– À la voir,
comme ça, jamais on n’irait imaginer une chose pareille.
– Et
pourtant…
– Est-ce si
sûr ? Il se dit tant de choses.
– Les femmes
de chambre, entre elles, en font des gorges chaudes.
– Oui, oh,
mais les femmes de chambre…
– Sont les
mieux placées pour être au fait des petits – ou des grands –
secrets de leurs maîtresses. Et là, elle a le fessier dans un état,
paraît-il. Et c’est loin d’être la première fois.
– Ce qui ne
l’empêche pas d’arborer ses grands airs.
– Ah, ça !
On ne se refait pas.
– Faut-il
qu’elle l’ait poussé à bout son pauvre comte de mari pour qu’il
en arrive à des extrémités pareilles ! Un homme si calme…
Si doux…
– Qui
vous dit que ce soit lui ?
– Comment
cela ?
– Ça
s’entend une fessée. Quand bien même on s’efforce d’être
discret. Or, personne jamais…
– Mais
alors…
– Comme
vous dites, oui. Mais alors…
– Son
confesseur ?
– Le
père Chatel ! Vous plaisantez ! Vous imaginez vraiment le
père Chatel infligeant à ses pénitentes des peines de cette
nature ?
– Pas
vraiment, non ! Mais qui alors ?
– C’est
bien là toute la question.
– Elle
n’aurait quand même pas…
– Quoi
donc ? Un amant ? J’y ai pensé aussi. D’autant qu’avec
son mari il y a belle lurette qu’ils font chambre à part.
– Je
ne voudrais pas l’enfoncer, la pauvre, mais je me demande quand
même si ce ne serait pas le genre à ça.
– Pourquoi
diable un amant irait-il administrer des fessées à sa maîtresse ?
– À
moins que…
– Ça
lui plaise ? Oh, quand même !
– Avec
elle, malheureusement, je crois qu’on peut s’attendre à tout.
Vous vous souvenez de ce qui s’est raconté, à son sujet, il y a
deux ans ?
– Si
je m’en souviens ! S’il ne tenait qu’à moi, c’est
quelqu’un que je tiendrais soigneusement à distance. Mais bon !
On est parfois contraint de fréquenter des gens que l’on ne
voudrait pas.
– À
qui le dites-vous ! Non, faut bien reconnaître… Si de bonnes
fées ne s’étaient pas penchées sur son mariage…
– Ah,
ça, c’est sûr ! Et vous pensez bien que l’existence
qu’elle a menée auparavant…
– Ne
devait pas être des plus rangées, là-dessus nous sommes bien
d’accord.
– Alors
sans doute que ces fessées prennent racine, d’une façon ou d’une
autre, dans un passé peu avouable.
– Sur
lequel il vaut sans doute mieux éviter de se pencher.
– En
effet… Nous serions à coup sûr amenées à patauger dans des eaux
nauséabondes.
– Ce
qui ne nous convient ni à l’une ni à l’autre.
– Assurément…
– Là
voilà qui revient…
– Oh,
mais quel magnifique bouquet vous avez cueilli là, ma chère !
Il est à votre image. D’une angélique beauté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire