Elle était
attablée, toute seule, devant son steak frites.
– Salut !
C’est bien toi, Cynthia ?
– C’est
moi, oui. Pourquoi ?
J’ai tiré une
chaise. Me suis installée, d’autorité, en face d’elle.
– Alors comme
ça, tu me fais cocue ?
– Hein ?
Quoi ? Non, mais ça va pas ? Qu’est-ce que c’est que
cette histoire ?
– Te
fatigue pas ! Je sais tout. Et j’ai des preuves. Matérielles,
comme ils disent les avocats. Oh, mais rassure-toi ! J’en fais
pas une maladie. J’ai l’habitude. T’es pas la première et t’es
pas la dernière. Dès qu’il y a une meuf qui passe à portée de
braguette, Chris, c’est plus fort que lui, il faut qu’il aille y
tremper sa queue. Ben, t’en fais une tête ! Qu’est-ce qu’il
y a ? Ah, je vois… Il t’a fait la grande scène du trois.
Que t’es la femme de sa vie… Qu’il va divorcer pour toi…
C’est ça, hein ?
– Mais
non, mais…
– Oui,
ben je te rassure tout de suite : en ce moment, à part toi, il
y en a deux autres. Une Morgane et une Clémence. Alors j’ai pas de
conseil à te donner, mais moi, à ta place, je me contenterais de me
faire tirer sans trop me bercer d’illusions. Surtout que, faut dire
ce qui y est, il baise bien. Oui, hein ? C’est pas parce que
c’est mon mari, mais il assure ! Et le tien de mari ?
S’il apprenait que t’as un amant, il en dirait quoi ? Il
apprécierait pas du tout à ce qu’il paraît. Tu prendrais la
porte avec armes et bagages, oui ! Ce qui te compliquerait
singulièrement l’existence. Et c’est pas que je veuille te saper
le moral, mais il risque de l’apprendre…
– Comment
ça ?
– Je vais lui
dire…
– Hein ?
Mais c’est…
– Dégueulasse ?
Alors toi, tu manques pas d’air ! Tu te tapes mon mari… Tu
t’es même mis en tête de carrément me le souffler et c’est moi
qui suis dégueulasse ! Vaut mieux entendre ça que d’être
sourd ! Bon, mais tu sais pas ? On va jouer franc jeu
toutes les deux. Que tu te fasses sauter par Chris, j’en ai
strictement rien à battre. Quand il y en a pour une, il y en a pour
deux et même, dans le cas qui nous occupe, pour toute une multitude.
Je suis bonne fille. Je suis prêteuse. À condition qu’on m’offre,
en échange, quelques dédommagements. C’est la moindre des choses,
non ?
– Des
dédommagements ? Quels dédommagements ?
– Mon
truc à moi, c’est la fessée. Faire rougir un petit derrière à
découvert, j’adore !
– Non,
mais vous êtes complètement barrée dans votre tête, vous, hein !
– Question
de point de vue…
– Oui,
ben comptez pas sur moi pour un truc pareil. Alors là !
– Je
n’oblige personne !
– Encore
heureux !
– Mais
enfin, pour info, j’ai fait la connaissance de ton mari. Au club
rando. Où je me suis inscrite le mois dernier. On a sympathisé tous
les deux. Et on discute. On discute énormément. Et franchement,
quand je pense à la paire de cornes qu’il porte, le pauvre homme !
Ça me fend le cœur. Ça me fend littéralement le cœur. Non, je
crois qu’un jour ou l’autre, je vais être obligée de tout lui
déballer. Ce sera plus fort que moi. Je pourrai pas m’empêcher.
À moins que…
Elle
m’a fusillée du regard, s’est levée sans un mot.
Le
surlendemain, c’est elle qui est venue me trouver. À ma table.
– Écoutez…
– Tu
as réfléchi, c’est ça, hein ?
– Il
est absolument hors de question que mon mari soit au courant.
– Dans
ces conditions… Il y a un petit hôtel juste à côté. Je t’y
attendrai ce soir. À six heures.
– Ce
soir !
– Ben
oui ! Oui ! Le plus tôt sera le mieux.
Elle
y était.
– Il
y a vraiment pas moyen de…
– Il
y a moyen de rien du tout, non ! Allez, mets-nous vite ce petit
cul à l’air ! Et serre les dents !
Chris
m’attendait…
– Alors ?
– Alors
ça y est ! Bien rouge je lui ai mis. Sur toute la surface.
Comme tu aimes.
– Je
t’adore.
– Va
vite ! Va vite la rejoindre ! La fais pas attendre !
Et profites-en bien !
– Je
suis curieux de savoir ce qu’elle va me servir comme explication.
– Ah,
ça, moi aussi ! Tu me diras… Allez, file ! Laisse pas
refroidir !
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