Dès
le lendemain matin, j’avais cinq messages dans ma boîte. Dont deux
ont tout particulièrement retenu notre attention. D’abord une
certaine Andréa, vingt-cinq ans, caissière dans une grande surface,
qui disait passer le plus clair de son temps devant des vidéos de
fessées. « Une véritable drogue ! À peine rentrée du
boulot, je me précipite devant mon écran. Le week-end, je me terre
chez moi. Je ne vois personne. Je ne pense plus qu’à ça. Je ne
vis plus que pour ça. Alors en parler avec quelqu’un qui partage
la même passion ? Oui, oui et encore oui. »
Coxan
était aux anges.
– Ça
va le faire, celle-là ! Je suis sûr que ça va le faire. Te
loupe pas, hein ! Surtout te loupe pas !
– C’est
ça ! Mets-moi bien la pression !
– Mais
non, mais…
Roxane,
quant à elle, avait quarante ans, un mari et des fantasmes plein la
tête. Des fantasmes dont elle ne s’était, jusque là, ouverte à
personne. « Ils me faisaient bien trop honte. Je me disais que
j’étais pas normale. Et puis de voir que je suis pas la seule, ça
me rassure. Au moins un peu. Alors peut-être que d’en parler, ça
me permettra de l’apprivoiser complètement. Peut-être. Je sais
pas. »
– Elles
n’en ont jamais reçu. Ni l’une ni l’autre. Je suis sûr
qu’elles n’en ont jamais reçu. Si tout se passe bien, tu vas
avoir la primeur. Génial, non ?
À
Andrea j’ai répondu que j’étais moi aussi ravie de pouvoir
« en » parler. « Parce que rester toute seule dans
son coin avec ça ! D’où mon annonce. » Je me suis
empressée de lui préciser que mon intérêt portait exclusivement
sur des fessées données par des femmes à d’autres femmes.
– Non,
parce que si ça l’intéresse pas, si elle est plutôt branchée
fessées flanquées par des mecs, inutile qu’on perde notre temps.
Oh,
elle, hommes ou femmes, ça lui était égal. Du moment que c’était
un fessier féminin qui ramassait.
– Alors,
ça va, on continue. Suffira d’influencer dans le bon sens.
Très
vite, elle a proposé qu’on procède à des échanges de vidéos.
« Puisque ça nous passionne toutes les deux. » Des
vidéos qu’on commentait. De plus en plus librement. Ce qu’elle
aimait, elle, c’était les entendre couiner. « Non, mais t’as
vu ça comment elle braille celle-là ? Ah, les voisins doivent
être à la fête. » « Et l’autre, là ! Elle a
une de ces façons de piauler. J’adore, moi. Pas toi ? »
Coxan
haussait les épaules.
– Tu
parles ! C’est du flan. Elles font semblant. Par contre, t’as
pas remarqué un truc ?
– Si !
Qu’elle m’envoie pratiquement que des vidéos de fesseuses. Pas
d’hommes fesseurs.
– Parce
qu’elle sait que c’est ce que tu préfères. Non, autre chose.
– Je
vois pas.
– Sur
toutes, absolument toutes, on a, en même temps que la fessée,
d’imprenables aperçus sur l’intimité très largement
entrebâillée des demoiselles.
– Et
tu en tires quoi comme conclusion ?
– Rien.
Pour le moment. Quoique…
Roxane,
elle, était constamment sur la défensive. Dès qu’elle s’était
avancée un tant soit peu à découvert, elle battait aussitôt
précipitamment en retraite. Il m’a fallu plus d’un mois pour la
faire enfin parler, à force de patience, de ses fantasmes. « Il
y en a un surtout, c’est sans arrêt qu’il revient. Presque tous
les jours. Je tombe amoureuse. Il est marié. Je le sais pas. Mais
elle croit que si, sa bonne femme. Que j’ai tout manigancé pour
lui piquer. Et elle me fond dessus, comme une furie, un soir, sur un
parking, avec deux copines à elle. Cette fessée qu’elles me
flanquent ! »
– Par
contre, elle, quand elle se lâche, elle se lâche…
– Tu
crois que ?
– C’est
un souvenir qui a fini par devenir fantasme ? Peut-être. Qui
sait ?
Ho ho. André serait un homme ?
RépondreSupprimerPerdu! ;)
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