– Hélène ?
Viens ! Je t’attends.
– J’arrive.
Un
petit quart d’heure plus tard, elle sonnait à ma porte.
– T’étais
au boulot, non ?
– Oui,
mais ça fait rien. Ça n’a pas d’importance. Je me
débrouillerai.
– Déshabille-toi !
Déshabille-toi et, en même temps, raconte-moi ! Qu’est-ce
t’as fait depuis la dernière fois qu’on s’est vues ? Je
veux tout savoir. Qui t’as rencontré. À quoi t’as pensé. Tout.
Rencontré ?
Non. Elle n’avait rencontré personne. Absolument personne. Ce
n’était pourtant pas les occasions qui lui avaient manqué.
– Parce
que c’est comme si j’irradiais quelque chose maintenant. Depuis…
depuis que je te connais. On n’arrête pas de me solliciter. Sur le
site, oui, mais pas seulement.
– Et
tu ne donnes pas suite ?
– J’aime
trop ça quand c’est toi. J’ai pas envie avec d’autres.
– Tu
y as pensé ?
– À
quoi ? À ce que tu me fouettais ? Bien sûr. Tous les
jours, j’y pense.
– Et
tu te l’es fait ?
– Non.
– Parce
que ?
– Tu
ne m’y avais pas autorisée.
– Je
ne te l’avais pas interdit non plus.
Je
l’ai laissée finir de se déshabiller. Nue. Entièrement nue. Je
l’ai prise par le bras, fait pivoter sur elle-même.
C’était
vrai. Pas la moindre marque. Pas la moindre trace de quoi que ce
soit.
– Et
du plaisir ? Tu t’en es donné ?
– Non
plus, non. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre. Jamais.
– Tu
vas me raconter ça. Ça m’intéresse.
– Oh,
c’est assez banal, tu sais, mon histoire, finalement. À plein de
filles ça arrive d’être déçues la première fois. Tu te dis que
t’es mal tombée. Ce que les copines te confirment à qui mieux
mieux. « Attends ! Tu verras ça, ce feu d’artifice,
quand t’auras trouvé le bon. » T’en
essaies un deuxième. Un
troisième. D’autres encore. Toujours rien. Alors tu te dis que
sûrement ça vient de toi. Que t’as quelque chose qui tourne pas
rond. Et les mecs, tu finis par laisser tomber. Tu te demandes si ton
truc à toi, après tout, ce serait pas les filles. Tu
vas voir de ce côté-là. Sans
plus de succès. Alors t’en
prends ton parti. T’organises
ta vie à côté de ça. En-dehors de ça. Des années et des années
ça a duré. Jusqu’à ce que me tombe dessus une petite Aude de
vingt ans à peine
– j’en avais
trente-deux –, sûre
d’elle, déterminée, qui n’y est pas allée par quatre chemins.
Elle avait envie de moi. Elle l’a dit. Elle l’a montré.
Elle m’a emportée dans sa chambre quasiment comme un trophée. Sa
chambre où ce fut comme d’habitude. Exactement comme d’habitude.
Ce qu’elle a très mal pris. « Dis tout de suite que je
sais pas y faire… » « Mais non, mais… »
« Mais quoi ? Tu vas me payer ça, ma petite ! Je
peux te dire que tu vas me payer ça ! » Et
elle s’est mise aussi sec à me flanquer une
vigoureuse et retentissante
fessée. J’étais tellement
estomaquée que
je l’ai laissée faire.
Sans rien dire. Sans me
défendre. Curieusement, ce
n’était pas désagréable du tout. C’était même assez
agréable. De plus en plus
agréable. Elle s’est
brusquement interrompue et saisie
d’une ceinture dont elle m’a énergiquement cinglée. Et là !
Alors là ! Pour la première fois, un orgasme. D’une
intensité ! D’une puissance ! Quand
ça a été fini, je me suis
réfugiée, émerveillée, dans ses bras. Des
bras qu’elle a refermés
sur moi. Six mois on est
restées ensemble. Six mois de folie. De jouissance éblouie. Et puis
elle s’est évanouie dans la nature, un beau matin. Sans
crier gare. Sa grande hantise, c’était de s’attacher. Jamais
j’ai retrouvé ça. Jamais. Avec personne. Jusqu’à… Jusqu’à
toi.
Je
l’ai doucement prise par le bras, conduite jusqu’à la table de
la cuisine où elle s’est, d’elle-même, inclinée. À l’équerre.
J’ai avancé la main. La lui ai glissée entre les cuisses.
– Tu es trempée. C’est de m’avoir raconté tout ça,
hein !
Elle a fait signe que oui. Oui.
J’ai débouclé ma ceinture, l’ai fait claquer en l’air.
Elle a frissonné.
Je me suis penchée à son oreille.
– Mais on va d’abord attendre le retour de Marie-Clémence,
ma colocataire. Qu’elle en profite, elle aussi.
Et je lui ai déposé la ceinture entre les omoplates.
C'est un peu chaud là non ?
RépondreSupprimerIl fallait bien finir par en arriver là…
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