Il y aura pas de problème.
Et
on a signé.
Les
trois premières semaines ont été idylliques. On profitait de nous.
De l’espace. De la vue par les grandes baies vitrées. On
regrettait pas. Ah, non alors !
– Qu’est-ce
qu’on est bien !
– Tu
vois, je t’avais dit.
Et
puis, il y a eu ce samedi soir-là. Le soir des vingt-quatre ans de
Clotilde. Où quatre copines et copains nous sont tombés dessus.
– Bon
anniversaire !
– C’est
gentil, mais…
– Allez,
on fête ça !
Ils
avaient apporté du champagne, duwhisky, de la bière, une forêt
noire.
Le
moyen de les foutre dehors dans ces conditions ?
Pas
moyen non plus de leur expliquer qu’on risquait de se prendre une
fessée. Pour quoi on aurait passé. On aurait été la risée de
tout un tas de gens pendant des mois. Et on a fait contre mauvaise
fortune bon cœur.
La
soirée a été bruyante. De plus en plus bruyante au fur et à
mesure que verres et bouteilles se vidaient. Ça a ri. Ça a crié.
Ça a chanté. On a bien essayé, à plusieurs reprises, d’obtenir
qu’ils la mettent en sourdine, mais sans succès.
– Oh,
les voisins ! Tu parles, les voisins. C’est samedi. Et puis
vous avez le droit de faire du bruit une fois par mois n’importe
comment.
On a
baissé les bras.
Quand
ils sont partis, il était trois heures du matin. Et l’appartement
était dans un désordre indescriptible.
– Oui,
ben on verra ça plus tard. Je suis crevée.
Le
lendemain, sur le coup de huit heures, on a sonné. Insisté.
– Qui
ça peut être ?
– Elle,
tiens ! Qui tu veux d’autre ?
– Il
y a qu’à pas ouvrir.
– C’est
reculer pour mieux sauter.
Et
j’y suis allé.
Elle
avait le martinet à la main. Elle m’a à peine salué, a filé,
d’un pas décidé, vers la chambre.
– Tu
te lèves, toi ! Et tu te dépêches !
Clotilde
a obtempéré.
– Là !
Et maintenant vous vous mettez le cul à l’air. Tous les deux.
Allez !
On
s’est exécutés, la mort dans l’âme.
Elle
nous a fait agenouiller, côte à côte, au pied du lit. Et elle a
cinglé. Fort. Une fois Clotilde, une fois moi. En alternance. De
plus en plus fort. On s’est pris la main. On s’est entrecroisé
les doigts. On se les est serrés. Elle ne disait rien. Pas un mot.
Elle tapait. Elle se contentait de taper. Ça cuisait. Ça mordait.
Ça brûlait. C’est moi qui, le premier, ai commencé à gémir. Et
puis presque aussitôt Clotilde. Ensemble. Ça a duré. Longtemps. Et
puis ça s’est arrêté d’un coup. Et elle est repartie comme
elle était venue. La porte a claqué.
On
s’est vigoureusement frotté les fesses.
– Hou,
la vache !
On
s’est relevés. On est tombés dans les bras l’un de l’autre.
Et elle a doucement pleuré contre mon épaule.
– Là…
Là… C’est tout. Ça va passer. Viens !
Dans
le lit où on s’est blottis l’un contre l’autre. Elle m’a
posé une main sur les fesses.
– Elles
sont brûlantes.
– Et
les tiennes, donc !
On
s’est serrés plus fort.
– Tu
bandes !
– Et
toi, tu mouilles…
Son
plaisir est venu vite. Très vite. Revenu. Un plaisir intense qu’elle
a proclamé à grandes trilles éperdues.
– Eh,
ben, dis donc !
Elle
m’a posé un doigt sur les lèvres.
– Chut !
Dis rien ! Mais par contre, ce qu’on pourrait peut-être,
c’est réinviter des copains le week-end prochain, non ?
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