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– C’est
Eugénie Bardoin, une amie à moi, qui m’a conseillé de venir vous
voir. Avec vous, d’après elle, on obtient des résultats
spectaculaires.
– Alors,
elle a dû vous dire également que mes méthodes sont, disons,
percutantes. Ce qui en fait, d’ailleurs, toute l’efficacité.
– Elle
m’a dit, oui.
– Bien.
Les choses ont donc le mérite d’être claires. Alors, je vous
écoute. Qu’est-ce qui vous amène ?
– Mais
tout. Tout. Tout va de travers. J’ai pas de mec. Ils me larguent
tous. Les uns après les autres. Si seulement je savais pourquoi. Au
boulot, on m’évite. On me fuit comme la peste. Du coup, je
compense. J’achète n’importe quoi. Des fringues que je mets plus
trois jours après. Des babioles qui finissent le lendemain au
grenier. Alors, forcément, je suis dans le rouge à la banque. Mais
alors là, dans le rouge de chez rouge. Sans compter que je me ruine
la santé à coup de friandises, de chocolat, de gâteaux et autres
cochonneries.
– Vous
buvez ?
– Non.
Enfin si ! Un peu.
– Ça
veut dire quoi un peu ?
– Certains
soirs un peu trop et le lendemain pas du tout.
– Vous
fumez ?
– Presque
pas.
– Bon.
Ben, il y a du travail. Alors première chose : interdiction
absolue de jérémier sur votre sort au boulot. Pour quoi que ce
soit. Et, tout particulièrement, vos désillusions amoureuses. C’est
ce qui met tout le monde en fuite autour de vous. Ensuite vous allez
m’arrêter complètement – j’ai bien dit :
complètement ! – le tabac et l’alcool. C’est
compris ? Bien. D’autre part, dès ce soir vous me scannerez
vos relevés de compte. Vous me les scannerez désormais tous. Au fur
à mesure qu’ils vous parviendront. Vous réglerez également
désormais tous vos achats par carte bleue. J’en veux les tickets
ainsi que les notes détaillées correspondantes. Que je puisse
contrôler vos achats. Il va
évidemment de soi que vous n’effectuerez plus désormais le
moindre retrait en espèces. Est-ce
bien clair ?
C’était clair, oui. C’était très clair.
– Alors rendez-vous dans un mois.
Elle a mis un temps fou à tout éplucher. Plus de deux heures. En
silence. Deux heures pendant lesquelles je l’ai regardée faire, la
peur au ventre.
– C’est mieux. Beaucoup mieux. Vous avez réduit vos
dépenses de moitié. C’est un net progrès. Même s’il vous
reste encore beaucoup à faire. Par contre, en ce qui concerne les
sucreries, j’en trouve pour plus de quatre-vingts euros. C’est
beaucoup trop. Je trouve par ailleurs pour cent cinquante euros
d’achats extrêmement discutables. Et, à deux reprises, des
retraits en espèces. De vingt euros chacun. Vous justifiez ça
comment ?
Je me suis tortillée sur ma chaise.
– C’est le pain. La boulangerie. Le pain.
– On trouve du pain dans les grandes surfaces.
– Il est moins bon.
– Vous vous fichez de moi ? À quoi ont servi ces
quarante euros. Je veux savoir.
– C’est parce que… de l’apéro. Et de la bière. J’en
avais plus.
– Je vous l’avais interdit. Je vous l’avais pas interdit ?
– Ben si, mais…
– Venez ici !
– Ça peut pas…
– Quoi donc ?
– Attendre la prochaine fois… Si je recommence…
– Certainement pas, non ! Venez ici, j’ai dit !
J’obéis. Elle me tire par le bras, me fait basculer en travers de
ses genoux, me déculotte sèchement. Et elle tape. Comment elle
tape ! Elle avait raison Eugénie : elle tape tant qu’elle
peut. Comment ça te chauffe ! Comment ça te brûle ! Et,
surtout, comment t’as honte !
– S’il vous plaît ! S’il vous plaît ! Assez !
Je recommencerai pas. Je vous promets.
Elle n’écoute pas. Elle n’a pas pitié. Au contraire. Elle tape
plus fort. De plus en plus fort. Je crie. Je supplie. Rien n’y
fait.
– Là !
Elle s’arrête enfin.
– Vous pouvez vous reculotter. Pour la prochaine fois, je veux
que les dépenses aient encore été réduites. Qu’il n’y ait ni
achat de sucreries ni retrait en espèces. Sinon… Eh bien sinon
vous pouvez considérer que notre petite séance d’aujourd’hui ne
constituait qu’une simple mise en bouche. On passera aux choses
sérieuses. C’est compris ?
C’était compris, oui.
– Alors, filez !
Toujours délicieux ces dessins de Kal; mon préferé jusqu’à présent reste celui du miroir..
RépondreSupprimerImpossible de ne pas reconnaître tout de suite la "patte" de kal qui a son style bien à lui. Dès que je les ai vus, ses dessins m'ont tout de suite parlé.
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