– Tu
peux pas t’asseoir, Marie-Clémence ? Tu me donnes le tournis.
Ça
faisait un quart d’heure qu’elle arpentait de long en large la
cuisine.
– Si !
Oui. Mais je voulais te demander… Les photos…
Elle
s’est agenouillée sur la chaise.
– Quelles
photos ?
– Ben…
De l’autre soir…
– De
ton derrière tout rouge ? Quand t’étais au coin ?
– Voilà,
oui.
– Tu
les veux, c’est ça ? Je t’en ferai une copie, c’est pas
un problème.
– Non,
mais surtout… Ce que j’aimerais savoir… Tu… Tu les as
montrées ?
– Évidemment !
Quel intérêt sinon… T’as de ces questions !
– À
qui ?
– Tes
copains à la fac…
Elle
a pris un air horrifié.
– T’as
pas fait ça !
– Ben
si, pourquoi ? Fallait pas ? Ils étaient enchantés. Ils
te découvraient sous un jour complètement différent.
– Oui,
oh, ben alors là, je remets pas les pieds là-bas, moi ! C’est
hors de question.
– Mais
non, idiote, je les ai pas montrées. Mais je le ferai. Pas à eux. À
d’autres. Tu perds rien pour attendre.
– À
qui ?
– Tu
connais pas. Pas encore. Mais ça ne saurait tarder. Tu les as encore
les marques ?
– Un
peu.
– Fais
voir !
Elle
s’est exécutée, robe relevée sur les hanches, culotte baissée à
mi-cuisses.
– T’appelles
ça un peu, toi !
Elles
étaient magnifiques. Patinées à souhait. Bien ancrées en
profondeur. Avec des coloris subtils et généreux. Une petite
merveille. Un vrai délice.
J’en
ai voluptueusement redessiné les contours, du bout du doigt.
Longtemps.
Et
je me suis brusquement ressaisie.
– Va
vite enfiler un string.
– Un
string ?
– Oui.
Qu’on aille faire un peu de shopping.
Quelque
chose de radieux et de terrifié tout à la fois est venu, très
vite, habiter son regard.
On a
virevolté un long moment entre les portants.
– Bon,
alors tu te décides ? On va pas passer l’après-midi là !
Deux
femmes d’une quarantaine d’années, qui flânaient à proximité,
ont levé sur nous un regard amusé.
Après
avoir longtemps tergiversé, elle a arrêté son choix sur un
pantalon moulant en cachemire blanc.
– Ça
devrait m’aller, ça…
– Le
meilleur moyen de le savoir, c’est encore d’aller l’enfiler,
non, tu crois pas ?
Elle
s’est engouffrée dans une cabine, s’y est enfermée. Assises
juste en face, en compagnie d’un homme plus âgé, deux jeunes
femmes attendaient qu’une troisième ait terminé ses essayages.
J’ai laissé passer quelques instants et puis j’ai résolument
écarté le rideau.
– Bon,
alors ça y est ? T’en es où ?
Ça
y était pas, non. Elle avait le pantalon sur les chevilles. Et elle
nous tournait le dos.
L’une
des femmes s’est esclaffée.
– Oh,
la tannée qu’elle s’est prise, la fille !
L’autre
a fait chorus.
– Putain,
oui ! Elle a dû le sentir passer !
J’ai
laissé retomber le rideau.
Non mais j'vous jure !
RépondreSupprimerElle adore. Ce sont des souvenirs qu'elle caressera avec plaisir.
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