Dessin :
Louis Malteste
– Jamais
on aurait dû la perdre, cette finale ! Jamais !
– Ah,
ça !
– On
était largement au-dessus d’elles, faut dire ce qui y est !
– Marthe
a été vraiment lamentable.
– Elle
a quasiment tout raté. C’est pas son habitude pourtant…
– Un
jour sans. Ça arrive.
– Vous
me faites rire, les filles ! Non, mais alors là, vous me faites
trop rire. Vous avez vraiment rien vu ?
– Non.
Quoi ?
– Elle
le faisait exprès. C’est clair qu’elle le faisait exprès.
– Moi
aussi, je me suis demandé.
– C’est
vrai que ça paraissait bizarre. Elle était au-dessous de tout
aujourd’hui.
– Pourquoi
elle aurait fait ça ?
– Pourquoi ?
Ils sont riches à millions en face.
– Tu
veux dire que…
– Qu’ils
l’ont achetée, oui. L’argent et elle, ça a toujours été une
grande histoire d’amour.
– Oh,
quand même !
– À
votre avis, elle est où, là ?
– C’est
vrai, ça, pourquoi elle est pas avec nous ? Il y a qu’elle
qu’est pas là.
– Elle
est partie chercher ses sous, tiens ! Moitié avant le match. Et
moitié après. En général c’est comme ça que ça se passe.
– Et
en plus elle nous fait ça quasiment sous le nez.
– Quelle
garce !
– Tiens,
ben la v’là justement !
– T’étais
où ?
– Là-bas…
Je discutais.
– Gros
sous ?
– Non.
Pourquoi tu dis ça ?
– On
est au courant, Marthe.
– Au
courant ? Mais au courant de quoi, grands dieux ?
– Fais
bien l’innocente !
– Vide
tes poches, plutôt ! Vide tes poches ! Non, pas celle-là.
L’autre devant. Celle qu’est bien gonflée. Qu’est-ce t’es
empotée ! Attends, je vais t’aider… Là ! Voilà !
C’est quoi tout ce blé ?
– C’est
à moi !
– Et
ça sort d’où ?
– De…
Je… J’ai travaillé.
– Fous-toi
bien de nous ! En plus !
– Mais
non, mais…
– On
la connaît la vérité. Quelqu’un t’a balancée. Quelle espèce
de petite saloperie tu fais ! Parce que, nous, on a passé des
heures et des heures à s’entraîner pour cette finale. On y
croyait. On s’est investies. On a consenti tout un tas de
sacrifices pour la gagner. Et toi, au dernier moment, tu nous plantes
un poignard dans le dos.
– Je
suis désolée.
– Ça
nous fait une belle jambe. En tout cas, je peux te dire qu’il va y
en avoir du monde au courant de ce que t’as fait ! Les
dirigeants, bien sûr. Nos familles. Nos amis. Tous ceux à qui on
aura l’occasion de le faire savoir. D’une façon ou d’une
autre.
– Vous
allez pas faire ça !
– On
va se gêner !
– Pour
qui je vais passer, moi !
– Pour
ce que t’es !
– Je
vous en supplie…
Pénélope
et Mathilde se sont concertées à voix basse.
– Oh,
oui, oui. C’est une idée, ça !
Se
sont tournées vers elle.
– Ou
bien alors on te flanque une bonne fessée déculottée. Au choix !
– Une
fess… Oh, non, non.
– Comme
tu voudras.
Et
elles lui ont tourné le dos.
– Attendez !
– T’as
changé d’avis ?
– Non !
Elles
ont fait mine de s’éloigner.
– Oui.
Si !
Elles
sont revenues.
– T’as
raison ! C’est qu’un mauvais moment à passer. Tandis que
sinon, c’est tous les jours que t’auras le nez dedans. Bon, ben
allez !
Elles
ne lui ont pas laissé le temps de se raviser.
Pénélope
l’a fait tomber à genoux, lui a relevé la robe, enserré la
taille avec son bras.
Et
Mathilde l’a déculottée.
– La
ménagez pas, hein, les filles ! Qu’elle le sente passer.
– Et
faites-lui honte. Surtout ça ! Bien honte.
– Comptez
sur nous. Elle va s’en souvenir.
Et
la première claque est tombée.
Décidément, à chaque fois une nouvelle surprise. Très bonne idée, ça, je me suis régalée. Merci !
RépondreSupprimerEn…fait c'est plus fort que moi… dès qu'un dessin me parle, il faut que me naisse une histoire… Et je prends un plaisir fou à séjourner un peu avec ces personnages. D'autant que ces dessins du début du XXème siècle ont un charme fou.
RépondreSupprimerHa ! Votre inspiration vient des dessins. D'accord. Moi là je sèche un peu.
RépondreSupprimerJe ne veux pas prendre mon cas pour une généralité, mais la solution consiste souvent, quand on "sèche", à passer à autre chose quitte à revenir ensuite sur ce qu'on avait laissé de côté.
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