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DERRIÈRE LA MAISON DE RETRAITE
C’est
elle qui en a parlé la première, un soir qu’on prenait le frais
tous les deux, sur un banc, derrière la maison de retraite.
– Et
si tu m’en donnais une là, de fessée ? Avec tous les petits
vieux en face…
– S’il
y a que ça pour te faire plaisir !
Et
j’ai fait mine de vouloir la coucher en travers de mes genoux.
– Non,
mais je plaisante, attends ! Je plaisante. Je suis quand même
pas folle à ce point-là…
Elle
plaisantait ? Peut-être. N’empêche que nos promenades
quotidiennes se sont brusquement mises à nous ramener
systématiquement à ce banc. Où elle faisait en sorte que nous nous
attardions encore longtemps après la tombée de la nuit.
– Il
fait si doux…
Elle
fixait les fenêtres, là-haut, derrière lesquelles une ombre
passait parfois, une silhouette furtive se profilait, un visage
venait de temps à autre s’encadrer.
– Qu’est-ce
qu’ils doivent s’embêter, quand même, là-dedans !
Des
fenêtres qui s’éteignaient, les unes après les autres.
– Ça
te tente, avoue !
– Non !
Oh, non ! Enfin si ! Un peu quand même. Mais j’oserai
jamais de toute façon.
Et
puis il y a eu ce soir-là où, plus d’une heure durant, en
revenant de là-bas, elle s’est tournée et retournée dans le lit.
– Tu
dors pas ?
Je
dormais pas, non.
– Alors
tu sais ce que je suis en train de me dire ? C’est que tu
pourrais bien m’en flanquer une, finalement, une fois qu’ils sont
couchés et qu’ils dorment. Personne se rendrait compte de rien.
– Et
s’il y en a un qu’est insomniaque ?
– Il
sera pas forcément à la fenêtre. Et puis, c’est pas sûr qu’il
y en ait un.
– Mais
c’est possible…
– C’est
justement ça qu’est génial. De pas savoir. De se dire, après,
quand c’est fini, qu’il y avait peut-être quelqu’un. Et puis
peut-être pas. De pas arrêter de se demander.
Quand
elle s’est enfin décidée, le surlendemain, il était pas loin de
minuit.
– Ils
doivent tous dormir maintenant. Mais ça va pas les réveiller au
moins, le bruit ?
– Ça
en fait presque pas une badine. Alors à moins que tu brailles comme
un cochon qu’on égorge…
– Je
serrerai les dents. Allez, vas-y !
Je
ne me suis pas fait prier. J’ai relevé la jupette, descendu la
culotte jusqu’à mi-cuisses et j’ai lancé les premiers coups.
Espacés. Et puis d’autres, plus rapprochés, plus appuyés.
Qu’elle a accompagnés, chaque fois, en rythme, d’une ruade de la
jambe droite. Et d’une petite mélopée en sourdine.
Dans
le lit, au retour, elle est venue se lover contre moi.
– Il
y en avait qui regardaient, tu crois ?
– C’est
pas que je crois. C’est que je suis sûr.
– C’est
vrai ? Qui ?
– Un
type, tiens ! Qui veux-tu d’autre ? Un retraité. Sur la
droite. Au deuxième étage. Même qu’il avait ouvert la fenêtre
pour mieux voir.
– Il
a peut-être pas vu grand-chose.
– Tu
parles ! Avec le lampadaire juste au-dessus… Il a dû se
régaler, oui.
Elle
s’est serrée plus fort contre moi.
J’ai
posé une main sur ses fesses.
– Elles
sont brûlantes.
L’ai
glissée entre elles.
– Eh,
mais c’est qu’il t’a fait de l’effet, ce spectateur inconnu,
on dirait…
Elle
m’a fait taire d’un baiser.
Et
a, très vite, clamé un plaisir éperdu dans mes bras.
Pendant
plus d’une semaine, on n’est pas retournés « là-bas ».
– Tu
crois qu’il y pense encore, le type ?
– Non
seulement il y pense, mais tous les soirs il est scotché à sa
fenêtre, dans l’espoir que ça va recommencer…
– Le
pauvre !
– Oh,
toi, je sens que ça te démange de faire preuve de générosité à
son égard.
– Je
suis d’un naturel altruiste, tu sais bien…
– Je
n’en ai jamais douté. Ce qui tombe on ne peut mieux. Parce qu’il
est fort probable que, cette fois-ci, si on y retourne, il sera pas
tout seul.
– Comment
ça ?
– Quand
on a la chance d’assister à un spectacle aussi délicieux que
celui que tu lui as offert, on a très envie d’en toucher un mot
aux copains. Histoire qu’ils se mettent, eux aussi, à l’affût,
pour profiter de l’aubaine.
– Et
puis peut-être qu’il a préféré garder ça pour lui tout seul au
contraire. Jalousement…
– On
peut pas savoir.
– Non.
On peut pas savoir.
Elle
s’est emparée de ma main et a résolument pris la direction du
banc.
C'est drole, un temps j'ai visité souvent une maison de retraite semblable à celle-ci, dont les fenetres donnaient sur un canal bordé d'un sentier, avec des bancs xD
RépondreSupprimerEt c'est peut-être là que les choses se sont "vraiment" déroulées? ;)
RépondreSupprimerJ’adore !
RépondreSupprimerMerci. Ravi que cette histoire vous ait plu…
RépondreSupprimerMignon et frais
RépondreSupprimerCrocodelle
Merci, Crocodelle. À très bientôt. Ici ou "là-bas".
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